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Terre!

Par Silwenne le 11/6/2002 à 12:18:23 (#1634017)

A lire en écoutant Diva Mea

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Le soleil dardait de ses rayons sur la peau d’une pâleur cadavérique de Silwenne qui, sur le pont de la goélette, surveillait le bon déroulement de l’embarcation du sarcophage de glace sur un canot qui l’emmènerait jusqu’à la plage. Une fois le cercueil solidement arrimé la jeune femme descendit à son tour et prit place, une main posée sur la surface pour en maintenir la température comme au long d’une grande partie du voyage. Pendant que les marins ramaient en cadence Silwenne regardait le petit attroupement d’indigènes curieux, venues l’accueillir, avec une appréhension croissante. Comment allaient ils réagir alors qu’elle ramenait une des leurs morte? A son étonnement tous restèrent très calme et ne paraissaient point surprit de découvrir qu’Enora avait finalement succombée au mal qui la rongeait. Ils prirent le cercueil, étincelant sous le soleil, et se dirigèrent vers le village suivi de Silwenne. Enora fut posée sur un lit de feuilles entourée de bougies multicolores et la glace fondit lentement léchée par la chaleur de l’astre du jour. Silwenne ne connaissait rien aux coutumes funéraires d’Havnor mais elle savait qu’elle serait guidée au mieux. Pour le moment elle fut conduite à la demeure familiale d’Enora dont elle était la seule occupante depuis la mort de ses parents, Silwenne allait y habiter le temps qu’elle resterait. La jeune femme ouvrit les volets et les porteurs déposèrent ses bagages avant de se retirer. Elle était depuis plus d’une heure devant une fenêtre ouverte à contempler la mer lorsqu’un vieux prêtre, au sourire doux et aux yeux malicieux, vint la voir.

- Doux éclat à toi Silwenne. Triste retour que le tiens mais je suis heureux de te revoir.

- Doux éclat Vénérable Tharna. Oui triste est le mot… Pourtant les gens ne semblent pas surpris, comment cela ce fait-il?

- Nous savions tous qu’elle était malade, je lui avais déconseiller de repartir la dernière fois mais… Elle t’aimait tellement. Cœur amoureux ne connaît pas de raison. Mais… Tu es bien pâle jeune fille, es-tu malade toi aussi?

- Hmm… Non, je ne souffre pas, mais mon corps est froid et insensible depuis quelques temps. C’est une longue histoire…

- Et bien tu aura tout le temps de me la raconter après l’Au revoir. Tu restes longtemps parmi nous?

- Je ne sais pas… Peut-être quelques mois, vous savez que j’aime beaucoup votre peuple, je me sens bien avec vous.

- Restes autant que tu le voudra Silwenne, ce peuple, comme tu le dis, est aussi le tiens, tu es ici en famille.

- Merci Vénérable.

- Je voulais aussi te dire quelques petites choses pour la cérémonie en l’honneur d’Enora…

Tharna lui expliqua ce qu’il allait se passer, le processus du rite d’Au revoir, ce qu’elle aurait à faire et dire, la rassurant lui disant qu’il serait là tout au long des funérailles pour l’épaulée et la guider. Puis il prit congé, se saluant mutuellement avec respect, et elle fut à nouveau seule. Les heures passèrent dans le souffle du vent chaud soulevant les voiles devant les fenêtres mais malgré la température élevée les pointes des cheveux de Silwenne étaient givrées, chose nouvelle depuis son départ. Le soir approchait lentement quand quatre vestales vinrent la cherchée et la préparèrent. Elle fut lavée et habillée de la robe de cérémonie, sa chevelure parée d’une fleure blanche, puis menée à la chapelle. Là, le corps d’Enora avait été préparé et habillée comme Silwenne et reposait sur un lit de fleurs blanches, ses longs cheveux roux bouclés étalés en corolle, les pieds nus, les mains posées l’une sur l’autre tenant une autre de ces fleurs blanche. Qu'elle était belle.

