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Introduction
La timidité, est-ce un défaut ?
Non ce n'est pas un défaut, c'est une manière de ressentir et d'exprimer par des réactions comportementales un malaise dans certaines situations relationnelles, d'échanges avec une autre personne.
Ce n'est pas un défaut mais c'est gênant, car cette émotion négative, inconfortable pour la personne, est associée à une crainte, une anxiété.
Etre timide, c'est ne pas oser, savoir mais ne pas faire, réduire ses capacités d'expression, ne pas utiliser ses potentiels. L'enfant est comme submergé par ses émotions et ne peut plus se contrôler.
La timidité est un état de crainte, plus particulièrement lié à l'Introversion, qui signifie de manière générale que le sujet identifie mal les personnes et les situations qui créent le phénomène.
Ceci est généralement renforcé par la peur d'être "jugé", du désir de paraître "bien" voire "parfait" accolé à la "crainte de ne l'être pas", l'ensemble étant inconscient. Tendance particulièrement fréquente chez le "Sentimental" épris de perfection. (v. Perfectionnisme, Caractérologie).
I.Les facteurs responsables de la timidité
Différents facteurs pouvant être associés à ces phobies sociales.Des facteurs familiaux ont été retrouvés dans les formes les plus sévères de phobie sociale et de personnalité évitante.Chez les apparentés de ces sujets,on retrouve peu en effet de phobies spécifiques (peur par exemple limitée à la prise de parole en public) mais ils souffrent de manière beaucoup plus importante que les apparentés de sujets témoins de phobie sociale généralisée invalidante et de personnalité évitante. Des comportements d'apparition très précoce,pouvant être des traits de tempérament marquant la vulnérabilité à ces phobies, ont également été retrouvés ; il s'agit principalement des comportements d'inhibition face à la nouveauté ou aux environnements non familiers.Ces traits de tempérament ne constituent pas, par eux-mêmes,des prédispositions pathologiques, mais pourraient,selon les hypothèses les plus récentes,être des marqueurs d'une certaine vulnérabilité qui,chez certains sujets,lors d'expériences traumatiques,pourraient faciliter l'émergence de phobies sociales. Les styles parentaux,émotionnels,sociologiques,mais également éducatifs,pourraient aussi jouer un rôle de renforcement de ces manifestations de tempérament et faciliter l'adaptation du sujet et la disparition de ses craintes voire à l'inverse les renforcer et majorer le risque d'apparition,à l'âge adulte,des traits phobiques.Les études conduites chez des sujets présentant des phobies sociales montrent que le risque de développer des états dépressifs et,assez souvent,des conduites d'alcoolisation sont des éléments aggravant l'évolution de ces états.Un des points constants retrouvés chez les sujets présentant ces difficultés est la gêne, qu'on pourrait dire constitutive à ces manifestations, à pouvoir en parler à autrui et,en particulier,aux médecins ou aux psychologues.Pour bon nombre d'entre eux,surtout lorsque l'apparition en a été très précoce,il semble extrêmement délicat d'envisager même une aide ; ne s'agit-il pas en effet d'un trait stable et immuable de leur personnalité ? Surtout,ils éprouvent une honte certaine à parler de difficultés qui leur paraissent insolubles. C'est le grand mérite et la qualité du livre de Christophe André et Patrick Légeron de décrire, à l'aide d'exemples multiples et concrets et à partir de leur riche expérience clinique et de leurs réflexions,la souffrance trop longtemps inavouée d'innombrables sujets et de mettre en exergue,avec un souci pédagogique et didactique constant,les différentes aides et les ressources thérapeutiques réelles et efficaces,actuellement mises à leur disposition.
Les circonstances de survenue
Tout le monde ou presque a connu,un jour ou l'autre,ce genre de situation,tout le monde a un jour ou l'autre,éprouvé de l'appréhension au moment de prendre la parole en public, de rencontrer des personnes impressionnantes,de faire une déclaration d'amour ou plus prosaïquement d'aller réclamer de l'argent à quelqu'un.De toutes nos peurs, celle que nous avons de nos semblables est sans aucun doute la plus répandue.Elle survient lorsque nous sommes soumis au regard et à l'évaluation supposée d'une autre personne,ou pire,d'un groupe de personnes. Ses formes sont multiples: on l'éprouve dans des situations sociales aussi banales que parler devant un groupe,marcher devant une terrasse de café noire de monde, rappeler un serveur pour lui demander de changer un plat au restaurant, etc.
