[Economie] Le rôle de l'Etat dans l'économie et l'état du tissu productif français

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Rien, on va encore dire que je tape sur les Grandes Ecoles

Quand l'entre-soi des anciens de X, ENA, Mines, HEC, ESSEC, etc., aura fini de se nommer entre eux, peut-être que nous aurons enfin des capitaines économiques et d'industrie performants, qui comprendront l'intérêt d'investir dans les PME innovantes plutôt que de chercher à mieux se couvrir quand il y a une vague de suicides dans leur entreprise - plutôt que d'avoir des badges "1 millions d'emplois" alors qu'ils ne viennent en permanence que pleurer dans les jupes de l'Etat pour obtenir les subventions destinées à pallier leur incompétence.

Pourtant, les réussites d'entrepreneurs innovants existent en France : Niel, Altrad, Boudjellal, Granjon, mais ils sont bien peu nombreux par rapport au poids soit du capitalisme familial (Peugeot & co.) soit des héritiers du Commissariat au Plan. Cette collusion/connivence totale entre les hautes sphères de l'Etat et celles des grandes entreprises, où on entre dans le cabinet de tel ministre, pour ensuite devenir le DG de telle boîte, est l'une des deux principales failles de l'économie française, depuis que Mendès-France puis Pompidou ont décidé de mettre les destinées de la France dans les mains des énarques et leurs minions.

La seconde faille, c'est l'immense problème du syndicalisme en France. Terriblement faible, qui préfère se battre pour des causes nationales politiques (loi El Khomri, etc.) plutôt que d'essayer de structurer ses représentations dans l'entreprise. La priorité devrait être l'inverse. D'autant plus que, sur le terrain, comme au plus haut niveau de l'Etat, les collusions multiples entre permanents syndicaux et directions ne sont plus à démontrer, hélas .
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Publié par Silgar
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Plein

- Déjà, la période est à cheval entre la fin de l'ère Internet et le début de l'ère startup. Ce qui peut avoir un effet notable sur le nombre de défaillances. D'ailleurs, un premier angle d'analyse serait de regarder l'âge moyen des entreprises défaillantes ou un rapport entreprises défaillantes / entreprises créées... Depuis l'auto entrepreneur, on crée beaucoup plus d'entreprises, ceci peut expliquer qu'il en tombe en plus grand nombre. De plus, si les startups sont inclues dans ce calcul, il est d'usage que 2 startups sur 10 survivent à leur première année. Dans ce monde là, c'est vécu comme valorisant de brûler les ponts si la boite ne décolle pas assez vite. Va chercher sur Medium le nombre de post mortem de fin de projets startups, c'est la course à l'échalote chez les entrepreneurs en herbe

- Ensuite, en France on a un peu un phénomène de bac à sable... On (l'Etat, les grands groupes, la BPI... Le "système" pour schématiser) aime le startups lorsqu'elles présentent des trucs shiny paillettes au CES ou gagnent des concours d'innovation. Par contre, dès que les innovations viennent troubler les prévisions de croissance des big boys ou d'une corporation en place, là ça ne va plus du tout. On aime la disruption quand on peut la rentrer dans un business plan (j'ai entendu cette phrase en réunion alors que je buvais un café... Je me suis rarement étouffé avec autant d'emphase )... Tout ça pour dire que trouver une petite subvention pour créer une PME un peu innovante c'est du domaine du possible (par contre faut pas essayer avec les banques qui elles ont mieux à faire qu'aider des entreprises ... ...), par contre trouver les capitaux pour générer une traction internationale c'est à peu près aussi courant que voir une licorne arrêtée à un feu rouge (pun intended !). Raison pour laquelle les Captain Train, Criteo, et autres Blablacar se financent et finissent par se faire racheter à l'international. Est-ce que c'est une fatalité ? Pas du tout. On a une position centrale en Europe, des compétences qui valent celles des meilleurs bassins d'emploi du monde, des relais internationaux solides et (pour le moment) une monnaie inattaquable. Par contre sans volonté politique d'au moins claquer le bec aux grands groupes et aux banques pour faire de la place aux jeunes, l'hémorragie va continuer. Et là ça rejoint le point sur la collusion entre les dirigeants étatiques & de grands groupes, qui n'est pas propre à la France, mais particulièrement cultivé chez nous...