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Une longue et poignante cérémonie commença, Silwenne suivait à la lettre ce que Tharna lui avait dit. Elle était profondément émue mais la glace étreignant son cœur s’était encore durcit et elle n’arrivait pas à pleurer. Elle était concentrée sur sa tâche, voulant faire au mieux, pour Enora et aussi un peu pour eux. Son corps fut ensuite emporté et placé sur un haut bûché de palmiers érigé sur la plage. Silwenne gravit une échelle pour lui dire au revoir, la regardant longuement avant de sentir une perle de glace se former au bord des ses yeux. Lentement elle se pencha sur le visage d’Enora et unit une dernière fois ses lèvres aux siennes dans un frisson de tristesse que seuls les Dieux peuvent interpréter comme une immense tristesse emprisonnée dans un hivers colossale. Dans un souffle plus froid que sa défunte amante, lui caressant la joue:

- A bientôt mon amour… Nous nous retrouverons un jour, de l’autre coté des rêves…

Silwenne descendit et Tharna s’approcha d’elle, lui tendant une torche enflammée. Elle le fixa d’un regard implorant mais il ne cillait pas, c’était à elle de le faire. Elle soupira puis prit une grande inspiration avant de saisir la torche tendue, et se retourna pour faire face au bûché, sa main droite, tenant le flambeau, levée et tremblante. La jeune femme resta figée ainsi durant de longues minutes, puis, prenant son courage à bras le corps, elle enfonça la torche entre deux rondins, enflammant immédiatement les branchages et les brindilles. Silwenne s’écarta lentement, ne sentant pas la chaleur des flammes pourtant proches, et regarda le feu œuvrer, les mains posées sur sa robe, jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien qu’un tas de cendres fumantes. Les vestales les recueillirent et les disposèrent dans une urne de bois ouvragé, elle même placée sur un radeau de branches tressées et mêlées de fleurs orné de bougies qui enflammeraient l’embarcation mortuaire. Tharna apporta le radeau à Silwenne et la guida jusqu’à la mer aussi lisse qu’un miroir où elle l’y déposa. Le Vénérable incanta une longue litanie et l’urne s’éloigna lentement de la cote dans le crépuscule, vers le soleil couchant qui embrasait le ciel.

Silwenne fit volte face et quitta la plage suivie du prêtre. Les regards qu’elle croisa étaient reconnaissants, les visages paisible et les sourire doux. Ces gens là voyaient la mort avec une philosophie de cycle de vie et de mort d’un éternel recommencement. Ils n’étaient pas triste, au contraire, ils étaient heureux d’avoir pu dire au revoir à leur sœur et étaient convaincus qu’ils se retrouveraient sous une autre forme. Silwenne ne regagna pas la maison immédiatement car la tradition voulait qu’une veillée soit tenue où le souvenir de la défunte serait évoqué. Durant des heures ses amis prirent la parole d’un ton tantôt solennel, tantôt ému ou joyeux. Elle même parla longuement de celle qui fut tant dans sa vie, se rappelant ces moment de joies et de tendresse, ces moments doux où tout paraissait si simple et où le temps ne comptait plus.

La veillée s’acheva et Silwenne prit congé non sans recevoir de nombreux encouragements et remerciements. Elle retourna à la maison, le lit avait été fait et ses affaires rangées… D’un geste las elle décida de ne pas chercher à comprendre et tomba, plus qu’elle ne s’allongea, sur le lit sans même se dévêtir, s’endormant presque aussitôt. Cette nuit là elle dormit paisiblement, comme soulagée d’un fardeau trop lourd. Enora était avec les siens, ils lui avaient rendu hommage et dit adieu à leur façon et Silwenne n’y voyait rien à redire, elle était venue ici pour cela, du moins en partie… Demain serait un autre jour, elle y verrait sans doutes plus clair dans ses pensées, dans son cœur aussi peut-être mais elle ne voulait pas imaginer son avenir, cela n’avait jamais été comme elle l’avait voulu alors autant vivre sa vie au jour le jour. Ce soir là, dans le ciel, une étoile de plus scintilla au dessus d’Havnor, une petite étoile aux reflets rougeoyants, brillante de mille feux…

Par Leylia le 11/6/2002 à 12:56:53 (#1634288)

:lit::amour:Toujours aussi délicieux a lire. Ce texte regorge d'émotions et il est écrit avec talent:) . *ne cessera jamais d'être impressionnée par les textes de Silwenne*. Encore bravo:merci:

Par Angel Wyvern/Darken le 11/6/2002 à 13:42:51 (#1634569)

Si triste et la mort...
Alors, seul une mélodie de flutte peu encore soulager la peine... Pour aider à porter le deuil.
Angel jouer de la flutte depuis le depart de silwenne. C'était devenu son moment de détente. Ca flute argenté si mysterieuse, laissans une melodie enchanteresque envelopper les lieu, reposans les âmes en colère. La Néphilim ouvrie les yeux et regarda l'horizon marin, assise sur la plage de windhowl... Murmurant dans un leger soupire...

