Combien d’heures s’étaient écoulées, depuis la fin du chapitre précédent ? Sur le flanc, Falko rouvrait péniblement les yeux dans la pénombre de ce qui lui servait de cellule de fortune ; un conteneur lambda, comme on en trouve des milliers dans les colonies ; rouillé dans lequel croupissait une eau à la forte odeur de cambouis et de carburant. A l’extérieur aucun son ne filtrait que le bruit de la forêt et d’oiseaux qui piaillaient non loin. Ce ne devait pas être le camp avancé de la colonie.
Pourquoi se retrouvait-il encore dans ce genre d’emmerdes alors qu’il était censé avoir raccroché le tablier depuis 4 ans ? C’était la ritournelle de l’homme qui change de vie sans jamais se débarrasser de ses vieux démons… Depuis, la barbouzerie n’était jamais loin, voire même dans le tiroir de la table de chevet quand on avait plus le badge officiel pour défourailler aux frais de la République avec la bénédiction du Sacro-Saint Sénat… Mais il fallait bien faire le boulot, avec ou sans passe-droits.
Mais là, pourquoi se coltinait-il tous ces problèmes… ? Ok, elle avait un sacré joli petit cul mais ça ne justifie jamais de creuser des tombes et d’y planter une stèle avec des épitaphes à deux crédits sorties tout droit de recueils des poètes ratés en mal d’inspiration qui inondent l’holonet avec du bon sentiment en veux-tu en voilà, bon à donner la gerbe même à un marin aguerri au roulis frénétique. A moins que ce soit la colique… Sans déconner, même un trou du cul de gamorréen aurait assez de neurones pour en sortir une avec plus d’esprit. Bon ok, c’est exagéré… ces dégénérés sont aussi cons que leur tête le laisse à penser. Mais on n’en est pas loin. Et pour le moment, c’était sa tombe qu’il était en train de creuser et cette idée lui déplaisait assez.
Jolie et trop jeune pour toutes ces conneries surtout… et pourtant déjà bien assez pour que ces clebs en rut ait eu envie de se ruer dessus et lui faire découvrir à quel point les hommes peuvent parfois être de sales porcs. « Parfois… » c’est comme de dire que les aqualish et les abyssins sont « parfois violents ». Ca revient à dédouaner l’humanité de sa connerie et de sa brutalité latente…
C’est juste une gamine aux idées trop larges pour sa destinée toute tracée et bordée de conventions familiales auxquelles elle ne peut pas déroger. Aussi loin qu’elle fuira, elle sera rattrapée par son « devoir » et par son « nom ». Rattrapée par lui, sûrement… parce que c’est son boulot. Parce qu’il a signé un contrat qui lui avait tout pris ; un contrat sans concession au-delà du formulaire qu’il avait signé en bas à droite sur l’écran d’un datapad au premier jour qu’il était monté par-delà les nuages, visiter le sanctuaire des Karn-assiers… Il s’était attaché à cette femme qui les dirigeait tous, attaché à cette famille qui n’avait de limite que ses propres ambitions.
Mais cette fille-là, il ne l’avait pas prévue. Elle a un de ces regards sombres comme ses cauchemars et chargé pourtant de reflets scintillant d’espoir. Il y a une tempête dans la tête de cette fille-là, avec des vagues qui submergeraient même ce gars-là. Des vagues qui chamboulaient son âme qui caressaient ces plaies, qui fondaient sans crainte sur ses crocs et ses lames. Une fille perdue quelque part entre ses regrets de n’avoir pas pu dérouler son histoire comme elle l’avait rêvée… et la panique de ne pas savoir trouver sa place dans le cours de l’histoire d’une dynastie qui scrute les siens pour s’écrire et se réaliser.
Ca tient d’ailleurs presque de l’ironie de porter le nom d’une mélodie et de ne pas savoir s’accorder. S’accorder, s’acclimater, s’habituer, se fondre… s’oublier…ne plus l’écrire mais se résigner à sa destinée. Sont-ce ces pensées qui la hantent chaque nuit et entrecoupent ses sommeils agités, toutes les 2 heures précisément ? Deux c’est suffisant pour savoir qu’on ne peut pas prendre la même route, qu’il y a ceux qui marchent dans l’ombre de ceux qui marchent devant. Et il ne faut pas s’y méprendre, quand à la faveur d’un soleil ou d’un néon farceur, notre ombre semble s’étendre pour les couvrir et les dépasser, car ils marchent bien dessus sans ciller. Comme à l’ombre des drapeaux, le mât sera toujours plus haut que nos vies et nos pensées ; obéir sans sourciller, mourir par devoir, c’est pas bien compliqué.