Cette peur des autres,les médecins et psychologues l'appellent « anxiété sociale ». Elle revêt parfois des formes graves,particulièrement douloureuses,qui sont proches de la pathologie.C'est le cas des phobies sociales. Les phobiques éprouvent une peur panique de certaines situations en apparence anodines.Par exemple,certaines personnes ne supportent pas d'être observées en train de manger.Elles préfèrent encore s'abstenir. C'est le cas aussi de ce que les psychiatres nomment les « personnalités évitantes »: ces individus craignent presque sans cesse d'être jugés négativement par les autres,ce qui les conduit à fuir,à se replier sur eux-mêmes,à éviter les contacts.
D'autres formes d'anxiété sociale relèvent,quant à elles, de la simple gêne quotidienne.Ainsi le banal trac ou encore la timidité.Où se situe la limite entre ce qui est pathologique et ce qui ne l'est pas ? Et ces manifestations sontelles si bénignes ? On peut en douter: dans la vie professionneue ou sentimentale,lorsqu'il s'agit de défendre ses intérêts, les occasions de se trouver en difficulté sont trop nombreuses pour qu'un dysfonctionnement,si minime soit-il en apparence,ne finisse pas par créer un malaise profond. De fait, nombre de déprimés et d'alcooliques sont à l'origine des anxieux sociaux 1. Beaucoup de vies « ratées » ont pour cause le manque d'aisance et d'efficacité dans les rapports avec les autres. Dans tous les cas,l'équation de base est la même on redoute une situation sociale (ou même plusieurs) la confrontation avec elle entraîne un sentiment de gêne, d'inconfort qui peut aller jusqu'à l'angoisse et même à la panique;ces désagréments sont suffisamment marqués pour susciter des répercussions sur le comportement,par exemple,en évitant d'affronter la situation redoutée ; on se dévalorise,on a honte. Pourquoi donc éprouvons-nous cette peur des autres ? Les mécanismes qui président à son apparition sont passionnants à plus d'un titre. Facteurs génétiques, processus biologiques, modes d'éducation, pressions culturelles ou éléments de l'histoire individuelle,de nombreux éléments semblent impliqués dans la genèse de l'anxiété sociale.Si leurs rapports et leur poids respectifs ne sont pas encore clairement élucidés,de nombreux travaux sont en cours qui nous permettront d'en savoir plus. L'étude des manifestations de l'anxiété sociale met cependant en évidence le fait qu'elle va souvent de pair avec une évaluation par autrui et qu'elle survient lorsque, souhaitant produire sur autrui une impression favorable, nous pensons ne pouvoir y parvenir. Elle est donc très intimement liée au regard que les autres portent sur nous et se trouve finalement au coeur de la nature humaine et de la relation avec nos semblables 4. Dès lors, peut-on imaginer la voir un jour disparaître ? Peut-on imaginer qu'un jour le regard d'autrui puisse ne plus être porteur de critique ? Il faudrait pour cela que les rapports sociaux laissent une plus grande part à l'honnêteté et à la franchise, mais aussi permettent à chacun de s'exprimer plus pleinement lui-même.C'est peut-être une chimère,un voeu pieux. En attendant,on s'aperçoit que l'anxiété sociale ne crée pas seulement une gêne, parfois même une souffrance pour les individus, elle pèse aussi sur le fonctionnement social dans son ensemble et représente une entrave au bon déroulement des rapports humains dans tous les domaines. Pourtant,des solutions existent.La psychologie comportementale et cognitive dispose d'outils d'une grande efficacité et validés expérimentalement tant pour la prévention que pour le traitement des difficultés liées à l'anxiété sociale.Divers médicaments s'avèrent eux aussi efficaces pour les formes plus invalidantes. Tel est précisément le but de cet ouvrage : non seulement explorer le monde passionnant de nos peurs sociales, en expliquer les causes et les mécanismes élémentaires, mais aussi indiquer à chacun les voies qu'il doit suivre pour s'en sortir.Autrement dit, aider chacun à mieux vivre,à mieux être lui-même avec les autres.
Les réactions physiologiques d'émotivité ont-elles un sens ?