...Silwenne...

Par Syndrael le 13/6/2002 à 19:10:28 (#1649964)

Assise à la harpe, dont aucun son n'était sorti depuis de longues minutes, Syndrael fixait la fenêtre, son regard embrassant l'océan, vague tâche de couleur à peine visible dans le lointain, au delà de la rue et des arbres.. si proche, mais dissimulée à sa vue. Aucune importance, son regard allait au delà, se glissant hors de la maison par la fenêtre close, arpentant un dédale de rues en une longue course sinueuse et ascendante. Frôlant d'abord le pavé pour s'élever rapidement, effleurant les murs de pierres, des fondations aux toits, à une allure croissante.


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Elle quitta Havre-clair avec une célérité qui ne pouvait être qu'onirique, passant entre les cimes, le vent claquant sur son visage. La ville n'était qu'une autre touche teintée, comme une intrusion de couleur sur le panorama verdoyant qui submergeait ses sens. La parfum de la lande montait en elle, enivrante alchimie de fleurs et de feuillages, de bourgeons et de rameaux. Si réel pourtant...
Elle cessa de battre des ailes pour perdre en altitude, alors qu'approchait Hurle-vent, à point nommé pourrait-on dire, le vent sifflant entre ses plumes avec une insistance proportionnelle à l'accélération improbable qu'elle se donnait encore, tandis qu'elle plongeait vers la ville avec une grâce aérienne.

Elle virevolta entre les passants, sans jamais se détourner de son but, de l'ultime aboutissant de son vol, de cette course vertigineuse qui le mena ensuite en droite ligne au port, surplombant l'embarcadère de quelques mètres, avant de se laisser entraîner vers la surface, le temps d'une brise.
Elle s'y fondit, souffle chaud dans l'air salé de la côté, faisant vibrer et onduler sur son passage la surface anormalement calme des flots. Pas une ride ne se voyait sur le miroir opaque, sinon celles qu'elle provoquait dans son mouvement bruissant.

Le bateau n'était pas visible.. elle l'avait espéré, futilement, mais elle se laissa porter jusqu'à un éclat, posé sur la surface, un long éclat, comme une ligne lumineuse partant du port vers le large. Mais ce n'était pas un improbable guide magique.. surgit de nulle part, même si ce n'est était pas moins surprenant et surréaliste. C'était une fine couche de glace, fragile banquise sur la surface sans vagues, une fine pellicule rigide et scintillante.
Elle suivit ce chemin fortuit, le faisant fondre sur son passage, le mêlant aux flots, comme auraient dû le faire les larmes qui l'avaient crées. Fine couche gelée, résultante de l'intarissable chagrin de Silwenne, penchée sur la balustrade, se consumant en larmes frigides.


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"Terre"... elle entendait presque la voix des marins, annonçant la fin de leur périple, pourtant monotone, avec l'habitude, en ce cri de joie et de soulagement, d'avoir une fois de plus imposé leur volonté aux éléments.

Elle étendit de nouveau les ailes, renonçant à sa temporaire impalpabilité, reprenant doucement de l'altitude pour survoler la nouvelle île, Havnor, étendant sous ses yeux ses charmes sauvages. Elle ne les voyait plus, déchirant la verdure sur son passage comme elle piquait vers l'objet de sa quête.
Elle était immobile à présent.. si froide. Incapable de bouger, engourdie sans doutes. Non.. elle était les lèvres d'Enora, courbes fines et délicates sur son beau visage assoupi, auréolé de rousseur, apaisé, dans son dernier sommeil. Et Silwenne se penchait sur elle, s'unissant à elle en un baiser frigorifiant, qui l'enflamma pourtant en un instant, noyant ses sens d'une chaleur lumineuse qui éclipsa tout.. blanc.. blanc et puis plus rien. Rien sinon une pulsation, la pulsation arythmique de son coeur.. non, autre chose.

