Le Valkyn parvint finalement à ouvrir les yeux.
Un éblouissement de douleur, terreur et tristesse submergea ses sens alors qu'il reprenait connaissance.
Cette fois-ci encore il n'aurait pas du y survivre comme le témoignait tout le sang séché qui maculait sa fourrure ainsi qu'une paire de cicatrices à peine refermées dans son dos.
Il se souvenait très bien des deux lames fines et acérées s'enfonçant dans ses reins, du rire cruel du petit être dissimulé dans les ombres quelques souffles avant, et de la vie quittant lentement son corps à mesure que ce dernier se vidait.
Pourtant, une fois encore il reprenait ses sens seul dans un autre endroit quelques temps après avec l'affreuse sensation de ne plus appartenir à cette réalité.
Les Morvalts dans ce sens étaient plus prévisibles que les étrangers qui usaient de multiples ruses pour le défaire.
Peu importe les précautions qu'il prenait, il ne pouvait les éviter. Plus particulièrement certains d'entre eux semblaient aussi être en accord avec la Nature, voire issus de la Nature elle-même.
Ces derniers étaient particulièrement difficiles à semer et à combattre. C'est face à l'un d'entre eux qu'il tomba une fois encore.
Le Valkyn rassembla ses forces pour se hisser sur ses jambes à l'aide de sa lance. Il lui fallait quitter l'endroit le plus vite possible et regagner un terrain couvert avant que d'autres étrangers ne le trouvent en position de faiblesse.
Il appela à lui un petit de mammouth , se cramponna à lui et se remit en marche en boîtant légèrement.
De multiples questions germaient dans son esprit, comme à chaque fois qu'il revenait ainsi au monde des vivants.
Pourquoi ne rejoignait-il pas le Valallah que son instructeur lui avait maintes fois promis s'il devait tomber au combat?
Etait-ce là l'oeuvre de Skadi? Et si oui pourquoi? Pour quel grand Dessein serait-il retenu dans le monde des vivants?
Comme à l'accoutumée il chassa ces vaines questions en émettant un borborygme et tâcha de se focaliser sur la douleur pour rester conscient.
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"There's a time when the operation of the machine becomes so odious, makes you so sick at heart, that you can't take part, you can't even passively take part, and you've got to put your bodies upon the gears and upon the wheels, upon the levers, upon all the apparatus, and you've got to make it stop! And you've got to indicate to the people who run it, to the people who own it, that unless you're free, the machine will be prevented from working at all!" --- Mario Savio
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