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Le bonheur est dans l'été. Des souvenirs...

Par Jeanne DoreggaN le 26/8/2002 Ă  21:24:45 (#2032894)

Les hautes herbes dorées par l’été ondulaient paresseusement, répandant en ondes à travers toute la plaine les souffles de la brise, comme de longs frissons doux. De sa lente ascension vers le zénith, le soleil de dix heures ambrait le paysage d’une tiédeur caressante, pâlissant l’azur du ciel jusqu’à le rendre aussi clair que le coton immaculé des nuages blancs et épars. L’air se savourait comme un mets exquis, déjà augure des chaleurs lénifiantes de l’après-midi. Dans sa robe longue et mince, légère comme un voile de mariée, aux couleurs de neige s’éblouissant du jour généreux, aérienne ou flottante, la chevelure aux blonds lumineux se dispersant en libres cascades d’or le long de ses épaules fines, les mèches passant et volant sur son visage radieux, son rire clair mêlé au chant frais du ru contre le gué, Jeanne dansait, elle dansait de ses bras comme un arbre danse avec ses branches, elle tournait et virevoltait au gré du vent, colombe devenue girouette, elle gonflait sa robe de vrilles étourdissantes et elle entraînait ses pas au seul rythme de son rire et de sa joie de vivre, grisée par sa propre ivresse, portée par la brise, interminablement.

Neo était campé sur ses deux jambes, bras croisés, il la regardait. Il l’aurait regardée des heures ainsi, et certainement davantage. Il n’était pas cuirassé de sa lourde armure de plaque, il avait revêtu un plastron de cuir souple, qu’il avait sérieusement lacé et qui épousait son torse sans rien atténuer des reliefs pectoraux et abdominaux. Sa haute stature et sa carrure de guerrier étaient mises en valeur par cette cuirasse peu adaptée qui leur seyait pourtant si bien. Sur son front et jusqu’à ses yeux sombres retombaient les mèches vagabondes de ses cheveux de jais, voilant son regard de courbes sauvages, pour laisser bien visible le sourire quiet et heureux qui éclairait son visage.

Allongée sur la sphaigne tiédie par le soleil, la peau claire et nue de son dos reposant dans les mousses délicates, Jeanne caressait le corps chaud appuyé contre le sien, l’explorant, comme au premier jour, de ses mains enivrées, laissant ses lèvres, sa langue, honorer l’épiderme offert d’innombrables frôlements, mus par une soif insatiable, encore exacerbée par le contact électrique de la joue piquetée d’une barbe naissante contre son cou ou des baisers passionnés vallonnant sa poitrine, s’unissant en étreintes sauvages ou confuses de tendresse. Comme une arène de verdure, la clairière de joncs ouvrait un cercle intime dans la forêt de tiges sombres, seulement déformé par la robe blanche qui couchait quelques longues herbes, abandonnée, étalée, ainsi qu’une toile d’araignée superbe, si fine et presque insensée, laissée là à quelques pas du corps qu’elle ne voilait plus. Le petit ruisseau, que l’été avait maigri jusqu’à la plus stricte indigence, bruissait si proche que les amants en sentaient le pétillement effleurer leurs corps, comme s’efforçant de mugir avec plus de passion à mesure que les caresses s’enfiévraient. Dans les cieux, planant avec une lenteur irréelle, un épervier d’argent scrutait la plaine de son acuité sans égal, dominant les orges blonds aux épis mûrissants, survolant un petit cours d’eau encaissé aux abords d’une tourbière aride, découvrant entre les roseaux agités par la brise deux humains enlacés, son œil perçant saisissant une seconde le scintillement infime d’une perle de sueur, qui ruisselait sans hâte, le long de l’échine, sous le cuisant soleil d’été.

