[la seconde chute d'Ervalon] Les brigands d'Avelden

Répondre
Partager Rechercher
Je suis tombé récemment sur les ouvrages d'un jeune auteur. Son premier cycle, édité par mnemos, s'intitule “La seconde chute d'Ervalon”. J'avais été quelque peu refroidi par mes dernières lectures “fantastiques” mais un jeune auteur français qui nous narre une campagne jouée par ses joueurs, ça ne pouvait pas faire de mal. Alors j'ai acheté le premier, les brigands d'Avelden.
À vrai dire je n'en attendais pas grand-chose : sauver princesse, taper méchants, youpi on a gagné toussa. Les chroniques de la lune noire quoi. Mais les préjugés, c'est le mal. Je le sais, je me fais régulièrement avoir. Et là, je ne me suis pas fait avoir à moitié.


Bon, Ionis et Chtark, vous êtes en route vers la capitale du duché, les attaques de brigands sont fréquentes aussi êtes-vous méfiants. Vous avez dressé le bivouac. Que faites-vous ?.

Je vous rassure, ce qui est écrit ci-dessus n'est pas tiré du livre. Si une chose est certaine, c'est que David Bry sait raconter une histoire : il est agréable de lire ses lignes et on vole à travers son livre. Aucune description lourde, pas de discours ampoulé pour faire “comme les grands auteurs” (oui, messieurs les écrivains, ça se voit ce genre de chose, c'est à toi que je parle, toi qui a traduit “le trône de fer”). Dès les premières pages, on sait qu'on ne lit pas une œuvre majeure qui vaudra à son auteur de figurer parmi les immortels. C'est un premier ouvrage, il en porte les marques. Le style est direct, parfois trop, le vocabulaire est parfois “à côté” mais malgré cela la sauce prend, et elle est bonne. Et les défauts de jeunesse de l'auteur de s'effacer pour laisser place à un style, un vrai. Le récit suit un rythme posé mais constant, se concentrant sur les premiers personnages qui entrent en scène pour, petit à petit, laisser de la place aux autres.
Un dernier point important : ce récit n'emploie pas les ressorts hollywoodiens dont on nous assomme régulièrement : pas de suspens à deux balles, pas de héros imbutable mais intérieurement fragile, pas de soft pron miteux (sincèrement, seul le mauvais porno est pire que le mauvais érotisme et oui, c'est à toi que je parle, toi qui a écrit “le trône de fer”) histoire de faire bander les frustrés. L'auteur n'a pas besoin de ces artifices pour rendre son histoire intéressante.


Un équipe de bras cassés dans un duché pourri jusqu'à la trogne...

Quant au cadre de l'histoire. Simple : le duché d'Avelden est dans une situation critique, les brigands sont partout et les choses vont de mal en pis. Heureusement, des héros vont jaillir de l'ombre pour redresser la situation. Enfin, au moins vont-ils faire de leur mieux car même s'ils sont animés de louables intentions, ce sont des tanches. Chacun d'eux est doué dans son domaine, c'est indéniable (après tout, ce SONT des héros), mais l'ennui, c'est qu'ils ont autant de vivacité d'esprit que des enclumes. Combien de fois me suis-je dit en lisant le livre “Ils ne vont quand même pas passer à côté de ça ?” ou encore “mais pourquoi ils ne courent pas prévenir leurs supérieurs ?” ? À vrai dire, je n'ai pas compté mais la réponse est “souvent”. Et je vois d'ici le meneur de jeu affligé (ou souriant) derrière son écran, préparant la suite en se disant “ça, c'est raté”. Et c'est bien, parce que ça rend les personnages humains. Non, ils ne sont pas infaillibles, non, ils ne vont pas, à l'instar de Pug/Milamber, d'Aragorn ou de Belgarion, tout roxxxxer sur leur passage. Ils commettent des erreurs, en subissent les conséquences et font de leur mieux pour redresser la barre ensuite. Ceci, plus que le reste, rend les personnages attachants. David Bry sait raconter une histoire, il sait aussi la faire vivre.
Une bande de paysans qui essaye de sauver leur duché, voilà donc les personnages qu'il nous est donné de suivre. Et ça fait du bien. Pas de roi en exil, pas de roi orphelin et méconnu de tous, pas de princes et de princesse se battant pour un royaume. Juste de braves gens poussés sur les routes par la misère et qui s'accrochent au seul pivot sur lequel s'appuie l'ordre dans leur contrée : leur duc et sa famille. Bon sang, ça fait du bien ! Ça fait du bien de les voir s'entre-déchirer parce qu'ils sont forcés de coopérer. Ils n'ont pas confiance l'un dans l'autre, voire ne peuvent tout simplement pas se saquer, la faute à des caractères diamétralement opposés. Mais ils restent unis malgré tout car ils n'ont pas d'autre choix : l'un rachète sa liberté, l'autre veut assurer la sécurité de sa famille, le troisième veut se faire un nom et ramener de l'argent à sa famille, le quatrième n'est toléré par la population que tant que la couronne ducale le protège et les deux derniers sont pris dans l'engrenage de la violence et ont choisi d'être fidèles à leur suzerain. On les voit se méfier, s'engueuler, se soupçonner, se gifler et malgré tout former un bloc soudé, progressivement liés les uns aux autres par l'adversité.


