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Baer était un fermier qui s'était installé dans le village de Bahrcelieux il y a seulement quelques mois.
Il avait expliqué aux gens du village qu'il avait perdu sa femme dans des circonstances tragiques et qu'il aspirait désormais à une vie simple, vivant de sa terre et loin des tracas de la vie en communauté.
Son épaisse barbe rousse, ses gros bras tatoués et sa puanteur corporelle contrastaient avec des yeux bleus qui semblaient rappeler qu'il avait été un tout autre homme dans son ancienne vie.

En découvrant la pancarte, il déclara aux autres villageois:
"aux fermiers de bonne volonté"?! Dans ce cas ce sera sans moi. Je préfère rester en dehors de toutes vos histoires - qui ne m'intéressent guère, à vrai dire...
Bien sûr, faudra bien que quelqu'un se dévoue, et si personne ne se lance alors j'assumerai la responsabilité, mais ce sera à contre-coeur...
Allez je vous laisse à vos grands débats. Si vous me cherchez je ferai une sieste sous le saule à côté de ma cabane.
"Bon Dieu d'bon Dieu, voilà que ces histoires de loups recommencent. Crevaison ! Andouillette ! Le gros à l'abri dans son château, il craint pas la pluie. Polochon ! Caramel ! V'là t'y pas qu'y vont m'bouffer direct, je suis sur leur route la nuit. Salopette ! Calisson ! Où trouver du bon pain d'nos jours ? Péripatéticienne ! Renflement ! Aïe aïe aïe, faudrait trouver un abri, pas moyen pour dormir dans les rues maint'nant. Connivence ! Foulure ! Oh la la, le pauvre de moi. Miséricorde !"

A moitié grabataire, Darwyn était un vagabond arrivé au cours des derniers mois de Barhcelieux. Personne, y compris lui-même, n'aurait été en mesure d'être plus précis sur la date de son arrivée : il faisait partie du décor, au même titre que le crottin dans les rues. Il était là, voilà tout. Manifestement un peu sénile, divaguant volontiers tout seul, il n'était plus en mesure de travailler depuis longtemps et vivait grâce à la charité des villageois. Il faut dire qu'il se contentait de peu et que tout lui apparaissait aisément comme un festin : il s'était nourri un certain temps de racines et d'insectes trouvés dans les champs et les bois.
Aprés trois jours à subir le vent malgré sa tente, sa seconde vie à la Taverne lui avait permis de mettre un nom sur chacun des consommateurs réguliers, ainsi que de nombreux ragots sur les autres visages.
Les heures passées à s'enivrer lui permirent de trouver quelques généreux villageois qui souhaitaient entendre des chants, comptines ou histoires venues de loin . De cette façon, ni la faim ni le froid ne la tourmentaient. Carotte§ aurait probablement pu trouver une meilleur façon de gagner un lit chaque soir, mais son age ainsi que ses sombres cheveux gras ou son visage crevassé ne servait qu'à mettre en avant son talent pour le chant.

Ce matin l'annonce d'une élection la ravit, une nouvelle occasion de promouvoir son talent ainsi que de remplir sa bourse.
Mogweed maugréa quand il entendit le vacarme. De sa fenêtre, il avait une vue plongeante sur la place centrale du village. Un nom bien pompeux au regard des différentes bâtisses qui l'encerclaient. Hormis la demeure du châtelain local, tous les autres bâtiments étaient miteux et presque délabrés. Il s'apprêtait à sortir quand les paroles de son maître lui revinrent en mémoire. Mort et enterré depuis moins d'un an, ce vieil homme avait tout enseigné - ou presque - à Mogweed. Suite à son décès, il avait repris le poste autrefois respecté de rebouteux. Malheureusement, il n'avait pas hérité de l'aura de son prédécesseur : jugé trop jeune, maladroit et nigaud par les villageois, ceux-ci semblaient rechigner à faire appel à ses talents. Manquant de maîtrise, il n'était toutefois pas dépourvu de jugeote et changea ses vêtements. Il glissa des onguents et de vielles pommades inefficaces dans les nombreuses poches de l'encombrant manteau de feu son maître. À défaut du reste, il manipulait encore très bien les artifices.

"Et bien, il va falloir attendre de meilleurs candidats que notre bon Baer, j'ai peur que les responsabilités l'écrasent."

Mogweed jeta un regard peiné sur le fermier. Celui-ci ne semblait pas connaître les légendes qui hantaient ce village. Si c'était d'une vie simple dont il rêvait, ses espoirs risquaient de trouver un écho bien funeste.
Darkchaozu, jeune fermier débutant, mais citoyen de Barhcelieux depuis la naissance, fait ça balade matinale dans le village lorsque, sur la place du village il aperçoit une affiche.

