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Citation :
http://www.alchimistes.net/images/storyline/puce.jpg La Création :
A
u commencement, il y avait la matière en fusion. Puis Atys naquit. Alors la génitrice, dont les spasmes ébranlèrent la croûte de la jeune planète, parvint à arracher un premier souffle à sa poitrine palpitante, dans une grande explosion d'énergie. Le train de la vie se mit alors en mouvement.
Les graines de l'existence furent semées par le vent. Les premiers bourgeons se formèrent sur les arbres verdoyants, les oiseaux s'envolèrent dans le ciel, les animaux gambadèrent et les poissons frétillèrent dans le miracle frénétique de la Vie.
Depuis les entrailles de la planète verte, la génitrice créa les Kamis et les dota d'esprit et de conscience, puis les envoya surveiller sa création.
Les Kamis remontèrent à la surface pour explorer les terres sous leur protection. Ils n'allaient pas tarder à rencontrer des adorateurs de la nature : les homins, qui avaient pris racines dans l'Arbre de la Vie.
Citation :
http://www.alchimistes.net/images/storyline/puce.jpg Le Feu de Coriolis :
S
ous le règne de l'Empereur Abylus L'Erudit, les mineurs fyros trouvèrent une veine de sève acide qui embrasa les terres desséchées environnantes.
Le feu s'étendit rapidement aux territoires homins, ravageant la ville de Coriolis et formant une traînée ardente jusqu'aux grandes forêts des Matis.
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Citation :
http://www.alchimistes.net/images/storyline/puce.jpg Le Grand Essaim :
D
ans leur interminable quête du Dragon, les mineurs Fyros mirent à jour, en 2481, un nid de Kitins dans les Primes Racines. Emplis d'effrois et d'horreur, leur réflexe immédiat fut de détruire les premiers instectes géants qu'ils rencontrèrent. Mais alertés par le massacre, des légions entières de guerriers Kitins défèrlèrent depuis les galleries souterraines pour éradiquer ce qu'ils considéraient comme leur ennemi naturel. Des cités Homins furent rasées, des populations entières périrent et les grandes civilisations s'effondrèrent en quelques jours.
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Citation :
http://www.alchimistes.net/images/storyline/puce.jpg La Guerre des Kitins :
E
n l'an 2481, les Kitins partirent dans une croisade visant l'anéantissement de toute l'hominité. De nombreux homins parvinrent à s'échapper à travers les "arcs-en-ciel" de téléportation menant en lieu sûr dans les Primes Racines des territoires lointains. Les Kamis et la Karavan firent tout leur possible pour conduire en sécurité des populations homins vers les arcs-en-ciel jusqu'à ce que ces derniers soient également détruits par les Kitins.
Les homins restés en arrières durent alors s'enfuir vers les régions reculées où ils furent forcer de vivre en nomades, dans la peur constante d'une attaque Kitins. Une unité spéciale de la Karavan fût finalement envoyée pour contrer les armées d'arachnides.
La guerre fit rage pendant deux longues années sur les anciennes terres jusqu'à ce que les Kitins fussent forcés de battre en retraite dans les profondeurs d'Atys.
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Citation :
http://www.alchimistes.net/images/storyline/puce.jpg L'Exode :
L
a destruction des pods de téléportation entraîna la fermeture des routes vers le sanctuaire des Primes Racines des terres lointaines.
De nombreux homins furent contraints de mener une vie précaire de nomades jusqu'à la mise en place d'une route reliant les anciennes terres aux nouvelles, ouvrant ainsi la voie à l'Exode.
Les réfugiés purent enfin rejoindre les nouvelles civilisations fleurissantes qui avaient refait surface des Primes Racines sur les nouvelles terres promises.
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Citation :
http://www.alchimistes.net/images/storyline/puce.jpg Le Nouveau Commencement :
A
près deux années de confinement dans les Primes Racines, les Gardiens de la Karavan assurèrent aux homins que les Kitins ne représentaient plus une menace sur Atys.
Il fut convenu que chaque race prendrait possession des nouvelles terres selon leur prédilection naturelle.
Les Trykers s'installèrent donc dans la nouvelle région des lacs, les Fyros dans le désert, les Matis dans les forêts et les Zoraïs dans la jungle.
Durant les trois générations qui suivirent, les quatre peuples rebâtirent leurs civilisations, rejoints par un flux permanent de réfugiés qui avaient parcouru un long et périlleux voyage depuis les anciennes terres.
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Rencontres Mouvementées - Histoire d'un Kami contée par un Tryker
Citation :
Il y a très très longtemps, alors qu'Atys venait de tomber dans un sommeil paisible après sa poussée laborieuse, un joyeux Tryker du nom de Wiksie était sur le point de piquer du nez pendant une partie de pêche lorsque, sur une butte de l'autre côté de l'eau, il vit un drôle de spécimen comme il n'en avait jamais vu. Il se frotta les yeux et saisit sa planche à dessin par dessus sa canne à pêche, mais la créature disparut en un clin d'oeil sans même un couac ! Le jeune Tryker remit ses idées en place puis essaya de dessiner de mémoire cette créature quand soudain... il sentit une présence étrange par-dessus son épaule...

Là, perchée sur une branche à moins de cinq mètres de lui, se trouvait la créature qui fixait le dessin les yeux grands ouverts, joyeuse comme un soleil. Wiksie se présenta et la créature pointa du doigt le dessin, et montrant des yeux son ventre gargouillant puis les poissons dans le filet de pêche, accroché à un arbre pourri, elle dit au Tryker « Kami, faim ». Wiksie rit de bon coeur et indiqua au Kami que le dîner serait prêt en un rien de temps.

Alors Wiksie s'enfonça dans la forêt pour ramasser du bois, puis plaça les poissons sur une broche et alluma le feu de camp. Tout d'un coup, le Kami s'agita dans tous les sens, le regard aussi sombre qu'un ciel couvert. A peine Wiskie avait-il eu le temps de comprendre que les flammes avaient chagriné le Kami, que la créature poilue avait fait un signe de la main et refroidi le feu qui brûlait.

D'un autre geste de la main, le Kami fit cuire les poissons à point. Joyeusement, le Tryker prit la broche et lança un poisson au museau du Kami, mais ce dernier le regarda passer sous son nez puis s'écraser par terre. Wiksie prit un autre poisson et, cette fois, d'une façon plus civilisée, le tendit au Kami. Mais ce dernier le laissa tomber immédiatement et lança un regard de travers à Wiksie lorsqu'il lui donna une tape sur la tête. En réalité, Wiksie était coupable d'une familiarité excessive. Il avait jugé le Kami sur son apparence affectueuse. Wiksie ne tarderait pas à découvrir la force qui sommeille derrière l'innocence trompeuse du Kami.

Un jour, Wiksie et ses compagnons cueillaient des champignons lorsqu'une meute de gingos flaira leur piste, et avant d'avoir eu le temps de s'en apercevoir, ils furent encerclés au bord d'un précipice. Les prédateurs allaient mettre à mort leur proie quand le Kami de Wiksie apparut. La joyeuse créature leva une main et toute la meute sanguinaire fut prise de panique et d'effroi, et s'enfuit comme si elle venait de tomber sur un nid de kitins kinrey ! Wiksie et ses compagnons tombèrent à genoux et remercièrent le Kami.

Les Trykers apprirent rapidement à rester humble devant les Kamis, qui furent placés sur un pied d'égalité avec la vénérée Karavan. Mais le temps passant, les Kamis commencèrent à favoriser les jungles bizarres des non moins bizarroïdes Zoraïs, qui se ressemble s'assemble, non ?! Mais, aujourd'hui encore, les Kamis continuent de jeter un coup d'oeil amical sur les Trykers.
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Les Larmes de Sérénité - Histoire d'un Kami contée par un Zoraï
Citation :
Il y a plusieurs années, alors que l'hominité venait à peine de s'aventurer hors de l'obscurité de la préexistence, une tribu nomade s'était installée au coeur des anciennes jungles. Le chef des Zoraïs, qui portait le nom de Cho, s'était éloigné du feu de camp pour aller sous un arbre contempler le ciel nocturne, lorsqu'une présence étrange éveilla les fibres de son corps et le réchauffa au plus profond de son âme. Il ferma les yeux. Il ressentit une plénitude absolue qui apaisa sa douleur, et alors de ses yeux coulèrent les premières Larmes de Sérénité.

Il ouvrit doucement les yeux et de sa vue troublée, il vit sur un arbre la source de cette paix et de cette harmonie intérieures. Le visiteur cligna alors de ses grands yeux, puis disparut pour réapparaître à nouveau devant lui. Cho se prosterna et l'entité parla : « Kami, faim », et elle porta ses mains à sa poitrine. Comprenant d'instinct que le Kami avait faim d'amour, Cho s'agenouilla et mit également la main sur son coeur : "Oui, Cho aspire à une plus grande amitié, divin Kami, comment puis-je mériter ton amour ?"

Le Kami indiqua l'arbre sur lequel il était apparu, et Cho comprit immédiatement que le Kami se souciait de l'infection de la goo. "Je m'installerai ici, Kami, mon peuple te servira et nous purifierons la terre de ce mal qui la ronge tout comme tu as purifié mon esprit."

Cho répandit la nouvelle à ses semblables par-delà les terres afin de les réunir autour de cette expérience kami, leur permettant ainsi de ressentir cette paix et d'apaiser leurs angoisses. Le premier grand temple à la gloire de Jena et de ses Gardiens kamis fut construit à l'endroit précis de l'illumination de Cho et devint Zoran, l'ancienne capitale des Zoraïs. Et souvenons-nous des paroles de Cho : "Il est à la portée de chaque homin de ressentir les Larmes de Sérénité."
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La Fièvre de la Découverte - contée par un chroniqueur Fyros
Citation :
Nous étions alors sous l'autorité du conseil des Chroniqueurs, établit par l'Empereur Abylus l' Erudit, lorsque la guilde des mineurs investit les ruines de la plaine de Coriolis. Malgré une certaine opposition par rapport aux interdictions de la Karavane, un vote accorda aux mineurs le droit de fouiller, afin de dévoiler la vérité cachée derrière le Dragon du mythe, et les trésors ou maux secrets d'Atys que l'on pensait enfouis dans les entrailles de la terre. Le consensus était de braver la vérité plutôt que de vivre dans le mensonge, un état d'esprit typiquement Fyros. Mais le chemin vers la vérité n'est pas toujours une longue et calme traversée

Une équipe fouillait dans la région de Coriolis, encouragée par la découverte d'étranges matériaux, quand ils touchèrent une veine d'acide qui mit rapidement le feu au désert alentour. Le vent d'est quotidien poussa le feu trop rapidement pour que des renforts puissent être appelés. Le feu dévora la ville de Coriolis et se fraya un chemin comme un gingo enragé, consumant toute forme de vie. Abylus l'Erudit envoya une armée pour combattre le feu, mais le pire était à venir.