- Le sentiment à l'heure actuelle dans le petit monde des startups est un peu d'attentisme doublé d'un peu de fatalisme : la Silicon Valley va tomber. Si ce n'est pas sous les coups de boutoir de ses propres incohérences, ça sera la main de Trump qui la foutra par terre, Londres ne sait plus sur quel pied danser et on se retrouve à voir monter des destinations de création de startups à Auckland ou au Cap (!). Paris est pour l'instant suspendue aux résultats de la présidentielle puisque plusieurs candidats ont ouvertement déclaré que les startups pouvaient aller se faire mettre (ce qu'elles feront volontiers direction Berlin ou Stockholm)
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Publié par Kaleos - Jack
Raison pour laquelle les Captain Train, Criteo, et autres Blablacar se financent et finissent par se faire racheter à l'international
Criteo et Blablacar se sont pas fait racheter si ?

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Publié par Meine
Non pas spécialement, la France est un pays attractif fiscalement, la législation du pays est à la fois légère et stable. Franchement, je comprends pas comment c'est possible.
Y a aussi le fait que les grosses boites fr ne rachètent pas ou n'investissent pas dans les start-up françaises à tour de bras comme peuvent le faire certaines sociétés étrangères, même si j'ai l'impression que depuis un ou deux ans, ça tend à changer.

Ca me fait penser au PdG d'Aldebaran, la société du Robot NAO sur lequel tous les responsables politiques se touillotaient parce que cocorico la france prem's en robotique, qui a essayé de trouver des investisseurs français en vain et qui a finit par se faire racheter par le Japonais Softbank, sans que ça émeuve plus que ça les politiques (alors que bon, imo, à long terme c'est potentiellement plus grave que la perte des Hauts fourneaux de Florange ou bien le rachat d'Alstom...)
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Publié par Doudou
Criteo et Blablacar se sont pas fait racheter si ?
Non, mais ils sont allés se financer à l'étranger parce que l'un comme l'autre n'ont pas trouvé les montants dont ils avaient besoin ici, ce qui revient un peu au même, ils passent en partie sous contrôle étranger

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Publié par Doudou
Y a aussi le fait que les grosses boites fr ne rachètent pas ou n'investissent pas dans les start-up françaises à tour de bras comme peuvent le faire certaines sociétés étrangères, même si j'ai l'impression que depuis un ou deux ans, ça tend à changer.
Et c'est pas forcément une bonne chose. J'ai eu un client qui a développé un produit en mode startup dans un gros acteur de l'énergie du CAC40 et qui au bout de 3 ans de boulot et d'une présentation réussie au CES s'est entendu dire "on verra si on l'inclut dans notre plan d'innovation à 5 ans..."

Voilà voilà, la disruption ok. Mais seulement si ça ne change rien aux prévisions de croissance...

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Publié par Mangemouton
Ça c'est un truc que je comprend pas, c'est pas comme si on manquait de détenteur du capital ou que c'était des boîtes bâtit sur des modèles économiques bancales (genre Uber), en tout cas pour les deux dernières, connaissant moins Captain train.
On a les sous, mais pas la culture. Les investissements ici c'est l'immobilier ou les actions de grands groupes établis.
Le tissu productif selon moi c'est 70% de toutes petites entreprises, les bouchers les boulangers les kebabs les restaus les bars etc etc, des commerces que tu trouvais un peu partout, et pour tous ces commerces je trouve que les 4 critères ne sont pas suffisants.

Ces commerces ferment dans bon nombre de villes, avec des centres villes de plus en plus morts. Dans les quartiers annexes c'est souvent déjà mort, à part peut être les boulangers.