D'où viennent le rougissement et l'ensemble de ces manifestations physiques ? Pour le comprendre, il faut en revenir à ce que les spécialistes ont révélé des mécanismes liés aux réactions de stress. Lorsqu'on est exposé à une situation stressante,l'organisme réagit de manière très archECique pour se préparer à affronter cette situation.Il déclenche la sécrétion dans le corps de diverses substances chimiques et hormonales,comme l'adrénaline.Il en résulte que le coeur s'accélère, la respiration devient plus rapide,les vaisseaux sanguins se dilatent pour mieux irriguer les muscles qui se contractent. En fait, nous sommes alors prêts à agir physiquement. Lorsque les situations stressantes étaient des dangers physiques, comme chez nos ancêtres de l'âge des cavernes, c'est-à-dire des prédateurs ou d'autres humains, cette réaction nous préparait essentiellement à combattre ou à fuir. D'autres réactions plus discrètes chez l'homme,mais parfois observables chez l'animal, qui lui aussi connaît cette réaction de stress,peuvent être identifiées, comme le hérissement des poils,la coloration ou le gonflement de certaines parties du corps, qui paraissent alors plus grosses ou plus effrayantes qu'auparavant, dans le but sans doute de repousser l'ennemi.De nos jours,l'homme est confronté à des situations menaçantes plus symboliques que physiques. C'est particulièrement vrai lorsqu'il s'agit de situations sociales. Nos réactions d'alerte non seulement ne nous servent plus à rien, mais elles représentent un facteur déstabi.fisant supplémentaire. Certains soutiennent toutefois que c'est la pâleur qui représente un symptôme de préparation à l'attaque, tandis que la rougeur témoignerait davantage d'un envahissement émotionnel,sans aucun danger pour 1'interlocuteur.Peut-être est-ce pour cela que l'on persécute tant les personnes rougissantes, alors que ceux qui pâlissent inquiètent plutôt ? Il arrive que dans certains cas,ces réactions jouent bel et bien un rôle.Certains comédiens ou conférenciers ne sont jamais aussi bons que lorsqu'ils sont stressés,lorsqu'ils ont le trac.Leur coeur qui cogne,la sensation de chaleur dans leur corps,le rose à leurs joues jouent chez eux un rôle stimulant,bénéfique.Leurs réactions d'émotivité ont rempli leur fonction : les préparer à agir efficacement,à se transcender.La fameuse courbe de Yerkes et Dodson,dite « en U inversé » montre comment un état d'alerte physiologique peut jusqu'à un certain point favoriser la performance, alors qu'au-delà de ce seuil, elle l'altère.Le trac à doses modérées peut ainsi stimuler la vivacité d'esprit et l'inventivité; puis s'il continue de s'amplifier,engourdir et ralentir les capacités de l'orateur. Des études plus fines doivent être conduites en la matière.Il existe sans doute de fortes différences entre les personnes : pour certains,la perception d'un certain niveau physique d'anxiété représente un aiguillon,alors que pour d'autres, il est le signal de la débandade.Ce phénomène a été démontré dans le cas des athlètes Il.De telles différences individuelles dépendent de nombreux autres facteurs associés;ainsi,une étude portant sur des sportifs de différentes spécialités (skieurs,basketteurs, coureurs de cross, etc.) montre que les meilleures performances sont obtenues par le cocktail suivant: haut niveau de confiance en soi,forte anxiété physique et pensées anxieuses. Autrement dit,la manière dont l'individu perçoit et gère ses manifestations d'émotivité peut dynamiser ou au contraire paralyser sa performance. Il faut d'ailleurs remarquer qu'à d'autres époques, les manifestations d'émotivité étaient mieux acceptées; elles n'étaient pas obligatoirement assimilées à des preuves de faiblesse ou à un tempérament vulnérable.L'époque romantique fourmille de héros masculins ayant des « vapeurs »;à l'époque médiévale, les chevaliers n'hésitent pas à se pâmer pour un oui ou pour un non... Mais de nos jours,le self-control est de rigueur.Et l'émotivité dans une situation sociale (entretien d'embauche,allocution en public ... ) risque d'être aussitôt assimilée à une déficienc>
L'émotivité est cependant mieux acceptée chez les femmes que chez les hommes; on n'hésite pas alors à lui trouver un petit côté charmant.Cela nous renvoie peut-être à un autre type d'explication du rougissement.Les psychanalystes n'ont pas manqué de le rattacher au désir sexuel,en attribuant à toute éreutophobie des connotations pulsionnelles multiples...
