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En complément de l'info D'Aloisius:
"La canicule pourrait avoir fait plus de 10.000 morts: la polémique relancée
PARIS, 20 août (AFP) - La crise sanitaire prend des allures de catastrophe, avec plus de 10.000 morts liés à la canicule en 3 semaines, selon une nouvelle projection des Pompes funèbres générales, qui risque d'accentuer encore la polémique sur l'attitude des autorités sanitaires et du gouvernement.
Dès ces chiffres rendus publics, le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a appelé à "la prudence" quant aux "estimations et projections diverses" sur le nombre de victimes de la canicule, rappelant avoir demandé au ministre de la Santé Jean-François Mattei de "désigner des personnalités compétentes et indépendantes" pour "faire une estimation rigoureuse du nombre de décès".
Une heure plus tard, deux experts de l'Inserm ont en effet été mandatés, et devront rendre leurs premières conclusions "dans un délai d'un mois". De plus, le ministère a rappelé que "seule une étude scientifique" menée actuellement par l'InVS "permettra d'avoir des données fiables".
Alors que la polémique sur l'action du gouvernement dans la gestion de cette crise ne s'est pas éteinte, avec la démission lundi du directeur général de la Santé Lucien Abenhaïm, le président Jacques Chirac a demandé à chaque ministre concerné de faire "un point très exhaustif" sur les conséquences de la canicule lors du Conseil des ministres de rentrée.
Selon une projection des Pompes funèbres générales (PFG), qui représentent 25% du marché funéraire, la surmortalité enregistrée durant la canicule des trois premières semaines d'août serait de 10.400 décès, dont 3.000 pour la seule région parisienne.
Ces chiffres représentent plus du double de ceux avancés jusqu'à présent par M. Mattei, qui avait jugé "plausible" lundi l'"hypothèse" de 5.000 décès.
La révision en nette hausse du nombre possible de victimes de la canicule est corroborée par plusieurs autres sources.
La mairie de Paris a répertorié 1.474 décès déclarés aux services de l'Etat-civil des mairies d'arrondissement du 1er au 18 août, soit 2,3 fois les chiffres de la même période l'an dernier."
Source: AFP
Qu'on ne vienne plus dire que ces morts sont juste des personnes qui allaient mourir d'ici quelques jours... plus de 10 000 morts en France contre moins d'une centaine au Portugal, les traditions familiales sont une explication largement insufisante à ce niveau (la canicule a fait sur trois semaines plus de morts que le 11 septembre 2001...)
Quant à la responsabilité du gouvernement:
"Le cabinet Mattei avait bien été alerté
LUNDI 11 AOUT. De son lieu de vacances, Jean-François Mattei se contente d'annoncer la mise en place d'un numéro vert. (DOCUMENT TF 1.)
JEAN-FRANÇOIS MATTEI a-t-il réellement été tenu dans l'ignorance de la crise liée à la canicule par la Direction générale de la santé (DGS) ? Etait-il le cas échéant le seul ministre au courant de la gravité de la situation ? Une enquête exclusive de notre journal s'appuyant sur deux e-mail confidentiels que nous avons pu consulter, échangés entre les différents acteurs de la crise, permet de se poser des questions.
La version de Mattei : « Je n'ai pas reçu de signaux d'alerte. »
Le ministre de la Santé a affirmé avant-hier sur RTL : « Nous n'avons pas eu les informations que nous aurions dû avoir ». Mattei a critiqué l'action de la Direction générale de la santé, et de l'Institut de veille sanitaire et accepté la démission de Lucien Abenhaïm, directeur de la DGS, qui, selon lui, ne lui ont pas « adressé de signaux d'alerte ». Pourtant, ce lundi 11 août, la confusion semble totale. Pour le ministre, il y a d'un côté « un message qui me disait, provenant de la Direction générale de la santé, que la situation était maîtrisée, et de l'autre, j'avais des lignes directes aux urgences des hôpitaux et la directrice générale de l'Assistance publique qui me disaient que la situation était vraiment intenable dans les urgences ». Les critiques du ministre vis-à-vis de la DGS s'appuient sur un mail reçu ce lundi matin 11 août dans sa maison du Var à 10 h 1, écrit par Yves Coquin, chef de service à la DGS, mail « rerouté » par son cabinet au ministère, à Paris. Ce mail, que notre journal a pu consulter, est plutôt rassurant. Il indique que la DGS a reçu de nombreux appels de Ddass mentionnant un grand nombre de décès par déshydratation dans les maisons de retraite et dans les hôpitaux, mais que « la situation est aujourd'hui maîtrisée ». Yves Coquin est l'homme qui tient les « clés de la boutique » de la DGS ce week-end, pendant les congés du directeur Lucien Abenhaïm. Sur la base de ces éléments, dans l'après-midi, Jean-François Mattei accorde une interview au « Parisien » et à « Aujourd'hui en France », où il affirme seulement qu'il est « mobilisable dans l'instant ». Il affiche la même décontraction le soir au journal de 20 heures de TF 1, en polo devant ses arbres, n'annonçant que la mise en place d'un numéro vert...