Le feu avait atteint la frontière Matis, créant un mur de feu qui empêchait l'approvisionnement en eau par les Trykers. Le roi Matis Aniro III, prenant avantage de l'écran de fumée, leva une armée et pris la route de l'eau, se tournant bientôt vers les Terres des Lacs. Mais tant que le chant durait, tant qu'un souffle occuperait nos poumons, nos coeurs devraient battre, et tant que la nuit apporterait le matin, nous devions lutter et lutter encore. Pendant des semaines le feu de Coriolis fit rage. Mais alors, la chance revint à nous et les nuages s'épaissirent et offrirent des torrents de pluie pour s'occuper du feu, comme par magie. Ne perdant pas un instant, et malgré la fatigue des troupes, Pyto le fils du vieil Empereur, mit en place une campagne héroïque pour reconquérir notre lien vital vers les Terres des Lacs.
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Le siège de Karavia, 1ère partie - contée par un Chroniqueur militaire Matis
Citation :
Karavia, la cité Matis fortifiée bâtie sur le site de la première rencontre entre Matis et gens de la Karavan, était tombée aux mains des Fyros durant le règne du roi Noblis. Située à mi-chemin sur la route de l'eau entre les Terres des Lacs et le territoire Fyros, la cité était devenue une vaste garnison, fournissant une couverture armée aux bastions Fyros du Nord et du Sud. Trois générations n'avaient pas suffit pour digérer cette lourde humiliation causée par les envahisseurs infidèles qui continuent à grandir sur la magnifique terre, notre terre.

Mais finalement, sortant des ruines de notre domination meurtrie, vint un nouvel espoir en la personne du vaillant roi-guerrier Aniro III, deuxième fils de Danido le Décrépit. Aniro mit en place une campagne, appuyée par un contingent de preux chevaliers pour reconquérir le coeur du peuple, et pour forger une nouvelle armée afin de combattre sous la même bannière, contre l'ennemi commun.

Un de ces chevaliers était Gioni di Tylini, un colosse de la garnison de Karavia, fervent croyant en Jena. Tylini se distingua dans la bataille de Thormes, où il convertit les prisonniers sauvages en sujets loyaux. Son retour à Matia, la capitale Matis de notre vieille terre, fut marqué par un spectacle grandiose, et à peine la fanfare s'arreta-t-elle que le roi le convoquait. Le temps était venu pour les éperons des chevaliers Matis de bouter les barbares impies hors de notre merveilleuse terre.

En plus, une victoire à Karavia nous ouvrirait la route vers les rivages de l'ouest, ainsi qu'un passage virtuel vers les richesses les Terres des Lacs des Trykers au sud. Cependant, les murs de la cité fortifiée étaient épais et hauts, et les occupants pourraient tenir un siège jusqu'à ce que les divisions Fyros amènent des renforts, ce qui prendrait un peu plus de 40 jours.

"Mais, mon seigneur", dit Tylini, "le temps que nous prenions nos positions, les Fyros auront sans aucun doute amené le plus gros de leur armée depuis leurs terres pour secourir Karavia. Nous serions débordés et pris entre deux armées..."

"Digne Tylini, vous m'accorderez qu'une des voie vers la victoire est la connaissance du terrain. Vous seriez le leurre destiné à amener les Fyros sur un champ de bataille de notre conception !"

"Avec tout le respect que je vous dois mon Seigneur, nous serions incapables de manoeuvrer et notre force de frappe serait réduite de moitié..."

"Croyez vous que le Roi vous conduirait à une mort certaine, Gioni di Tylini ?"

"Non, mon Seigneur !" protesta le chevalier.

"Alors écoutez moi." Le roi déroula une carte sur la longue table en bois. "Vous devrez faire le siège de la ville de Karavia. Nos informateurs nous ont rapporté qu'il y a un contingent de 5000 lances. Mais même si nous les submergeons par le nombre, rappelez vous, vous laisserez d'abord le temps s'occuper de l'esprit de l'ennemi, aucun Matis ne devra mourir inutilement, être blessé ou même fatigué par un raid inutile. Notre force de frappe dépendra de leur bonne condition et ainsi l'issue de la grande bataille. Maintenant, vous en déduisez comme Abylus que les Fyros n'auront d'autre choix que de rallier leur défense, en prenant la longue marche du sud, ou devront se résoudre à perdre leur lien vital vers l'eau des Terres des Lacs. Mais votre roi pourra se cacher dans la forêt, en retrait de la route. Nos éclaireurs pourront voir les Fyros passer." Comme le Roi montrait de son doigt ganté de cuir la route sur la carte, Tylini commença à comprendre ses projets.

"Mmm, et une fois qu'ils seront passés, votre Grandeur me fera passer le mot, les pourchassant et les amenant là où nous les attendront le mieux." Le roi lui donna une tape amicale sur le dos.

"Préparez convenablement notre champ de bataille avec nos ingénieurs, bon Tylini, et le reste devrait faire une noble lecture dans nos livres d'histoire !"
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Le siège de Karavia, 2ème partie - contée par un Chroniqueur militaire Matis
Citation :
Il y avait un obstacle majeur aux plans du Roi, la marche vers Karavia prendrait normalement deux mois, en se glissant entre les grands arbres, et en grimpant à travers la végétation dense; une marche qui ferait perdre l'avantage de la surprise. Cependant Tylini, connu pour ses inépuisables ressources, enrôla une compagnie supplémentaire de 200 artisans. Ainsi, au lieu d'aller droit vers Karavia au Nord-ouest, ils partirent pour trois jours de marche vers l'Est en compagnie du Roi, vers les grandes chutes du Ria, là où le fleuve s'élargissait. En à peine plus d'une semaine, travaillant jour et nuit, ingénieurs et artisans avaient abattu plus de 70 grands arbres Bolka et en avaient fait de fabuleux radeaux pour le transport des troupes le long du Ria. Entre les vallées de Bero et Ronda, les tribus du rivage restaient à proximité de la luxuriante forêt, admiratives et impressionnées par la flotte de 300 vaisseaux qui transportait plus de 3000 Homins, provisions, mektoubs et 150 Ragus familiers, suivant le cours du fleuve Ria vers la guerre.

L'armée arriva dans la semaine au confluent de la Darone, où ils furent forcés de débarquer à cause des rapides. A cet endroit, le Roi guida son armée vers le Nord et Tylini partit vers l'Ouest. La forêt devenait moins dense et deux jours après, l'armée de Tylini était postée à un jour de marche de la merveilleuse cité. Le voyage n'avait pas pris plus de 20 jours !

Les avant-postes et villages qui se trouvaient sur la route de l'eau partant vers le sud furent envahis et rasés par de rapides attaques nocturnes, sans qu'ils puissent donner l'alerte. Chaque ennemi fuyant vers la forêt était systématiquement traqué par les ragus et exécuté. Il était vital qu'Abylus n'ait pas d'informations sur l'étendue de l'armée qui l'attendait, car il risquait de déployer ses forces.

Avant d'arriver à la merveilleuse cité, Tylini partagea son armée en 3 divisions, chacune composée de plus de 500 Homins. Tylini fit de plus attention à ne pas montrer plus d'une partie de ses forces, juste assez pour inciter les Fyros à rester en place. Enfin, restant sur une butte où sa tente était plantée, Gioni pourrait se concentrer sur Karavia, les grandes tours en bois, les édifices complexes, et le mur vivant massif fait de racines primaires, sur lequel il avait si souvent réfléchi étant enfant. Tout était comme son grand père lui avait décrit et dessiné sur le mur de la résidence familiale. Excepté que le sol à proximité immédiate de la muraille avait été nettoyé de toute végétation, et que la route menant aux portes principales zigzaguait. Pour préserver la cité, et ainsi ne pas attirer la curiosité des Kamis, Tylini décida que les lance-flammes ne seraient pas utilisés pour l'assaut. Au moment venu, la cité serait prise par les stratagèmes et la force pure ! Les ingénieurs élaborèrent des engins de siège, et les artisans commencèrent à abattre des arbres pendant que les soldats au travail préparaient le terrain menant des murs de la cité vers le nord. Des milliers de lances furent plantées dans le sol, dans le but d'être relevées à un angle de 45° lors du passage des guerriers Fyros venant du Nord, dans leur charge.

Les Fyros assiégés étaient au départ assez confiants pour croire qu'une armée leur serait envoyée, sitôt que les administrateurs verraient que les convois d'eau avaient cessé. Mais en apercevant le champ de bataille savamment préparé, ils réalisèrent l'étendue de notre détermination. En sous estimant nos forces, ils virent bientôt que leurs raids ne s'apparentaient qu'à un suicide massif. Alors le harcèlement cessa, beaucoup de Fyros furent capturés en essayant de passer au travers de nos pièges, pour rejoindre leur patrie et les avertir de nos préparatifs. Les coupables furent invariablement renvoyés aux portes de la cité, attachés à un mektoub, avec leur tête sur les genoux !

Il est dit qu'à cette époque les Fyros, ayant été désobéissants envers la Loi, étaient dans la défaveur de la Karavan. Tylini savait donc qu'il n'y avait aucune chance de téléportation d'unités dans la cité. De plus, Jena ayant donné à tous les Homins d'Atys la liberté de pensée, ses disciples n'avaient pas le droit de s'interposer dans les affaires d'Homins.

Au cours de la deuxième semaine de siège les préparatifs du champ de bataille étaient finis, les Homins étaient de plus en plus impatients, des nouvelles de l'armée Fyros étaient attendu d'un moment à l'autre. Mais un coup du sort allait bientôt changer le cours des événements...
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Le siège de Karavia, 3ème partie - contée par un Chroniqueur militaire Matis
Citation :
Un soleil sanglant se levait, projetant une nuance rouge loin au delà de la tente de Tylini, à travers la vaste étendue d'herbe là où attendait le champ de bataille. Un raffut obscène montait de la cité, où les païens s'adonnaient à leurs festivités du solstice d'été, comme pour se moquer un peu plus de notre lointain héritage. Tylini contemplait les épais nuages à l'horizon, quand il entendit derrière lui un galopant accompagné d'un certain brouhaha. Gioni se tourna alors pour apercevoir un mektoub monté lever un instant la tête, puis céder à la fatigue et s'écrouler. Le messager, qui avait sauté de sa monture juste à temps, comme un vrai Matis sait le faire, réajusta sa tunique pourpre et verte, fit sa révérence avant d'avancer vers le chevalier, et lui tendit un rouleau dont le sceau était marqué de la fleur de Baylona, et fermé par un ruban pourpre en soie. Tylini prit le billet royal avec une certaine agitation, qui croissait à mesure qu'il en lisait le contenu. Puis il regarda les chevaliers autour de lui.

