Bienvenue sur JeuxOnLine - MMO, MMORPG et MOBA !
Les sites de JeuxOnLine...
 

Panneau de contrôle

Recherche | Retour aux forums

JOL Archives

Une enfance... [Part III]

Par Ombre Océane le 17/3/2002 à 16:28:09 (#1129464)

Compter les étoiles dans le ciel prend certainement toute une existence. J’ai dépassé celle qui m’était impartie depuis quelques années. J’ai échappé à la Faucheuse et compte bien le faire encore un moment.

Allongée dans l’herbe tendre, je me remplissais les narines des innombrables senteurs nocturnes et m’ouvre au monde et à ses résidents. J’attends patiemment le moment propice pour reprendre mon récit là où il s’était terminé.

Ainsi, je prends la parole d’une voix douce, rompant le chant des grillons qui s’enfuient vers un lieu plus tranquille où leur musique serait appréciée.


- Où en étions-nous ? Ah oui… à mon entrée dans l’ordre des Lys.

Je me relève doucement et tourne ma tête tout autour, portant une attention toute particulière aux arbres. Mais je ne vois personne. Peut-être y-a-t-il quelqu’un ? Peut-être personne ? Parlerais-je uniquement pour ce petit écureuil roux qui rentre ses provisions ? Je ne sais…

Mais je continue.


Passer cette porte blanche, qui ne comportait aucune inscription, aucune décoration, aucun signe de ce qui pouvait se passer derrière, fut pour moi le plus grand tournant de ma vie. Je pénétrais alors dans un monde plus grand, rempli d’adultes qu’à neuf ans, on regarde encore en levant la tête. A l’âge où les filles et les garçons ne pensaient qu’à se courir après à travers champs, je devais laisser de côté mes mesquineries enfantines et adopter la vie étrange et solitaire, mais néanmoins loyale, des Lys.

La porte franchie, un étroit corridor s’ouvrait devant moi où se diffusait un savant mélange de parfums. Emaillé de fades peintures encadrées d’or, les murs anguleux étaient tristes et peu engageants. En face, une autre porte, taillées dans un bois sombre et pourvue d’une poignée en forme de fleur. A gauche, une porte plus petite ; à droite, une grille bloquant l’accès à un escalier qui descendait vers une destination qui m’était alors inconnue.

Kinès à mes côtes, l’ordre me fut intimé de rester ici, à attendre qu’on me prie de venir. Elle quitta le corridor par la porte de gauche, prenant soin de ne pas me laisser entrevoir ce qui se trouvait derrière. Les ombres bougeaient au rythme des flammes qui consumaient les torches. Il n’y avait pas de chaise ni de meubles sur lesquels je puisse m’asseoir. Je me contentais donc d’observer les tableaux avec légèreté. Ils n’étaient guère beaux, du moins de mon point de vue et n’apportaient rien de plus à l’austérité de la pièce.

Tandis que je m’interrogeais sur les diverses raisons qui pouvaient pousser une personne à rendre plus sinistre une pièce qui l’était déjà bien assez, la porte sise en face de moi s’ouvrit doucement, émettant un grincement qui était la preuve s’il en fallut une, qu’elle n’avait pas été entretenue depuis bien des années.

La tête d’une vieille femme, aux cheveux gris et secs, tirés en arrière en une natte semi-défaite, affublée d’une robe qui avait du être blanche dans un passé lointain mais que son teint jauni rendait plus vieille encore que sa propriétaire, si cela fut possible, m’apparut, m’invitant à entrer.

Je cherchais Kinès du regard mais ne la trouva point. Sans un mot, j’entrais dans la nouvelle pièce que je ne pus m’empêcher d’observer en détail, une mauvaise habitude qui s’affinera par la suite, image qu’aujourd’hui encore je garde gravée au fond de ma mémoire.

De chaque côté de la porte, deux femmes se tenaient, droites, pompeusement vêtues d’une tunique rehaussée de fils d’or et d’une cape grise, attachée par une broche en forme de Lys. Dans la main droite, chacune d’elle avait un bâton vert émeraude qu’elle paraissait tenir avec une farouche détermination. Immobiles, elles regardaient droit devant elles sans sourciller.

L’endroit avait une forme rectangulaire, soigneusement décoré de statues représentant des femmes et de tentures ocres et pourpres, reflets de la splendeur que souhaitaient montrer ces intrigantes. Au sol, un tapis rouge sang menait à une grande estrade où se tenaient quatre femmes affublées de loups qui leur cachait le contour des yeux et d’une capuche. Elles étaient assises sur des trônes identiques sur lesquels le signe de leur groupe apparaissait clairement. A bien y réfléchir, en cet instant, elles auraient pu passer pour la même personne, sans doute une protection pour le bien des Lys. Des colonnes gravées de motifs complexes irradiaient la lumière nécessaire pour éclairer l’ensemble.