Un joli sourire aussi… quand il parvenait à lui en soutirer un. Parce qu’elle avait la fibre humoristique effarouchée. Mais c’était de la connerie tout ça, en trois semaines et des brouettes on ne se crée pas des affinités. Et valait mieux pas se raconter des histoires, il n’y a que dans les contes qu’on rencontre des fées.
Alors pourquoi ? Une réponse fusa dans son esprit ; parce que c’était son job. C’est bateau comme réponse, oui, pire cliché il n’y a pas. Mais c’était la foutue réalité, parce qu’il avait mis les pieds dans le plat dès le premier jour ; compromettant tout ce qu’il avait été, tout ce qu’il croyait être resté. A moins que ce ne soit vraiment lui ? Sans concession, sans restriction… sans limite que celles que veut bien lui fixer le « patron ». La patronne plutôt et elle avait l’esprit large et de la souplesse sur les conditions d’emploi.
A y repenser, l’avait-elle seulement sollicité ? Non. Enfin presque. Deux ou trois fois, mais le reste du temps, tout était venu de lui. Il avait fait ces choix-là tout seul, comme un grand, embarqué dans un élan qui le dépassait. Un truc étrange qu’on appelle « loyauté » et qui fait défaut à tant de gens à notre époque troublée. Par loyauté, oui, il avait « ponctué » - parfois définitivement – des contrariétés et des mauvaises volontés. Etait-il comme ces portes-flingues de films anciens qu’il affectionnait tant ? L’idée de n’être qu’un second couteau ne chagrinait pas plus que ça son égo, ils avaient souvent de beaux rôles mais dans le contexte, ça l’éloignait un peu plus cruellement encore des aspirations déjà frustrées au nez desquelles il n’avait pas encore claqué la porte. L’espoir fait vivre, disait-on… et le chasser c’était mettre un pied dans la tombe. Dans le genre, il ne pouvait pas se permettre de gaspiller ces indulgences divines que la Force ou quoi que ce soit d’autre, avait eu la générosité de lui concéder jusque-là ; faute de les reclasser en prodigalité et qu’une prise de conscience universelle lui coupe ces politesses sous les pieds. Déjà que la mort avait une fâcheuse tendance à abuser de la tondeuse… fallait pas pousser le vice trop loin.
Tout ça était confus dans son esprit et pourtant si clair à la fois. Les idées se mélangeaient les unes aux autres et n’arrangeaient rien à la migraine qui ne l’avait pas quitté depuis. Etait-on quelques minutes après le tabassage en règle ou le lendemain ? Falko toucha sa lèvre et sa tête, toutes deux douloureuses. Pas que le reste ne le faisait pas souffrir mais qu’il se souvenait surtout de ceci. Le sang avait coagulé mais ça sentait encore le frais, quelques heures avaient dû s’écouler sans qu’il ne soit capable de le mesurer précisément. Il fallait bien dire qu’on l’avait délesté de tout ce qui leur avait paru inutile… soit tout, sauf un t-shirt et son pantalon de treillis, sales et rougis. A ce moment il se rendit compte qu’il avait froid ; tant qu’il en était engourdi. Le stress, la fatigue, les blessures, la soif et la faim… et peut-être le rafraîchissement nocturne ? Il n’y avait plus qu’à cocher les cases, mais à ce compte c’était plus rapide de faire un grand « check » sur tout le formulaire.