"Messieurs, pour l'amour de Jena, notre roi nous a envoyé ces mots: "

Aujourd"hui Karavia retrouvera sa dignité !
Aujourd'hui nous dégainerons nos épées;
Aujourd'hui nous marchons sur la route de la fortune !
Il montra le ciel du nord comme pour confirmer le message royal: des colonnes de fumées portées par le vent chaud de solstice d'été s'étalaient au travers du ciel de la frontière du Nord. "Le territoire Fyros brûle d'un feu de chatiment ! La providence est aujourd'hui de notre coté !" hurla Tylini.

En effet, ce qui serait plus tard connu sous le nom du grand Feu de Coriolis embrasait les territoires Fyros et avait coupé la route de l'eau, empéchant ainsi les troupes Fyros de rejoindre Karavia. La grande bataille, pour laquelle le terrain avait été préparé, viendrait plus tard. Pour l'instant, la volaille était coincée et fatiguée, il était donc temps de la rôtir !

Tylini envoya en diversion un engin de siège tôt le soir même, pour harceler les archers Fyros tandis qu'une compagnie de chevalier accompagnés de ragus dressés tentait de se rapprocher de l'endroit du mur dont le grand père de Tylini lui avait parlé, là où les racines étaient peu profondes. Les bêtes affamés creusèrent la terre peu profonde, créant ainsi une brèche sous le mur de Racines Primaires. Un ordre donné, et ils se deversèrent de l'autre coté du mur pour ravager ce qu'ils trouvaient, alors que les chevaliers se glissaient à l'interieur pour faire tomber le grand pont-levis de bois.

La corne de bataille sonna, les cloches tintèrent alors que le ciel s'assombrissait, et l'armée Matis chargea en une vague collossale, brillante et sombre, pour prendre la cité dans la tempète. Tylini guida la charge des lances, coupant et jetant pour tailler sa route bravement au travers des païens qui toute la nuit resistèrent jusqu'au dernier. Mais, avec la lumière du matin brumeux, une fois de plus les couleurs Matis flottaient hautes et fières sur la cité de Karavia.

Triomphant sur les marches du bastion, Gioni di Tylini se tourna vers le paradis pour remercier Jena, et de grosses gouttes commencèrent à tomber sur son front. Un déluge brisa alors le silence, il tourna ses mains pleines de sang vers le ciel pour les laver, et partout le sang qui souillait la ville commença à couler en petits ruisseaux. Le coeur de Tylini gonfla en prenant conscience que ces terres étaient maintenant siennes, et ses pensées se fixèrent au Sud, au delà de la route des Territoires des Lacs.
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La Compagnie de Loria, 1ère partie - contée par un Chroniqueur Tryker
Citation :
Pendant des années notre peuple a prospéré des les anciens territoires Trykoth, grace à la force de la paix conclus avec les Fyros.

L'accord de départ était de fournir les cités Fyros du Nord en eau pour leur expansion, tandis qu'ils nous protégeaient de nos voisins Matis ne cachant pas leur envie d'envahir nos terres. C'était également le temps où les Matis avaient bloqué la grande rivière Munshia, qui prend sa source dans leur territoire et traverse celui des Fyros. Ainsi, en plus de traverser une petite partie de leur territoire, nous les battions également sur le marché de l'eau, ha... Mais je persiste à croire que c'était mérité, à cause des taxes énormes qu'ils prélevaient. Les Matis n'ont vraiment aucun sens du commerce...

Plus de 10000 homins libres, Trykers et Fyros cote à cote, travaillèrent sans relache pendant quatre ans et demi afin de construire un aqueduc de 20 pieds de large à travers 500 miles d'écorce, le long de la côte Matis. 30 grands moulins répartis le long de l'aqueduc acheminaient l'eau des lacs Trykoth vers les dunes du désert Fyros au Nord. Des campements s'établirent le long de cette route, dont beaucoup devinrent par la suite des avant postes de protection ou des villes commerciales, c'était le début d'un tout nouveau mode de vie.

La route Nord-Sud ouvrit une nouvelle voie commerciale, tout y circulait, de la sève d'argentine et du lin de lune à la résine d'auberwood ou même la graisse de prakker. C'était les jours glorieux, comme grand pa' aimait le dire, paix à son âme... Oh, ce n'était sans aucun doute pas aussi joyeux tous les jours, je peux vous l'assurer. Il y avait des problèmes, venant des MAtis le plus souvent, aussi verts qu'un crapaud mariné dans la sève, se mordant les doigts d'avoir été si avares ! Mais dans l'ensemble, nous vivions une vie joyeuse; à boire et à manger, dansant et flanant, sans oublier notre charge de travail toute l'année, entretenir, réparer et transporter...

Yep, tout grandissait comme un mollusque dans sa coquille quand les Fyros - jamais contents de leur sort - fourrèrent leur nez là où ils n'auraient pas dû comme d'habitude, et déclenchèrent accidentellement un immense feu, de Coriolis à Destranon.

En fait, pour faire court, le nouveau roi Matis Aniro III, profita de l'absence des Fyros, tous occupés à combattre le feu et marcha sur la cité de Karavia, à mi-chemin de la route de l'eau, tuant tout ce qui osait bouger un sourcil ! Tous moururent, en une nuit. C'était abominable, impensable... J'ai envie de pleurer à chaque fois que j'y repense...

C'était la mauvaise période que nos pères vécurent. Ensuite, après avoir tracé sa route au travers des villages et avant-postes de la route de l'eau, le sombre Duc Gionni di Tylini envoya un ultimatum à nos portes des montagnes, nous sommant de nous rendre, sans quoi nos femmes et nos enfants seraient massacrés. Et bien, toujours prompts à s'adapter et amoureux de la vie, les chefs des tribus Trykers décidèrent qu'il valait mieux vivre, et pouvoir se battre plus tard !

Malgrè cette décision, beaucoup décidèrent de tenter leur chance dans les collines qui aboutissaient sur le mur Zoraï infranchissable. Mais une fois encerclés, ce n'était plus qu'un jeu pour les Matis, et ils firent un exemple de la plupart d'entre eux.

Nous avons été rassemblés par milliers comme du bétail, conduits vers le territoire Matis où l'on nous sépara à travers tout le territoire. Ils nous assignèrent à des travaux durs pendant plus de 50 jours et 50 nuits, avant que la réponse à nos prières n'arrive enfin, non pas du ciel mais des souterrains: Loria et sa troupe de Trykers intrépides allaient bientot changer notre vision du monde, et nous révéler des choses que nous n'avions même jamais pu réver.
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La Compagnie de Loria, 2ème partie - contée par un Chroniqueur Tryker
Citation :
Loria était fille de pêcheur, une demoiselle gracile et chaleureuse qui connaissait les souterrains mieux que quiconque qui eu jamais vécu. La légende raconte qu'une nuit, avant que les Trykers ne soient menés sous escorte hors des anciens territoires Trykoth, elle se faufila à travers la garde, délivra une bande de robustes pêcheurs et les mena en sécurité vers les collines du Sud. Mais dès les premiers rayons du soleil, dissipant le brouillard d'été, le chef Matis fut avertis de l'évasion et envoya à leur trousse une escouade de vingt puissants Mektoubiers, stimulés par la forte récompense promise pour chaque tête de fuyard ramenée avant la tombée de la nuit.

Malgré toute l'habilité des Trykers pour passer inaperçus, traversant les cours d'eau aussi souvent que possible pour brouiller leurs pas et leur odeur, les Matis furent bienôt sur leurs talons. A la fin de la matinée, à chaque fois qu'une brise se levait et soufflait vers l'intérieur des terres, les sons distincts des Mektoubs et de leur cavaliers se faisaient entendre, signifiant que les poursuivants n'étaient qu'a une petite heure de course derrière ! Loria poussa tant bien que mal sa compagnie à continuer sur leur trajectoire initiale vers le sud-est.

- "Les montagnes à l'est, le mur Zoraï devant, les Matis derrière, selon moi nous ferions mieux d'aller vers l'ouest !", dit Bodley Shaines, un vaillant gaillard que Loria connaissait depuis l'enfance.
- "Non, notre seul espoir réside là où aucun Matis n'ose poser le pied", répondit-elle, "là où la grande racine surgit du ventre d'Atys. De là-bas, nous suiverons les galleries vers l'est sous la montagne jusqu'au territoire Matis, pour libérer nos frères !"
- "Nous serions plus utiles à nos frères si nous sauvions d'abord nos propres vies !"
- "Non, Bodley", dit Bremen Layley, "Loria a raison, l'ouest est infesté de dresseurs de gingos qui chassent les fuyards."

Comme pour confirmer la déclaration de Bremen, l'écho dégoutant d'un cri s'éleva depuis l'ouest.

- "Hé bien moi, je reste avec Loria !", dit Ticker O'Flaney.
- "Moi aussi", ajouta Binney Torly.
- "Crois-moi, Bodley, encore une heure de marche et nous serons en sécurité !", insista Loria.
- "Oh, d'accord, je suppose que je ne vais pas vous laisser tout seuls maintenant. En plus, il faut quelqu'un pour te surveiller, petite princesse !"
- "Bien, maintenant gardez votre souffle pour courrir !", sans rien ajouter Loria alongea le pas et fixa son regard sur le haut plateau au loin.

Après elle venait Ticker O'Flaney, suivi de Bremen Layley, Binney Torly, Jeffy Payne et, dernier mais pas des moindres, Bodley Shaines qui fermait la marche.
Ils avancèrent rapidement, traversant les buissons denses et les arbustes de la forêt du bas plateau, suivant des arêtes herbeuses et dévallant des aspérités baignées par le soleil d'été qui réchauffait les magnifiques fleurs d'Irin et exaltait délicieusement leur parfum. Il n'est pas toujours facile de se concentrer sur la fuite lorsque l'on parcours un paysage tellement bênit par l'harmonie de la nature. A un moment, Ticker O'Flaney ne put s'empêcher de siffloter et fut sévèrement réprimandé alors qu'il reprenait le refrain de bon coeur. On ne peut pas le blâmer car tel est l'amour des Trykers pour toutes les choses libres, n'est-ce pas ?! Bodley Shaines eut même droit à une bonne engueulade pour ramassage de baies et flânerie générale.