En fait, son cabinet était au courant.
Selon nos informations, le cabinet du ministre était alerté ce même lundi de la situation. En effet, pendant toute la journée de ce 11 août, Yves Coquin rencontre à plusieurs reprises la directrice adjointe de cabinet du ministre de la Santé, Anne Bolot-Gittler, pour faire le point sur l'ampleur de la crise. Dans l'après-midi, d'autres informations inquiétantes tombent chez Yves Coquin, évoquant une situation catastrophique dans les morgues. La décision est prise alors avec le cabinet de rédiger un communiqué d'alerte sur ce qui se passe dans les funérariums. Le titre étant : « Saturation dans les chambres mortuaires en Ile-de-France », explique au « Parisien » et à « Aujourd'hui en France » Yves Coquin. Le contenu est tout aussi alarmant que le titre. « Plusieurs facteurs concourent actuellement à la saturation des chambres funéraires ou mortuaires en Ile-de-France : augmentation des décès de la canicule, recours plus fréquent aux chambres funéraires en raison des fortes chaleurs qui rendent difficiles la conservation des corps à domicile, réduction des effectifs des personnels en période de vacances. » Pour des raisons techniques, il faut l'accord du ministère de l'Intérieur (en charge des chambres funéraires). C'est d'ailleurs Eric Freysselinard, directeur adjoint du cabinet de Patrick Devedjian, ministre délégué aux Libertés locales auprès du ministère de l'Intérieur, qui a suivi ce dossier. Selon nos informations, cette alerte rédigée par Yves Coquin avec le cabinet Mattei, confirmée par un e-mail, sera envoyée à 19 h 36 le lundi 11 août à l'attention d'Anne Bolot-Gittler. Pourtant, le ministre, quelques minutes plus tard sur TF 1, ne fait absolument pas mention de cet engorgement de cadavres. Que s'est-il passé entre son cabinet et sa maison de Hyères ? Hier soir, les membres du cabinet n'étaient pas joignables pour répondre à nos questions. Toujours est-il que Jean-François Mattei a choisi de communiquer sur un ton rassurant, en tenue décontractée, polo noir à manches courtes. Le communiqué ne sera diffusé que deux jours plus tard à la presse.
Un climat exécrable au ministère.
« Je suis écoeuré par qui se passe », lance Yves Coquin. Depuis que Jean-François Mattei a publiquement « flingué » son administration, ce qui ne s'était jamais fait sous les autres ministres, même pendant d'autres crises sanitaires, la situation est explosive dans les couloirs de l'avenue de Ségur. La démission du professeur Abenhaïm, qui a fait bloc avec ses subordonnés, a été longuement commentée par les fonctionnaires du ministère. Pour beaucoup, l'opération du « fusible Abenhaïm » devait venir de plus haut. Directement de Matignon."
Source: le Parisien
Enfin un rappel de la crise selon les faits connus:
"PARIS, 19 août (AFP) - Le développement de la crise sanitaire qui a fait quelque 5.000 morts en France en raison de la canicule suscite de nombreuses interrogations:
Quand l'alerte sanitaire a-t-elle été donnée?
La canicule commence le 2 août.
Dès le 5, l'AP-HP enregistre un nombre de décès légèrement supérieur à la moyenne de 2002. Les services de secours notent une forte augmentation des interventions liées à la chaleur.
Selon le directeur de l'institut national de veille sanitaire, toutefois, "aucun signalement d'alerte n'est parvenu (à l'Invs) jusqu'au 6 août, ni de l'AP-HP, ni des pompiers".
Le 8 août, la direction générale de la santé (DGS) évoque de possibles "répercussions graves pour la santé" et donne des conseils de prévention.
Le 10, un responsable de la DGS avoue au Parisien craindre "sans doute plusieurs centaines de décès". Le même jour, l'urgentiste Patrice Pelloux parle d'"hécatombe" chez les personnes âgées et d'une cinquantaine de morts en quatre jours en Ile de France.
Quand a-t-on constaté une surmortalité liée à la canicule?
L'augmentation des décès est perceptible dès le 5 dans les hôpitaux franciliens. De 75 à 80 morts (contre 40 en moyenne en 2002), les 5 et 6, on passe à 120-130 du 7 au 10, avant de monter brutalement jusqu'à 250 le 12 août. A partir du 13 (170 morts) la mortalité redescend fortement.
Le 11 août, les Pompes funèbres générales enregistrent une hausse de 20% des décès. Le 13, elles font état d'une hausse de la mortalité de 37% en France et de 49% en Ile-de-France du 4 au 10 août.