Lorsqu’il tenta de bouger, une pique de douleur lui arracha un gémissement difficilement contenu. Des côtes fêlées peut-être, des ecchymoses et pétéchies en tout cas, à lui en dessiner une belle carte de la voie lactée et des secteurs obscurs de la galaxie en plusieurs endroits du corps. Il n’y avait plus qu’à l’indexer aux archives du musée de la conquête spatiale…
Ce n’était pas vraiment le moment d’énumérer les traumatismes et de faire un concours de souvenirs. Nostalgie n’aurait qu’à repasser un peu plus tard quand il serait moins occupé et surtout un peu moins en danger. Parce qu’en l’état, l’avenir et la retraite paraissaient compromis. Et qui allait hériter de la malle à vestiges, des photos façon « copains d’avant » et des décorations qui ne méritaient pas toutes une histoire au coin du feu… ? La République flanquerait ça à la poubelle, vite fait, bien fait. Et de ses flingues et de ses speeders ? Falko inspira de rage contenue. Pas question que ces choses-là soient dispersées aux quatre vents, revendues aux enchères à des amateurs du Natunda engoncés dans leur médiocrité et leur mollesse. Et pire… ça pourrait arriver dans les mains de connards de chasseurs de primes crasseux, de mercenaires sans scrupule ou encore de criminels à la petite semaine, tout ça pour une bouchée de pain. Inconscients qu’ils sont de la valeur sentimentale de ces bijoux et de leur qualité… non, ça, c’était pire que de crever oublié de tous sur cette planète en ruine, puante, qu’est Taris. Ca c’était un coup à le faire se retourner dans sa tombe. Ca n’en finirait donc jamais ? Après avoir raccroché, il s’était remis à pêcher en eaux troubles et une fois mort il recommencerait à s’activer ? Non, quitte à crever il fallait au moins que les comptes soient soldés, le testament dûment rédigé et les orphelins placés… et tout ça était encore à réfléchir, à peaufiner… il y avait peut-être encore des choses à faire – un foyer à fonder ? – avant de tirer sa révérence sans se retourner.
Remuant au sol pour se dégourdir doucement, il chercha des mains dans l’obscurité maintenant totale. Il fouilla et remua des choses dont il préférait ignorer la nature, même si l’odeur ne laissait planer que peu de doute et une réelle puanteur. Il manqua de vomir, si seulement il avait eu quelque chose dans le ventre ; ne lui restait plus que la bile et c’était le pire à recracher. La douleur le lançait mais il se concentrait sur une seule chose ; survivre.
Parce qu’il n’était pas question de finir ici… pas comme ça, pas sans avoir été bouffé ce sandwich de 1 kilo réputé interminable dans ce grill sans allure au bout de la voie 359 de Coronet. Pas sans avoir acheté le dernier modèle de fusil blaster automatique, à système de refroidissement nouvelle génération, des ateliers Cirsha Dynamic’s Weapon Technology. Ni sans avoir refait un dernier saut HALO pour le plaisir et déployer les répulseurs de secours. Pas non plus sans avoir mis un pain dans la gueule de l’amateur de Gizka. Non… deux en fait. Pas non plus sans avoir retrouvé ce gosse perdu dans le hangar 28, assis au sommet d’une pyramide de caisses, toisant un monde trop grand pour lui, à partager sans envie, sans parents à qui se confier – trop pris – pour lui dire qu’après les étoiles ce ne sera ni mieux, ni pire pour lui. Surtout pas… sans avoir compris pourquoi il était assez con pour mettre sa vie ainsi en danger, au-delà de ce que son contrat exige de lui, au-delà de ce que la raison devrait lui interdire. Avait-il si peur de vivre… ou de mourir ?
Merdique la situation, oui, elle l’était. Il pataugeait même dedans jusqu’au cou. Difficilement, péniblement, il se mit à genou et, balayant l’air devant lui d’un bras, il avança doucement, prudemment pour chercher. Falko ne savait pas vraiment quoi d’ailleurs, mais il fallait s’activer ; dans la survie ce qui compte c’est ce qu’on fait, quoi que ce fut, mais de le faire, ne jamais se laisser dominer par l’envie de s’échouer.
