Cela fait depuis plusieurs années déjà que j'écume les modules de Nwn et force est de constater, que le métagaming est un problème récurrent.
Même si dans la plupart des cas, les modules affiche publiquement leurs détermination et leurs impartialité sur ce sujet, dans les faits tout repose essentiellement sur la délation de joueurs, qui ne sont pas forcément désintéressés; et malheureusement bien souvent sans qu'aucune preuve ne soit apporté, ou que le staff ne prenne la peine de vérifier la véracité de ces informations.
Je me suis donc posé la question: serait-il possible de mettre au point un critère épuré de toute réflexion subjective afin de détecter les joueurs " à risque"?
La réponse est oui, en mesurant la distance au khi-deux.
Présentation générale:
Pour faire simple, lorsque l'on mesure la distance entre deux points, on utilise la distance euclidienne. La distance au khi-deux fait exactement la même chose, mais mesure la distance séparant des variables qualitatives et non quantitatives.
Elle nous permet notamment de faire la distinction entre les couples de variables les plus semblables et les plus éloignés.
Démarche théorique:
L'idée consiste d'abord à sélectionner des variables qualitatives pertinentes, et de déterminer leurs différentes modalités. Chaque individu de notre échantillon est donc défini en fonction de ces caractéristiques ( si l'individu était un vecteur, les modalités seraient en quelque sorte ses coordonnées).
Les modalités de chaque individu sont ensuite répertorié dans un tableau disjonctif, qui nous servira par la suite pour mesurer la distance au khi-deux.
Démarche empirique:
Pour que cette mesure soit utilisable, il nous faut définir des variables fiables, et relativement simple à mesurer.
Il serait tentant par exemple de sélectionner " les relations IRL " comme variable qualitative, mais se serait une très mauvaise idée. D'une part car cela pose des problème d'ordre moral (cf le droit à la vie privée), et d'autre part, car cela nécessiterait de passer par les joueurs, ce qu'il nous faut éviter dans la mesure du possible.
En ce qui me concerne j'en ai retenu deux:
1) l'appartenance à une faction
2) les périodes de connexions
Je justifie mes choix par les hypothèses suivantes:
H1: "Un joueur a d'autant plus intérêt à faire du méta, que son interlocuteur appartient à une faction différente de la sienne "
H2: " Un joueur est d'autant plus tenté de faire du méta, qu'il n'a pas l'occasion de rencontrer son interlocuteur en jeu "
A partir de là j'obtiens 21 modalités pour les périodes de connexions (chaque jours de la semaine, associé à une partition d'une journée en trois périodes: matin, midi et soir), ce qui donne: L1 pour "lundi matin", L2 pour "lundi après midi" etc..
Pour ce qui est des factions j'en ai retenu trois; il s'agit dans mon échantillon un peu farfelu de la communauté de l'anneau (noté CDA), des forces de Sauron, et des mages.
Bien entendu, il est possible de faire varier le nombre de modalités, comme fractionner une journée de manière plus précise, ou adapter le nombre de faction en fonction de celles présentent sur le module; cela ne pose pas de problèmes étant donné que ce qui nous intéresse avant tout, ce ne sont pas les valeurs de la distance au khi-deux mais leurs recoupement.
Reste à créer le tableau disjonctif.
Le tableau disjonctif
Chacun de mes individus ( en l’occurrence il s'agit de personnage fictifs, mais on pourrait très bien l'appliquer aux joueurs), est donc définit en fonction de ces deux variable, tandis que l'information est résumé dans un tableau à double entrées comportant en ligne chaque individus de mon échantillon et en colonne les variables qualitatives et leurs différentes modalité.
Pour chaque classe de coordonnées on crée une variable binaire prenant la valeur 1 si la modalité de la variable correspond à cette classe et la valeur 0 sinon. (cf le tableau ci-dessous)
Dans mon cas, les disponibilité horaires ont été générés de manière aléatoire, donc si Gandalf ou Sauron vous semblent avoir l'emploi du temps d'un chômeur longue durée, sachez que c'est du au hasard.
Calcul de la distance au khi-deux
La mesure de la distance au khi-deux entre deux individus
ei et
ej est donné par la relation suivante:
Avec
=1 si la modalité k de la caractéristique m est vérifié et 0 sinon.
i et
j faisant référence à un individu;
mk à "la k
ième modalité de la m
ième caractéristique/variable qualitative" (exemple: 12 correspondrait à Lundi après midi ou L2 sur le tableau);
N étant le nombre d'individus.
Si la formule peut paraitre compliqué de prime abord, elle est en réalité extrêmement simple à calculer.
La somme des
étant calculé en sommant chaque colonne (cf la dernière ligne du tableau en gras).
Interprétation
On obtient alors une valeurs pour chaque couple d'individus.
Dans mon échantillon j'ai pris la peine de résumer l'information dans le tableau suivant:
Comment interpréter ces résultats?
Selon la théorie, les couples avec les valeurs les plus faibles sont les individus des le profil sont les plus comparables. A l'inverse les couples avec les valeurs les plus élevés sont les plus dissemblables.
Autrement dit, dans notre cas, compte tenu de nos hypothèses de départs, les couples d'individus avec une valeur élevé sont donc les individus "à risque" c'est à dire ceux qui ont le plus intérêt à colluer.
Dans mon exemple, il s'agit des couple Gimli/Sauron et Gimli/Gandalf.
Ce résultat s'expliquant par la différence de faction entre Gimli et les deux autres, mais également ses faibles disponibilités horaires.
Voilà pour la distance au khi-deux.
Qu'est ce que vous en pensez ?