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Histoires de Camelot

Par Pluie le 28/10/2002 à 23:08:34 (#2428276)

Petites histoires croisées, pour le plaisir. Bonne lecture :)

Sous un ciel gris menaçant, un cavalier approche au petit trot de Camelot. La lumière du jour se fane, voilée par de sombres nuages, et le son encore lointain du tonnerre résonne aux oreilles du voyageur. Le vent agite déjà les branches des arbres, siffle entre les feuilles, et quelques brins de paille provenant des toits de Costwald annoncent au cavalier qu'il approche de la capitale d'Albion. C'est aussi fourbu que sa monture que l'étranger met pied-à-terre. Il se dirige vers l'entrée principale de Camelot, serre sa cape autour de son cou afin d'affronter les courants d'air glacial, résidants permanents des couloirs sombres menant au centre de la cité du Roy.

Les premières à souhaiter la bienvenue au cavalier sont les gouttes de pluie, formant de larges auréoles humides sur ses épaules. Le tonnerre gronde, de plus en plus proche, le vent soulève dès à présent les tuiles de quelques maisonnées en piètre état, des volets claquent, des seaux de bois roulent sur les pavés des rues. Les gens courent en tout sens, rameutant enfants, chiens, mari, les invectivant de rentrer au plus vite.

Se tournant alors vers la place du marché, le cavalier se dirige lentement vers les vendeurs encore présents. Il achète à la va vite un petit pain sec trop cher, et prend la direction de la Guilde des Ombres.

Les éclairs viennent à présent zébrer le ciel noir et opaque, illuminant la ville d'une lueur bleue surnaturelle. Quelques fervents croyants se ruent vers l'Eglise afin de prier pour que cet orage cesse de les tourmenter. Les mendiants tentent vainement de trouver un refuge sous les porches, afin d’échapper un tant soit peu à cet orage qui s’annonce violent.

Franchissant à son aise le seuil de la Guilde des Ombres, le cavalier échappe de justesse à la première pluie. De grosses gouttes viennent frapper les toits, et bientôt le vacarme de l'averse orageuse emplit les oreilles des habitants de Camelot.

Le voyageur s'assied tranquillement à une table, mâchant son petit pain rassit avec délectation. Le silence règne dans la salle bien que 4 autres personnes s'y trouvent. Savourant encore un peu le calme du lieu, le cavalier se relève, et prend les escaliers menant aux dortoirs, souriant au passage à un jeune garçon d'écurie au visage rayonnant, qui vient de faire une commission qui lui a rapporté 5 pièces d'or...

********************

… « 5 pièces d'or!! De quoi faire un bon gueuleton! » Le garçonnet rit, fait sauter les précieuses pièces dans sa bourse. Perdu dans ses rêves de cochon grillé, de pommes de terre brûlantes, de pain frais et de lait onctueux, il sort sous la pluie battante. Il ne lui faut que 3 pas au dehors pour être aussi trempé qu'après un plongeon dans les rivières en été. Essuyant la pluie qui lui coule des cils du revers de sa pauvre toge miteuse, il court en direction de l'auberge la plus proche.

Tel un chien mouillé, il entre dans la taverne à l'atmosphère chaude, étouffante. Les cris des buveurs invétérés, la musique aiguë du ménestrel, les rires des filles de joie couvrent le bruit assourdissant de la pluie battant les toits.

Le petit garçon se fraye un chemin difficile vers le tavernier. Se hisse sur un tabouret, et interpelle le maître des lieux. Il lui commande une assiette garnie de viandes et de féculent, suintante de graisse.

Innocent, il ouvrant sa bourse aux yeux de tous, fier de son trésor. Tend une pièce au tavernier, plein d'orgueil et tout sourire. Les bras chargés de pain, de son assiette géante et d'une choppe remplie de lait de chèvre, il s'installe face au feu de cheminée et mange.

Tout occupé à se bourrer la panse, l'enfant ne sent pas la pointe de la dague rouillée coupant tant bien que mal le cordon de sa bourse. Le trésor du gamin disparaît alors dans la main noire de crasse d'un petit voleur minable, qui s'esquive tel un serpent hors de la taverne...

********************

… affichant un sourire laissant apparaître quelques chicots jaunâtres, le voleur disparaît derrière un mur, dans une ruelle sombre et étroite. Serrant à son tour la bourse dans sa pogne, il se dirige, courbé, vers les bas-fonds de la ville.

L'averse avait maintenant laissé la place à une pluie drue et froide. Le tonnerre résonnait encore au loin, mais le plus gros de l'orage était passé sans trop de dommages.

Faisant fi des flaques d'eau dans lesquelles quelques chiens faméliques venaient s'abreuver, le voleur marche en direction de son repère, cachant la bourse de cuir dans la doublure de son pourpoint puant. Il entre alors dans une masure a un étage, des fissures ornent tous les murs, la graisse a imbibé la chaux, et la puanteur du lieu en ferait fuir plus d'un.