L'ensemble des perturbations émotionnelles que nous venons de décrire entraîne évidemment une certaine gaucherie: les gestes ne sont plus naturels,mais raides,étriqués,comme si la personne cherchait à se faire discrète,ou bien excessifs,comme si elle essayait de se donner de l'assurance en augmentant l'amplitude de ses mouvements,Catherine Deneuve donnait ainsi dans une interview sa définition du trac: « Une chose qui n'est pas liée à la difficulté,que l'on ne contrôle pas et que vous connaissez sûrement: ces gestes trop nerveux et ce coeur qui bat trop vite ". » Dans de tels contextes,de fréquents gestes dits « parasites » apparaissent: gestes de la main portée au visage (à l'oreille,sur la nuque,devant la bouche,au nez ... ),tripotages d'objets divers (stylo, col de chemise ... ) ou de parties du corps (le poignet,les cheveux ... ). Les éthologues signalent l'universalité de ces manifestations d'intimidation ". Les modes de pensée sont eux aussi perturbés : sensation de tête vide,ou au contraire d'accélération incontrôlable des processus de pensée. Mais nous allons revenir plus en détail sur ces manifestations psychologiques et comportementales d'anxiété sociale...
Que signifie la timidité ?
Comme le mot « stress »,le terme « timide » des réalités très différentes.Son emploi,pour ser des personnes « craintives,pleines d'appréhension »,« manquant d'assurance,de hardiesse »,« discrètes dans les relations sociales »,s'est généralisé au XVIII ème siècle. La « timidité » en est venue à désigner toutes les formes d'embarras qu'il est possible de ressentir en présence d'autrui.Il n'existe pas à ce jour de définition scientifique univoque de la timidité (ou plutôt,il en existe trop puisque près d'une vingtaine ont déjà été proposées). Pourtant,il faut réserver cette appellation à un type particulier d'anxiété sociale,exprimant une manière d'être durable et habituelle,marquée par une tendance prononcée à se tenir en retrait et à éviter de prendre l'initiative dans tout type de situation sociale, une gaucherie lors des interactions sociales,malgré un désir relatif de se confronter à certains échanges. La timidité renvoie à la double existence d'un malaise intérieur et d'une maladresse extérieure en présence d'autrui.Elle n'exclut toutefois pas des capacités à s'adapter beaucoup plus développées que ce n'est le cas dans les formes pathologiques d'anxiété sociale.
De quoi ont peur les timides ?
La timidité est chronique et durable.Le timide développe une façon d'être marquée par l'inhibition dans un grand nombre de situations sociales; il évite donc ces situations chaque fois que possible. Il redoute en particulier les « premières fois »,alors que son angoisse s'apaise au fil des rencontres,alors que c'est précisément l'inverse qui se produit dans les formes pathologiques d'anxiété sociale. C'est pourquoi la timidité ne peut en aucun cas être considérée comme une maladie: le timide s'adapte, souvent bien, après une période d'inhibition initiale. « Moi, ce qui m'intimide, c'est tout ce qui est nouveau,imprévisible,ou soudain »,disait un patient. Qu'est-ce qui rend timide ? Les inconnus (70 %) et les personnes de sexe opposé (64 %). Quant aux situations intimidantes, pas de surprise: parler devant un public ou un grand groupe arrive en tête (73 %), puis être dans un grand groupe (68 %),être d'un statut présumé plus bas que ses interlocuteurs ou se sentir inférieur à eux à un titre ou un autre (56 %).
À partir de quelle intensité de trouble,de quel degré de gêne ou de souffrance doiton proposer ou accepter de fournir un traitement ? La décision n'est facile à prendre que dans les cas extrêmes: le trac discret d'un orateur qui est par ailleurs bien dans sa peau et qui ne se trouble que quelques secondes avant de prendre la parole n'appelle évidemment pas de traitement; la phobie sociale,qui peut parfois aller jusqu'à empêcher quelqu'un de sortir de chez lui et le pousse à boire par exemple,doit au contraire être prise en charge. Mais entre ces extrêmes ? Le timide qui va d'échecs sentimentaux en déboires professionnels doit-il être soigné ? Et le solitaire,sans contacts ni amis, qui végète dans une vie morne,boit beaucoup trop lorsque sa soeur ocinée invite à dîner avec des inconnus ? Tout dépend, bien sûr, de ce que veut la personne concernée.Mais quels sont les instruments dont on peut disposer ? Comment s'en sortir ? La première étape est évidemment de briser certains obstacles personnels.Ils peuvent venir d'une simple méconnaissance du problème (« Je pensais que tout le monde était plus ou moins comme ça. ») ou d'une ignorance des solutions éventuelles (« C'est dans mon caractère, on ne se refait pas. »),mais aussi d'une forme envahissante de honte ou encore de la peur d'être pris en charge médicalement, de se trouver entraîné dans un engrenage « psychiatrique ». Plus difficile à éliminer sont les réticences de l'anxieux qui ne tient guère à Perturber l'équilibre qu'il s'est construit petit à petit.Des obstacles similaires proviennent des médecins eux-mêmes, qu'ils soient généralistes ou psychiatres :« Ce n'est rien, ça arrive à tout le monde,n'y pensu plus, ça passera... De toute façon, ce n'est pas bien grave ! » Lorsque le patient est un enfant,ce genre de banalisation est particulièrement dangereux,et il faut encourager tout oe qui peut permettre d'informer,sans dramatiser,aussi bien les parents que les enseignants, voire les enfants euxmêmes.Certes,l'enfant vit en général dans un milieu gaz protégé et son anxiété sociale ne le gênera pas vraiment avant un bon moment.Mais plus tard ? Quant à l'adolescent, les difficultés propres à cet âge ne doivent pas faire oublier que c'est précisément à cette période que se mettent en place la plus grande partie des phobies sociales, dont on a vu la sévérité.