Comment aurait-il pu deviner que le capitaine à la tête de cet avant-poste paumé de Taris roulait en parallèle pour un laboratoire pharmaceutique, qu’il alimentait avec quelques-uns de ses subordonnés en espèces animales locales et en Rakgoules ? Ce n’est pas nouveau le trafique zoologique mais ce sont rarement des militaires en poste qui s’y adonnent. Ca participe d’une curiosité intellectuelle malsaine… quant à eux ce sont les crédits qui les appellent. Et le kolto qui manquait tant, selon « miss humanitaire » ça n’était pas une réalité pour tout le monde. La fine équipe s’en faisait livrer en douce par ses commanditaires ; la chasse n’a jamais été une sinécure. Et puis il n’était pas question de livrer des bestioles à moitié mortes ; elles aussi avaient droit aux soins. Faudra penser à leur faire épingler la médaille des protecteurs de la cause animale… Si elle avait su… même troquer son honneur n’aurait plus suffi, pour le peu qu’elle devait penser lui en rester. Si elle savait… elle serait bien capable d’y retourner pour les enterrer vivants. Mais sur un C.V de jeune femme ça fait un peu trop original dans le milieu huppé et les salons feutrés que fréquentent les Karn ; il se pourrait même que ça choque… Elle ne collait déjà pas très bien avec la photo de famille avec sa couleur capillaire et son maquillage rebelle. Quoi que…
A tâtons, Falko vérifiait le sol et les parois jusqu’à mi-hauteur. Qui sait, la chance sourit aux… aux quoi déjà ? Parce qu’elle sourit déjà à tellement d’enfoirés de première qu’il se demandait si elle ne faisait pas le tapin par plaisir celle-là. Si en plus elle souriait aux cons comme lui, autant dire qu’elle se tapait tout le monde sans l’once d’une culpabilité. Mais aujourd’hui, il pardonnerait même à Fenrys de mélanger une boisson énergétique avec un whisky 18 ans d’âge, non filtré à froid, de la distillerie « Socorro Corellisi »… et d’y rajouter des glaçons… pas sans lui mettre une grosse taloche derrière la tête néanmoins. Le respect des bonnes choses ça s’inculque à tous les âges et c’est une attention de tous les instants. Il pardonnerait oui… pourvu qu’il s’en sorte.
Maintenant qu’il connaissait la situation, Falko comprenait mieux pourquoi cet avant-poste enregistrait les plus grosses pertes mis en rapport avec les autres. Il n’était pas question que des fouineurs aient dans l’idée de s’intéresser de trop près à certaines choses et de découvrir les magouilles du capitaine et sa clique. Alors il envoyait au casse-pipe tous ceux qui n’étaient pas concernés par cette joyeuse entreprise de zoologie participative… Il y avait pourtant matière à les convier en leur confiant la partie « entomologie » afin d’étudier ces cafards qui se repaissaient de crédits généreusement distribués par un laboratoire qui avait dû ranger les scrupules dans un bocal de formol entre le cadavre d’un bébé et les tripes du dernier inspecteur du comité d’éthique médicale.
C’était pas tout, ça, mais il se serait bien pris un café maintenant qu’il y pensait. La seule chose qui pourrait encore, éventuellement, relever son humeur bien que là, il doutait même de la faculté des grains issus des meilleures plantations de pouvoir sauver quoi que ce soit de sa journée. Et dire qu’il avait appris que Jawa Love avait entubé sa clientèle en mélangeant un pourcentage non négligeable d’excrément au café… sans rire !? Il n’y a donc plus de respect pour rien dans ce monde ? Il en avait goûté un dans le transport « aller », faute de mieux. Et l’ayant appris il s’en serait passé la bouche au désinfectant de classe AD s’il n’avait pas craint de ne plus jamais pouvoir sentir le goût de quoi que ce soit. Même un thé lui aurait été, maintenant qu’il y songeait mais il avait sa fierté et ne le dirait pas à haute voix pour autant.
Chance… cette putain sans vergogne avait donc décidé de se donner à lui une dernière fois ? Ou alors de revenir fidéliser la clientèle. Falko sentit quelque chose au sol, métallique, pointu. Une pièce cassée, peut-être un loquet de caisse de transport ou une simple tige métallique. Il n’était pas vraiment question de faire le difficile et sauf à commander par la pensée, en livraison express, un blaster tout beau tout neuf et chargé à bloc, il devrait faire avec ce qu’il venait de trouver.