Crachant au sol en passant devant une catin exhibant ses chairs, il monte l'escalier dont plusieurs marches sont manquantes, pénètre dans une chambre exiguë et s'assied sur un matelas usé jusqu'à la corde. Tournant le dos à l'entrée, il ouvre la bourse et dépose les pièces sur sa couche. La lueur de l'unique bougie se reflète sur les 4 pièces d'or, renvoyant à leur tour un reflet doré sur le visage pouilleux du voleur. Ses yeux reflètent tour à tour joie, vice, cupidité. De ses doigts squelettiques, il joue avec les pièces, les soupèse, fait miroiter le métal précieux devant ses yeux.

Tout à sa contemplation, il n'entend même pas les cris qui s'élèvent du rez-de-chaussée, les pas lourds dans les escaliers, le cliquettement des armures, les lames tranchant les corps et les râles des mourants.

Il ne se retourne que pour voir la Mort en face, sous l'apparence d'un garde, dans une armure rutilante, l'épée déjà plantée dans son cœur de voleur pitoyable et pathétique....

********************

… le garde repousse le corps d'un coup de pied. Encore un voleur de moins se dit-il. Essuyant sa lame sur le corps sans vie du gueux, il sort retrouver ses compagnons, non sans avoir empocher les 4 pièces d’or, tachées de sang.

Ce soir là, ils avaient décidé de faire main basse dans le quartier cancéreux de Camelot. L’insécurité de la ville nuisait grandement au commerce, et les coffres du Roy avaient bien besoin d’être à nouveau rempli.

Sortant du repère des crapules, le garde et sa compagnie continuèrent de faire le « nettoyage » du quartier, tuant et arrêtant nombres de voleurs sans le sous, brutalisant les catins trop vieilles pour encore offrir leur corps, et chassant ces enfants maigres et sales de leur chemin.

Aucune pitié ne se lit dans le regard de ce garde, persuadé qu’il agit pour le bien du royaume. Il est jeune encore, trop jeune pour se battre, trop jeune pour comprendre. La nuit tombée, il lui arrive encore de pleurer comme un enfant, serrant contre lui la cape que sa mère lui a confectionner.

Tout en se dirigeant vers leur caserne, il discute de sa dernière conquête avec un de ses compagnons d’armes. Une jeune magicienne à qui il compte offrir un ruban de velours avec sa solde. Rentré dans ses quartiers, il entreprend de laver son équipement. Il astique, polit et lubrifie les jointures de sa lourde armure, enlevant le sang qui y a laissé les marques de la mort.

Il ressort, frais comme un gardon.

La pluie a enfin cessé de tomber, pour laisser la place à un air frais et vivifiant. Les toits laissent encore tomber de lourdes gouttes d’eau, certaines rues sont devenues des petits bassins d’orage impraticables, les gens ressortent le bout de leur nez avant de reprendre leurs activités de la soirée, de sortir se sustenter ou rejoindre des amis pour le plaisir.

Le vent souffle encore, et les arbres libèrent alors des petites pluies lorsque leurs feuilles s’agitent, mais la peur de la colère des cieux est passée.

Le garde entre dans une petite boutique, choisit le plus beau ruban de velours qu’il trouve, et paye avec les 2 des 4 pièces d’or qu’il a ramassé ce soir, sur le corps d’un voleur qu’il a déjà oublié.

Ils ont rendez-vous devant l’Académie, et c’est là que ses pas l’emmènent.

Elle est là, elle l’attend, et à sa vue il oublie la mort, sa famille, le royaume pour s’emplir de la vision de cette forme féminine.

Il se précipite pour la prend dans ses bras, sans se soucier des convenances, mais heurte en chemin une jeune fille au physique un peu plus ingrat. Il réprime une moue agressive, puis se hâte vers sa belle…


*******************

… la jeune fille étouffe un petit cri de douleur, la lourde armure de ce garde lui laissera sûrement une marque bleutée. Elle est petite et peu gracieuse, mais ne mérite pas que l’on puisse la regarder comme si elle n’était rien, pense t’elle.

Tout en se massant l’épaule et le bras, elle entre dans l’Académie. La pluie a imbibé la plupart de ses vêtements, et ses chausses sont trempées, produisant un bruit de sussions à chaque pas qu’elle fait. En marchant, Elle laisse derrière elle de petites traces humides de la taille de ses pieds.

Elle soupire, grelotte, et rentre dans sa chambre se changer. Elle ôte sa robe, frotte vigoureusement son corps à l’aide de draps secs et enfile une vieille toge de couleur lie-de-vin. Elle entend alors les cloches de l’Eglise sonner l’heure de la messe du soir. Elle soupire, ne sait pas si elle devrait s’y rendre, car sa foi en ce dieu unique la perturbe, malgré tous les préceptes que lui ont inculqué ses parents et le prêtre de son village.

