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Le lendemain matin le groupe d’aventuriers raccompagna Liz au village de Pandala tout en discutant gaiement sur le chemin.
_Nous sommes de la guilde du Silence, lui expliquait Eviana en lui montrant un blason noir et blanc représentant un symbole compliqué accroché au revers de sa cape, notre base est à Sufokia, dans une superbe maison , Kris est même l’un des bras droit.
_Et votre alignement?
La sramette garda le silence quelques instants avant de répondre :
_Notre chef étant originaire de Brakmar il ne recrute que ceux-ci où des personnes neutres et qui ont juré de le rester … Le meneur est très stricte , il ne veut pas de ceux qu’il appel des traîtres dans sa guilde. Kris a déjà eu des problèmes avec ça…
Elle ne répondit pas au regard interrogateur de la sacrieur et plongea ensuite dans le silence qui était de coutume chez les srams.
Une fois arrivé ils lui donnèrent des poils de Firefoux, une petite fortune à ses yeux , ainsi que certaines ressources utiles, avant de lui dire au revoir et de passer dans le zaap.
Babou , le sacrieur ,se ravisa au dernier moment et lui tendit un bout de parchemin enroulé:
_Tiens , pour l’aide que tu nous as fournit.
_Mais, je…
_Prends-le , il t’aidera à ne pas tomber dans les pommes la prochaine fois que tu puniras quelqu’un . Et puis ça te donneras une occasion de venir nous voir.
Il franchit le portail sans un mot de plus et la laissa seule avec Kris.
_Bon bah… merci, commença le feca, pis appel moua si t’as besoin.
_Avec plaisir.
Sans savoir pourquoi elle se sentit soudain très stupide à sourire béatement ainsi et à rougir comme une tomate devant toutes ces personnes qui s’affairaient autour d’elle, et surtout devant lui.
Le feca ne sembla rien remarqué , bien qu’il eut toujours un sourire au coin des lèvres , il lui fit un signe de la main et disparut à travers la surface bleutée du zaap.
Dans les jours qui suivirent Liz repensa énormément aux membres de la guilde du Silence… et inutile de précisé à qui en particulier.
Elle adorait se remémorer la soirée passé avec eux et songeait déjà à leur rendre visite à Sufokia.
Entre temps elle avait vendu les ressources qu’elle avait gagné à Astrub et à présent elle trempait les pieds dans la rivière qui séparait la petite ville, du royaume d’Amakna.
Durant tout le voyage qui l’avait ramené sur le continent , elle s’était efforcé de ne pas ouvrir le cadeau de Babou, mais à présent qu’elle avait terminé la plupart de ses corvées et répondu à la demande en potions qu’elle avait eu ainsi que payer les factures de zaap et les taxes de mises en ventes, elle ne pouvait plus résister à la tentation.
Elle déroula le morceau de papier, et fut de plus en plus étonné à chaque ligne qu’elle lisait.
Ce n’était pas un plan pour trouver leur base, ni une recette de pain qui prodiguait des soins extraordinaires, et encore moins la liste des courses de Babou.
Il s’agissait en fait du titre de propriété d’une bouloute… ou plutôt d’un bouloute étant donné qu’il était indiqué que c’était un mâle et qu’il portait le prénom peu commun de Fiasco.
Jusqu’à cet instant elle avait toujours considéré les animaux de compagnies comme inutiles et hors de prix, mais à présent elle pensait tout le contraire.
En plus le chanil était proche de Sufokia, d’un zaap, elle pourrait les revoir… le revoir.
Son cœur se mit à battre un peu plus vite en imaginant des retrouvailles pleines d’émotion, à courir se jeter dans les bras l’un de l’autre…
Avant de se rappeler qu’elle ne connaissait pas la position du zaap de Sufokia.
Elle donna un coup de poing rageur dans le sol.
Même en arrivant dans la plaines des scarafeuilles par voie magique il lui faudrait une bonne journée de marche avant d’atteindre la ville pirate.
Prendre un bateau à Madrestam? Non, elle avait le mal de mer et aucune confiance dans les marins.