Heureusement qu’elle ignorait ce qui se déroulait ici… ce n’était pas une mélodie qu’elle nous jouerait en ce moment, mais un requiem. Avant ou après il y aurait eu la grande symphonie du chaos avec percussions et explosions bruyantes et mortelles. Il était temps qu’elle retrouve une vie normale, surtout ; ou quelque chose dans ce goût même si elle serait marquée à jamais par ce qu’elle avait vécu ici. Il y avait aussi un peu de ça dans la raison… les beaux idéaux, les grands espoirs ne pouvaient pas être foulés aux pieds de la sorte. On ne pouvait pas violer tous les rêves… tous les espoirs… ni violer tout court quelqu’un qui aurait pu rester innocent. Il y a tant de saloperies dans l’univers qu’on ne saurait même pas tout recycler ni mettre en orbite pour stockage sans devoir y mettre tous les crédits de la République et des Hutts réunis, si c’était de vraies ordures. Quoi que l’humanité… enfin l’universalité se faisait relativement bien à l’idée de compter dans ses rangs un nombre d’ordures astronomique, c’était bien le cas de le dire. Des ordures tous pire les uns que les autres…
Falko savait bien que l’idée de l’innocence c’était la faiblesse intellectuelle de l’humaniste positiviste. Croire ou faire une place à l’innocence, ça tenait de l’utopie et personne ne devait pouvoir se vautrer dans cette illusion sans craindre d’être taxé de gentil gobe-mouche. Mais certaine personne ne pouvait-elle pas faire exception ? Ca la rendrait probablement moins… enfin bref, peut-être que c’était aussi une part de ce truc piquant chez elle, qui le titillait. Alors laissons l’innocence de côté et disons que c’était un truc qui y ressemblait, façon ingénuité.
La porte grinça, on venait de la déverrouiller et le sas s’ouvrit accompagné d’un bruit de décompression hydraulique. Falko fit mine d’être inconscient ou endormi, face contre terre. La lune perçait à peine dans la nuit, à travers les ruines élevées des gratte-ciel décapités et les ramures des arbres gigantesques. Des pas résonnèrent et Falko sentait au travers ses paupières fermées le faisceau d’une torche braquée dans sa direction.
- - Merde, tu crois qu’il est mort ? Ca serait con… il n’a pas encore parlé et le boss et le capitaine veulent savoir ce qu’il sait.
- Qu’est-ce que ça changera s’il a clamsé ? Il n’ira rien raconter à personne. On va déjà vérifier… mais le capitaine a dit de faire gaffe parce que c’est un solide selon lui ; du genre à avoir fait l’armée.
- Vétéran ou pas, avec ce qu’il a pris dans la gueule ça l’aura calmé en tout cas. Par contre, on va se faire souffler dans les bronches et tu le sais ! On devait vérifier son état pour le garder vivant.
Le gros plein de soupe à qui Falko devait l’ensemble de ses douleurs avança jusqu’à lui et retourna son corps à l’aide de son pied et de la crosse de son fusil blaster. Il renchérit à l’adresse de son comparse en se penchant sur lui.
- - Bordel ça va ! Arrête de couiner ! T’avais qu’….
Falko sembla pris de convulsions et ne plus pouvoir respirer. Son corps parcouru de spasmes s’agita frénétiquement.
- - Mais putain, reste pas là ! Viens m’aider, il est en train de s’étouffer ! Merde, merde, merde !
Le second bondit jusqu’à eux et se mit à genoux pour l’aider à relever Falko. Après l’avoir redressé, le premier lui flanqua une grande claque dans le dos sans succès.
- - Mais arrête pauv’con ! Tu vas le tuer une bonne fois pour toute ! Il faut l’emmener au medic et vite !
- On ne peut pas l’emmener à l’avant-poste ! Personne ne sait qu’il est là et qu’est-ce qu’on va raconter au cap’ ? Et l’autre boss ne veut pas le voir au camp !
- Si on le laisse là il va surtout crever ! Alors décide-toi !
L’un et l’autre se regardèrent et finalement le premier entreprit de se redresser en soulevant Falko d’un côté, tandis que l’autre l’imitait à son tour.
- - On va déjà le sortir et l’approch…
Le visage de l’homme se figea et ses yeux s’écarquillèrent, de surprise, ou de douleur foudroyante. L’autre homme pris de stupeur ne bougea pas… pas suffisamment entraîné à ce genre de situation, pas suffisamment réactif non plus. Les secondes durent, à son tour, lui paraître une éternité, mais tout alla très vite. Falko avait à peine enfoncé la tige pointue dans le cou du premier homme, qu’il récidiva deux fois encore dans la région du cou, puis il donna un coup d’arrêt au second, du tranchant intérieur de la main dans la glotte. Ce dernier maintenant scotché pour quelques longues secondes et incapable de crier, Falko acheva de planter encore plusieurs fois sa tige métallique, cette fois-ci sous l’aisselle de sa première victime de sorte à perforer ses poumons et achever de le mettre hors d’état de nuire. Alors que le deuxième n’avait toujours pas retrouvé sa faculté de crier, Falko lui asséna un coup de pied dans le genou pour le faire chuter et attrapant le blaster au sol, le braqua sur lui dans la foulée en l’éblouissant de la torche qui se trouvait accrochée dessus. Il avait agi par-delà la douleur, plongé dans une transe conditionnée par l’adrénaline et l’expérience des situations extrêmes dans les forces spéciales. Discipliné, les gestes précis et sans fioriture.
