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Un conte parmi tant d'autres

Par Yolinne le 27/1/2002 à 17:22:04 (#801322)

Ce soir là à la taverne de la ville, c'était fête. Un grand concours d'histoires en tous genres se déroulait, dans la liesse et la bonne humeur. On avait installé une estrade pour entendre les troubadours divers déclamer leurs histoires épiques, leurs révérances et leurs pieds de nez, sous les huées de la foule en délire, les grands éclats de rire, et les émois de tous. Les poètes se succédaient sur l'estrade en bois, étalant leurs vers parlant de rencontres émerveillantes, de promenades à deux, de contrées curieuses ou encore de destins héroïques, les femmes se pâmant à leurs mots. L'assistance récompensait ces écrits par nombre d'applaudissements fracassants et d'ovations spectaculaires.

Au terme d'un poème entâché de lyrisme ayant enthousiasmé la foule à son comble, une femme se leva pour se diriger à son tour vers le promontoire festif. Les gens assis aux tables et au comptoir se turent peu à peu, curieux de découvrir un nouveau sujet. Une ballade aux accents d'amour ? Une histoire de spectres inquiétants ?Un épitaphe en ode à la nature ? Ils étaient tous émoustillés, poussés par l'alcool abondant et la joie en ces lieux, et les sourires s'aggrandissaient d'impatience. La jeune femme grimpa les marches et s'arrêta au beau milieu de la petite esplanade, regardant l'assemblée le sourire aux lèvres. Puis elle attendit calmement le moment propice où elle pourrait être entendue parfaitement de tous. Sa voix s'élança finalement afin de conter son histoire..

La fraîcheur du soir tombait lentement sur la ville,et au fur et à mesure, le veilleur allumait les réverbères de sa bougie tremblotante. Les passants s'étaient peu à peu réfugiés dans leurs douces chaumières. Quelques uns flânaient au hasard des rues, le temps du crépuscule. Parmi eux une élégante jeune dame marchait avec grâce et distinction. Elle était vêtue de ses beaux atours, une robe pourpre attirante, la gorge mis à nue. Des bijoux tintaient à son cou et ses bras, luisant des quelques flammes dansantes des lumières urbaines. La démarche lente et sûre, elle ébauchait un splendide sourire, accueillant et chaleureux. Elle se dirigeait vers une maison de choix, éclairée de mille feux, le vent frais lissant sa longue chevelure d'ébène et ses pendants d'oreilles ocre cliquetant sous cette caresse naturelle. Un oeil averti aurait pu deviner quelque secret bien gardé en elle, mais tous ne voyaient que sa magnifique beauté resplendissante et jûteuse. En effet, elle avait le teint pâle mais les courbes harmonieuses et délicieuses, le port de tête distingué, les gestes amples, toute une finesse lui était acquise, et celà lui servait beaucoup..Au bout de quelques heures, elle quittait la demeure silencieusement. La nuit était déjà tombée sur la cité, les ruelles avaient été désertées depuis bien longtemps ; et pourtant elle continuait de marcher, sans se soucier des dangers qu'elle pourrait rencontrer. Puis elle passa le cochet d'une autre maison. Elle visita en tout cette nuit-là six maisons, allant de la demeure somptueuse à la plus modeste, presqu'un taudis..

La jeune femme s'arrêta quelques instants scrutant la foule. Celle-ci cherchait à savoir le fond de l'histoire, quelque peu désarçonnée par le ton qu'elle y mettait, ne voyant pas quel était le réel sujet. Satisfaite de ses réactions, elle continua son récit lentement..

La question est..que faisait cette femme à ces heures tardives ?

Elle marqua une légère pause, puis un fin sourire orna son visage.

