Mais l'offre et la promesse de vente sont bien deux choses différentes ?
Parce que dans les obligations du mandant de la clause pénale, ça ne parle que de promesse de vente et pas d'offre. Ca dit que le mandant doit signer la première promesse de vente et pas forcément accepter la première offre.
Techniquement, une offre c'est unilatéral, une promesse c'est un contrat. Une offre peut être une offre d'achat ou une offre de vente. Une promesse peut avoir différents objets selon qu'un seul s'oblige et l'autre a une option pour donner suite ou pas (promesse unilatérale d'achat ou promesse unilatérale de vente) ou que les deux s'engagent (promesse synallagmatique de vente, pardon du gros mot, ou, dans le jargon, "compromis de vente").
Après, ton problème est récurrent en pratique (à croire qu'il y a un karma autour d'un immeuble en train de trouver son acquéreur, ce qui fait que tous les amateurs se tirent la bourre quand ils le sentent). Il peut s'appréhender à deux niveaux :
- le "droit moche". C'est-à-dire que les deux agences veulent leur comm', et les acquéreurs le bien. Ce qui conduit en général à un assaut de mauvaise foi, de menaces plus ou moins fondées, de pleurs, d'articles tirées d'Internet ou de copies surlignées du mandat, de promesses plus ou moins vraies, voire de dessous de table, pour emporter le morceau. Ca ne va pas très souvent devant les tribunaux, en proportion du nombre de fois où le problème survient, et c'est souvent le plus convaincant, le plus motivé ou le plus retors qui emporte le morceau.
- le "beau droit". Où, déjà, tu dois distinguer deux plans :
1°/ le vendeur vis-à-vis des gens qui font chacun une offre, en réponse à l'annonce mise. Et où tu mobilises toute une série de règles pas claires, mais toutes issues du droit commun des contrats et du Code civil, dès lors qu'on parle d'une vente d'immeubles entre deux particuliers. Notamment sur la portée de ton annonce (offre ferme de vente conduisant à la conclusion d'un contrat dès la première acceptation sans réserve formulée ; ou invitation à rentrer en négociation par rapport à un bien à tel prix, auquel cas tu peux choisir entre toutes les offres faites), sur le problème de qui est le premier dans le lot (vu que les offres te sont transmises par les agences, avec le débat entre la théorie de l'émission et celle de la réception, qui a d'ailleurs encore bougé avec la réforme du Code civil au 1er octobre de ce mois), et sur la portée de la réponse (sauf condition de prêt pour acheter une habitation, une acceptation avec réserve n'est pas, en principe, une acceptation, mais une contre-offre ; mais le diable est dans les exceptions), etc. En jurisprudence, tu trouves les deux extrêmes : du gars avec qui la vente est formée parce qu'il a dit "banco!" à l'annonce, juste parce qu'il était le premier, et nonobstant l'absence de toute promesse écrite formalisée ; aux décisions où on va estimer qu'il n'y avait pas eu rencontre des volontés, et que le vendeur avait pouvoir d'arbitrer entre les amateurs.
2°/ le vendeur vis à vis des agences respectives. Où le problème est réglé par application de la loi "Hoguet" et les stipulations de ton mandat. Sauf cas particulier, l'agence n'a pas pouvoir de signer à la place du vendeur (sinon, ça fait belle lurette qu'elle aurait fait signer une promesse sur un modèle "Tissot" en blanc), et c'est pour ça qu'elle lui met la pression. Après, les réponses varient suivant le contenu du mandat : exclusivité ou pas, clause pénale ou pas, obligation pour le vendeur de signer une promesse de vente avec tout amateur présenté par l'agence aux conditions du contrat ou pas. Surtout, sur ces bases, la jurisprudence relative à la loi Hoguet est un joyeux foutoir, qui varie sans cesse. Ca va d'hypothèses où le vendeur n'a aucun dommages et intérêts envers l'agence, même lorsque ledit vendeur refuse de signer avec celui qui lui est présenté aux conditions du mandat, aux hypothèses où le vendeur casque bien comme il faut, par application des clauses pénales et/ou de dommages et intérêts pour fraude aux droits de l'agence.
Résumé : en "droit moche", c'est du poker, c'est le plus joueur qui gagne. En "beau droit" devant les tribunaux, tu peux prédire 95% des phrase et des mots qui seront employés dans la décision qui sera rendue, mais c'est du loto pour savoir si tu vas gagner ou pas. Donc, finalement, tu préfères presque le "droit moche". Et tu réponds que tu signes avec la première acceptation sans réserve, et que l'autre étant une acceptation avec réserve n'était qu'une contre-offre. A 99% l'autre va aboyer 5 minutes et passer à autre chose, parce qu'il sait qu'il n'a pratiquement aucune chance devant un tribunal, et que ça lui coûtera trop cher (au moins à avancer) et trop long, pour une chance de gain trop faible. Même si rien n'est vraiment bien sûr en droit.