En ce val obscur, oublié des dieux,
Sous ce couvert d'arbres tordus que peu percent les cieux
En cette sauvage forêt, contre ce froid tronc;
je gis là, appuyé.
Mortellement touché, lentement, la vie me quitte, ce trait en mon flanc fiché.
Animé de colère, non contre mon meurtrier, mais contre moi...
Que m'a t-il pris de m'aventurer seul, ici bas?
désir d'explorer de nouvelles terres, du gain, l'appât?
quête d'aventure, de reconnaissance et d'exploits, et vois!
Je me meurs seul, délaissé, loin de tout et de tous, sous le regard de l'invisible archer.
Le voici qui sort de sa retraite, s'approche pour achever sa proie, en ennemi juré.
mais non… S'agenouillant face à moi, une expression étrange sur le visage,
point de haine, point de rictus narquois, pas non plus de remords, simplement le trait solennel, grave.
Il sait que la faucheuse sera ma dernière visiteuse, et qu'elle viendra un jour pour lui aussi.
Aucun de nous ne parle, les yeux dans les yeux, nul besoin de mots.
tant de frères avons-nous vu mourir, toutes ces guerres, tous ces maux,
pour une seule et même conclusion....
Encore un moment, et mes pupilles se voileront...à jamais.
Etrangement… je lui suis reconnaissant d'être là…
l'angoisse de partir seul ne m'étreins pas...
sa présence à mes coté me rassure...
il m'accompagne jusqu'à ma dernière demeure.
Lentement ma tête s'incline...et glisse sur le coté...
ma raison s'envole... je cherche son regard, mais déjà ma vue se trouble...
sa silhouette se lève... et s'incline dans un salut martial, me faisant l'adieu de cette terre.
Le froid me gagne...
le dernier point de lumière s'estompe...
Dernière modification par algweln ; 31/03/2015 à 05h51.
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