[petit texte]Loi du silence ou loi de la vengeance. Un choix.

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Ce petit texte est assez spécial je dirai, résultat d'une soirée perdue en de tristes pensées. J'en laisse trace ici, peu m'importe je crois qu'il plaise.

Il est assez différent de mes écrits précédents, enfin, sur le fond. Pour ceux qui le liront, je dirai qu'il faut essayer de faire un vide d'esprit avant cela, et de se mettre à sa place. Comprenez les paroles comme s'il s'agissait de vous qui les prononciez, peut-être arriverez vous à lire ce que j'ai voulu inscrire.

Bonne lecture, et douce nuitée.

Citation :
Attendre… simplement attendre. Penser, calmement, réfléchir et penser. Rien ne doit être oublié, chaque geste, n’en faire aucun de trop, n’en oublier aucun. Puis attendre, patienter en ce lieu, jusqu’à ce qu’enfin l’on puisse croiser son regard.
Une heure, deux heures, peut-être plus. Peu importe, bientôt, enfin. La rue est animée, il faudra prendre attention, les gens vont courir, par peur, ils vont crier, hurler. Peut-être y aura t il des amis à lui. Comment vont ils réagir ? J’espère qu’ils comprendront, ils m’en voudront, mais le choix n’y est pas. Si le choix existait tout se serait passé autrement… avant.

Je ne me souviens avoir été en retard, hormis cette fois là. J’avais longuement travaillé mes devoirs la veille, la nuit avait été courte, mais déjà trop longue. Je me dépêchais, la fatigue encore présente, les paupières lourdes. Les gestes étaient habituels, je crois que même endormis j’aurai su me rendre au collège ce jour là. J’aurai préféré, si le choix avait été, mais l’on n’a pas le choix.
Un coin de rue et j’y étais, à peine quelques minutes sans presser le pas. Pas de neige, comme chaque année, et la nuit qui n’était encore totalement levée. Quelques signes pour saluer, comme toutes les matinées, je pressais le pas, pour me réchauffer.
Je n’ai vraiment fait attention, j’avoue au départ ne pas y avoir pensé. Il y avait cette voiture, jamais vue, ou jamais remarquée. Ses pneus ont crissé, petit jeu de nombreux dans la cité… l’on passe au ras des gens pour arracher les sacs, rien de bien mal, si ce n’est ce terme voler. La femme criait, comme d’habitude. Ils essaient souvent de rattraper la voiture, comme si courir suffisait. Elle au moins avait réfléchit, elle comprenait qu’ils étaient déjà loin. Mais elle pleurait, c’était différent. J’arrivais à ses cotés, le pas pressé, sans prendre attention. Un petit garçon était couché sur la route, à peine cinq ans, son fils sûrement. C’était pour cela qu’elle hurlait, non pour ses papiers, mais pour son enfant…

Loi du silence ou loi de la vengeance, c’est ce qu’ils disaient. Qui oserait parler de toute façon ? Personne n’avait rien vu, comme d’habitude. Mon retard serait plus long, sans doute même serait ce une absence. L’on me demandait de dire ce que j’avais vu, de repenser à cet enfant. Les yeux fermés, l’on aurait même pu croire qu’il dormait, son poing fermé. Son blouson était tâché de rouge, ses lèvres aussi. Il s’était replié sur lui même, comme pour se protéger du froid. Il n’était mort immédiatement, seulement à l’hôpital… combien d’heures ? Plusieurs, et tout cela pour un sac. Combien avaient ils fait ? Cinq cents ? Six cents peut-être. C’est tout ce que cela coûtait… six cents francs. Et l’enfant était resté couché, les poings serrés pour briser la douleur, sa mère à ses cotés à pleurer. Six cents francs.

Peut-être aurai je dû me taire. Aucun de nous deux ne serait là aujourd’hui, mais il s’agissait d’un enfant, il avait cinq ans.
La loi de la vengeance… ce n’est pas un choix. Le choix c’est celui de pleurer au lieu de crier. Tu ne sais pas ce qu’il en est, toi tu te moques de te réveiller en pensant à lui. Rien ne changera, alors pourquoi parler ? Il ne reviendra pas, personne n’en souffrira. Un choix oui, pas pour les autres, juste pour moi.
La meilleure décision ? Ecouter ses parents ? Jouer à l’autruche ? Existe t il une meilleure décision ? Un bon choix ? Sans doute oui, mais ce n’est pas le mien…

Attendre, depuis combien de temps suis je là ? Quelques personnes sont devant la porte, deux hommes et une femme. Eux aussi attendent, toi ou un autre, peu m’importe, mais je ne suis pas le seul à attendre. Que peuvent ils se dire ? J’aimerai tellement être ailleurs, à discuter. Saches que ce que je ne tire nul plaisir de ce que je fais, nulle satisfaction. Je ne suis même pas sûr de vouloir le faire, mais je suis là désormais, je ne peux plus reculer. Je n’hésiterai pas, as tu hésité toi ? Je n’ai pas osé te le demander, je ne voulais connaître ta réponse. Tu n’avais pas le choix selon toi, c’était comme ça, loi de la vengeance. Tout aurait pu être différent, moins de devoirs la veille, un sommeil plus lourd, cette femme en retard… le soleil aurait pu cacher vos visages, j’aurai pu ne pas voir l’enfant, et continuer tranquillement. Nous avions tous le choix en vérité, mais une unique solution à chaque fois, c’est ainsi que cela s’est passé, pourquoi essayer de le changer ?