_Tans pis j’attendrais un jour de plus avant de le revoir.
_Avant de revoir qui?
Elle se retourna brusquement alors qu’Angel s’assaillait à coté d’elle.
_T’aurais pu prévenir tu m’as fait peur.
_Et toi tu n’as pas répondu à ma question.
La sacrieur soupira et lui raconta sa mésaventure dans les forêt de bambous de Feudala.
_Ah c’est un feca, coupa-t-il, alors c’est un ami.
_Il est Brakmarien… je crois.
_Oublie ce que je viens de dire, se ravisa-t-il, et méfie toi de lui, de toute sa guilde.
_Mais il est gentil… Il m’a sauvé la vie, et le sacrieur m’a même donné son bouloute, dit-elle en lui montrant le parchemin déroulé.
Angel regarda le morceau de papier comme s’il s’agissait d’une arme mortelle.
_Les Braks sont vils, égoïstes, cruels, stupides, et têtus avec ça. Beaucoup sont tombés sous leur charme, mais pas toi Liz s’il te plaît.
Dans un élan de douceur qui lui était rare, le feca lui prit la main, mais elle se dégagea violemment, se leva d’un bond et s’écria:
_Je ne suis du côté de personne Angel, ni du tiens, ni du siens, ni d’aucun autre d’ailleurs!
_Fais comme tu veux, mais te fais pas trop d’idées sur ce type.
_Les brakmariens ne sont pas tous comme tu les as décrit. Et puisqu’on en parle, les soi-disant anges de la belle cité de Bonta n’ont jamais mieux fait.
_Pour nous défendre…
_Non Angel! Ne me dis pas ça! Pas à moi!
Sa voix résonna entre les arbres, effrayant quelques pious. Les poings serrés elle était prête à lâché sa fureur sur le premier tronc qu’elle verrait.
Qu’en savait-il? Lui, le gentil feca élevé loin de la guerre bien au chaud derrière ses murailles, que pouvait-il dire qu’elle ne saurait pas à ce sujet?
Elle s’approcha de son oreille et lui susurra, contenant sa colère:
_Combien de morts pour une guerre inutile? Combien de familles détruites, de destins anéantis? Combien de pièges tendus à des ennemis qui n’en étaient pas vraiment? Combien de tortures pour des informations non divulguées? Combien de citoyens pendus ou décapités pour avoir eu le seul tord de donner à manger à un soldat affamé? Non Angel je ne participerais pas à ce massacre.
_Tu y seras pourtant bien obligé, murmura-t-il.
Il tourna lentement la tête et la regarda dans les yeux, avant de partir sans un mot de plus.
C’était la première fois depuis des années qu’ils se disputaient aussi fort.
Mais désormais cela n’avait plus aucune importance, s’ils devaient menés leurs vies chacun de leurs côtés, il en serait ainsi.
Au moment même ou Liz sorti de la fraîcheur du transport zaapien, la chaleur de la plaine des scarafeuilles s’abattit sur ses épaules comme une chape de plombs et ne la quitta plus durant toute la traversée.
Sur le chemin elle put observé plusieurs combats contres les créatures ailées de la région. Un peu lourdaudes mais très bonnes en ragoût. En fin de journée elle atteignit les rivages du Golfes Sufokien, pris d’assaut par des familles venus avec leurs enfants se baigner dans l’eau de l’océan.
Elle était vidé de ses forces et savait très bien qu’elle ne pourrait pas atteindre son but avant le lendemain matin.
Contrariée, elle se consola en trempant ses pieds endoloris dans l’eau de mer, évita une troupe de gamins turbulents qui couraient après un pauvre crabe, et parti s’installer un peu plus haut sur la dune.
A la tombée du jour les groupes de vacanciers partirent dans les léger ''plops'' qui accompagnaient les transport par potion de rappel et elle put enfin savourer le calme de la plaine.