Il est souvent des secrets lourds à porter ; les apparences sont parfois trompeuses et le voile tombe, quand personne ne peut le remarquer...L'aube naissant, cette femme se dirige exténuée vers une mansarde éloignée de la ville. Elle en pousse la porte grinçante avec négligence, et dépose son fatras sur une chaise branlante. Puis elle marche à pas lent vers sa chambre, tout en faisant craquer les lattes du plancher vermoulu. Dans la petite pièce où une simple bougie s'anime faiblement, l'on peut distinguer un lit de mauvaise facture..Qu'importe, elle dort si peu..Une vieille coiffeuse, sûrement un ancien héritage, tenant à peine sans s'effondrer, un petit miroir fêlé en son coin. Elle s'asseoit devant le meuble antique, et son regard se pose sur le miroir défraîchi. Passant de l'eau sur ses mains d'une cuvette fatiguée par le temps, elle se nettoie peu à peu le visage, et défait ses longs cheveux odorants. Le reflet que lui renvoie le miroir change alors peu à peu : l'air de duchesse disparaît sous l'eau claire, tandis que les traits d'une pauvrette éreintée transparaissent. La fatigue règne sur ce visage en maîtresse incontestée, pourtant si élogieux quelques heures auparavant. Elle se déshabille avec lenteur et repense à ce qu'elle a subi...Les mains nobles comme crotteuses ont foulé son corps encore, laissant des brûlures indélibiles en son esprit ; elle a laissé ces hommes user de leurs fantasmes et de leur hargne. Ils ont possédé son corps qui hurlait sa douleur et son dégoût en silence. Ils en ont sillonné chaque partie, elle restant de glace, les larmes discrètes de son coeur se déversant en elle avec peine.. Ils ont détruit son corps frèle de jeune fille..Elle est leur objet, l'objet de tous... Un râle la sort de sa rêverie obscure. Elle quitte sa chambre pour aller à la chambre voisine où repose son frère aveugle. Ils vivent tous deux en cet endroit infâme, infestés par les vermines pullulantes. Doucement elle avance vers le sommier pourri. Le visage fiévreux de son parent semble sourire, reconnaissant les pas familiers. Merci ô ma chère et tendre soeur..Je sais que tu te tues au travail pour me préserver..Quelle chance j'ai de t'avoir, toi si admirable, toi au coeur d'or et rempli de tendresse..Toi si forte veillant sur ma faiblesse..Je t'en prie, promets moi de trouver également ton bonheur, de te marier et de vivre la vie que tu as toujours souhaitée. Tant que tu seras comblée je le serais aussi.. Et tandis qu'il parle ainsi, sa cécité ne peut lui permettre de voir les larmes rouler sur les joues livides de la jeune femme. Le bonheur ? Elle n'y aspirait plus, résignée...Son coeur avait été meurtri bien avant les premiers émois qu'une jeune fille devait ressentir..L'amour ? Un mari ? A présent qu'elle connaissait l'horreur et la fierté masculine, elle s'en détournait résoluement...Elle savait pertinemment que jamais elle ne ressentirait celà à l'égard d'un homme..Son mépris était éternel, les embrassades lui donnaient envie de vomir, et la tendresse..ô dieu..personne n'en avait jamais eue envers elle, son corps n'était que la représentation des désirs futiles que recherchaient les hommes. Elle n'était qu'une fille de joie dépourvue de sa dignité, une catin souillée, une femme de petite vertu dont l'âme n'était point aimée à sa juste valeur. Le masque qu'elle portait s'était soudé à son visage, à jamais..Pourquoi le Destin l'avait-il enchaînée ainsi ? Elle se serait sans doute donné la mort depuis belle lurette si elle n'avait son frère doté de cet handicap et maladif.. Elle-seule pourvoyait à ses besoins, elle-seule le faisait survivre..Elle ne pouvait abandonner la chair de sa chair..Sans une parole, elle baisa son front et retourna dans sa chambre pour dormir d'un sommeil sans rêves..Demain, elle recommencerait à vendre son corps pour quelques pièces..Nobles ou miséreux, vieillards ou prépubères peu importait tant que la bourse tintait..Demain ne serait pas une nouvelle journée mais la triste spirale sans fin qui constituait sa vie...Demain dont le goût de vivre s'était échappé depuis longtemps déjà..Demain...