- - Ecoute-moi attentivement… je vais faire des phrases courtes et simples. T’as pas l’air bien futé et si je dois me répéter tu finis comme ton copain. T’auras le droit au même traitement, je te poinçonnerai pour un aller simple vers l’au-delà et j’espère que t’es pas croyant sinon le trajet sera long.
L’homme, abruti par ce qui venait de se passer hocha vivement la tête, blême.
- - Combien de personnes ont vu mon visage ?
- Qu…quatre…
- T’es bien sûr de savoir compter ? Parce que dans le genre, vous me semblez un peu marin sur les bords…
Il hocha à nouveau la tête.
- - Je… j… oui… quatre… mon… lui, fit-il en désignant le cadavre, -m… moi… le, le boss et son assistant. Et c… c’est tout…
- J’ai vraiment une tête à ce qu’on me prenne pour un con ? Faut croire que oui... Et le capitaine, je vous ai entendu dire qu’il avait donné son avis sur moi. Alors t’es bien sûr de ton compte ou je dois t’aérer les neurones pour faciliter ta réflexion ?
- Ah… euh… oui… oui, bien sûr, le capitaine… oui, le capitaine aussi. Cinq… cinq ! J’te l’jure ! Me bute pas !
Ce mec devait avoir un amour sacré pour son supérieur ou une sacrée frousse de lui pour jouer ainsi sa vie sur un coup de bluff. Falko ôta la sécurité de l’arme.
- - T’es mal parti pour ça… va falloir faire mieux si tu veux toucher ta pension militaire. Où je peux les trouver ? Et ne t’avise pas de me mentir, car après ça je vais te bâillonner et te ligoter à un arbre ducon, jusqu’à ce que je revienne ou pas… alors si tu ne veux pas servir de bouffe pour la faune locale, tu ferais bien de m’éviter tes salades.
- Oui… ils… ils sont à l’est d’ici… il y a des préfabriqués. C’est… c’est là qu’on cache les prises. Et qu’on prépare les envois et ils viennent les chercher sur place par aéro-treuillage.
- Je ne te demande pas de me raconter ta vie ! Contente-toi de répondre à mes questions. Combien de personnels sur zone et quelles protections ?
- Y’a pas grand-chose… je… attends ! J’veux dire… des caméras et des détecteurs thermiques. Il y a trois droïdes de défense. Quand le boss est là il est protégé par cinq hommes, des mercenaires, je crois. Et… le Capitaine… ça dépend. Il est parfois là-bas mais pour pas éveiller les soupçons il reste le plus souvent à l’avant-poste. Il nous envoie n… nous sous couvert d’une patrouille…
Falko continua l’interrogatoire jusqu’à être certain d’avoir toutes les informations qui lui paraissaient utiles de connaître pour la suite. Puis, il intima l’ordre à l’homme de se tourner vers le fond du conteneur.
- - Tout… tout à l’heure tu… tu t’étouffais vraiment ? T…t’avais pas l’air bien du tout. Je peux t’apporter des soins !
- Ma sœur est épileptique, connard… J’ai vu suffisamment de crises pour les reproduire mieux que les étudiants du Coruscant Actors Studio.
Dans la continuité de ses paroles il lui brisa les cervicales, sans ciller, sans hésiter. Il n’était pas question de laisser tout ça ainsi, trop de traces de son passage, il ne pouvait pas se le permettre. Sur l’un des deux il avait trouvé une grenade incendiaire qu’il dégoupilla et jeta près d’eux après être sorti. Il laissa la porte entrebâillée pour l’appel d’air. Le cambouis et le carburant dans lequel baignaient maintenant à sa place les deux soldats, servirait utilement à compromettre tout éventuel prélèvement.