Reliure (page 4)

Par Alabasyr le 2/10/2002 à 14:29:57 (#2270185)

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Assis à l'auberge de Windhowl, non loin de l'âtre, pour échapper au froid mordant de la fin de soirée, avant les premières gelées d'une nuit qu'il avait eu la bonne idée de ne pas passer dehors, Alabasyr contemplait la reliure, délaissée depuis quelques jours pour l'écriture du rapport qui lui avait été urgemment demandé.
Tout était encore à faire... tant de pages à lire, corriger et reclasser, et tant de pages vierges aussi. Mais il s'en sentait un peu dégagé, après tout ce temps, aussi décida-t-il de remettre - encore - la tâche à plus tard, il n'aurait pas fallu que cela se mue en contrainte.
Disposé à passer par Lighthaven, qu'il avait longuement négligé malgré sa position de barde de la ville, il voulut s'enquérir de nouvelles quant à la vie sur place, les derniers ragots et l'état des routes, auprès du personnel de la taverne. Mais il constata à regrets que le serveur ne répondait pas, et remit son excursion au lendemain. En attendant, il ne craignait pas le désoeuvrement.

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L'âge me donna la patience et les 12 mois de deuil que j'avais prévu pour mes futurs parents se muèrent en 5 longues années d'errance et d'attente fébrile. Il était clair en effet que seule une importante différence d'age pourrait justifier nos différences physionomiques.
Avec le temps, l'image de l'enfant s'estomperait dans leurs esprits, seules resteraient de grandes lignes enjolivée par le souvenir, des traits vagues qu'ils verraient comme une image fidèle, prétendument inaltérable. L'illusion de le garder en eux "pour toujours" faciliterait la substitution.
Oui, le souvenir s'effacerait d'eux aussi sûrement que le corps s'effacerait sous l'action de cette vie souterraine à laquelle il avait été livré. Mais dans les deux cas, il faudrait laisser les années faire leur office. Patience était le maître mot en tout ceci, patience et persévérance. Tenir surtout, endurer encore les privations et cette vie, fade et misérable, sans le moindre attrait.
Tout ce temps, bien entendu, je ne soufflai mot de tout ceci à personne - la solitude m'y aida grandement.

Au terme de l'échéance, je me rendis, presque confiant, au château de mes "parents", fin prêt à leur servir un mélodramatique récit d'enlèvement, que j'avais eu tout le temps et le loisir de rendre crédible. Il s'agissait d'une adaptation libre de ma véritable enfance, dont j'avais ôté quelques détails glauques ou malvenus. Je savais que je pourrai ainsi manoeuvrer leur sensibilité, orienter leur esprit vers une immédiate et puissante compassion plutôt que vers une analyse et une réflexion qui pourrait me mettre en défaut. Le tout était de les occuper suffisamment longtemps pour me (re)intégrer, me faire une place dans ce foyer, dont on ne penserait alors même plus à me déloger, tant mon appartenance à la famille serait considérée comme un acquis.

L'accueil fut plus joyeux et poignant que dans mes prévisions les plus optimistes : les larmes et le vin coulèrent à flot et, dans l'ivresse d'un retour tant attendu, personne ne pensa même à mettre en doute mon identité.. ou du moins personne n'en souleva l'idée.
Je ne doutais pas que certains domestiques ou soubrettes découvre la supercherie, une nourrice connaît souvent mieux l'enfant que sa propre mère dans ce type de milieux, mais je savais aussi qu'ils avaient tout à gagner à l'euphorie de leurs maîtres, le bonheur apportant prospérité et générosité, plutôt que de goûter à un plaisir égoïste. Après tout, les Lockwood n'était pas de mauvais bougres, et il n'était pas déplaisant d'en être un.
Le "Jeune maître" était de retour, celui qui m'accueillit eut d'ailleurs la plaisante idée de citer le nom qu'il souhaitait que je lui confirme, initiative salutaire dans la mesure où je ne m'étais pas inquiété de connaître mon propre nom - grave négligence - et j'aurais eu quelques difficultés à feindre une amnésie dont la crédibilité de mon rôle eut souffert. Les souffrances que j'avais endurées suffiraient à justifier mon trouble et la perte de repères.
Arcadi de Lockwood, voilà un nom qui sonnait agréablement à mes oreilles.


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Alabasyr K.

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Par Alanis Lyn le 2/10/2002 à 15:33:07 (#2270420)

il constata à regrets que le serveur ne répondait pas

Par Leylia le 2/10/2002 à 15:38:53 (#2270443)

:lit: C'est vrai que Arcadi de Lockwood ça sonne bien ;)
*qui aime toujours autant la signature d'Alabasyr*:)

Par Alanis Lyn le 3/10/2002 à 11:22:58 (#2274629)

*replace le feuillet dans le dossier trop mince*

ehlp

Par Gadjio le 3/10/2002 à 14:33:43 (#2275516)

*amusé par le nom Alabasyr Lockwood*
(Gadjio Wickhouse)

Par Gabriel Thylin MSF le 3/10/2002 à 19:14:41 (#2277135)

:lit: