Rendez-vous dans 5 ans, on pourra tous s'étonner d'avoir 50% des élèves de 6ème qui ne maitrisent pas la lecture et une nouvelle chute de 10 place dans les classements PISA.
Ou pas
Pour donner quelques anecdotes personnelles, j'ai remarqué en commençant à enseigner que les élèves étaient vraiment mauvais en calcul, à tout niveau.
Exemples :
* Premier devoir de Terminale ES de l'année, calculatrice interdite, on demande de calculer 9x9. 80% d'échec et les élèves étaient outrés que j'ose leur demande cela. Ils ont vite compris que je ne transigerais pas sur ce point, surtout au regard de leur réaction, et, étonnamment, ils ont beaucoup progressé en calcul (mental ou posé). Encore plus étonnamment, les élèves qui voulaient partir en comptabilité après le bac sont venus me demander au cours de l'année de les prendre quelques heures pour leur faire manger du calcul.
* Je ne compte plus les élèves de classes que je n'ai pas, que je prends parfois en soutien, et qui prennent la calculatrice pour effectuer "12/2", "2-3" ou autre (sans exagération). Je fais simple : je prends la calculatrice et la mets sur le rebord de la poubelle (ou dedans si elle est vide, sans leur dire qu'elle l'est
) Les élèves sont choqués mais comprennent très vite qu'ils n'en ont pas vraiment besoin en fait ... Et à force de calculer, ils deviennent meilleurs en calcul et plus rigoureux. Incroyable, non ?
* la collègue de français qui a du leur expliquer comment calculer leur moyenne trimestrielle, en seconde.
* Un élève de 5ème en début d'année qui ne connaît pas ses tables de multiplication m'indique, lorsque je lui rétorque qu'il les a pourtant apprises en primaire, que l'institutrice disait que "ça sert à rien de les apprendre". Etonné, je me retourne vers son AESH, qui a travaillé avec lui au primaire, qui me confirme ces dires.
Quand j'indique aux collègues que j'interdis aux élèves l'usage de la calculatrice (sauf si trigonométrie ou calculs à base d'exponentielle ou logarithme, ou opérations
vraiment pénibles), je passe pour un rétrograde, un conservateur. Quand je leur explique pourquoi je le fais, on me dit "ah oui, c'est pas bête" et ils continuent d'autoriser les élèves à l'utiliser pour tout calcul. L'élève n'est pas bête : pourquoi se casser la tête à effectuer le calcul si on m'autorise à ce qu'une machine le fasse à ma place ?
Même chose pour l'orthographe. Je corrige systématiquement les erreurs de mes élèves, qu'elles soient syntaxiques ou autre. Et, régulièrement, lorsque j'en discute avec un collègue de matière littéraire, il m'indique que, l'essentiel, c'est d'être compris. J'en arrive donc régulièrement à des réponses tout simplement incompréhensibles parce que l'accent n'est pas mis sur les fondamentaux.
Donc, oui, le niveau va continuer de baisser.
Tout repose sur la lecture, l'écriture et le calcul. Inutile d'essayer de construire sans cette base, mais, pourtant, le ministère s'entête avec l'appui des dits pédagogues.