Un silence pesant que personne n’osait troubler, surtout pas moi, vint s’installer. La petite vieille qui était avec moi faisait grincer ses dents, bruit énervant que j’étais la seule apparemment à entendre. Je notais avec indifférence qu’aucun accès, autre que la porte par laquelle je venais d’arriver, ne permettait de pénétrer ou de sortir de cet endroit. Les murs même semblaient teilles dans la roche, comme si on se trouvait présentement sous la surface, ce qui était impossible.


- Jeune enfant !

Je sortis brusquement de mes pensées et scruta la femme qui s’était levée du trône de gauche et qui déroulait lentement un parchemin bruni par les ans.

- Votre nom est Shae Lynn Esterni, fille de Cerron Esterni, le père, et de Ghianna Esterni, la mère, sœur de Sorayanne Esterni, qui semble être la seule membre de votre famille encore en vie mais sur qui nos renseignement s’arrêtent peu après la fuite de votre village. Vos parents sont morts, tués par l’homme que vous-même avez égorgé de votre lame. Vous avez été recueillie ici il y a maintenant cinq mois et votre instructrice a remarqué que vous possédiez les aptitudes requises pour devenir l’une des nôtres. Le pensez-vous ?

Mes yeux passèrent d’une femme à l’autre sans que je puisse vraiment discerner qui se cachait réellement sous les masques.

Peut-être y avait-il Kinès ? Je ne savais que répondre car je n’avais pas vraiment demandé à être là, alors que d’autres filles y aspiraient depuis longtemps. J’imaginais d’un seul coup la tête que pouvait bien faire la vieille Sadie. Elle devait encore martyriser une fille plus jeune pour des erreurs qu’elle commettait, elle aussi.

Avec l’air innocent que pouvait avoir une petite fille de neuf ans à peine passés, accompagné par un détachement du à mon incompréhension, je répondis.


- Je ne sais point… Oui, je pense que je le suis.

- Bien ! C’est ce que nous voulions entendre. Car ne pensez pas que rejoindre nos rangs vous sois acquis. Il s’agit là d’une route fort dangereuse et longue. Très longue parfois. Il ne suffit pas de le vouloir pour devenir un Lys. Il faut l’être au plus profond de soi. Certains de nos actes vous paraîtront sordides… ils le sont, assurément. Mais cela fait parti de nous. Tout n’est pas blanc ou noir dans notre existence et c’est toutes ces nuances de gris que nous vous proposons de découvrir, si vous le voulez. Mais rigoureuse vous devrez être. Faire l’abnégation de votre passé sera votre premier acte pour mériter la confiance, qu’à l’avenir, nous vous porterons.

- Ab-né-ga-tion ? Que veut dire ce mot ?

- En quelque sorte, l’oublier. Votre vie sera la même que la notre, désormais. Nous vous apprendrons à écrire et à lire, à manier certaines armes, à décoder notre langage, à jeter des sorts et beaucoup d’autres aptitudes qui font des Lys des femmes douées pour un grand nombre de choses. Pour cela, vous devez laisser de côté ce qui a fait de vous la fillette de huit ans que nos traqueuses ont trouvée, dormant dans un terrier.

- Que faîtes-vous… ? Comme travail je veux dire… ?

Sous mes yeux ébahis, les quatre femmes, à l’unisson, récitèrent ce qu’elles appelaient le Chant des Lys.

- Nous sommes celles qu’on ne voit jamais, sauf quand elles le désirent.
Nous ne revendiquons nulle autre chose que profiter de l’instant présent et tous ceux qui ne font pas parti des nôtres.
Nous ne révélons jamais notre identité sous peine de mettre en danger l’ensemble des autres.
Nous agissons en secret, sans que nul autre que nous et celles qui nous guident soient au courant de ce que nous faisons et pourquoi nous le faisons.
Nous n’évoluons que la nuit, pendant que les autres dorment et rêvent à de meilleurs lendemains.
Nos armes : le charme et la dague aiguisée que nous dissimulons dans notre dos.
Nos faiblesses : aucune.
Nous ne sommes qu’une et chacune de nous est l’alter ego des autres.
Lys nous étions… Lys nous sommes… Lys nous resterons jusqu’à notre mort…

Seule, la femme au parchemin continua.

- Ces mots, si jamais vous deviez nous rejoindre, seront à apprendre par cœur. Vous ne devrez jamais les oublier.

- Oui, madame.