"Le précédent maire étant décédé, sans avoir élu de successeur, le conseil municipal à décider de procéder à une élection. Tout les fermiers sont invités à se présenter pour prendre les commandes de notre magnifique petit village".

Notre jeune fermier n'hésita pas une seconde, il fallait qu'il se présente !
Ainsi il se présenta publiquement à l'heure du marché, là ou beaucoup de villageois se regroupent et se retrouvent.

"Bonjour à tous, je me nomme Darkchaozu, j'ai décider de me présenter au poste de maire de notre cher village, et je pense que nous... que vous! avez besoin d'un représentant jeune mais fort pour diriger notre village !
Je vous invite donc à prendre part aux votes, qui je l'espère; seront à mon intention. Je vous souhaite une bonne journée."

Puis il s'en alla rejoindre sa ferme. Votez Darkchaozu !
Cré nom de vin diou! Une élection! Depuis quand on a besoin d'un maire? T'as vu Haricot, qu'est ce que les jeunes zouaves ont encore inventé?

Dézale parlait à son chien, le travail solitaire à traire les bovidés l'avait quelque peu déboussolé. Les cheveux grisonnant, la bedaine croissante mais une carrure qui laissait deviner un ancien athlète.

QUOI? Le seul candidat est un gamin à peine sortie des jupons de sa mère? Mon village mérite mieux! Et vu l'autre démissionnaire, il ne reste que moi. allez vient Haricot, on se présente.
Dézale maire, ca sonne bien, songea Dézale en se grattant le menton.
Prime était un jeune instituteur, grand, brun avec des yeux d'un vert étincellent, plutôt bel homme. Enfant du village, issu d'une famille aisée, il était parti jeune afin d'étudier, pour lui même pouvoir à son tour, enseigner aux enfants dans son village natal.
Il était très pédagogue, et usait de mots nobles, souvent incompris par les villageois. De part son métier, il connaissait une bonne partie des habitants. Il était très apprécié des habitants, et encore plus des enfants du village. Cependant, Prime était très occupé par ses cours, qu'il préparait avec passion, il passait quelques fois par le marché, saluant les braves villageois d'un grand signe de la main, leur adressant quelques mots de sympathie, achetant du pain et de la viande, puis repartait dans son école. Il vivait dans une chambre installée spécialement pour lui dans l'école, certes, ce n'était pas un grand luxe, cependant il aimait son métier, et n'en aurait changé pour rien au monde.


Prime arriva, comme à son habitude, sur la place ou se tenait le marché, afin d'acheter du pain, de la viande, et quelques autres aliments afin de tenir une bonne semaine. Puis, il vu une pancarte imposante qui retenue son attention " Il manque un maire .. ".

" Ah ! Enfin ! Il était temps de faire un vote pour trouver un maire dans ce village. "

Prime n'avait pas hésité une seule seconde, et avait décidé d'élire un maire jeune et vif afin de diriger ce village. Il se demandait si Darkchaozu en était capable, puis, il se rappela qu'on lui avait fait confiance pour devenir instituteur malgré son jeune âge.

" Mon vote ira à Darkchaozu ! " cria-t-il devant la pancarte sur la place.

Puis, Prime fit un grand salut aux quelques villageois présent, et reparti dans son école, ou il devait donner son premier cours de la journée.
En poste depuis quelques temps dans le village depuis sa récente reconstruction, Gazpacho, qu'on avait depuis surnommé "Le Bienheureux", était un curé respecté et aimé dans le village, et l'on savait qu'il était de bon conseil. C'était surtout à lui que l'on allait se confesser, et tenter d'obtenir le pardon au nom du Seigneur.

Ce matin, il prêta l'oreille à l'agitation matinale, un peu plus forte qu'à l’accoutumée, et se décida à sortir de son église, située au bout de la place du village. Il ne tarda pas à être renseigné au sujet de l'excitation des villageois: l'affiche indiquait qu'on recherchait des candidats au poste de Maire parmi les fermiers.

Il n'y avait que 3 fermiers en ville, et 2 se présentaient: Darkchaozu et Dézale. Que le troisième ne se soit pas montré ne l'étonna guère: Baer se tenait à l'écart de la vie publique et vivait renfermé sur lui-même depuis la perte de sa femme. Il prenait parfois un verre à la taverne, aux heures de faible affluence. Gazpacho avait quand même reconnu que sous ses dehors bourrus il n'aspirait qu'à la tranquilité et au calme, ce qui leur faisait un bon point commun.