Les thérapies cognitivo-comportementales
Les thérapies cognitives et comportementales sont les psychothérapies les plus utilisées dans la prise en charge de l'anxiété sociale.Elles ont fait l'objet du plus nombre d'études attestant de leur efficacité.Leur objectif est d'intervenir de manière directe sur les modes de 1 et les comportements des patients. Elles partent du principe,vérifié,que nombre de difficulté psychologiques sont en grande partie dues à l'apprentissage et au maintien de comportements et de modes de pensée dysfonctionnels :Il s'agit donc pour remédier au problème incriminé d'apprendre de nouvelles façons d'agir et de penser.Évidemment,la question du pourquoi,des raisons de ces dysfonctionnements passe au second plan. On se concentre plutôt sur les mécanismes,sur la question du quand et du comment.
C'est ce qui explique la polémique qui a longtemps opposé les tenants de ce type de thérapie à ceux de la psychanalyse. « Vous ne traitez pas les causes.Vous cherchez seulement à agir sur les symptômes, mais à la moindre occasion,ils réapparaissent »,disaient en substance les analystes.« Prouvez donc que vous agissez sur les causes,répliquaient les cognitivo-comportementalistes. Les résultats de vos thérapies ne peuvent même pas être évalués!» Ce conflit tend aujourd'hui à s'estomper. L'avenir nous dira si l'une ou l'autre de ces écoles l'emportera,si de nouvelles formes hybrides de thérapie émergeront ou si chacune finira par avoir ses propres indications.
Quoi qu'il en soit,le succès et la réussite,en groupe ou individuellement,des thérapies cognitives et comportementales auprès des patients souffrant d'anxiété sociale est une évidence. Un autre facteur intervient sans doute aussi pour expliquer leur popularité croissante: c'est la qualité du lien relationnel,de l'alliance thérapeutique entre le thérapeute et son patient.À la différence du modèle classique,inspiré de la psychanalyse,où le thérapeute est en apparence peu impliqué,observant la fameuse neutralité bienveihante,les thérapies cognitives et comportementales supposent une grande implication de sa part. Il doit en particulier expliquer aussi souvent que possible les troubles,leurs mécanismes,le pourquoi de telle ou telle option thérapeutique,et répondre aussi clairement et précisément que possible à toutes les questions.De même,il propose plus qu'il n'impose des directions de travail,les présentant comme des hypothèses à tester et à rejeter en cas d'échec.Les objectifs sont fixés et évalués en commun.Enfin,il demande au patient d'accomplir certains exercices entre les consultations,destinés à mettre en pratique les techniques apprises en séance. En fait,il s'agit d'apprendre au patient le maniement d'outils de changement personnel qu'il doit pouvoir continuer à utiliser seul une fois la thérapie terminée. C'est sans doute ce qui explique leur efficacité à long terme.À condition bien sûr que le patient s'implique lui aussi,qu'il soit vraiment motivé et qu'il ait des capacités d'auto-observation et d'introspection suffisantes.
Dans les cas d'anxiété sociale,le thérapeute aide son patient à affronter les situations qu'il redoute en développant son savoir-faire relationnel et en lui apprenant à contrôler ses pensées excessivement négatives.au fond de répondre à trois problèmes: comment ne pas fuir,comment mieux communiquer,comment penser autrement...
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