Ripolin repeint votre maison du sol au plafond.

Et l'action ? Bah oui, vous ne lisez pas du fantastique pour lire de passionnants monologues intérieurs répétés x fois par personnage (oui, c'est à toi que je blablabla “trône de fer”). Enfin quand c'est rédigé par un type compétent, ça peut passer. De toute évidence, l'auteur a eu la clémence de ne pas s'adonner à ce vice et nous l'en remercions sincèrement. J'ai toujours pensé qu'un personnage en dit plus quant aux lutte intérieures qui l'animent en agissant plutôt qu'en parlant. Je vous renvoie à la lecture de Philip K. Dick pour une cure de bonne littérature psychologique sans parlotte superflue.
Le rythme de l'ouvrage est posé, comme dit plus haut. L'action est là, fréquente, justifiée, nécessaire. Endémique même. Le duché est réellement un coupe-gorge, la situation est réellement mauvaise et la faucheuse fait des heures supp. Je ne peux pas mieux dire. Ça tranche, ça carbonise, ça éventre, ça achève. Et les personnages de perdre peu à peu leur innocence... Ce récit n'est pas une promenade de santé ni une mise en scène esthétique de la violence. On ne sent pas l'exaltation de luttes épiques telles que nous les narre Tolkien ; deuil, gâchis, lutte pour la survie, tels sont les sentiments que l'usage de la violence m'a évoqué en lisant ces pages. Aucun des personnages ne se sent glorieux après avoir mis à mort ses ennemis et le sort des prisonniers est source de conflit. Ce ne sont pas pour autant des mauviettes, ils sont même extrêmement courageux, à tel point qu'on frise la témérité pathologique. Ils sont humains. Une fois de plus.

Et pour conclure ?

Que dire de plus ? J'ai volontairement laissé de côté la trame (il ne faut surtout pas gâcher ça) alors nous nous en tiendrons là.
Je me contenterai d'ajouter que j'ai dévoré ce livre. Parce que c'est du sang neuf, parce que c'est bon, parce que l'histoire est bonne et que les personnages sont attachants. Plus important, il échappe à presque tous les écueils du genre (et ça c'est une performance car ils sont nombreux).

Enfin, je pense que je ne peux pas faire de meilleur compliment à l'auteur en disant ceci :

J'ai hâte de lire la suite.
__________________
Ma vie, mon œuvre
je me demande quoi de ton enthousiasme que tu as quand tu nous parle de cette série ou de ton troll du trône de fer ( HAHA ya pas que moi qui trouve les 'hot lesbian sayks'' totalement wtfesque dans ce bouquin ? ) m'a convaincu


je vais également y jeter un oeil aussi , par contre, tu permette que je te maudisse sur 13 générations si jamais ça me plaît et que les tomes suivants se font attendre encore plus que ceux de Martins ?
Citation :
Publié par Fenrhyl Wulfson
Ils sont déjà sortis ^^

Je ne peux pas les acheter car ma seconde fille vient de naître. J'attends patiemment novembre.
cherche le rapport en naissance et bouquins.... Et sinon ca donne quoi la suite ? Tamair, tu les as acheté ( et donc te les empruntes ) ou je m en occupe ?
je viens d etre papa il y a bientot 3 semaine. Entre le congé paternité et le bébé qui dort tres souvent, j ai du avaler qq 4-5 bouquins en 2 semaines. En prenant bcp de temps pour d autre chose vu la dose de menage-rangement-course qu il y a à faire en plus.
Alors oui je le vois tjrs pas le rapport Meme si je suis capable de l imaginer...

Ceci etant on est HS complet
Répondre

Connectés sur ce fil

 
1 connecté (0 membre et 1 invité) Afficher la liste détaillée des connectés