Des deux autres il connaissait le plus fort fermier du village, Dézale (quoique la bière avait un peu affecté ses capacités), et moins le jeune fermier. Bien que celui-ci lui soit sympathique, il choisit quand même après quelque refléxion de privilégier un homme d'expérience, et s'en alla voter pour Dézale.
Cloitré dans sa misérable demeure, Luto observait la scène, les volets entre-ouverts.
Le barbier de ce village est quelqu'un de très spécial. Renfermé sur lui-même, asocial et un peu fou. Cela fait depuis quelques temps qu'il n'a plus de client, amplifiant sa haine contre les villageois.

Ayant pris connaissance de l'élection d'un maire grâce au brouhaha de la grande place, Luto décida de sortir pour faire un geste envers cette communauté qu'il aime tant...
Sans oublier de prendre une lame pour virer les vagabonds trainant trop près de sa bâtisse.


S'approchant lentement du centre de la place, en murmurant, Bon, Baer est fidèle à lui même...
Il reste à choisir entre un fermier qui a nommé son clébard "Haricot", lui il doit avoir un petit pois... et un jeune fermier qui doit apprendre la vie....

Bon aller, je vais voter pour Darkchaozu, il apprendra la vie et apprendra à haïr cette communauté, hahaha...

Luto retourna s'assoir sur un banc près de chez lui, épiant un a un les villageois.
Désolée par les noms qui sortaient au hasard des bouches des villageois, Carotte improvisa une ode pour les aider à faire ce qui lui apparaissait comme le bon choix.


Libérant le premier bouton de son chemisier, elle se mit à chanter, transférant timidement son poids d'un pied à l'autre:


Mignon le jeune paysan
Qui plein d'entrain
Se mit en avant
Mais ses mains
Témoignent gentiment
Qu'il a semé peu de grains

Au fur et à mesure que les regards se portaient sur elle, elle haussait le ton alors que sa robe tournait, l'élevant gracieusement de la terre à ses pieds.

Qu'en est il du restant?
Celui qui deviendra nain
Si de plier son dos continue le temps
Lesquels ferai un bon maire? Aucun!
Un pour lequel l'age n'est plus clément,
L'autre pour qui manquent des hivers plus d'un!

Préférez Luto à ces manants!
Pourquoi ne pas lui tendre la main?
Lui qui la barde vous fait adroitement
Un esprit aussi fort et fin
A toute sa place avec vous comme avant.
Faites le bon choix, soyez malins!

Dernière modification par Carotte§ ; 05/01/2013 à 18h57. Motif: lalala
Prime avait exceptionnellement fait retentir la cloche de la fin des cours plus tôt pour aller voir ce qui se passait au village.
Il avait donc marché jusqu'à la place principale à l'étonnement général des villageois qui n'avaient guère l'habitude de le voir en dehors des jours où il avait besoin de nourriture.


" - Pourquoi z'êtes rev'nu aujourd'hui ? " demanda un villageois
" - L'élection m'intrigue, cela fait très longtemps qu'il n'y en avait pas eu, et j'aimerais en savoir un peu plus sur son déroulement. De plus, je pourrais apprendre aux enfants du village comment se passe une élection de maire. " répondit-il.
" - Ah z'avez voté pour qui ? " continua le villageois
" - Pour Darkchaozu, un jeune homme plein de vie. J'ai bon espoir en lui, et je pense qu'il ferait un très bon maire pour ce petit village. "

Puis, le villageois parti, sans juger bon de répondre à Prime.

Cependant, une chose avait intrigué Prime, qui ne comprenait pas. Sur la liste des votes, qui se tenait proche de la pancarte, il y avait le nom du barbier, Luto, inscrit par Carotte§ mais il est écrit sur la pancarte que seul les fermiers peuvent être obtenir des votes. Prime conclut à une erreur de lecture, mais tenait à le signaler.


" Hé, il y a une erreur sur la liste. Je tenait à vous en informer, afin de réaliser les votes dans de bonnes conditions ! "

Puis, après avoir fait remarquer cela aux villageois, Prime s'en alla prendre un verre à la taverne afin de suivre l'élection avec sérieux.
La bêtise de ses voisins fit lever les yeux de Mogweed au ciel. Il ne portait pas particulièrement Darkchaozu dans son cœur, mais ils étaient à peu près du même âge. Son ancien maître lui avait parlé du précédent carnage qui avait plongé le village dans les ténèbres. L'inexpérience était un réel danger quand les temps s'assombrissaient, mais le souvenir du vieil homme fit bouillir le rebouteux. Certes, il avait partagé son savoir, mais jamais il n'avait tenté d'aider Mogweed à se faire accepter par les villageois comme son successeur. Comme une vengeance, il regarda le jeune fermer et sut se qu'il lui restait à faire.

"Je soutiens Darkchaozu. J'ai confiance en son instinct pour guider notre communauté vers la vérité. Nous n'avons pas besoin d'un vieil homme usé par le temps et une dure vie de labeur. Il ne souvient probablement même pas du nom de ceux qui ont voté pour lui."

