[Aëya]

Aëya était fébrile, et ne pouvait s'empêcher de bouger dans tous les sens alors que la Lyria, son habilleuse Matis ajustait quelques derniers points à sa nouvelle robe bleue.
La robe semblait superbe, la couleur lui plaisait beaucoup en tout cas, et elle était pressée d'aller regarder son reflet dans le bac.

- Voilà c'est fini, annonça Lyria, donnant le départ pour une course effrénée vers la salle d'eau. Le bac était en fait un creux évidé dans le sol en bois par l'architecte Fyros. On le remplissait d'eau et on pouvait s'y baigner.

Les Fyros sont astucieux pensa-t-elle, mais ils n'ont aucun sens esthétique. Une carapace de cococlaw aurait été plus jolie qu'un vulgaire trou.

Satisfaite de sa nouvelle robe elle se dit qu'elle se devait bien d'aller la montrer à tous ces amis. Elle décida donc d'aller au cercle.

La cité dans laquelle elle vit est en plein coeur de la jungle, les maisons sont construites au pieds des grands arbres ou, pour certaines, dans les branches de ces grands arbres. Des chemins sont tracés pour rejoindre les maisons, ils sont recouverts de planchettes de bois pour que les Trykres puissent marcher pieds nus dessus.

Le cercle est le centre de la cité. C'est là que sont les Kami la plupart du temps, et c'est là que tout le monde s'amuse. Il y a toujours de la musique au cercle, des danseurs et des jongleurs. Parfois seulement, la musique s'arrête et un Zoraï redit un poème qui a particulièrement plu.

Aëya fait une discrète révérence en direction des Kamis, puis parcourt du regard le cercle à la recherche d connaissance.
Reconnaissant des amies, elle court vers elles pour chercher des compliments sur sa robe.
Les Trykettes ne sont pas avares de compliments, à son plus grand bonheur, et elle tourne au milieu de ses amies, afin que chacune puissent constater le merveilleux travail de Lyria.

Pendant que ses amies commentent sa robe et parlent d'avoir recours aux talents de Lyria, Aëya aperçoit Timbo un Tryker assis derrière ses tambourins qui la regarde. Elle lui sourit et lui fait coucou de la main.

Timbo échange quelques mots avec les autres musiciens et le rythme change, se fait plus dansant, et les Trykettes s'envolent dans une farandole multicolore, leurs pieds nus caressant le sol en rythme.

Quand enfin la musique s'arrête, les Trykettes se mettent en ligne et font une rapide révérence vers les Kamis.
La peau d'un Kami se met à briller légèrement et une couronne de fleurs apparaît pour coiffer la tête d'Aëya. La Trykette rougit et sourit au Kami.

- Tu es la princesse de la journée Aëya.
- Tu en as de la chance.
...

Tout autour d'elle, ses amies se pressent et la Trykette se sent secouée dans tous les sens, le cercle commence à disparaître et sa vision s'assombrie..

- Aëya, ma princesse.. debout, c'est l'heure, fait une voix lointaine.
- hmmm... répond la Trykette en se retournant dans ses draps.
- Aller.. il faut y aller, on doit plonger chercher des coquillages. Après le soleil sera trop haut et on ne pourra plus plonger.

Aëya cligne trois fois des yeux et se frotte le visage de la main.

- Oh, onc'Bara.. je faisais un si beau rêve.. c'était comme avant, quand les Kamis jouaient avec nous. On vivait dans une ville dans la jungle, les Kamis m'avaient choisie comme princesse.

- Oui, oui, Aëya, tu me raconteras ça, habille-toi maintenant, il faut aller plonger sans tarder, l'interrompt le vieux Tryker qui sait bien que ce n'est que partie remise et qu'il aura droit à un récit détaillé du rêve de sa nièce plusieurs fois dans la journée.



Aëya, princesse Tryker
(d'après la mythologie Tryker sur l'apparition des homins)