Le coût du travail est un facteur réel qui plombe les sociétés mais je pense que c'est annexe, c'est surtout que les rentrées d'argent ne sont pas assez importantes en regard. Les gens consomment moins, partout, et dans beaucoup d'endroits tellement moins et principalement dans les grosses chaines / supermarchés que les suppressions de petits commerces se sont accélérées (ce mouvement date déjà). En revanche le coût du travail est un facteur aggravant du chômage.
Ca reste quand même important, puisqu'un petit patron par ex avec 4 employés dont la marge se réduit va se séparer d'un, mais va devoir le remplacer sur ses heures. Jusqu'à un moment ou il travaille tellement pour trop peu qu'il va vendre (s'il peut) et jeter l'éponge. Quand tu gagnes moins que tes employés et que ce que tu verses à l'l'urssaf pour eux ça met un peu la rage.

De même l'informatique a rendu obsolètes tout un tas de petits métiers, ou est en train de le faire, métiers qui ne seront pas remplacés.

Pour tous ces commerces là malheureusement à part une hausse du pouvoir d'achat globale de la population et une hausse de la démographie à périmètre égal, je vois pas trop de solutions.

Ensuite il y'a les entreprises de fabrications de biens exportables, ou de services exportables (et importables). Pour celles-ci la situation est différente avec plus de leviers actionnables. Mais la consommation interne reste également un gros pb ainsi que le manque de compétitivité pour les entreprises d'équipement française : on investit déjà relativement peu, mais en plus il y a de moins en moins d'entreprises fr à en bénéficier.

Voilà juste quelques idées en vrac sur le sujet. C'est un sujet peut être trop vaste.
Citation :
Publié par Henri Deveau
Pour tous ces commerces là malheureusement à part une hausse du pouvoir d'achat globale de la population et une hausse de la démographie à périmètre égal, je vois pas trop de solutions.
T'as quand même le levier de la réglementation en matière d'urbanisme commercial qui peut être actionné pour protéger les petits commerces en centre-ville.
Citation :
Publié par Meine
Ah c'est exact et absolument pas lié à notre avantageuse fiscalité ou notre législation arrangeante.
Bein, y a pas que ça, y a aussi pas mal de freins culturel de la part des grosses boites, la fiscalité et la législation, c'est surtout un frein pour les particuliers qui veulent investir plus que pour les grosses sociétés genre du CAC40.
Citation :
Publié par Balal
T'as quand même le levier de la réglementation en matière d'urbanisme commercial qui peut être actionné pour protéger les petits commerces en centre-ville.
Oui c'est vrai il y a quelques actions possibles mais ça reste "défensif", ça ralentit le mouvement mais ça augmente difficilement les rentrées (c'est pas impossible ceci dit par exemple certaines villes avec des programmes culturels / sociaux bien pensés arrivent à des retombées économiques importantes mais c'est assez isolé et pas reproductible à large échelle). Pour moi c'est surtout ça le gros pb, la consommation en berne, et le fait que les gens se serrent de plus en plus la ceinture : ils consomment moins et vont au moins cher, ça réduit forcément les marges. La poursuite du low cost engendre peu de gagnants et beaucoup de perdants au niveau entreprises.

Le problème c'est qu'on est déjà bien avancé dans le processus de destruction et qu'il s'auto-alimente, pour pouvoir l'inverser il faudrait pouvoir recréer de A à Z certaines filières et les protéger par des barrières commerciales : c'est politiquement le chiffon rouge. Mais on constate que les USA et les brits sont bien partis pour, du moins leur population est assez sensible à ça. Mais je pense que ça prendrait 20 ans avec une volonté politique forte et des plans à long terme, on en est loin.

Dernière modification par Compte #117140 ; 27/02/2017 à 18h49.
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Publié par Meine
Ca doit être culturel alors, les mecs refusent juste obstinément de faire de l'argent avec de gros multiplicateurs. Sont cons comme même.
Bah ouais, ça fait parti des raisons, au même titre que la fiscalité et la législation, d'ailleurs ces deux derniers points sont plus gênants pour les créateurs d'entreprises que pour les boites du CAC qui veulent les racheter, car celles-ci ont le service juridique qui va bien pour encaisser ça.
Après tu peux abuser de l'ironie autant que tu veux, ça te donnera pas plus raison.

