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La Gay Pride et l'urine sur le trottoir
Agora je me pose des questions.
Samedi 14 juin, je suis en période d'examen, et lundi j'ai mon oral professionnel, je dois metre à profit mon week end pour travailler.
Ils défilent dans la rue, sur la place Bellecour de lyon. Le bruit est retentissant.
Boom boom zim boom boom "suce moi la bite" crient et répètent les micros. Au septième étage, en plein après midi, fenêtre fermée, mon cadre de travail est troublé.
Mon colocataire et moi même, allons sur la terrasse voir ça. Est-ce une rave party ou je ne sais quoi ? Qu'est-ce que c'est que ce "suce moi la bite" "change pas d'main, j'sens qu'ça vient" ?
On descend dans la rue regarder de plus près. Rien sur la vitrine du club de sport gay en bas de notre immeuble, pas d'affichette. Quelques mètres plus loins "le spectacle" dont la description sera réduite à cela : une foule, avec un peu de tout, des familles, des gens en tenue de travail, des photographes, des policiers, des spectateurs lambda, des gays, des transsexuels, certains maquillés, déguisés, d'autres non, et quelques personnes nues ou presque, peu vêtues de fluo, de plume dans l'anus, de colliers de cuirs cloutés, et quelques adolescents d'une quinzaine d'années tout au plus dont on ne peut simplement discerner le sexe. Bon soit ils font la fête.
Ensuite, des stands de militants, des milliers de tracts au mieux lus et gardés en poches, ou jetés dans une poubelle après lecture, mais aussi par terre, "après tout on balayera demain". Certains ont profité de notre rue discrète qui donne sur la place, pour uriner l'esprit festif sur le trottoir, et sur les vitrines des magasins, ou contre les parcmètres.
On profite du voyage, pour écouter un discours politique appelant à la tolérance et à la création de droits etc déjà entendu cent fois, auquel tout homme raisonnable et moderne devrait acquiescer. Mon colocataire et moi même partageons aussi cette vision du monde.
Nous constatons chaque année, le spectacle est plus fort. Plus de monde, plus de prise de conscience plus de je ne sais quoi, mais aussi plus d'extrêmes. Plus de vulgarité, plus de lourdeur, et cela, imposé (une fois l'an, certes), mais à la vue de tous. Bon soit.
Alors, voix de l'Agora , évitons toutes les idées de débats qui ne sont pas constructives :
"-C'est ça d'habiter au 7eme étage jeune bourgeois qui regarde le peuple de haut
-Qu'est ce que tu nous ennuies pour deux pipis de chats, fallait te mettre au travail avant
-C'est le seul moyen d'être entendu par les politiques !
-Si t'étais gay tu comprendrais ou tu as un problème avec le sexe !
-C'est aussi ça les "Droits de l'Homme et la Liberté" (j'insiste un peu sur celui là)
-Etc"
Et réfléchissions ensemble.
Et après ? On va interdire aux enfants de dire des gros mots aux gays, ou à d'autres, et c'est bien compréhensible. On "augmente" les droits qui sont légitimes, et pour qu'ils soient respectés, on "augmente" les lois liberticides, les sanctions et la répression, et c'est après tout efficace, le temps l'a montré.
Mais voyons un peu et soyons honnêtes: on ne fait que déplacer le problème, ce qui à termes (qui sont à chaque fois de plus en plus réduits) en crée de nouveaux.
Je ne doute pas un seul instants que les hommes font l'amour, qu'une infinité ? de plaisirs sexuels divers et variés existent, que certaines pratiques sont avec raison et évidence j'ai envie de dire, interdites, zoophilie ou pédophilie et j'en oublie sûrement. A plus petite échelle, j'ai comme tout monde ou presque, une vie sexuelle, et elle est ce qu'elle est, point. Je ne suis pas là pour vous en faire part, ni je ne vous l'impose, et si vous avez des questions là dessus, je peux sûrement vous répondre en privé par exemple.
Je doute en revanche qu'une exaltation toujours plus intense apporte une forme de progrès humaniste.