Quand les premières mesures ont-elles été prises dans les hôpitaux?
Le 8 août, l'AP-HP met en place un plan d'urgence tenant compte des "conditions climatiques exceptionnelles" en augmentant la capacité en lits d'hospitalisation et les moyens en personnel. Ce plan est renforcé le 11 pour les 110 hôpitaux franciliens. Certains syndicats hospitaliers dénoncent l'insuffisance des mesures, parlant "d'affichage".
Le 13 au soir, M. Raffarin demande aux préfets d'Ile-de-France d'activer le "plan blanc" afin de "mobiliser tous les moyens hospitaliers disponibles". Le 14, les préfets des autres départements sont incités à déclencher ce plan blanc. Très peu le font.
Pourquoi y-a-t-il eu engorgement aux urgences?
Les hôpitaux sont confrontés depuis des années à des fermetures de lits dits "d'aval", destinés à accueillir le patient après son passage aux urgences, et à une pénurie de personnel, liée notamment aux difficultés de recrutement, mais aussi à des créations de poste en nombre inférieur à ceux permettant de compenser intégralement la réduction du temps de travail.
"En été, le personnel travaille plus que jamais à flux tendus" et "quand on rencontre une crise majeure comme celle-ci, on n'est pas en mesure de faire face", selon la Coordination médicale hospitalière.
La chaleur exceptionnelle peut-elle, seule, expliquer le phénomène?
Selon M. Abenhaïm, ex-directeur général de la Santé, la crise s'explique par le caractère exceptionnel, dans son intensité et sa durée, de la canicule, et notamment par des températures nocturnes supérieures à 25,5°, qui a multiplié par 10 ou 20 le nombre du décès.
Les précédents de 1976 et de 1983 (quelque 3.000 morts dans les deux cas) en France ont montré que la canicule tue. A Chicago, en 1995, environ 600 personnes avaient succombé à la canicule en quelques jours.
A contrario, l'exemple de Marseille dont 500 habitants étaient morts en 1983 de la canicule, prouve qu'une campagne de prévention systématique peut réduire la surmortalité estivale: elle a été divisée par deux et demi depuis 1984 et les hôpitaux affirment que la situation a été "quasi-normale" cet été.
L'organisation de la prise en charge des personnes âgées en France a-t-elle contribué à accentuer le phénomène?
La plupart des victimes de la canicule sont des personnes âgées, déjà fragilisées par l'âge ou la maladie. Selon des professionnels, la crise a mis en évidence les carences du système de prise en charge de ces personnes, "trop d'entre elles restant isolées et en dehors de tous les systèmes".
Les structures d'accueil (maisons de retraite et services de soins de longue durée des hôpitaux), qui accueillent moins de 10% des plus de 75 ans, sont confrontrés à un manque de moyens et de personnel. Quant à l'aide à domicile, elle accuse un retard sur la plupart des autres pays européens.
Pourquoi une telle difficulté à disposer d'un bilan crédible?
Il n'y a pas en France d'organisme capable de centraliser rapidement le nombre de victimes dans une crise de cette nature. Les sources sont donc multiples: préfectures, services de secours, hôpitaux, pompes funèbres.
Actuellement, deux enquêtes sont en cours: celles de l'Invs, concernant les décès à l'hôpital, celle du secrétariat d'Etat aux personnes âgées sur les morts dans les 10.000 maisons de retraite. Le ministère de l'Intérieur rassemble de son côté les données des préfectures.
La communication gouvernementale a-t-elle minimisé la crise?
Le 11 août, le ministère de la Santé nie tout "engorgement massif des urgences" parlant de "difficultés comparables aux années antérieures". Le soir, M. Mattei annonce la mise en place d'un numéro Vert pour donner les "mesures de prévention" contre la canicule.
Ce n'est que le 13 qu'il reconnaît "qu'il y a plus de morts que la normale", mais que "le système de santé s'est mobilisé" et a pu "faire face".
Le ton change brusquement dans la soirée avec l'annonce par M. Raffarin du déclenchement du plan blanc en Ile de France. Le lendemain, M. Mattei évoque une "véritable épidémie" de décès, soulignant que "les chiffres seront très importants". La DGS annonce que les décès pourraient concerner jusqu'à 3.000 personnes. M. Mattei parle de 1.500 à 3.000.
Le 17 août, le ministre évoque à nouveau une fourchette comparable (entre 1.600 et 3.000) et n'a "pas connaissance" du chiffre de 5.000 victimes avancé par la presse. Il affirme que toute mise en cause de la DGS serait "prématurée".
Le lendemain, il juge "plausible" l'hypothèse de 5.000 morts et met en cause l'action de la DGS."
Voila désolé pour les grosses citations mais vu l'incrédulité de certains j'ai pensé qu'un gros complément d'information s'imposait.
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