Là elle s’endormit, savourant les grillons qui chantaient et le bruissement que produisait les scarafeuilles en battant des ailes…
Au matin ce ne fut pas la lumière qui réveilla Liz mais la chaleur qui commençait déjà à monter… Ainsi qu’une présence à ses côtés?
_Arrrghhh!!!
_Keskispass?
_Espèce de crétin à poils ça se fait pas ça!
Roulé en boule contre son sac de couchage un ecaflip s’était installé là, et y avait apparemment dormi. Il bailla à s’en décrocher la mâchoire et s’étira dans l’herbe tout en s’expliquant:
_Je voulais pas dormir seul, pis je t’ais vu alors…
_Fallait te trouver un autre coussin, regarde ça.
Liz essayait vainement, d’enlever les poils de chat qui s’était accrochés sur ses couvertures.
_Désolé,c’est la mi-saison, je suis en pleine mue.
_Rien à faire!
Elle leva des yeux furieux sur lui. En duel elle aurait pu le battre sans problème. Mais Liz n’était pas du genre à attaquer les gens pour un oui ou pour un non, et lui n’était certainement pas un as, malgré les jeux de cartes qui lui sortaient des poches.
Il était jeune, la dizaine, peut-être plus, une fourrure noire, plutôt mignon pour un eca.
_Désolé, répéta-t-il.
_Qu’est-ce que tu faisais dehors en pleine nuit à ton âge? demanda-t-elle énervée.
_Bah je chassais le scarafeuilles, pis j’ai été surpris pas la tombée du jour, alors j’ai dormis là.
_Et tes parents te laisses sortir comme ça ?
_Mon père est gentil, répondit-il en souriant.
_Et inconscient, murmura-t-elle en roulant ses couvertures.
Aux pieds du jeune ecaflip , Liz aperçut comme un mouvement dans l’air, où plutôt une ombre blanche suspendue qui semblait scintiller et la regarder.
_C’est quoi ça?
_De quoi ça? … Oh ça! C’est Momo mon fotome. Tu peux pas bien le voir parce qu’il y a beaucoup de soleil, sinon il est trop mimi.
Le fantôme émit un gémissement mélodieux en guise de réponse et resta planté devant Liz en compagnie de son maître.
_T’attends quoi là? s’impatienta la jeune fille.
_Bah on peut voyager ensemble, on a bien passer le nuit tout les deux.
_Je suis pas là pour les scaras, je vais à Sufokia récupérer mon bouloute et rendre visite à des amis.
_Cool j’habite là-bas!
Et c’est ainsi que Maoxy l’ecaflip , Momo le fotome et Liz la sacrieur partirent ensemble… au grand désespoir de cette dernière.
_T’as quel âge ? Tu fais un métier ? T’as déjà vu des dragodindes sauvages ? T’es dans une guilde? Y fais chaud tu trouves pas?
Liz soupira . Qu’avait-elle donc fait pour que sa déesse lui envoie ce gamin dans les pattes?
Elle aimait la compagnie, mais à condition de la choisir, pas de tomber nez à nez avec un beau matin…
Voilà déjà plus d’une heure qu’il faisait un monologue , débitant un flot continue de paroles auxquelles elle ne prêtait qu’une oreilles distraite. Jusqu’au moment où :
_Ma guilde c’est la meilleure mais elle est très sévère. Tu savais que notre chef a tuer tout un bataillon de la milice de Bonta sans toucher une seule fois à son marteau? Pôpa dit que des fois la guilde du Silence est un peu folle…
Elle s’arrêta net, et failli trébucher dans l’eau.
_Tu es de la guilde du Silence?
_Oui, tu la connais? Pôpa en ai le sous-chef, c’est lui qui commande tout quand…
_Kris est ton père?
Il fit oui de la tête, ravi. Et Liz dût virer à une autre couleur ,comme il était de coutume chez les sacrieurs sous une forte émotion , étant donné la tête que faisait Maoxy.
Un fils? Kris avait un fils? Peut-être même était-il marié? Sûrement.