Puis au nom de "l'ouverture d'esprit", de la "tolérance", de la "liberté", du "progrès" , du "droit" ou d'une autre valeur au sens aujourd'hui confus, on va mettre de nouveau à jour ce que "on" et "médias" appellent écarts Puis répéter le même schéma immobile ou destructeur ?
D'abord à la portée d'une infime minorité privilégiée, la "nouveauté" se développe, se médiatise d'abord dans des rencontres privées, puis par internet, on y découvre quelques travers et nouveaux extrêmes, puis elle se vulgarise, films pour avertis, clubs. Le temps passe, toujours plus vite, et la "nouveauté" se démocratise, elle porte tous les noms, on invente de nouvelles étiquettes, de nouvelles critiques. Une forme de starification se développe, quelques vedettes font leur apparition. Des "idées" naissent, on "communique", d'abord entre "nous", puis de manière publique. Ceux qui ne sont pas "nous", nous montrent du doigts. La communication est de plus en plus immobile, et devant l'incompréhension générale, on observe des dérives, des maltraitances, des victimes, "on veut des droits".
L'Etat nous observe puis nous écoute, bien au courant du problème soyez rassurés, il crée les lois tant désirées, partage encore les opinions. Sanctions, traités pourquoi pas européens, lois, polices, têtes politiques aux avis partagés sur la question : au sein même de l'état et du cercle du gouvernement, il y'a peut-être des partisans, ou pratiquants, de cette "fameuse nouveauté", et d'autres ont un schéma de vie diamétralement opposé.
Ils tranchent dans le tas, c'est leur boulot. Puis utilisent leurs "moyens", pour faire respecter une décision sortie, on l'a compris, de nulle part.
De nouveaux grossièrement deux camps s'affrontent, les pours, les contres, puis ceux qui ont encore une autre "idée". Et là, je me permets d'être un peu amer sur la fin de mon message:
Le temps que tout ceci rentre bien dans ce qu'on ose appeler "les mentalités", que tous ces acteurs virtuels enfoncent et martèlent la population dès le plus jeune âge, par tous les moyens imaginables, et souvent par nous même si l'on n'y prend pas garde, le schéma continu.
Et nous, regardons tout ça, l'oeil dans quelque état, désabusé, coléreux, songeur, créatif, cupide, amusé, compréhensif, avide, mais rarement constructif et humaniste. Alors on continu dans cette direction qui nous mène dans un mur, mais nous préférons regarder nos pieds.
"Nous", devant nos journaux, écrans de télévisions, internet, matériels toujours plus improbables, toujours plus onéreux et éphémères même, et "eux" dans la rue, que l'on entend qu'à l'occasion d'on ne sait quel évènement. Incapables de communiquer simplement. ensemble et surtout avec nous-même.
Est-ce cela la folie ?
Ce schéma que j'ose juger inacceptable ne peut convenir qu'à un seul individu, et on ne saura jamais lequel.
J'appelle plus qu'à une simple prise de conscience collective, tout ceci on le sait au fond, mais on a tendance à l'oublier, à le crier, à l'exalter, mais jamais ou trop peu à agir et à se comporter en conséquence.
Le temps où l'on nous gouverne avec des miettes et des jeux est dépassé.
Sartre disait (et je n'ai pas besoin d'être un grand philosophe ou je ne sais quoi pour le comprendre), que ce sont nos actes qui font ce que nous sommes.
Aujourd'hui je n'ai que 21 ans et je me dis, peut être qu'il est plus que temps pour l'humain de se comporter "correctement", avec plus d'harmonie, où "je" et "autrui" pèsent autant sur la balance.
Bon, merci à ceux qui auront pris le temps de me lire et de pourquoi pas, me comprendre. Merci aussi aux acteurs de la gay pride d'aujourd'hui, même si certains y vont un peu fort.
(edit, voilà j'ai modifié deux trois choses)
Et je vous offre une petite citation d'un certain Vauvenargues, qui je trouve colle bien à la situation:
" Nous sommes trop inattentifs, ou trop occupés de nous-mêmes, pour nous approfondir les uns les autres : quiconque a vu des masques, dans un bal, danser amicalement ensemble, et se tenir par la main sans se connaître, pour se quitter le moment d'après, et ne plus se voir ni se regretter, peut se faire une idée du monde."
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