Je crois l'avoir déjà raconté, mais pas dans la même optique.
Sl est arrivé dans ma vie par trois éléments convergents : Myst-Riven d'abord, une assos RL et une créatrice de vêtements virtuels : Vinda Vindaloo.
Avant Myst, comme je n'aime pas les jeux, je ne connaissais que Zelda. J'avais été initié par trois mômes de dix-douze ans (qui ont aujourd'hui la quarantaine ?) mais c'était surtout pour la musique. Je déteste l'idée de tuer, même pour-de-faux. Riven était idéal pour moi. On ne tuait personne, on devait penser et les graphismes me semblaient sublimes. La musique aussi.
J'ai dit que je suis un solitaire et c'est vrai. C'est dû au fait (peut-être pas le seul) que j'ai dû me débrouiller tout seul très tôt du côté de Pigalle (
) et qu'au travers des aléas, des mensonges et des stratégies de ce monde pour vous rendre "normal" ou complètement tordu, j'ai dû m'habituer à ne compter que sur moi pour me rester fidèle.
Ma vie ne vaut d'être vécue que si c'est bien la mienne. Mais les autres m'intéressent énormément. Ne serait-ce que pour savoir comment ils ont fait, eux, pour dealer entre les impératifs d'une société de Procuste et leur désirs intérieurs.
C'est ainsi que j'ai adhéré à une jeune association de quartier. Au début on était cinq ou six, à présent il s'agit de milliers d'adhérents partout en France. Je travaillais alors dans atelier situé dans un ravissant Passage du 17e arrondissement que Worst connait fatalement
et j'y organisais des fêtes, des projections de films. Il y avait souvent jusqu'à 200 personnes et c'était très marrant. Sauf que...sauf que l'humanité est ce qu'elle est. J'ai appris qu'on pouvait pisser dans les placards, bouffer comme quatre sans participer aux frais, viser les poissons de l'aquarium avec les pics à brochettes, faire des embrouilles d'un rien, vouloir sauter tout ce qui bouge. Bref. Mary Poppins s'est retrouvée assise sur son parapluie.
Bien entendu, ce n'était pas "tout le monde". Il y avait aussi des personnes civilisées. Mais j'ai dû admettre que la masse n'est pas mon fort et j'ai donc "désadhéré".
On peut être solitaire et sociable. Comme ma vie me ressemble, je n'en veux à personne. J'avais déjà connu ça dans les années 70, comme comédien. Le succès est un truc épouvantable parce que c'est toujours pour des raisons fausses. On devient la cible des fantasmes ambiants et on ne s'appartient plus. Idem pour le chanteur.
Je me suis trouvé beaucoup mieux comme prof parce qu'on a un contact individuel avec les gens. Ils sont mieux un par un qu'en foule. Et c'est ainsi que j'ai rencontré SL. Par Vinda Vindaloo, alors élève de l'atelier. Lorsqu'elle m'a raconté ce qu'elle faisait dans le virtuel, je me suis inscrit direct !!! C’était en juin 2007. Et paf ! L'amour.
Je veux dire l'amour pour SL. Exactement fait pour moi.
J'ai réalisé là une chose évidente qui l'est moins en RL : Tout ce qui est sur Second Life à été inventé, construit, fabriqué, chouchouté par les résidents.
En RL on ne fait que constater que les choses sont là; on sait qu'elles ont été construites par quelqu'un, mais comme c'est là on ne se pose pas trop la question. Et pourtant, tout ce qui existe dans le monde Humain est le fruit de l'imaginaire Humain. C'est lui le chef de l'orchestre. Cette faculté de "mettre en image" sur un concept, un sentiment, un constat. Que ce soit petit ou grand, gentil ou méchant....le virtuel précède tout. Et c'est bien ce que je fais quand je peins : j'en ai déjà l'idée, que je vais organiser, peaufiner puis construire, rendre visible. Mais la réalité matérielle ne sera jamais que de la toile, du bois et des pigments. Le reste demeurera éternellement virtuel, seulement visible par l'esprit et dépendant de la culture....Tout comme un roman reste inexistant quand on ne sait pas lire....
Ensuite, j'ai trouvé que SL était bien plus rigoureux qu'en RL. Chaque parcelle peut y mettre sa loi et son règlement. On peut muter les chiants (Le rêve), ne fréquenter que des amis choisis...éviter les foules et la grippe. On peut se démultiplier en différents avatars...
Pourquoi SL ? Ma réponse, quoi qu'un peu longue et je vous en demande pardon, est simple : Pourquoi les Bermudes ? Il n'y a pas plus chiants que les milliardaires.