Finalement, ils se retrouvèrent au sommet du plateau bordant l'immense fissure produite par la racine plongeant jusqu'au coeur interdit d'Atys. Tous les six restèrent émerveillés devant ce colosse serpentant jusqu'à la canopée. Dans un même mouvement, ils se tournèrent pour admirer la vue des lagons bleus miroitants au loin comme des lambeaux de soie sous le soleil de midi.

- "Regardez sur la mer, là-bas", dit Bremen Layley, "on dirait que nos vaisseaux marchands sont en route pour Karavia."
- "Peut-être que les nôtres fuient vers les territoires Fyros...", ajouta Binney, "...pour les rejoindre et combattre à leur côté contre l'envahisseur !"
- "Un triple-ban pour la liberté !", se réjouit Ticker, mais Loria calma son ardeur.
- "Regardez mieux", dit-elle solonnellement, "le drapeau royal que vous voyez n'appartient à aucune des tribus de Trykoth..."
- "Les Matis !"
- "Regardez la route de l'eau, regardez notre peuple se faisant réduire en esclavage..."

Au moment où Loria pointait le doigt vers la masse sombre représentant des milliers de prisonniers Trykers, elle entendit soudain le galop des mektoubs montant le chemin à moins de 800 mètres de l'autre côté du plateau. Les Mektoubiers devaient les avoir repérés et avaient choisit de faire le tour pour les prendre par suprise.

- "A la caverne, vite !", cria Loria.
- "L'accès est trop loin, nous n'y arriverons jamais à temps !"
- "Sur le bord de la fissure, il y a une liane que nous pouvons utiliser !", cria Loria.

Les Matis n'étaient plus qu'a quelques centaines de mètres quand les Trykers atteignirent la liane. Tous basculèrent dans le vide et glissèrent jusqu'en bas, sur l'escarpement de 15 mètres de large. Tous sauf un.

- "Dépêche-toi Bodley ! Qu'est-ce que tu fiches ?!", demanda Loria depuis le rebord de la fissure.
- "Je protège nos arrières ! Suis les autres, tu seras en bas quand j'aurais suffisemment coupé ce truc."
- "Mais Bodley..."
- "Je t'ai fais confiance, maintenant à ton tour ! Vas-y maintenant ! Ca ira pour moi tant que vous continuerez à courrir."

Bodley tailladait toujours frénétiquement la liane alors que les Matis approchaient.
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La Compagnie de Loria, 3ème partie - contée par un Chroniqueur Tryker
Citation :
Les premiers mektoubiers brandissant leurs épées n'étaient qu'à dix mètres de Bodley lorsqu'il se retourna et lança une poignée de chardons sur leur route. Les mektoubs ruèrent violemment en marchant sur ces pointes accérées et jettèrent bas leur cavalier, donnant assez de temps au hardi Tryker pour voir ses amis en sécurité sur la corniche et Loria finissant le dernier tiers de sa descente. Lui aussi passa par dessus bord et se mit à descendre frénétiquement.
Un mektoubier furieux s'apprêtait à le poursuivre mais vit alors l'état de la liane. Il se tourna vers son chef et dit :

- "Commandant, le scélérat a coupé la liane ! Elle ne supportera pas notre poid."

Le chef Matis s'approcha jusqu'au bord et sorti son épée.

- "Remontez sur vos mektoubs !", ordonna-t'il en tranchant net la liane
- "Ils se dirigent vers la caverne, nous prendrons le chemin de l'autre côté. En avant !", brailla-t'il avant de lancer sa monture au galop.

Bodley n'était à mi-chemin de sa descente quand la liane fut brutalement coupée, mais ce brillant petit gars prit appui sur le mur, s'élança vers les grandes feuilles d'un Irin en fleur et freina sa chute en glissant de feuille en feuille. Son atterrissage s'effectua "en douceur" avec une éclaboussure sonore puisqu'il termina sa chute dans un généreux tas d'excréments. Il se remit sur pied, plutôt dégouté, mais sous les rires et les acclamations maintenant que les Matis avaient été déjoués.
Le chemin descendant le long de la fissure serpentait à trois cent mètres de là, alors que les Trykers n'étaient qu'a une trentaine de mètres de l'accès vers les Racines Primaires et tous savaient que les Matis n'oseraient jamais enfreindre la Loi et s'aventurer à leur poursuite. Mais Loria, la seule qui n'arborait pas un sourire, pris la manche souillée de Bodley par le revers et renifla pensivement.

- "Un Torbak...et il n'y a pas longtemps...", murmura-t'elle avec un regard sombre vers la caverne. Au même moment, un horrible rugissement se fit entendre depuis l'intérieur.

Les Matis fonçaient à travers le plateau vers le chemin et Loria savait qu'ils seraient sur eux en moins d'une minute. Bodley tomba à genoux, autant d'épuisement que de désespoir.

- "Debout, Homin !!", cria Loria, "Nous ne sommes pas encore morts ! Debout ! Une plus grande bataille nous attends ! Avalez votre fierté et faites comme moi !"

Elle prit une large feuille sur la Racine, la plongea dans les excréments de Torbak et commença à l'étaler sur ses vêtements. Les autres l'imitèrent à contre-coeur alors que les Matis dévalaient le chemin.

- "Maintenant courage, restez calmes et ne courrez pas ! L'odeur que nous portons nous protégera."

Loria s'avança vers la caverne alors que les Matis chargeaient, épée levée et acclamant l'ordre de leur chef : - "Ramener leurs têtes !".

Ignorant les hurlements sauvages des Matis, Loria continua d'une démarche assurée vers leur dangereux refuge, sa compagnie suivant serrés les uns contre les autres, comme un seul tryker à cinq têtes et dix jambes. Les mektoubiers n'étaient qu'a quelques dizaines de mètres de leurs têtes quand ils entrèrent dans l'ombre de la caverne.
Subitement, un épouvantable ruggissement retenti et cinq énormes Torbak s'avancèrent vers eux. Même à un pas des machoires de la mort, Loria ne fléchit pas sa marche et mena sa compagnie entre les formidables créatures sans que celles-ci ne leur accordent plus qu'un simple reniflement.

Les mektoubs au gallop, eux, s'arrêtèrent net, éjectant leurs cavaliers étonnés directement vers les terrifiants prédateurs. Les Torbak utilisèrent leur corne acérée pour éventrer tous ces repas inattendus, se lançant dans une horrible boucherie meutrière.

Seuls deux matis sur toute la troupe réussirent à s'enfuir pour raconter qu'ils avaient été piégés par une sorcière, prétendant que non seulement elle avait le pouvoir d'invoquer des créatures démoniaques et de les contrôler mais qu'elle osait également briser la Loi et descendre dans les cavernes interdites du Monde d'En-Dessous !

La Compagnie de Loria ne resta pas pour assister au festin mais continua sa route vers leur héroïque destinée, à travers les Racines Primaires, sous la grande montagne, vers la bataille finale.
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La chanson du Kitin - par un troubadour Fyros
Citation :
Intro
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Ce fût lors du règne de Cerakos, celui qu'on nommait "Le Destiné",
Que se produit le plus grand des chaos de toute histoire jamais racontée.
Les feuilles étaient d'or dans d'autres contrées, le soleil couchant cessait de briller.
Quand les mains fouilleuses des fyros hardis, à force de creuser tombèrent sur un nid.

I
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Avec attention et une épée prête, le bon capitaine y passa la tête.
Ici il trouva son destin et maître, plus jamais revu il n'allait être.
Car survint alors une terrible clameur, poison annonçant la mort et la peur.
Tous les mineurs restèrent figés sur place, car du fond du nid les Kitins firent surface.

Chorus
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Les Kitins rampent, les Kitins viennent,
Malheur à celui qui reste à la traine.

Mais debout nous s'rons et nous nous batt'rons,
Jusqu'à c'que l'royaume ramène ses canons.

Plus gros ils seront, plus fort ils tomb'ront,
A les éviter, nous apprendrons.

La guerre arrive, ses joies et ses peines,
Malheur à celui qui reste à la traine.

II
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Pas une seule bête les mineurs n'épargnèrent, et vingt gisaient mortes pour venger leurs pairs.
Quand vint un vacarme annonçant leur fin, il leurs sembla voir écrit leur destin.
Mais une noble main a jetée un sort, pour loin retenir la marée de mort.
Les héros courrurent prévenir le maire, qui du haut de ses pleurs décria ces vers :

Chorus
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Les Kitins rampent, les Kitins viennent,
Malheur à celui qui reste à la traine.

Mais debout nous s'rons et nous nous batt'rons,
Jusqu'à c'que l'royaume ramène ses canons.

Plus gros ils seront, plus fort ils tomb'ront,
A les éviter, nous apprendrons.

La guerre arrive, ses joies et ses peines,
Malheur à celui qui reste à la traine.

III
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Mais une vue horrible approcha alors, fronçant les sourcils et glaçant les corps.
Un fléau terrible au pas s'avancait, en un seul rang aussi large que mauvais.
Combattre à mort dans une guerre perdue, étiole les forts et achève les recrues.
Mieux vaut-il fuir et quitter le décor, pour revenir et rattraper le score.

Chorus
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Les Kitins rampent, les Kitins viennent,
Malheur à celui qui reste à la traine.

Mais debout nous s'ront et toujours combatt'rons
Jusqu'à c'que l'royaume ramène ses canons.

Plus gros ils seront, plus fort ils tomb'ront,
A les éviter nous apprendrons.

La guerre arrive, ses joies et ses peines,
Malheur à celui qui reste à la traine.

IV
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Les légions traversèrent forêts et déserts, écumant les lacs, coupant les rivières.
Semant la mort et la destruction, dans leur sillage n'était que perdition.
Mais tant qu'un souffle brûlera nos poumons, hardis et fort nos coeurs s'enflamm'ront.
Et tant qu'a la nuit succédera le jour, de ceux à la traine nous irons au secours !

Chorus
-----------------

Les Kitins rampent, les Kitins viennent,
Malheur à celui qui reste à la traine.

Mais debout nous s'rons et nous nous batt'rons,
Jusqu'à c'que l'royaume ramène ses canons.

Plus gros ils seront, plus fort ils tomb'ront,
A les éviter nous apprendrons.

