[science, spirit of the GNU] Bonne nouvelle

Répondre
Partager Rechercher
Ca bouge ! Si ce domaine là entre dans ce nouveau modèle à son tour, on va peut être par contagion enfin sortir du carcan capitaliste.
Citation :
provient du monde
Création de deux revues scientifiques "gratuites"
LE MONDE | 23.05.03 | 13h31
Avec un modèle économique fondé sur le libre accès aux résultats de la recherche, un collectif, la "Public Library of Science", espère concurrencer les grandes revues généralistes.
Après les pétitions, les actes. Les chercheurs réunis au sein de la Public Library of Science (PLoS), un collectif fondé en octobre 2000, qui s'est jusqu'à présent illustré par son activisme en faveur de la gratuité de la littérature scientifique, s'apprêtent à lancer deux revues spécialisées et libres d'accès. La première, PLoS Biology, reçoit depuis jeudi 1er mai des propositions d'articles. Ceux-ci devraient être publiés en octobre 2003. L'association, qui vient de se constituer en société à but non lucratif - une spécificité du droit californien - a également annoncé la naissance, à la mi-2004, d'une seconde publication à comité de lecture, PLoS Medicine.

L'arrivée de ces nouvelles revues "savantes" n'a, en soi, rien de révolutionnaire. Mais leur raison d'être se fonde sur la revendication, récurrente depuis l'émergence d'Internet, de voir la littérature scientifique dite "primaire" en accès libre après une première publication. La PLoS s'est en effet formée autour d'une lettre ouverte qui a rapidement fédéré les sympathies dans la communauté scientifique.

Le texte du projet, diffusé sur le Réseau, enjoignait les éditeurs à laisser en libre accès les travaux, six mois après leur première publication. Il a été, in fine, signé par plus de 30 000 chercheurs d'une centaine de pays.

Selon Annaïg Mahé, chercheur au Groupe de recherche sur les services d'information (Gresi) - auteur d'une thèse sur les récentes évolutions du milieu de l'information scientifique -, "le mouvement pour l'ouverture de l'accès aux publications a pris ces dernières années une très grande ampleur dans la communauté scientifique".

Cette revendication, qui paraîtrait incongrue dans le cas de la presse d'information générale, est, assure le biologiste Michael Eisen, l'un des trois fondateurs de la PLoS, "justifiée dans le cas des publications savantes".

UN ACTE POLITIQUE

En effet, celles-ci ne rémunèrent pas les chercheurs qui, traditionnellement, leur abandonnent leurs droits d'auteur."Il s'agit d'une littérature bien particulière, dont les producteurs et les bénéficiaires appartiennent au même monde, fait remarquer M. Eisen. Les droits d'accès aux travaux publiés dans certaines revues sont trop élevés pour les universités des pays en développement ou pour certains étudiants, insiste-t-il. Et ce alors qu'une grande partie de ces travaux sont les résultats de recherches publiques, financées par les impôts."

Le modèle économique proposé par la PLoS repose sur une contribution financière des auteurs - et plus précisément de l'institution qui les emploie - et non d'un paiement de l'accès. Cet écot ne sera cependant versé que si la qualité du travail soumis justifie, aux yeux du comité de lecture, la publication. "Nous savons que publier n'est pas gratuit, explique M. Eisen dont l'organisation a reçu de la Gordon and Betty Moore Foundation une subvention de 10 millions de dollars (environ 8,5 millions d'euros). Il faut bien sûr payer la structure, mais les tarifs exorbitants demandés par certains éditeurs ne sont plus justifiés depuis l'émergence d'Internet."

Le pari des responsables de la PLoS est de transformer l'acte de publication en un acte non seulement scientifique, mais également politique. "La plupart des chercheurs partagent notre vision, mais nous savons aussi qu'ils ne sont pas prêts à sacrifier leur carrière pour cela", explique M. Eisen. C'est en effet au prestige du support que se mesure l'impact d'un résultat dans la communauté scientifique et, partant, la notoriété qui en découle.

Deux revues, en particulier, sont réputées ne publier que des travaux de première importance : la britannique Nature et l'américaine Science. Les fondateurs de la PLoS entendent bien rivaliser avec elles.

Irréaliste ? Le prestige d'une revue ne se forge généralement qu'après de longues années d'existence. Mais l'autorité du comité de lecture - une assemblée de scientifiques chargés d'évaluer la qualité et l'importance des travaux soumis - est également, selon Annaïg Mahé, "l'un des principaux facteurs de succès".

Les responsables de la PLoS, conscients de ce fait, se sont attiré les services de scientifiques précédemment employés par Nature, Nature Genetics ou encore Cell, la grande revue de biologie cellulaire.

Plusieurs observateurs remarquent toutefois que les nouvelles revues électroniques dépourvues de version imprimée ne parviennent généralement pas à émerger durablement et à attirer les travaux de première importance. Ce point a, là encore, été pris en compte : PLoS Biology et PLoS Medicine disposeront, outre leur version sur la Toile, d'un pendant sur papier.

Mais c'est Internet qui est à la source de l'ébullition actuelle du milieu de l'édition scientifique. La mainmise des éditeurs sur le produit de la recherche en a déjà souffert. Plusieurs d'entre eux ont ainsi cédé aux revendications de la communauté de la recherche et le nombre d'articles en accès libre sur Internet augmente régulièrement. Même si les disciplines ne sont pas toutes égales devant le phénomène. La naissance de nouvelles revues électroniques n'est cependant jamais encore parvenue à éclipser la renommée des grandes revues, qui "font la science".

Stéphane Foucart

http://www.plos.org


--------------------------------------------------------------------------------

L'écheveau des publications "libres"


L'université de Lund (Suède) a lancé, le 12 mai, le premier annuaire qui référence, en fonction de leur catégorie, toutes les revues scientifiques acceptant de laisser leur contenu en accès libre (www.doaj.org). L'Annuaire des revues à accès ouvert (DOAJ, ou Directory of Open Access Journals) recense environ 350 revues couvrant des secteurs allant des sciences dures (mathématiques, physique, biologie, etc.) à l'histoire, l'archéologie et les sciences sociales."Le but du DOAJ, explique l'université de Lund dans un communiqué, est d'accroître la visibilité et l'accessibilité des revues savantes à accès ouvert et ainsi de promouvoir leur impact" dans la communauté scientifique. Le grand nombre de revues qui sont nées depuis l'avènement d'Internet n'a pas encore abouti à remettre en cause le poids des grandes revues. Mais, analyse Annaïg Mahé, chercheur au Groupe de recherche sur les services d'information (Gresi), l'accessibilité croissante de l'information scientifique sur le Réseau est un mouvement "dont on ne mesure pas encore l'impact sur la science elle-même".
Répondre

Connectés sur ce fil

 
1 connecté (0 membre et 1 invité) Afficher la liste détaillée des connectés