Hop deux petites histoires de Djalâl al Din Rûmî, fondateur de l'ordre des derviches tourneurs:
Un épicier aimait ardemment un femme et lui faisait transmettre des messages par l'intermédiaire d'une servante. Il lui dit: "Je suis comme ceci et comme ça, la tête perdue, mon coeur volé par la lune, je brûle, le sommeil a déserté mes nuits, je ne mange plus, je souffre tant et tant de coups cruels, hier soir j'étais dans tel état, la veille dans tel autre". Et ainsi de suite pendant de longues minutes.
La servante l'écouta et vint auprès de sa maîtresse à qui était destiné le message et lui dit:
- L'épicier te salue. Il veut coucher avec toi.
- Il l'a dit aussi directement? demanda la femme.
- Non, il a raconté de très longues histoires. Mais l'essentiel, c'était ça.
Un vieillard avait fait venir un médecin pour se faire examiner.
- Je n'ai plus toute ma tête, dit le vieillard. Ma mémoire faiblit, j'oublie des choses.
- C'est à cause de ton grand âge, dit le médecin
- Mes yeux aussi faiblissent.
- Oui, parce que tu es vieux.
- J'ai de très vives douleurs dans le dos. J'ai encore des désirs mais je ne peux plus les satisfaire.
- C'est la vieillesse.
- Et j'ai du mal à digérer ce que je mange.
- Tu as plus de soixante-dix ans. Voilà pourquoi.
- Quand je respire ma poitrine est oppressée.
- C'est normal, tu es vieux.
Soudain le vieillard se fâche:
- Espèce d'idiot! Mais qu'est-ce que tu me racontes? Tu es plus ignorant qu'un âne! Dieu a créé des remèdes pour toutes les maladies, mais toi, tu les ignores! Tout ce que tu trouves à me dire, c'est que je suis vieux!
- Oui, dit le médecin, tu es vieux. C'est aussi pour ça que tu te mets en colère.
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