Elle aurait dut s’en douter, il était bien plus vieux qu’elle s’était évident, logique. Comment avait-elle pu être aussi naïve? Elle sentit un picotement de jalousie lui chatouiller le ventre avant de se reprendre et de se dire qu’il faudrait bien faire avec, que c’était tant pis.
Elle dévisagea l’ecaflip ,qui commençait à se faire réellement du souci, et en effet il y avait un air de famille: les mêmes yeux marrons, le même sourire en coin, et se léger accent…
_C’est ton père et quelques uns de ses amis que je viens voir, finit-elle par dire.
_Ah c’est vrai? s’exclama-t-il. Alors c’est de toi dont ils parlaient si souvent? Y vont être content.
_T’es sur?
_Oui pôpa arrêtait pas de me raconter, encore et encore comment vous avez battu ce monstre. Mais il m’avait pas dit ton prénom.
Spontanément le gamin la pris par la main et l’encouragea à reprendre la route.
_La sacri par-ci, la sacri par-là, il en devenait presque énervant.
_Et… ta mère en pense quoi?
Maoxy perdit son sourire un instant.
_Môman est morte, dans la guerre. C’était une ecaflip, comme moi, mais super forte. Et maintenant on habite avec pôpa et mes frères avec la guilde, y dit que c’est plus pratique.
_Tu as des frères?
_Oui, deux, annonça-t-il fièrement, plus jeune que moi, et il tienne plus de pôpa. Y’ont pas de poils quoi !
Liz lui sourit, elle s’était trompée lorsqu’elle croyait que sa déesse voulait la punir. Ce gamin était sûrement le plus beau cadeau qu’elle avait pu lui offrir. Il était comme elle, et elle le comprenait.
_On est bientôt arriver?
_Oui regarde.
Il montra du doigt une petite bâtisse à la lisière de la forêt d’Amakna, à coté scintillait un cercle bleu qui devait être le zaap , et là dans l’eau des centaines de maisons, d’enseignes et d’échoppes flottaient sur des pilotis que l’eau venait lécher : Sufokia, la ville des pirates.
_Hey! Salut Mao!
_Salut Oshimo!
_Bonjour.
A l’intérieur du chanil il faisait un peu plus frais, mais il y régnait une forte odeur de poulailler de tofu, qui dégageait plus le nez qu’elle n’était désagréable, mêlée au bruit incessant d’une bonne cinquantaines de familiers, tous séparés par âges et par races.
_Mon amie, vient chercher son compagnon.
_Ah oui?
Oshimo la détailla de la tête au pied.
_Jamais vu.
_C’est un sacrieur qui m’a donné ça, s’empressa-t-elle d’expliquer en lui tenant le parchemin avant qu’il ne retourne à ses mangeoires.
Il le déplia et sourit.
_Ah oui ! Fiasco, je m’en souviens. Babou n’en voulait plus parce qu’il préfère la compagnie des Bwaks, plus hargneux, mais pas plus fort en combat. Je reviens.
Il disparut dans l’arrière boutique un instant, tandis que Maoxy lui avait lâché la main pour mieux observer un atouin qui lui faisait des grimaces. Oschimo réapparut.
_Très bon pour les sacrieurs, ils mange seulement les âmes des bouftous, bouftons, chefs de guerres, et bouftous royaux. Sinon il peut rester à jeun indéfiniment, comme tout dévoreurs d’âmes qui se respecte.
Il lui mit la boule de laine dans les bras sans trop qu’elle s’y attende.
Ses petits sabots froids se posèrent délicatement sur ses bras et la clochette autour de son cou se mit à sonner légèrement lorsqu’il leva les yeux vers elle. Des yeux bleus , magnifique, qui ne demandait que des caresses et de l’attention.
Il émit un léger bêlement et ce fut le début d’une grande histoire d’amour…
Avec son bouloute, où Maoxy ? Elle n’aurait sût le dire...
Voilà j'espère qu'une fois de plus vous avez aimez^^
La suite est en cour mais cette fois je prendrais mon temps après tout c'est les vacances
(Merci à Gecko pour son message d'encouragement, cela me fait toujours énormément plaisir d'en recevoir)
A bientôt
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