Elle s’allonge sur son lit, fixe le plafond et organise sa soirée avec et sans la messe….

Sa décision est prise, elle se lève, cherche une large capeline, l’enfile et sort. Elle ira à la messe une fois par semaine, pour honorer la promesse faite à ses parents de prier pour eux. Une fois par semaine c’est bien, se convainc-elle.

Elle s’enveloppe dans sa cape trop grande pour son corps encore enfantin, rabat la capuche sur ses yeux et ferme la porte de sa chambre, prête à endurer les sermons inutiles des instances religieuses de la capitale.

Dans l’Eglise, c’est la cohue, un marchand tente de vendre des petits pains à la sauvette, 2 à 3 mendiants se font jeter dehors alors que les autres agrippent les manteaux de fourrure des plus nantis, implorant « juste une ‘tit pièce, vot’majesté ». Les gardes sont partout, les paladins déjà en prière ou en s’adonnant à des cantiques, chantant de leurs voix graves et puissantes. Les étudiants des différentes écoles sont amassés en groupe selon affinité, les moines arrivent en procession serrée. Seuls les mages et d’autres gens d’armes peu recommandables sont absents. Chaque voix, chaque bruit, résonne avec force sous les voûtes de l’Eglise, renvoyant des paroles déformées, des grincements métalliques, inondant les oreilles du pèlerin d’un bruit assourdissant.

La jeune fille s’assied, tentant de paraître invisible, espérant que personne ne viendra l’importuner, elle n’a pas beaucoup d’argent, n’a pas faim, ne veut pas parler avec d’autres étudiants qui se moqueront d’elle à coup sur.

Un moine s’assied alors à ses cotés, lui sourit….

*******************

… et commence à égrainer son chapelet, marmonnant une prière incompréhensible entre ses dents.

Bien que dans une position de parfait recueillement, les doigts passant d’une boule de bois à une autre avec agilité, les yeux du moine semblent cependant inspecté le lieu avec circonspection.

Passant du groupe de paladins ténor aux étudiants bruyant, il semble chercher quelqu’un en particulier. Il ne tient pas compte de l’agitation qui règne dans l’église, ne tient pas compte du bruit, des gens qui le bouscule, de cette jeune fille à ses cotés qu’il a trouvé désirable pendant quelques instants malgré ses atours dépareillés qui la rendent si commune. Il perçoit tous les sons comme filtrés, tamisés, il se concentre sur un seul de ses sens, la vue.

Après un long moment à fouiller l’église du regard, il se lève, baisse la tête et rabat la lourde capuche de sa robe de bure sur son front. Il sort, passant inaperçu au milieu de cette masse de gens qui se pressent de rentrer et de sortir.

Il égraine toujours son chapelet de la main droite, sans s’en rendre compte. Ses mâchoires sont serrées, ses sourcils froncés. Il accélère le pas.

Il bifurque alors dans une ruelle sombre peu fréquentée, et enlève à la hâte la robe de bure qui appartient au moine appuyé contre le mur à coté de lui, la gorge ouverte, le regard vide. Une petite mare de sang, diluée dans la pluie et la boue s’est formée aux pieds du corps de l’homme de foi qui a maintenant rejoint son dieu.

Le meurtrier scrute les mouvements de la rue principale avant de poursuivre son chemin. Les gens se pressent, qui pour aller à la messe, qui pour aller à la taverne toute proche.

D’un pas rapide, le meurtrier se glisse au milieu de la foule, affichant à présent comme masque celui d’un homme qui se promène dans la ville. La nuit est à présent tombée sur la ville, rendant ses déplacements plus aisés.

Ses pas le mènent à la Guilde des Ombres. Il entre, salue rapidement les membres présents, et monte les escaliers menant aux dortoirs.

Il avait pourtant bien reçu le message, aurait-il mal compris…

*******************

Le voyageur ouvre les yeux lentement, cette petite sieste lui a fait le plus grand bien. Il lui fallait se reposer avant d’affronter ce pour quoi il était revenu à la capitale.

Il se lève, s’étire et se dirige vers les escaliers…

*******************

Les deux hommes se font face dans les escaliers.

Dans leur regard, la surprise, la colère, l’incompréhension….

Les lames sortent en même temps, frappent en même temps, à force égale…

Un des 2 hommes s’appuie contre le mur, murmure quelques paroles que personne n’entend, avant de rendre son dernier souffle, dans un soupir rauque…


Fin


J'espère que ça vous a plu :) ou du moins distrait un peu

wahou !

Par Sowulhildidaga le 28/10/2002 à 23:58:19 (#2428549)

çajoliehistoire, vivivi !



çanousenracontunautre, vivivi, encorehistoirepaytoutenfers !

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