La guerre arrive, ses joies et ses peines,
Malheur à celui qui reste à la traine.
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Quand les murs s'écroulèrent - contée par une vénérable Zoraï
Citation :
Je suis née à Zoran, l'ancienne capitale de notre peuple. Je me souviens parfaitement de notre magnifique et merveilleuse cité s'étendant sur des kilomètres à travers la jungle, et aussi de ma maison, dans les vieux quartiers où s'élançait le premier temple Zoraï à la gloire des Kamis. Matins et soirs, nous étions appelés pour la prière par les carillons des grandes cloches en bois de syre dont les échos étaient puissants et tendres, touchant le plus profond de l'être. Un automne, nous étions en pleine cérémonie pour remercier de la récolte exceptionnelle lorsque les grandes cloches sonnèrent soudain, pour la dernière fois...

Mon père eut d'abord peur que les barbares du nord aient réussis, d'une manière ou d'une autre, à échapper à la vigilance de nos gardes, à trouver une faille dans le grand mur d'enceinte de notre territoire et à lancer une attaque. Il me prit dans ses bras tandis que ma mère saisissait mon petit frère encore tout bébé et s'élança vers notre maison alors que les portes de la ville se refermaient violemment. Alors qu'il s'apprêtait à nous laisser pour aller rejoindre sa guilde, j'eu un mauvais pressentiment et je ne voulait plus lâcher sa jambe. Il faillit devenir fou de colère et ma mère du me forcer à lâcher prise. Depuis la fenêtre, je le vis descendre la route vers l'entrée principale avec son couteau à la main. J'avais la détestable impression que je ne le reverrais jamais.

Au dehors, il y eut un fracas épouvantable suivit par un mouvement de foule et les gens se mirent à crier et hurler que des monstres étaient sur nous. Il y eut un autre tremblement et un nuage de poussière lorsque les tours et le mur nord s'écroulèrent.

Nous regardions la scène depuis notre terrasse supérieure et, à travers la poussière, nous vîmes les premiers Kitins géants envahissant notre cité. Ma mère m'attrapa, nous faisant descendre les escaliers, "Renverse le liquide de chasse sur toi, vite, ça cachera ton odeur !", cria t’elle alors qu'elle aspergeait mon frère et elle-même. Après avoir renverser tout un baril sur le plancher, elle souleva la trappe de la cave et nous descendirent là où mon père travaillait les peaux. Ce fût juste...

Des milliers de pas résonnèrent au premier étage donnant sur la rue. Une odeur désagréable remplit l'air alors qu'au dessus de nos têtes se firent entendre de terrifiants griffements. Ma mère mis sa main sur ma bouche pendant les première minutes pour retenir mes cris, j'étais pétrifiée. Puis les raclements se firent plus forts...

Ma mère me fit signe de rester silencieuse, et je fis de mon mieux pour retenir mes sanglots car mon père ne pouvait être que mort. Un coup sourd fit vibrer la trappe et je ne peux retenir un cri d'effroi. Ma mère remit sa main sur ma bouche alors qu'au dessus, tout mouvement cessa. Il y eut une sorte de bruit électrique et je su que le monstre cherchait à détecter les vibrations de l'air. J'aurais juré que mon cœur battait si vite et si fort que le monstre allait l'entendre !

Mais finalement le fracas se tut, les pas d'insectes quittèrent notre maison et je m'écroulait dans les bras de ma mère. Je ne sais plus combien de temps nous dormirent, peut-être quatre heures, tout ce dont je me souviens c'est que la nuit tombait dehors lorsque je me suis réveillée et mon petit frère jouais avec une mite. Ma mère se réveilla en sursaut de sa somnolence et le calma par peur des kitins alentour. Mais bien que nous ne puissions rien voir par la fenêtre à cause de la poussière et de l'obscurité, nous sentions que tous était très calme. Nous fîmes prudemment quelques pas sur le plancher grinçant de la cave vers la trappe du plafond. Alors que ma mère tournait la poignée il y eu une terrible clameur derrière la porte et ce coup-ci je ne pu retenir mes pleurs. Ma mère eu à peine le temps de nous empoigner mon frère et moi...

La porte fut violemment ouverte et une grande silhouette que je connaissais regardais vers nous : mon père ! Il nous sortit tous de là et nous serra dans ces grands bras. Ce fût alors que, regardant alentour, je vis que notre maison, la maison de nos voisin et en fait toute la ville était en ruine comme après un gigantesque raz-de-marée. Mon père avait atteint la maison d'un de ses compagnons de guilde lorsque les kitins percèrent le mur d'enceinte, il avait alors réfugié toute la famille dans la cave où ils nous attendait maintenant. Il nous conta comment il avait agit comme il préconisait souvent à ma mère de faire en cas d'attaque de bêtes sauvages quand nous vivions dans la jungle découverte. Mon père nous dit plus tard que cette méthode était la seule valable car beaucoup des nôtres avaient péris de l'autre côté de la ville où les portes ne furent pas assez larges pour laisser passer tout le monde. La plupart furent piétinés avant même que les kitins ne les atteignent. C'est pourquoi nos villages n'ont désormais plus de murs...
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Le crépuscule de la mousson, 1ère partie - Contée par une sage magicienne Fyros
Citation :
Le traité de Karavia amena la trêve dans les querelles entre peuples et bientôt les routes commerciales parcoururent leur chemin vers un nouvel age de prospérité et de compréhension. Pendant deux générations, notre Empire brilla dans toute sa splendeur, brandissant la torche de la découverte sur le sentier du savoir. En fait, savez-vous, même les étudiants Zoraï vinrent pour trouver la connaissance dans les grands halls d'apprentissage de notre capital : Fyre.

Les camps Fyros prospérèrent le long de la frontière Matis, là où la guerre jadis faisait rage. Le plus éloigné, mais non le moindre, de ces postes avancés était Colomo qui tenait son nom de l'aqueduc prenant sa source de la rivière Munshia à cet endroit. Colomo était un lieu tellement animé, avec ses incessants échanges et ses convois, ses marchands itinérants et ses artisans racontant leurs aventures les plus croustillantes contre les bêtes sauvages et toutes ses sortes de choses.

Mais comme on dit, celui qui se laisse éblouir par le mirage de la belle vie ne voit plus le mal grandissant en son sein. Et en effet, les années de dispute politique à propos de la sécurité des zones neutres entre les territoires Fyros et Matis commencèrent à fleurir leur graine, car les routes se faisaient de plus en plus dangereuse avec toutes ces tribus sans lois qui attaquaient les voyageurs pour leur prendre leurs biens et souvent aussi leur vie. Désormais, les marchands ne pouvaient plus se déplacer à leur guise, il leur fallait se plier aux horaires du convoi impérial dont les gardes pouvaient protéger les voyageurs.

Le maire de Colomo fût donc très surpris, un soir, de se voir annoncer l'arrivée d'un Matis solitaire montant un mektoub et demandant gîte, couvert et la permission de parler aux villageois. Se demandant tout d'abord comment le Matis pouvait avoir traversé seul et sans mal cette région infestée par les tribus, le maire eut sa réponse en le voyant de ses propres yeux.

Le Matis se présenta comme étant Angeli Di Fabrini et arborait la tenue simple de ceux de son rang, celle des prêcheurs novices. Il avait été envoyé en mission d'initiation pour prouver son dévouement à l'église de Jena. Le maire compris immédiatement pourquoi il n'avait pas été volé : il n'avait tout bonnement rien à se faire dérober. Rien qui puisse intéresser les yeux vigilants des éclaireurs de tribus, pas même une seule pièce pour payer sa nuit ! Le maire le laissa alors à la charge d'Abecus, le joyeux mage du village qui pourrait s'occuper de l'apprenti pour la nuit et le reconduire au plus proche camp Matis au petit matin. Ainsi le maire s'assurait que le garçon n'irait pas ennuyer la population avec ses psaumes sur Jena. Le dernier prêcheur qui était passé n'avait laissé que des querelles sur son chemin.

"Merci monsieur, je suis extrêmement honoré et accepterais volontiers votre hospitalité, mais ma mission est de parler avec votre peuple.", dit Angeli.

"Viens par-là mon garçon, nous parlerons d'abord ensemble si tu le permets.", répondit Abecus et il le mena vers sa résidence, une belle construction aux tons jaune et bleu contrastant magnifiquement avec l'ocre du désert.

"Julea, dis à ta mère de préparer la chambre d'ami, nous avons un hôte.", demanda Abecus à sa fille en entrant dans le vestibule. Julea, une jeune fille posée de quinze ans, resta un instant figée sur l'escalier menant à l'appartement. C'était la première fois qu'elle voyait un Matis en chair et en os. Il se tenait là, grand et fier, ses mains étaient fines, avec de longs doigts et des ongles impeccables. Il avait un nez aquilin, de beaux cheveux clairs qui partait en arrière malgré un accroche-cœur rebel qui tombait devant son oeil gauche. Angeli di Fabrini parlait notre langue couramment avec l'accent chantant, évoquant le vol du papillon Kineli, caractéristique de son peuple. Il s'inclina plutôt pompeusement devant elle en salutation, elle eut un sourire amusé puis se retourna et continua sa descente pour annoncer la nouvelle à sa mère.

Dans la pièce principale, décorée avec de somptueuses tapisseries représentant les histoires des temps anciens, la température demeurait constante et sèche malgré la chaleur étouffante de l'extérieur. Une odeur alléchante de potage de mektoub et de cactus épicé flottait depuis la cuisine. Abecus fît s'asseoir son invité à table avec sa femme et ses deux filles. Silva, la cadette de douze ans, et Julea. Aussitôt que chacun fût servis, le Matis s'éclaircit la voix et entonna :

"Louée sois-tu Jena, toi qui nous nourris
En chacune des miettes, nous trouvons la vie
Bénis-nous dans le travail, le repos et toutes nos activités
Jusqu'à ce que nous méritions nos places pour le jugement dernier.
"

A ceci, Abecus répondit :

"Merci ma femme pour ces beaux morceaux choisis
Montrant ton amour pour enfants et mari
Bénis soit notre amour qui siège à cette table
Et touche nos cœurs comme rien d'autre n'est capable.
"
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Le crépuscule de la mousson, 2ème partie - Contée par une sage magicienne Fyros
Citation :
La femme du mage fit un signe en rougissant et indiqua qu'ils pouvaient commencer à manger sans plus de cérémonies. Le jeune missionnaire Matis mangea de bon cœur et sans bruits. Il prit son cœur de cactus du bout des doigts, découpant de petits morceaux délicats avant de les mettre dans sa bouche, ce qui fit rire Silva. Elle fût réprimandée directement.