Elle ferma les yeux quelques secondes et reprit de sa voix sans faille.

Il n'est, en fin de compte, de contes plus cruels et horribles que ceux qui sortent de la réalité...

Elle quitta l'estrade sous le silence ébahi de l'assistance et se rassit avec calme à sa table. Son sourire était le seul présent maintenant dans toute la taverne. On entendait même le vent murmurer et ballotter les feuilles mortes et les détritus dans la rue.

Par Tak Wyvern le 27/1/2002 à 17:28:58 (#801382)

:lit:

snif :(

Par Galius dAertith le 27/1/2002 à 17:44:02 (#801512)

*Ne sait que dire* .... *Surement car il n'y a rien a dire*

:amour: :amour: :amour:

Par Phoenix Ardent le 27/1/2002 à 17:51:10 (#801570)

:lit:
j'aime bien l'histoire de cellulite, mais celle-ci n'est pas mal non plus :)

*hop*

Par Arken le 27/1/2002 à 18:01:27 (#801646)

:lit: :lit: :lit: :lit:
comme toujours.. superbe
:lit: :lit: :lit: :lit:

Par Snoopy le 27/1/2002 à 18:02:31 (#801657)

:lit: :amour: ;)

Par valicium le 27/1/2002 à 18:37:36 (#801981)

:lit: :lit: :lit: :lit:
super :)
(*fais semblant d'avoir compris*) :aide: :aide:
(non j'rigole)

Par John Wyvern le 27/1/2002 à 18:48:43 (#802078)

:lit: :amour: euhhhh une suite svp:aide: !

Par Subtil le 27/1/2002 à 19:16:24 (#802340)

Décidement Yoyo tu as le don de laisser transparaitre l'émotion de tes personnages dans tes ecrits. Encore une fois celui ci est grandiose même si l'histoire est des plus sinitre.

Bref magnifique comme tjrs ;)


-Sub *grand fan de la plume de Yoyo* til :)

Par Azulynn le 27/1/2002 à 19:46:29 (#802587)

Superbe, Yoyo... :)

Par Lorme le 27/1/2002 à 20:20:06 (#802879)

Une histoire des plus tristes si bien narrée contée que l'on ne peut en resortir indifférant.

Encore un superbe texte :amour: mais beaucoup trop triste :(

Par Nekros Shaytan le 27/1/2002 à 20:28:46 (#802959)

:lit: :amour: :merci:

Par Zorkiss Wyld le 27/1/2002 à 20:59:41 (#803217)

:lit:

Par Saia Wyvern le 27/1/2002 à 21:09:59 (#803287)

*En a les larmes aux yeux* juste magnifique

Par Alanis Delyn le 27/1/2002 à 21:38:27 (#803520)

superbe

Par Chrysaor le 27/1/2002 à 23:15:52 (#804346)

Effectivement un texte bien jolimment écrit et surtout touchant...

Par Kyriane Feals le 27/1/2002 à 23:36:59 (#804532)

:lit:
C'est bien... chacun son style.
J'adore. :)

L'amour pour tous, la haine pour soi.

Par Deux-Âmes le 28/1/2002 à 1:31:33 (#805151)

http://home.worldnet.fr/~rcougnau/Images/Grande_prostituee.jpg

*Fan de Yoyo*

Par Elswindel Soon le 28/1/2002 à 2:11:11 (#805236)

:amour: Dis tu nous fais une suite? Dis, hein, dis? Steuplais, steuplais, steuplais?

Par Yolinne le 28/1/2002 à 3:52:25 (#805380)

Méééééééééééééé c'est un conte ! ya pas de suite ! tsss ! :p

*hop*

Par Arken le 28/1/2002 à 13:06:56 (#806937)

bah si quand on compte on commence par 1 puis 2 et 3 etc alors il doit bien y avoir une suite :D

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