[Orcanie] Nuit obscure. Rêve ou Réalité?

 
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Sous la lune comme à mon habitude, je me promenais tout en réfléchissant à mon passé ainsi qu'au destin qui m'était réservé. Le coeur Léger, je suivais un petit sentier qui descendait en s'enfonçant à travers la vallée sans vraiment me soucier de ma destinée. Je dus marcher pendant environ deux heures sans songer ni au temps qui passait, ni à la distance, et certainement sans voir ni personne ni maison...Pour ce qui était de l'endroit, c'était la désolation même. Mais je ne fis pas particulièrement attention à cela jusqu'au moment où, suivant un virage de la route, j'aboutis à la lisière d'un bois clairsemé; alors, je m'aperçus que, bien que je n'eusse pas eu conscience, j'avais été impressionné par l'aspect désolé de la région par laquelle je venais de passer. En effet pas un chat, pas un bruit. Je supposai que les guerriers devaient être au combat et les femmes aux foyers.

Je m'assis pour me reposer, et commençai à regarder aux alentours. Je fus frappé par le fait qu'il faisait bien plus froid qu'au début de ma promenade nocturne - une sorte de léger bruit comme un soupir semblait m'entourer, m'accompagner dans ma danse avec les ombres. Dans le ciel, à une certaine hauteur, se montraient les signes annonciateurs d'une tempête qui s'approchait. J'avais un peu froid, et pensant que c'était le fait de rester assise après l'exercice de la marche, je repris ma route.

Le paysage que j'étais en train de traverser maintenant était beaucoup plus sauvage. Il n'y avait rien de particulier qui put me frapper à l'oeil; comme si mon regard était habitué à ce paysage si froid et silencieux. Mais dans l'ensemble ce tableau reflétait la beauté et le charme que je ne pourrait expliquer avec de simples mots. Je faisais quelque peu attention à l'heure et ce fût seulement lorsque le cri d'une chouette vînt rompre le silence que je m'inquiétai et commençai à réfléchir comment je pourrai retrouver mon chemin pour le retour. La lumière de la lune était cachée par de gros nuages sombres qui envahissaient peu a peu la totalité du ciel.
L'air était froid, et le passage des nuages à grande altitude s'accentuait. Je continuai et peu après je débouchai sur une large étendue de terre nue, semi-entourée par une forêt songeuse et ténébreuse.Tandis que je regardais attentivement, l'air s emplit d'un frémissement froid et la neige commença à tomber. Je songeai aux kilomètres et aux kilomètres de paysage désert que j avais déjà parcourus, aussi je hâtai le pas pour me mettre à l'abri sous le bois qui se tenait devant moi. Le ciel devenait de plus en plus sombre. La neige devenait de plus en plus épaisse, et ainsi la terre, devant et autour de moi finit par devenir un blanc tapis étincelant dont le bord le plus éloigné se perdait dans une indistincte uniformité.
Le vent, alors, devînt de plus en plus insistant, et se mit a souffler avec une force de plus en plus grande, si bien que je dus courir me réfugier au plus vite dans la forêt. L'air devînt glaciale et en dépit de mon armure je commençai à en souffrir. La neige tombait maintenant avec une telle épaisseur et tourbillonnait autour de moi en remous si rapides que je pouvais difficilement garder les yeux ouverts. Par moments, le ciel était déchiré par un éclair fulgurant et, au milieu des éclairs, je pouvais voir devant moi une grande masse d'arbres. C'est ainsi, que dans l'obscurité de la tempête et des ténèbres de la nuit j'aperçus une petite maison en bois.
On entendait un petit bruit sourd, c était le vent qui venait se cogner au volet entrouvert...Sans hésitation, je m'approchai à vive allure de cette petite chaumière qui serait l'espace d'une nuit mon foyer. En poussant la porte, je m'aperçus rapidement de la présence d'une femme que se tenait debout au fond de l'unique pièce de cette obscure maison.
Une angoisse effroyable me tenaillait le coeur; chaque minute qui s'écoulait me semblait une seconde et un siècle... Je levai par hasard ma tête, que j'avais jusque là tenue inclinée, et j'aperçus devant moi, si près que j'aurais pu la toucher, une jeune femme d'une beauté rare et vêtue avec un magnificence royale. J'éprouvai la sensation d'un aveugle qui recouvrerait subitement la vue. Oh! Comme elle était belle! Cette femme était un ange ou un démon, peut-être les deux. Elle portait une robe de velours, et de ses larges manches doublées sortaient des mains d une délicatesse infinie, aux doigts longs et potelés. A mesure que je la regardais, je sentais s'ouvrir dans moi, des portes qui jusqu'alors avaient été fermées; la vie m'apparaissait sous un aspect tout autre. Je me sentais transportée... je n'étais plus maître de ma personne à présent. Comme paralysée je ne pouvais que l'admirer et oublier la douleur de mes tourments intérieurs.

Soudain elle prit la parole :

-" Si tu veux être à moi, je te ferai plus heureuse que Dieu lui même dans son paradis; les anges te jalouseront. Détruit cette prison qui te retient, casse ce mur qui nous sépare. Je suis la beauté, je suis la jeunesse, je suis la vie; viens à moi, nous serons l'amour et la force à la fois. Que pourrait t'offrir ton peuple, tes amis, ta famille comme compensation? Notre existence coulera comme un rêve et ne sera qu'un baiser éternel.
Tu dormiras dans un lit d'or massif, voyagera dans le monde des ombres avec pour seule compagnie la mienne. Je te veux et veux te prendre à ton Dieu, devant qui tant de nobles coeurs répandent des flots d'amour qui n arrivent pas jusqu'à lui.
Reviens dans ce monde noir que tu as abandonné jadis.. reviens tuer pour le plaisir de voir souffrir. Je serai ton guide, ta maîtresse... Viens donc .. "


Il me semblait entendre ces paroles sous un rythme d'une douceur infinie, je me sentais prête à renoncer à Dieu. Je n'étais plus en état de soutenir le poids de mon propre corps, le froid avait gelé mon sang. Je m'écroulais sur le sol avec comme dernière vision le regard de cette mystérieuse étrangère.

Quand je revînt à moi, une minute après selon moi, j'étais couchée sur mon lit, dans ma petite chambre.Je me mis à la fenêtre. Le ciel était admirablement bleu, les arbres avaient mis leur robe de printemps. La rue était pleine de monde, les uns allaient, les autre venaient; de jeunes couples se dirigeaient du cotés des jardins. Des compagnons passaient en chantant des refrains à boire. C'était un mouvement, une vie, un entrain, une gaieté qui faisaient péniblement ressortir mon deuil et ma solitude.

J'ai su depuis, que j'étais restée trois jours ainsi, ne donnant d'autre signe de vie qu'une respiration presque insensible, depuis que l'on m'avait retrouvé inconsciente. Beaucoup de questions restent encore sans réponses à savoir si cette aventure n'était qu'un rêve ou non .. Qui était donc cette si belle femme? Où était elle ?
Autant de questions sans réponses que je savais où était mon destin à présent...Il était l'heure de partir.
 

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