Mogweed s'écarta de la foule en émettant une prière muette : que les dieux permettent à ce village de vivre encore un peu dans la paix. Ou à défaut, qu'ils soufflent aux loups de se contenter de ronger les os fatigués de ses aînés.
Luto était peu étonné par l'attitude de Carotte, plus rien ne l'étonne venant des vagabonds...

Ces vagabonds, à force de vivre en errant comme des sous-être, sont devenus sauvages. Ils ont oubliés l'ordre et la discipline. Ils imaginent qu'avec leurs pitreries ils ont leurs places dans le village alors qu'il n'en est rien.
Les règles de cette élections sont de choisir entre les fermiers, même si ils ont finis leurs études depuis leurs plus tendres enfances. Le village est condamné à avoir un pécore en guise de maire, alors autant qu'il soit jeune, il se souviendra peut-être de ce qu'il a appris à l'école.

Il finit son discours en marmonnant : Ces vagabonds....vermines....pourritures...Puis il cracha en direction de Carotte, en serrant la poignée de sa lame, comme si cela le détendait.
Devant le froid lancé par son public pas assez ivre pour apprécier sa composition, Carotte répliquât doucement:
Vous pouvez vous ouvrir à l'art au lieu de vous enfermer dans vos régles! Bousculez les, sentez vous libres et accédez à votre Être! D'ailleurs, ça me fais penser à un chant que j'ai apprit à Méryé...
Devant les froids regards de l'assemblée, son discours se terminât en chuchotant.
Tfaçon votre barbier est tellement dépourvu de manières qu'un fermier serait plus doux...

Dézale! lançât elle pour que chacun entende. Il vaut mieux un vieux chêne qu'une jeune pousse.
L'air mélancolique et blasé face aux tergiversations des villageois, Baer déclara dans un long soupir:

"*......*
Le p'tit jeune ne semble pas avoir les épaules assez solides pour assumer les malheurs qu'il va rencontrer dans la vie. Et croyez-moi il va en avoir des malheurs à affronter...
Par défaut j'attribue mon vote à Dézale. Il m'indiffère autant que les autres, mais s'il avait le bon goût d'écouter son chien plutôt que les humains, on pourrait pas se porter plus mal...


*nouveau long soupir*

"De toutes manières, à tous les coups, tout ceci va mal finir...."
"Mais qu'est ce que c'est que ce foutoir" ? s'écria Shyeluk
Le serviteur, venu lui annoncer la mort de son père et donc son nouveau devoir, recula d'un pas, surpris par la véhémence de ses propos.
"Mais enfin, je n'ai jamais dirigé qui que ce soit, mon père devait m'apprendre à être un bon châtelain mais bien évidemment il est mort avant."
Lorsque le serviteur lui appris que les élections pour devenir Maire étaient en cours, Shyeluk pesta : "Mais je n'en connais aucun de ces péons moi, je sais pas ce que je dois faire ! Bon, qu'est ce que disait père déjà ? Toujours voter pour les plus anciens, c'est toujours les plus conservateurs, ceux avec qui il y a le moins de chance de voir une révolter éclaté. Bon, suivons donc les conseils de papa avant de dire aux villageois que le châtelain a changé."
Shyeluk prit du papier, écrivit Dézale , et envoya le serviteur porter son vote au village.
Dépité, Luto s'enferma dans sa cave à double tour.
Il s’allongea dans son lit, entouré par une étrange collection de poupées voodoo tissées à partir des poils et des cheveux des villageois. Il y avait une poupée pour chaque villageois, et une poupée dominait les autres. C'était une poupée représentant la défunte femme de Baer...Luto aimait secrètement cette dame, malheureusement pour lui ce n'était pas réciproque....

Il s’endormit rapidement, déprimé...
Une fois l'élection terminée, Prime, qui était sorti de la taverne quelques minutes plus tôt affichait un sourire sur son visage malgré le fait que ce ne soit pas le candidat qu'il avait choisi qui avait été élu.
En effet, Prime était heureux d'avoir pu participer à cette élection, et pensait que Dézale ferait un bon maire.
Alors, Prime rentra à l'école afin de se reposer, il avait passer beaucoup de temps au village, et cela n'était pas son habitude, mais, il se devait d'assister à l'élection.
Avant de partir, il salua les villageois présent et félicita le nouveau maire pour sa victoire.
Déçu par sa défaite mais non moins bon perdant, Darkchaozu salua la victoire de son rival et remercia les villageois qui ont eu l'amabilité de voté pour lui.

Il se dit qu'il avait encore toute sa vie devant lui pour obtenir ce poste...
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