"Oh, je ne suis pas offensé, mais dites-moi, qu'est-ce qui vous fait rire ?", demanda Angeli.

"C'est la manière dont vous faites faire à vos doigts le travail de vos dents !", dit Julea. "Ici, on mange le cœur de cactus d'une seule bouchée, comme ça nous n'en avons pas pleins les doigts, voyez ?!"

"Mon chemin est celui de Jena. Comme moi j'observe les différentes parties du cactus pour mieux juger comment il a poussé, Jena regarde dans nos cœur et nos âmes pour examiner notre valeur."

"Hé bien ici, nous sommes habitués à goûter le cœur de cactus comme un tout, goûter seulement morceaux par morceaux ne ferait que déformer l'image globale. Dans le même esprit, un homin a beaucoup d'humeurs, n'en prendre qu'une fera de lui votre meilleur ami ou votre pire ennemi !", rétorqua Abecus d'un ton joyeux.

"Pourtant, apprécier pleinement la création de Jena nous permet de faire des offrandes pertinentes à ses disciples de la Karavan."

"Ha, Jena, Jena, une invention pure et simple !", dit Abecus en riant.

"Mais, noble mage", répondit Angelis d'un ton très sérieux, "d'où vous viens votre magie dans ce cas ?"

"Pas de l'esprit de Jena, je peux vous l'assurer! Non, il vient de la connaissance des objets, en réfléchissant sur leur nature, en apprenant comment les regardez pour qu'une science puisse être physiquement construite autour. Je suis sur qu'aucun parmi vos collègues n'a jamais vu Jena ! Et encore moins trouvé d'où elle vient."

"Jena est dans la caresse de la brise, dans le tourment des tempêtes, dans les émotions qui embrasent nos coeurs. Toutes ces choses que nous pouvons sentir mais pas voir. Seules ces sensations peuvent nous faire penser qu'il y a une vie après la mort sur Atys", répondit Angeli.

"Vous avez une bonne répartie, Angeli, mais avec tout mon respect, Jena n'a pas sa place dans cette maison ! Et quand les Matis descendront de leur petit nuage pour..."

Mais les mots d'Abecus furent soudain couverts par un grand hurlement.

"Des gingos dans les environs ?", demanda Angeli.

"Non, c'est le vent de la mousson, quand il hulule comme ça à travers la corne de tempête ça veut dire que nous sommes bons pour un coup de sale temps, ce qui veut dire que vous devrez rester ici jusqu'à ce que ça passe. Ca ne vous fera pas de mal d'apprendre nos coutumes. Maintenant excusez-moi, je dois aller prévenir les gens de garder leurs mektoubs à l'intérieur cette nuit, avant que Jena, déguisée en tempête, vienne les emporter !! Mais restez ici, jeune ami, je ne devrais pas être long, Julea vous fera la conversation. Qu'elle prenne ma place, ça lui donnera l'occasion de rafraîchir sa mémoire sur nos propres connaissances."

Ce fût sous le regard vigilant de la maîtresse de maison qu'Abecus laissa les jeunes novices. Et ils parlèrent jusque tard dans la nuit, mettant à l'épreuve le raisonnement de l'autre, piochant dans la culture de chacun.

"Est-ce que c'est vrai que les Matis interdisent à leur classes inférieures d'apprendre à lire et écrire pour plus facilement leur imposer vos lois ?", demanda Julea.

"Ce sont les lois de Jena, mais la réponse est oui, il faut d'abord acquérir l'entraînement suffisant pour affronter les doutes de ce monde. La connaissance inutile est un danger pour le simple homin ne menant qu'au tourment et à la misère puis finalement à la perdition dans la gueule du dragon.", répondit Angeli.

"Donc vous préconisez l'ignorance béate !", railla gentiment Julea.

"Hé bien, vu de cette façon, je suppose que oui..."

"Et l'égalité, je suppose que la loi de Jena n'en parle pas..."

"Si, elle en parle, mais c'est à chacun de l'apprendre ! Une place près de Jena doit être gagnée, être méritée, sinon il suffirait de se contenter d'une vie comme simple vendeur de tapis !"

"Au moins, tu n'évites pas mes questions comme les autres de ta race, Angelis, et même si je ne peux pas adhérer à tes idées, l'honnêteté de ta foi me met du baume au coeur.", avoua Julea.

"Et moi, Julea, bien que je ne la partage pas, je m'incline devant ta sagesse.", fût la réponse d'Angeli.

Ainsi était le ton de leur conversation et malgré les divergences d'opinion, chacun fournit à l'autre de quoi approfondir ses connaissances. Pendant trois jours, la mousson d'automne cingla le delta du désert où la vie fît rapidement son retour dans toute sa splendeur. Mais la pluie diminua bientôt et le Matis du rejoindre le convois impérial pour reprendre son voyage.

A la veille du départ d'Angeli, ayant épuisé leur sujets de discussions, les jeunes homins restèrent assis silencieusement sur une dune, regardant le delta maintenant florissant du désert. Le magnifique couché de soleil de mousson dardait ses rayons autour d'eux dans le silence, le silence nuancé de l'amitié, une amitié mutuelle dont les pensées n'ont besoin d'aucun mots...
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Le crépuscule de la mousson, 3ème partie - Contée par une sage magicienne Fyros
Citation :
A ce moment là, je vous l'assure, Julea aurait suivi Angeli di Fabrini n'importe où, que ce soit vers Jena ou vers le Dragon, l'important était de partager son voyage...Alors, au delà de tous ses espoirs, le jeune Matis tourna la tête vers elle, les yeux brillants...

"Julea", dit-il doucement, brisant enfin le silence, "Je crois que mes sentiments pour Jena ne sont pas ceux de l'amour, car c'est toi qui me les a appris. Je suis prêt à renier ma religion si seulement tu..."

"Chhhut", répondit Julea en levant la main. Avec un sourire, elle essuya la larme qui coulait sur la joue d'Angeli, puis elle repoussa sa mêche sur son front. Leurs bras s'enlacèrent, leurs lèvres se touchèrent, la chaleur du jour rayonnait encore de leurs corps, les gardant de la caresse froide du vent.

"Je dois parler à ton père", dit finalement Angeli.

"Angeli, attends. Les conséquences seraient trop grandes pour être prises à la légère, laissons la nuit nous porter conseil et appaiser nos coeurs. Alors nous verrons, mon amour."

Le sommeil de Julea fut agité, plein de rèves dans lesquels leurs deux peuples les rejetaient, elle et Angeli. Elle vit Jena, ignorant leur amour, les condamner à errer en peine jusqu'au territoire souterrain du Dragon. Malgré cela, elle se réveilla au petit jour encore plus déterminée à suivre le chemin qu'elle avoit choisit. Mais avec l'aube vint un autre cauchemard, un cauchemard vivant qui changerait la face du monde.

La grande cloche du village sonnait, donnant l'alerte d'un danger imminent. Des Yber voyageurs avaient été envoyés à travers tout le désert pour apporter la nouvelle qu'une terrible horde de monstres avançait, ruinant tout sur son passage. L'empereur convoquait tout les homins valides a rejoindre les armées impériales pour contrer les légions de Kitins alors qu'enfants et invalides étaient évacués vers le nord pour rejoindre la cité de Piros, au cas où les tribus rebelles voudraient profiter de l'abscence des gardes pour attaquer. Il fût indiqué à Angeli qu'il ferait mieux de rejoindre sa terre natale, il n'y avait que peu de chance que les tribus l'ennuient désormais. Elles avaient reçue la nouvelle et leur yeux seraient occupés ailleurs.

Dans la foulée, les deux novices purent seulement échanger un court moment pour s'embrasser et se donner mutuellement une mêche de cheveux qu'ils placèrent dans des médaillons. Angeli promit qu'il serait de retour dès que la menace serait passé. Mais hélas, si Julea avait sût alors ce qu'elle sait maintenant, elle ne l'aurait jamais laisser prendre cette route maudite, où les Kitins passeraient quelques heures plus tard, rasant toutes traces de civilisation sur leur chemin...

Julea ? Elle survécut, oui, pour une autre mousson, pour un autre destin...
Oui, jeune homin, tu devines juste, c'est en effet une mêche de cheveux clair que j'ai à l'intérieur de mon médaillon...
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Mon Ange-Gardien de la Karavan - contée par une vénérable dame Matis.
Citation :
Aimes les Gardiens de la Karavan comme des frères, jeune homin, et alors toi aussi tu seras reconnaissant de leur générosité. En effet, si je suis encore vivante aujourd’hui, c’est grâce à un puissant Gardien qui nous a prit, moi et ma famille, sous son aile, même si elle était blessée. Je n’étais qu’une petite fille et mon père était avec les autres hommes dans la bataille pour récupérer nos terres de l’ouest lorsqu’une armée de Kitins venant du nord annonça la destruction de l’hominité.

Ma grand-mère, ma mère, ma grande sœur, nos servantes et moi-même avions évacués la cité seulement quelques heures avant, n’emmenant avec nous qu’un seul mektoub et une réserve de provisions pour une semaine. Notre périple vers l’est dura des jours et des jours avant que se dressent devant nous les grandes chutes de Ria, là où ma grand-mère savait que nous pourrions trouver refuge dans les cavernes. Nous étions en train de récolter les champignons de la saison entre les feuilles mortes lorsque tous les animaux alentours firent un vacarme assourdissant, puis tout devint silencieux, comme avant une tempête…

Vint alors à mes oreilles le fracas épouvantable de millions de pieds depuis la vallée en dessous. Une terrible vague d’insectes gigantesques déferlait rapidement, dévastant et aplatissant la magnifique flore et piétinant sous ses pattes les animaux plus lents. Ma grand-mère nous réunit alors tous ensemble pour traverser l’eau froide de la rivière assez loin de la chute puis plusieurs fois encore afin d’éliminer toutes nos traces olfactives. Finalement, elle nous fit passer derrière la chute d’eau battante.

Depuis notre cachette, entre les filets d’eau, nous pouvions voir les Kitins traverser notre camp, ravager tous nos équipements et détruire nos provisions chèrement acquises. Mais à notre grand soulagement, les légions continuèrent leur marche par derrière les collines vers le sud. Nous sommes restés derrière le rideau froid mais protecteur de la chute toute la nuit, serrés les uns contre les autres pour rester au chaud. Le matin suivant, les Kitins avaient disparus. En retournant au camp, nous avons trouvé une zone complètement dévastée là où les Kitins étaient passés. Il n’y avait pas un bruit, pas le moindre oiseau, tous les animaux, effrayés, s’étaient enfuis depuis longtemps.