- Maintenant, je vais te poser la question. Tu devras y répondre avec certitude et conviction. Désires-tu nous accompagner, désormais, tout au long de ta vie future, partager avec nous tes joies et tes peines, tes réussites et tes échecs, agir pour le bien des Lys, protéger notre existence, effectuer les travaux qui te seront demandés, appliquer nos préceptes et nos règles, toujours agir en connaissance de cause et non inconsidérément et lutter contre ceux ou celles qui nous voudrons du mal ?

Lumière sur l’actrice principale de ma vie : moi.

Je me retrouve bien isolée face à mon destin. Je n’avais plus d’attache, plus personne sur qui compter, pas d’ami pour me conseiller. J’étais terrifiée à l’avance par la réponse à donner, sans vraiment comprendre ce qu’elle pourrait impliquer. Je regardais la petite vieille trépigner d’impatience et les quatre femmes attendre patiemment mes premiers mots.

Je ne voulais plus rester seule, perdue au milieu de l’immensité du monde, ne plus savoir à quoi m’accrocher, fuir quelque chose, avoir la peur qui me tenaille à chaque bruit nocturne… Elles m’offraient la sécurité et la stabilité que je recherchais alors, du haut de mes neuf années d’existence.

Une nouvelle famille…


- C’est d’accord ! Je veux bien devenir une Lys.

La femme au parchemin rangea ce dernier dans les plis de sa tunique. Elle marcha vers moi avec une grâce à laquelle je n’étais pas coutumière et posa sa main sur mes cheveux bruns.

- Soit ! Il en sera fait ainsi. Au nom du Conseil des Quatre, je vous nomme Aspirante. Ceci sera votre grade jusqu’à ce que ce même Conseil en décide autrement. De plus, nous allons vous donner un autre nom. Désormais vous serez connu sous celui d’Océane. C ‘est celui que, à l’unanimité, nous vous avons choisi. Souvenez-vous-en.

Elle caressa mes cheveux et repartit s’asseoir sur son trône, les mains sur les accoudoirs.

La femme le plus à droite se leva et prit la parole. Sa vois était suave et envoûtante, comme une pluie d’été que l’on se plaît à écouter allongée, à l’abri sous un porche.


- Aspirant Océane, bienvenue à vous. Votre apprentissage commencera dans une semaine, jour pour jour. D’ici là, veuillez reprendre une vie normale tant que faire se peut. Faites vos adieux si besoin est car, dans une semaine, vous serez seule. Toutes ici louons le courage dont vous faîtes preuve présentement et dont vous ferez preuve, de cela nous en sommes certaines, à l’avenir.

Flattée, je fis une révérence.

- A présent, veuillez retourner dans votre dortoir. Nous vous rappellerons à nous dans une semaine.

La petite vieille me prit par les épaules et me dirigea vers la sortie. Je quittais cette pièce grandiose pour revenir dans le calme plus feutré du corridor où rien n’avait bougé depuis tout à l’heure. La grille bloquait toujours l’escalier et la porte, cette pièce qui m’était cachée. Mais cet entretien me troublait davantage. Ca y était, j’avais enfin réussi à me faire une place dans ma nouvelle famille. Enfin presque…

Toujours sur mes talons, la petite vieille me désigna la porte blanche de son doigt noueux. Je notais avec intérêt que je ne l’avais pas entendu prononcer un seul mot depuis que je l’avais aperçue.

Je revins donc ce jour là dans le dortoir, sous les regards presque envieux de mes compagnes d’infortune et sous les propos acerbes de la vieille Sadie. Je voulus la faire taire, mais elle fut encore trop forte pour ma petite personne.

Subir… pour l’instant c’est tout ce dont j’étais capable… pour l’instant…



- Voilà… la suite dans quelques temps. Pour le moment, j’ai besoin de me reposer un peu. Bonne journée à tous.

Avant de me changer en cette brume jaune que j’apprécie pour son utilité, je vois le soleil apparaître au loin. Bien que je préfère la nuit, j’aime encore ces moments où l’obscurité et la lumière se confondent dans une harmonie éphémère.

Je me prends à rêver d’un avenir moins sombre…


http://membres.lycos.fr/kyrianefeals/Oceane.jpg

Par Gorthor le 17/3/2002 à 16:47:02 (#1129589)

:lit:

superbe
moi au lieu de camper au tam je vais camper ici pour attendre la suite qui sur en suis-je. Seras tout aussi merveilleuse.

Par Crazy le 17/3/2002 à 20:23:58 (#1131075)

:lit:

*aime po voir de bôs posts RP sombrer*

JOL Archives 1.0.1
@ JOL / JeuxOnLine