Citation :
Publié par Meine
Ah voilà, ils ont peur de gagner de l'argent.
Non, ils ont peur d'en perdre. Investir dans une entreprise, c'est plus risqué que d'acheter des bureaux, dingue non ?
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Citation :
Publié par Doudou
Bah ouais, ça fait parti des raisons, au même titre que la fiscalité et la législation, d'ailleurs ces deux derniers points sont plus gênants pour les créateurs d'entreprises que pour les boites du CAC qui veulent les racheter, car celles-ci ont le service juridique qui va bien pour encaisser ça.
Un service juridique te permet d'identifier le risque, mais pas nécessairement de le juguler. Il est parfois impossible de savoir quel sens donner précisément à une notion juridique (un mot ou une phrase par exemple) et il est parfois impossible de savoir comment les faits s'articulent avec les notions juridiques.

Exemple 1 : Un licenciement doit avoir une "cause réelle et sérieuse". La notion est éminemment subjective, ce que recouvre la "cause réelle et sérieuse" dépend en grande partie du point de vue de chacun. La Chambre Sociale de la Cour de Cassation continue, 44 ans après la loi ayant créé cette terminologie juridique, à définir ce que recouvre et ne recouvre pas la "cause réelle et sérieuse". Ainsi sur les 21 arrêts rendus le 30 juin 2016 par la Chambre Sociale de la Cour de Cassation, 10 portaient sur la notion de "causes réelles et sérieuses", et sur ces 10 arrêts, 7 ont donné lieu à une cassation de la décision attaquée ! Sur ce type de contentieux, même le meilleur service juridique ne pourra jamais empêcher totalement la concrétisation du risque juridique.

Exemple 2 : L'abus de droit fiscal est la situation dans laquelle se place un contribuable qui poursuit des motivations exclusivement fiscale dans sa quête de minorer l'impôt. La jurisprudence (celle du juge judiciaire, celle du juge administratif et celle du comité de l'abus de droit) sur ce sujet est proprement illisible, tant et si bien que même les spécialistes du sujet ne savent pas quel est le périmètre exact de l'interdit. La notion est tellement floue que le législateur a mis en place une procédure de rescrit pour protéger le contribuable... mais avec un délai de six mois pour obtenir une réponse, cette mesure est inappropriée à la vie des affaires.
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Citation :
Publié par Meine
Ca m'a pris trois ou quatre posts comme même. Silgar illustre, même partiellement, assez bien le problème : les mecs sont pas trouillards parce qu'ils sont trouillards ou par je ne sais quel biais culturel, c'est crétin comme raisonnement. C'est le contexte fiscal et législatif qui les rend frileux et il est relatif : investir en France dans une boite c'est plus risqué qu'ailleurs, et si jamais tu prends ce risque tu te fais tondre plus qu'ailleurs.
Forcément quand tu développes un peu plus qu'une monophrase à l'ironie foireuse, ça devient plus compréhensible.
Mais le fait que cette crainte culturelle du risque provienne du contexte fiscal et législatif ne la rend pas moins inexistante, donc cherche pas, j'ai raison.

Citation :
Publié par Mangemouton
Je suis ptet pas malin mais je vois pas le rapport entre les licenciements, l'optimisation et l'investissement dans les starts-up.

Pour donner une idée, le tour de table dont avait besoin blablacar, c'est équivalent à ce que gagne Liliane Bétencourt en patrimoine en deux jours.
Y a pas de rapport entre licenciement et investissement dans les nouvelles boites, en revanche, je dirais que ça influe sur le chômage car le manque d'investissement fait que la création d'emplois ne compensent pas les licenciements.
Pour en revenir aux commerces de proximité, dans beaucoup de villes moyennes les pas de portes, droits au bail sont passés en une décennie de 50/300k à Rien.

D’ailleurs on les entends pas se plaindre en comparaison d'autres profession qui ont vu la valeur de leur fond diminué (je pense aux taxis)
Citation :
Publié par I Juls I
D’ailleurs on les entends pas se plaindre en comparaison d'autres profession qui ont vu la valeur de leur fond diminué (je pense aux taxis)
Le fond créé artificiellement par chantage corporatiste il y a 30 ans ? Ce fond là ?
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