Notre nature forte et noble ne nous permettait pas de nous apitoyer sur notre sort, nous étions toujours vivants et il fallait récupérer ce qui pouvait l’être dans les décombres de notre camp, même si nous étions épuisés. Mais le destin frappa une troisième fois…trois énormes éclaireurs Kitins apparurent soudain de plusieurs directions pour nous encercler alors que nous faisions retraite vers la caverne la plus proche. J’étais pétrifiée, une de ces créatures maléfiques s’approcha et essaya de me mordre mais ma grand-mère me tira en arrière juste à temps et me cria de rejoindre les autres…Depuis la caverne, ma mère nous dit de prier pour l’âme de notre grand-mère et pour notre salut lorsqu’un autre son, plus familier, se fit entendre et je su que nos prières étaient exaucées.
Un vaisseau de la Karavan descendait vers nous et fit office de bouclier contre les Kitins qui cherchaient à nous atteindre. Le véhicule envoya une énorme décharge électrique sur les Kitins alors qu’ils essayaient de le renverser. Un Gardien de la Karavane, blessé au bras, sauta du vaisseau et tira directement dans les yeux des créatures momentanément étourdies.

Le Gardien nous donna des dappers frais pour nous requinquer et nous fit signe de le suivre dans son vaisseau avant que les forces principales des Kitins ne soient sur nos talons. Mais le vaisseau était endommagé lui-aussi et refusait de reprendre l’air…Cependant, je me souviens encore de la magie de ce véhicule, les lumières froides clignotantes et le vrombissement lourd venant de son cœur.

Notre voyage s’effectua donc à pieds, sous la pluie battante et glaciale. Pendant deux jours, notre gardien nous mena vers l’est, chassant ce dont nous avions besoin, nous protégeant des animaux sauvages et guérissant nos blessures silencieusement, enveloppé de sa force tranquille. Tous les matins, nous prions Jena de nous aider pour le jour à venir. Enfin, une semaine après avoir quitté notre cité bien aimée, une vaste plaine s’offrit à nous et, au loin, nous pouvions voir l’éclat miroitant d’une arche multicolore.

Mon Gardien me descendit de ses épaules jusqu’au sol et parla pour la première fois d’une voix profonde mais tendre : "Voilà, vous êtes en sécurité maintenant", dit-il, "Traversez l’arc-en-ciel, je resterais là jusqu’à ce que vous soyez tous passés." En rassemblant tout mon courage, je lui demandais s’il venait avec nous.

Il me dit qu’il y avait encore beaucoup d’autres enfants d’Atys qui devaient être sauvés, que sa mission ne faisait que commencer. Je ne pu résister et me jetais dans ses bras, enroulant les miens autour de son cou, car il m’avait porté malgré sa blessure quand mes faibles jambes avaient échoué. Il me déposa au sol et me donna une petite poussée pour que je suive les autres, rassurée par son aura bienfaisante. En arrivant à l’arc-en-ciel, un regard en arrière me montra qu’il était toujours là, comme il l’avait dit, et, comme pour nous forcer à passer à travers l’arc-en-ciel, il fit un petit signe de la main qu’il transforma ensuite en salut, j’en suis sure.

Je suis la dernière survivante de cette expédition qui remonte à presque trois générations et tous les jours je remercie Jena pour mes enfants, et pour les enfants de mes enfants, et pour nous avoir envoyé notre formidable Ange-Gardien.
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Mabreka, partie 1 - conté par un vénérable sage Zoraï
Citation :
Après la destruction des arcs-en-ciel pendant la guerre contre les Kitins, ma famille et moi-même avons du survivre comme nous pouvions en compagnie d'une douzaine de survivants de notre village.
Je me souviens encore du noeud d'angoise qui serrait constamment mon estomac, l'anxiété, l'insécurité...

Nous avons erré d'un abri à l'autre, dormant dans les arbres chaque fois que l'odeur de Kitins était encore tenace dans les environs.
Nous avons endurés cette existence précaire pendant quatre années entières lorsqu'un jour mon père apprit par un Kami qu'une route pouvait nous conduire vers les territoires lointains où les arcs-en-ciel avaient menés nos frères.

"Nous devons partir avant les grandes chaleurs de l'été", pria ma mère en joignant ses mains lorsque mon père annonca la nouvelle à tout le groupe.
"Mais il y a un souci : la route est dans les terres du nord."
"Alors nous ne pouvons partir.", déclara Si Li-Ching, le vieux chef spirituel du village.
"Mais pourquoi ?", implora ma mère. La déception qui s'entendait dans sa réplique me déchirait le coeur.
"Parce que nous serions obligés de traverser les territoires Matis et Fyros."
"L'ancien a raison, Lian, nous devrions non seulement éviter les Kitins mais également les lames des barbares. Il sait, il a vu les guerres entre ces peuples, leur soif de sang n'a pas de limite..."
"Cela fait désormais de nombreuses saisons que l'implacable force des Kamis et de la Karavan fait plier la résitance des Kitins, mais comme l'arbre fier par grand vent, il faudra du temps avant qu'elle ne soit complétement brisée, il faudra du temps avant que ces terres ne soient de nouveau nôtres pour êtres reconstruites."
"Mais quand, vénérable ?! Combien de temps devrons-nous encore supporter ça ?!", gémit ma mère avant de se tourner vers mon père, la main sur son ventre gonflé. Je n'avais jamais vu un tel feu dans ses yeux : la passion désespérée d'une mère pour la vie de son enfant.
"Non", dit-elle, "ce pourrait-être notre dernière chance de recommencer, nous devont partir Leng ! Regarde-nous, nous devenons un peu plus sauvages chaque jour, plus rien n'est propre ici désormais ! Je pars, et je pars maintenant Leng !"

Ma mère tourna les talons, traversa notre camp de fortune comme une tornade, récupérant ce dont elle avait besoin ici et là puis quitta le camp en portant ma petite soeur.
Je m'étais tourné en hésitant vers mon père que j'aimais tendrement, mais quel fils pourrait laisser sa mère partir seule en pleine jungle ? Je l'ai donc rejoint rapidement malgré les appels de mon père.
A mon grand soulagement, nous n'avions pas fait 500 mètres lorsqu'il nous rattrapa. Il essaya de raisonner ma mère mais ses yeux étaient fixés droit devant elle et elle marchait du même pas buté qu'un madakam.

"Lian, écoute moi !"
"Non Leng, je ne resterais pas plus lontemps sur ces terres !"
"Attends Lian, arrête-toi une seconde !" Mon père la prit par le bras puis posa ses larges mains sur ses épaules. Elle le regardait fixement et ses yeux montraient toute sa détermination.
"J'ai décidé Leng, je veux vivre sous un toit, je veux que mes enfants aient une éducation correcte, un futur où ils..."
"Lian, ma chérie, tu ne vas pas dans la bonne direction, le nord est de l'autre côté ! Et la nuit va bientôt tomber, il vaut mieux partir au matin..."

Ma mère, comprenant toute la portée de ces paroles, enroula ses bras autour du cou de mon père et posa doucement la tête sur son torse.
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Mabreka, partie 2 - conté par un vénérable sage Zoraï
Citation :
Le matin suivant, les larmes accompagnèrent notre départ. Larmes de tristesse pour la vie que nous laissions derrières nous, larmes de joie pour celle qui nous attendait devant. Nous partions seuls, ma famille et moi, car les autres du villages n’étaient pas convaincus et préféraient rester sur leur terre natale.

Un peu avant le départ, mon père m’avait prit à part :

- "Mon fils", avait-il commencé gravement, "tous les homins sont égaux face à l’adversité. Il te faudra être brave et apprendre à devenir aussi doué que tes aînés." Il me donna alors une dague que je passais dans ma ceinture, telle une épée.
- "Je voudrais que tu protèges ta mère et tes sœurs à tout moment. Je vais être très occupé à trouver la nourriture et les ressources dont nous avons besoin et à mener les mektoubs à travers les territoires barbares jusqu’à la grande route."

Une saison entière nous fût nécessaire pour atteindre cette route. Toute une palette de nouvelles couleurs inédites dansaient devant nos yeux et d’étranges cris et caquètements venaient jusqu’à nos oreilles alors que nous traversions la forêt luxuriante, généreuse en fruits et autres baies sauvages. Mon père fournissait la venaison grâce à sa magie, plusieurs espèces ressemblaient d’ailleurs étrangement à celles que nous trouvions dans la jungle, ne se différenciant que par la couleur.

Le désert fait partie de mes souvenirs les plus éprouvants car la terre, si riche jusque là, se faisait chiche dans ses offrandes. Comble de notre épreuve, le Kami avait indiqué à mon père que nous rencontrerions une ‘ligne d’eau’ qui nous mènerait par l’ouest jusqu’à la grande route, mais lorsque les étoiles nous annoncèrent que nous étions arrivés au point prévu, seul le lit asséché d’une rivière nous accueillit. N’ayons d’autres solutions, nous avons suivit le canal désormais stérile.
Mon père n’aimait pas voyager ainsi en terrain découvert, surtout depuis que les mektoubs étaient devenus curieusement agités comme s’ils sentaient quelque chose qui nous suivait par delà les collines. Craignant que nous ne soyons traqués par quelques créatures sauvages ou par des barbares, il passa de nombreuses nuits sans sommeil à monter la garde. Un matin, les mektoubs étaient particulièrement nerveux. Mes sœurs furent installées sur les bêtes pour que nous puissions accélérer le pas avant que la chaleur n’épuise notre énergie.

- "La rivière doit refaire surface quelques part plus loin", dit mon père, "le Kami n’a pas pu se tromper. En fait, je peux presque la sentir dans l’air."

Nous avons parcouru tant bien que mal de nombreux kilomètres sur la terre sèche et douce en suçant des morceaux de corail pour tromper notre soif et en fredonnant des chansons pour oublier les insectes bourdonnants et nos pieds douloureux. Ma mère était la plus à plaindre.