La porte s’ouvre, enfin, trop d’heures ont passé. Tu ne sais ce qui t’attend de l’autre coté, tu espères voir des amis, enfin sentir le soleil. Te souviens tu seulement de ce qui t’a amené ici ? As tu souvenir de cette autre porte, que deux enfants passaient ? Que pensaient ils trouver de l’autre coté ? As tu conscience que toi comme moi autrefois tu franchis la porte de ta destinée ? Tu n’as pas le choix, simplement à avancer…

Cela faisait deux jours que Noël était passé, et douze que j’attendais. Loi du silence brisée, la loi de la vengeance aurait elle été oubliée ? Nous allions préparer la grande salle, pour une veillée. Ce ne sont que quelques pensées, pour parler, pour pleurer. Peut-être danserons nous, une fois les larmes passées, nombreux sont ceux qui nous quittent, mais rien pour autant ne va changer.
L’on ouvre la porte, et en se décalant légèrement, l’on offre l’entrée à la demoiselle. C’était ainsi, pour donner l’occasion de sourire, petit symbole de galanterie, rien de parfait. La pièce était sombre, aucune lumière d’allumée. Cela s’est passé si soudainement, elle est tombée, puis moi. Non… tu n’as pas hésité, moi qui me le demandais désormais je le sais. Ta main n’a même pas tremblé, tu savais ce que tu faisais, loi de la vengeance.

Séverine ne s’est pas réveillée, j’ai essayé, je l’ai serrée contre moi, je l’ai secouée. Tout cela pour en arriver là, sans avoir le choix. Comme l’enfant, le sang couvre ses lèvres, son chemisier porte désormais un bien joli rouge, l’on dirait que cela forme un cœur. Son visage… je ne me souvenais plus de ce sourire, et son regard brillant. Elle fut toujours ainsi en mes souvenirs, jamais je crois elle ne porta telle beauté. J’étais enfant, mais je ne puis l’oublier.
Ce fut chez moi que les larmes ont coulé, après de nombreux jours sur le lit blanc. Je n’avais été présent lorsqu’elle descendait en terre, je n’avais pu lui dire au revoir. Comme elle j’étais tombé, mais d’un trait plus léger. Loi de la vengeance, car il n’y avait plus de silence. Le choix m’avait été volé.

Tu ne sais ce que c’est que d’aimer, tu l’as oublié. L’amour est différent à chaque âge, mais le mien tu l’as brisé. Pour tout ce que tu m’as fait, je puis te pardonner. Ta vie c’est ici que tu l’as passé, mais moi aussi j’étais emprisonné, de cette colère que ce soir je pourrai oublier. Cet instant je l’attends depuis tant de temps. Cet instant je l’ai pensé alors que ma vue se troublait, me couchant sur Séverine. De nombreuses années pour le préparer, pas de colère en ce geste, nul choix, simplement une destinée. J’aurai pu t’oublier, sans doute aurai je même préféré.

Tu es là, quelques mètres devant moi. Tes yeux sont brillants, enfin tu souhaites vivre en paix. Ton frère est là, à t’embrasser. Tu regrettes les gestes passés, si tu le pouvais tu les changerais, mais le choix n’y est pas. Je suis comme toi, tenu par le passé. Quel fut le premier choix fait ? Quel sera le dernier ? Quelques pas, et je serai à toi.

Lorsque je ferme les yeux je revois ses larmes de petites filles. Tu lui as volé sa soeur, et c’est pour elle que je suis venu en ce jour. Peu m’importent mes cauchemars, ce sont les siens que je veux délivrer. Elle avait dix ans et elle a perdu sa sœur en cette année. Le choix n’est pas mien, car tout est déjà décidé. Sauras tu me pardonner…


Un instant, une balle. Deux vies de terminées.
Merci à ceux qui auront apprécié, de même aux autres qui auront lu jusqu'au bout.
Citation :
Provient du message de Enthoniel Ezeil
Euh...
Comme dit le proverbe, qui ne tente rien n'a rien Et plus sérieusement, le texte est vraiment très bien écrit et très agréable à lire.
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