Je commence par une proposition. si vous en avez d'autres, argumentez les un peu !
Ma mesure à moi : placer des obstacles sauvages à la construction de nouveaux ensembles résidences individuelles isolées, aussi connues sous le nom de "lotissements", et favoriser tout aussi farouchement les résidences collectives (aussi appelées immeubles).
Pourquoi ?
1) Une aberration architecturale.
Regardez les centre-villes un peu anciens de nos villages. Les maisons sont mitoyennes, ont souvent deux étages. Elles forment ainsi des rues, qui protègent la cité du bruit et du vent. Les lotissements d'aujourd'hui sont créés avec ce fantasme en tête : il faut pouvoir faire le tour de sa maison. C'est absurde, ça ne sert à rien, si ce n'est créer une sorte de poteau virtuel autour duquel pisser pour marquer son territoire. Et en plus, c'est moche et sans âme.
2) Un désastre écologique.
Même si elle est bâtie en bouse de vache bio estampillée "agriculture durable", une maison individuelle sera toujours un gâchis d'énergie, de matériaux et d'espace, tant lors de la construction qu'à son usage. Chauffer ou climatiser 12 baraques consomme plus de gaz que chauffer un petit immeuble, c'est une question de thermodynamique.
Gâchis d'espace : ça n'a pas l'air comme ça, mais chaque habitant de ce pays "mange" 800 m², chiffre qui explose depuis des années, à cause de ces saloperies de lotissements. Pourquoi ? Parce-que l'étalement urbain (division par 2 de la densité moyenne, multiplication par 4 des surfaces bâties en 20 ans, de mémoire) provoque un éloignement sans cesse plus grand des différentes fonctions sociales : travail, habitat, loisir, étude. D'où une explosion des temps et distance de transports, de l'espace occupée par les infrastructure de transport, du coût de distribution des flux (électricité, eau, gaz) et de collecte des déchets. D'où aussi la difficulté de concevoir des transports en commun efficace.
ce qui ramène au gâchis d'énergie : le lotissement et la maison individuelle implique la bagnole comme la cigarette implique le cancer.
Il est impossible d'espérer réduire les émissions de CO2 si on ne revoit pas drastiquement nos modes d'habitat. Les embouteillages causés par le pavillonnaire dans les centres métropolitains sont qui plus est désastreux pour notre santé (pollution et accidents).
3) une catastrophe sociale et urbanistique.
On le redit : le logement est trop cher. Le prix du foncier a explosé encore plus que celui de l'immobilier. Et pour cause, le gâchis d'espace est tel que la rareté se crée. La conséquence, c'est un sentiment de paupérisation et d'insécurité économique, car, combiné à l'éclatement des familles, la possibilité pour les parents d'espérer voir leurs enfants se trouver leur "chez soi" diminue. On ne résoudra pas la crise du logement si on continue de bâtir ces putains de lotissements.
Mais ce n'est que l'aspect économique du désastre, il y a plus grave. Le lotissement est in poison social. Les grands ensembles "cages à lapin" se sont avérés être criminogène. Les lotissements, qui ont poussé l'absurde en sens inverse se révéleront sans doute aussi désastreux. Pourquoi ? Parce qu'ils entraînent la destruction du lien social, du partage. Si on étudie l'espace d'un centre-ville ancien, on trouve globalement 50% d'espace public et 50 % d'espace privé. Avec un lotissement des années 70, on tombe à 75% d'espace privé, et la voirie/parking occupe la majorité de l'espace public. Dans un lotissement récent (années 90) on tombe à ... 5 % d'espace public seulement, lui-même entièrement dévolu ou presque à la bagnole. Autrement dit, il devient impossible de se rencontrer, d'échanger, ce qui signifie que le voisin n'existe plus que comme une nuisance (la tondeuse à gazon, la clôtures trop haute...). Dans ces espaces d'habitation "hors sol" les voisins ne partagent rien. Les courses se font loin, voir très loin, en grandes-surfaces, tandis que les centre-villes des villages locaux dépérissent (souvent isolés de ces nouveaux lotissements par des routes infranchissables à pied, ou juste trop éloignés pour les piétons). Donc, les gens s'y haïssent de plus en plus.
Donc, sauvons la France, interdisons, ou du moins freinons la construction de ces horreurs, et redécouvrons le charme des maisons de village, des places, des rues et des cours intérieures.
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