Je me souviens avoir remarqué que ses pieds avaient enflé après tant de marche sur le sol dur et craquelé. Elle ne se plaignait jamais même si je savais qu’elle souffrait et cela ne ferait aucun bien au bébé dans son ventre. Nous avions fait halte dans l’ombre d’un badoa pour échapper au soleil torride et attendre qu’il se couche. Ignorant les appels de mon père, j’en profitais pour grimper en haut d’une colline à la recherche de feuilles de takoda aux vertus curatives.
Arrivé au sommet, mon regard tomba sur les ruines d’un village abandonné. La dague prête pour parer à toutes éventualités, je descendit précautionneusement la colline jusqu’aux logements délabrés les plus proches. Il n’y avait pas âme qui vive, seulement le bruit du vent jouant avec les restes de portes grinçantes. Pour ce que j’ai pu en voir, il devait s’agir d’un quelconque poste avancé et je venais de trouver la salle de garde.
Sous une pile de débris, j’aperçus la pointe d’une botte qui dépassait. En déplaçant les débris, la seconde apparut : exactement ce qu’il fallait pour ma mère !
Je tirais de toutes mes forces sur les deux bottes jusqu’à ce qu’elles me restent dans les mains, révélant les pieds osseux d’un squelette appartenant sans aucun doute à un garde, enterré là sous ce qui devait être jadis le toit. Avec un glapissement, je serais les bottes sous mon bras avant de déguerpir aussi vite que mes jambes me le permettaient.

Ma peur et ma peine furent largement récompensées par le bonheur de ma mère car, bien que peu féminines, les bottes lui allaient parfaitement et je m’étais bien garder de lui dire à qui elles avaient appartenus ! Je me souviens de sa réaction enfantine quand elle avait reçu les bottes, tapant dans ses mains joyeusement. Je fût soudain frappé par le fait que, sous les apparences de son attitude maternelle, résidait toujours la petite fille qu’elle avait été à mon age.
J’étais rempli de fierté en pensant qu’elle savait maintenant pouvoir compter sur moi. Et à l’age de sept ans et demi, presque huit, je me sentais aussi grand que mon père.

Après avoir parlé à mon père des ruines de l’avant-poste, il m’ébouriffa affectueusement les cheveux :

- "Viens, brave petit frippo", dit-il, "J’ai le sentiment que tes ruines nous réserves d’autres surprises. Là où il y a une installation d’homins, il y a une source d’eau !"

Nous avons tous gravis la colline jusqu’au point le plus haut, et là, de l’autre côté du village en ruine, à moins de cinquante pas de la rivière asséchée que nous avions suivie, s’écoulait lentement un magnifique ruban d’eau scintillante allant de l’est à l’ouest, aussi loin que le regard puisse porter. Il s’averra en fait qu’il s’agissait d’un canal étroit, large de cinq pas environ, qui ne pouvait être qu’une œuvre faite par la main de l’homin.

- "Ca ne peut être que la ‘ligne d’eau’ dont parlait le Kami !", s’exclama mon père. "Quand je pense que nous en étions si près. Voilà pourquoi les mektoubs étaient aussi agités, ils l’avaient senti depuis le début !"

Mais notre surprise fût plus grande encore lorsque nous vîmes, à l’horizon, le nuage gris de la poussière soulevée par des centaines de bottes. Apparemment, une impressionnante horde de barbares se dirigeaient aussi vers la grande route.

- "Il n’y a pas à s’inquiéter", déclara mon père, "Ils sont au moins à une demi-journée de marche devant nous et ils vont dans la même direction, vers l’ouest. Nous pourrons suivre la rivière sans risque tant que nous garderons nos distances."

Nous avons donc suivi le canal, qui nous assurait poissons et rafraîchissement, pratiquement jusqu'à la grande route. Nous n’avions plus besoin de chercher un camp pour la nuit, il nous suffisait de les suivre dans leur voyage. Leur présence devant nous devint même rassurante, le trajet ne représentait plus un chemin à travers l’inconnu puisque nous pouvions voir de nos propres yeux d’autres homins passer avant nous. Ils étaient peut-être barbares, mais ils n’en restaient pas moins homins.
D’ailleurs, depuis nos premières découvertes dans les ruines du poste avancé, nous n’avions cessé de nous émerveiller devant leur ingéniosité et leurs manières d’homins du désert. Un soir, en nous installant pour la nuit, ma mère découvrit un ingénieux instrument qui permettait de peler les cactus pour en faire des fruits succulents. Les barbares devaient l’avoir oublié derrière eux.

La joie et le soulagement remplirent nos cœurs lorsque, comme l’avait promis le Kami, se dressa enfin devant nous le premier panneau indicateur vers les nouveaux territoires. Chaque panneau par la suite nous redonna confiance en nous rappelant que notre épreuve ne serait pas vaine, aussi longtemps que nous continuerions de persévérer. Nous savions aussi qu’il nous faudrait encore de nombreuses saisons avant d’atteindre notre but et que les douleurs et les peines nous attendaient probablement déjà sur le chemin. Je me rappelle bien d’un incident en particulier qui nous a donné une autre vision de l’hominité…
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Mabreka, partie 3 - Conté par un vénérable sage Zoraï
Citation :

Notre voyage se poursuivait depuis quelques temps sur un terrain accidenté suivant le bord d'un canyon lorsque la route se sépara en deux. D'où nous étions, nous pouvions voir que l'un des chemins descendait dans le canyon puis remontait de l'autre côté. Le second chemin coupait directement par un pont de bois enjambant le ravin. Nous manquions cruellement d'eau, l'air était étouffant et nous étions épuisé. De l'autre côté du pont, la piste devenait beaucoup plus facile, la végétation semblait verdoyante et une cascade brillait dans le soleil implacable.
Mais ce fût autre chose qui décida réellement mon père à prendre le plus court chemin. Sur la piste qui menait au fond du ravin, des barbares à dos de mektoub venaient de surgir de derrière une colline. Brandissant leurs épées, ils chargèrent vers nous.

- "Nous avons au moins une demi-heure devant nous", dit mon père, "en nous dépêchant, nous avons le temps de traverser le pont. Une fois de l'autre côté, nous couperons les cordages, c'est notre seule chance !"

Commença alors une course effrénée contre les barbares à nos trousses. Ceux-ci gagnaient rapidement du terrain et je ne m'expliquais pas leur fougue et leur détermination à nous rattraper. Mais je n'avais guère le temps d'y penser à ce moment là, toute mon énergie était fixée sur ma course et sur cette horrible impression qu'elle serait vaine. Le pont était encore loin et le galop des mektoubs résonnait de plus en plus fort dans ma tête.

- "Ne regarde pas derrière, cours vers le pont !", m'ordonna mon père.

Alors que nous redoublions nos efforts, mon regard se porta malgré moi sur nos arrières et je vis distinctement les trois cavaliers, brandissant leurs épées en rugissant, à moins de quatre cent mètres. Le pont n'était plus qu'à une centaine de pas lorsque nos mektoub furent pris de panique et commencèrent à ruer en tout sens. Mon père eu juste le temps d'attraper mes soeurs avant que nos montures ne s'enfuient. Nous n'avions pas le temps de nous étonner, le pont salvateur était tout proche…Il ne restait qu'une poignée de pas à franchir lorsque la réaction des mektoubs s'expliqua clairement : dans une alcôve des murs du canyon, sortant de l'ombre, deux gigantesques Kirostas, des guerriers kitins, nous attendaient…

Ils s'approchèrent rapidement en faisant claquer leurs énormes pinces. Mon père se tint seul devant eux, essayant de les retenir avec sa magie alors que nous courions jusqu'au pont. Mais ce qui avait parut un solide passage au loin n'était plus en fait qu'un assemblage de corde usées et de planches vermoulues. Plusieurs manquaient d'ailleurs et le pont était infranchissable.

Je voyais mon père faiblir de plus en plus devant moi, ses sorts ne portaient plus et sa lame ralentissait, les Kirostas seraient bientôt sur nous.
Je m'étais attendu à ce que les barbares s'arrêtent en voyant les deux créatures mais au contraire ils poussèrent leur bête dans un galop effréné. Je me plaçait devant ma mère et mes soeurs, la dague prête au combat, lorsque soudain des flèches, des lances et de la magie qui m'étaient inconnues passèrent en trombe au dessus de nos têtes et frappèrent les Kirostas de plein fouet. Les cavaliers nous dépassèrent et sautèrent de leur selle pour se battrent côte à côte avec mon père. Ils achevèrent les deux monstres en perçant leur carapace avec leurs armes mortelles.

Un grand barbare Matis s'approcha alors de mon père. Vidé de toute énergie, il était tombé à genoux de fatigue lorsque le dernier Kirosta avait rendu l'âme. Le guerrier Matis, dont le nom était Matini, le prit par les épaules et le remis sur ses pieds.

- "Homin", dit-il, "je n'avais encore jamais vu un tel déploiement de magie !"

- "Jamais de ma vie je n'avais vu un homin retenir seul deux guerriers kitins !", dit Kalus, le Fyros.

- "J'ai bien cru que nous n'arriverions jamais à vous rejoindre à temps.", dit Bremmen, le Tryker.

Bien que les mots nous furent incompréhensibles, leur sens était évident. Il était tout aussi évident que mon père était extrêmement émus par leur fraternité.

- "Nous suivons votre progression depuis votre arrivée à la rivière des ruines de Pekith. Lorsque nous avons vus que vous alliez emprunter la mauvaise route, nous avons essayer de vous avertir du piège des kitins. Après cela, il ne nous restait plus qu'à nous précipiter jusqu'ici."

- "Homins...frères. Maintenant je comprend. Comment puis-je vous prouver ma gratitude ?", gesticula mon père en portant sa main droite sur son coeur.

- "En voyageant avec nous jusqu'aux nouveaux territoires ! Nous avons plus de chance d'y arriver ensemble que séparément.", dit le Matis.

- "Venez. Nous devons partir avant que d'autres soldat kitins ne fasse leur apparition. Le coin en est infesté depuis qu'ils sont sortis par le tunnel vers les primes racines. Nous n'en sommes pas très loin et il vaut mieux rester prudent."

- "Le plus gros de notre compagnie est en marche devant nous, nous pourrons vous fournir eau et nourriture.", assura Kalus.

- "A propose, j'espère que vous avez aimé l'épluche cactus, madame !", dit Bremmen avec un clin d'oeil à ma mère. "Ma femme a pensé qu'il pourrait vous être utile."

Nos mektoubs furent récupérés pour mes soeurs et ma mère. "Venez, il y a de la place pour deux.", dit Matini à mon père. Ma plus jeune soeur pris place devant le Fyros et j'eu pour ma part le grand plaisir de voyager avec Bremmen, le plus courageux et le plus enjoué des homins qui eu jamais existé.

Mon petit frère naquis pendant le voyage, parmi la multitude d'homins de toute race. En honneur à l'union de nos peuples, mon père le nomma Matini Bremmen Kalus Cheng-Ho. Mais pour faire plus court, nous l'appelons Mabreka.
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