On frappait à la porte, doucement, très brièvement. Elle sortit immédiatement de sa torpeur et courut ouvrir, ne sachant combien de temps elle avait ignoré ce son avant d'émerger. Les gonds coulissèrent et la porte s'ouvrit sur un rêve : Elle était là, vraiment cette fois.. Une vague d'émotion la laissa chancelante.. amenant sa respiration à une cadence presque intenable. Sans même s'en rendre compte, elle avançait la main pour la toucher, s'assurer de sa réalité. Silwenne lui prit la main avec tendresse, la serrant entre ses doigts froids, l'amenant contre son coeur comme pour lui faire partager son trouble.
Syndrael se serra contre elle sans attendre, l'enlaçant avec force, pleurant de joie contre son épaule. Elle voulait la réchauffer, lui transmettre toute l'intensité de ce qu'elle ressentait, cette douce chaleur.
Les larmes de glace qui cristallisaient sur ses joues fondaient, roulant jusqu'à son menton, devenant vapeur avant d'aller plus loin.. Vapeur s'échappant de ses yeux rougis, terrifiés maintenant tandis qu'elle faiblissait entre ses bras.
Syndrael recula légèrement, desserrant son étreinte.. humide, ruisselante même : ses bras, son visage, son buste, Silwenne disparaissait, d'abord eau, puis vapeur brûlante. Elle voulait la toucher mais la détruisait, implacablement, sans espoir.
Il n'en restait rien, rien sinon une fine pellicule d'eau sur le pas de porte, qui se vaporisa dans l'instant.
Elle recula, d'horreur et de terreur, et d'un intense désespoir.. elle recula rampant presque sur le plancher, les bras battant en quête d'un prise, n'importe quoi à serrer, à tenir.. Elle trouva Lorana, allongée dans le lit, apparemment endormie. Les yeux rivés la porte, elle s'agrippa à elle.. aucune réaction.
Ses mains étaient maculées de sang à présent, du sang qui couvrait sa petite Lorana, la baignait presque, imbibant sa robe de soie blanche, souillant ses traits doux, collant ses cheveux ondulés contre sa peau blafarde...
Une nouvelle bouffée d'effroi la submergea, et étouffa dans sa gorge le cri d'angoisse inhumain dont elle aurait voulu se libérer.


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Un hurlement.
Elle se réveilla dans une obscurité presque totale, le visage tendu, les yeux écarquillés.. C'est terminé... Juste un rêve, stupide, absurde.. Faux.

Leylia remua faiblement entre ses bras, soupirant d'aise contre sa poitrine. Ce contact chassa presque tout, dissipant les dernières images dans la brume salutaire de son subconscient, comme sait si bien le faire le réveil. Elle se tourna légèrement, lui souriant tendrement. Sa douce louve était si belle ainsi, dans la pénombre, souriant paisiblement. Elle aurait voulu partager ses rêves, qu'elle disait magnifiques, la rejoindre.. mais pas cette fois.
Elle passa une main dans ses cheveux défaits, effleurant sa peau du bout des doigts, suivant les contours de son visage.
C'était la première fois que Leylia s'endormait dans un vrai lit, goûtant à la nouvelle et suave sensation de la caresse des draps autant qu'à celle de sa compagne, blottie nue contre elle. Mais le sommeil avait vite eu raison de l'exquis frémissement qui les avait saisi à ce moment, étendant son voile sur leurs corps enlacés, ultime union d'une journée qui avait encore vu s'épanouir leur amour.



Syndrael

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(Ecrit en écoutant "My dying bride - For my fallen angel")

Par Gabriel Thylin MSF le 14/6/2002 à 0:42:35 (#1651863)

:lit: :amour:

Par Kyriane Feals le 14/6/2002 à 1:06:57 (#1651929)

Lire des textes aussi enchateurs est un trop rare plaisir...

Par Serena De Palm le 14/6/2002 à 1:34:31 (#1652015)

comment ne pas succomber.... c'est magnifique :amour:

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