C’était trop beau pour être vrai ! ce Farnin était vraiment un imbécile !
Le capitaine de la Sirène verte se réjouissait de la présence de ce passager de dernière minute. Savait-il seulement qu’il avait embarqué sur un pirate ?
L’homme leva les yeux pour scruter les nuages qui s’accumulaient au Sud et admira le vol parfait d’un aigle aux ailes majestueuses, puis reporta son attention sur sa future victime. Un mage c’était évident, mais il en avait maté de plus coriaces…
Le soir venu, alors qu’ils longeaient les côtes de Boismanteau en direction de Château-Suif, il invita le sorcier à sa table et lui servit un vin capiteux qu’il avait payé une véritable fortune sur un marché de Memnon. Celui qui en buvait sombrait dans un profond sommeil pour 12 bonnes heures, et ce malgré tous les antidotes ou autres protections magiques qui pouvaient exister !
Le mage apprécia le breuvage et, prétextant le roulis demanda à regagner sa cabine au bout de quelques minutes. Il ne fit pas deux mètres, et c’est le Capitaine qui gagna sa chambre et se mit en devoir de fouiller les affaires de Farnin.
Il mit soigneusement de côté les objets magiques qui pouvaient se revendre facilement, et enfila à ses doigts plusieurs anneaux avec l’avidité d’un condamné privé de nourriture pendant des jours à qui l’on offre son dernier repas.
Mais les nuages de la matinée avaient noircit et la tempête menaçait. Les hommes, inquiets, demandèrent au Capitaine de gagner l’abris de la côte, mais ce dernier, frappé par une incommensurable sensation de puissance refusa et se lança corps et âme dans le cœur de la tempête.
Mais même un anneau de vœux ne peut rien contre la fureur d’Umberlie, et le bateau, bringuebalé comme une vulgaire coque de noix vint s’écraser sur les récifs de la côte des épées, apportant mort et souffrance à tous ses passagers.
Quistis, Naphylis, Sigellus et Sharlyn galls trouvèrent l’épave une bonne semaine plus tard. Les carcasses des marins avaient déjà en partie été dévorées par une multitude de petits crustacés, et l’odeur comme la vue n’était pas des plus agréables…
Sharlyn, soldat aguerri, trouva même le moyen de vomir tripes et boyaux devant l’horreur du spectacle.
Quistis trouva un sac qui flottait entre deux eaux dans une petite crique un peu plus loin avec toutes ses affaires, mais pas de trace de l’anneau maléfique. Peut-être avait-il sombré à jamais au fond de la mer…
Naphylis eut le plaisir de trouver la carcasse de Farnin et eut tout le mal du monde à empêcher Sigellus de déverser toute sa haine du mage sur le pauvre cadavre.
Plusieurs jours plus tard, les compagnons se séparèrent devant les portes de Bérégost et chacun repartit vers de nouvelles aventures le cœur un peu plus léger.
Personne n’eut de nouvelles de Prosper, et nul ne découvrit jamais qu’il avait succombé sous les coups d’un monstrueux doppleganger.
Et personne non plus n’eut de nouvelles de l’anneau de vœux du vieux barde, à moins que…
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