La promenade offrait une quiétude au-delà du féerique, l’insouciance tissée de paix, de désir, de plaisir et de bonheur. Il y avait là des baies des bois, tapies sous leurs chapeaux de feuilles, rouges et sucrées, tendres et savoureuses, qu’ils s’offraient l’un l’autre comme d’autres s’offrent des bijoux et de l’or. Ici, les pins exhalaient une profonde odeur de sève, entêtante jusqu’à la nausée, aussi forte qu’un musc sauvage, inspirant au cœur des saveurs plus riches encore que les arômes des vastes champs de lavande. Et l’écorce rêche griffait son dos soulagé du plastron de cuir, elle se serrant à lui comme si elle désirait le tronc, leurs corps déshabillés s’embrassant, avides et amants, langues mêlées à n’en faire plus qu’une, partageant leur regard, lavande caressant l’ébène, pupilles mauves noyées dans le puits noir et adoré de ses yeux d’homme. Sans pouvoir se défaire de l’hypnose, Jeanne sentait le feu du désir masculin frotter contre le velours de son ventre, elle glissait ses cuisses douces contre les siennes, redécouvrant le parfum de sa peau perçant à travers les fortes senteurs de la pinède. Puis, longuement, elle laissait leurs corps amplifier la fournaise de l’été jusqu’à la rendre insupportable, et par-delà, elle se serrait plus profondément contre l’écorce délicieuse du seul arbre qu’elle aimait, alors soulagée, après la fièvre incoercible, d’en sentir la sève épancher enfin leur désir.

L’après-midi coulait avec des promesses d’éternité, et l’île voulait rôtir sous le soleil brûlant, mais le vent de mer portait la fraîcheur du large avec des égards bienveillants pour les paysans qui travaillaient aux champs. Jeanne et Neo venaient d’écarter un éclaireur gobelin peu téméraire, sans même remarquer son cuir carmin qui débordait d’un buisson, par la seule insouciance de leurs rires unis, que le petit être avait pu prendre pour une confiance inquiétante. La main douce dans la main large et sûre, leurs doigts parfois entrecroisés, ils couraient, s’arrêtaient ou marchaient au rythme de leurs envies, s’essoufflant en dehors des chemins jusqu’à s’effondrer l’un contre l’autre, le regard souriant sans qu’un mot ne fut dit, ils butinaient parfois d’une fleur magnifique à un insecte surprenant, saisissant de temps à autres la fuite empressée d’un gros lézard gris assoupi sur une pierre brûlante ou d’un lapin détalant bien vite vers le refuge des hautes herbes. Ils conversaient sans s’inquiéter de leur route, et leurs paroles étaient de sucre ou de sel, parfois douces, parfois graves, parfois des deux, passant du sérieux au négligeant comme venaient les idées. Sur un tapis de paille fraîchement fauchée, les brindilles se mêlaient à sa longue chevelure dorée ou passaient, insolites, entre ses cheveux noirs et ébouriffés. Leurs lèvres s’aimaient de caresses interminables, les langues dansant d’humides ballets, se râpant aux palais sensibles, tout contre leurs colonnes d’ivoire, ou, plus intimement, entre des lèvres chaudes et électrisées, contre une tumescence ardente d’un désir fougueusement satisfait, jusqu’aux cimes les plus hautes, à n’avoir plus que les baisers pour étouffer les plaintes, et, enfin !, rejeter la tête en arrière ou crisper les dernières forces aux jaillissements d’un ultime soulagement, abattant l’un ou l’autre ivre d’un plaisir si brut, pour s’effondrer heureux.

Alors le soir tombe comme à regret, en un interminable crépuscule comme seul l’été sait le donner, l’été qui ne meurt pas avec le jour, subsistant pour une nuit tiède et dégagée, constellée de soleils infimes qui parent le manteau de la lune de pierreries sublimes. Bercés par le ressac, les deux corps sur la plage se susurrent leur amour, l’authentifiant de tendres baisers. Ils oublient jusqu’à demain la journée de travail qui les attend, gardes du Roi, ils ont encore trop à se donner pour seulement songer à dormir. Au pied des falaises, ils repensent aux vertiges étourdissants offerts là-haut par le panorama infini, seuls au bord de l’immense rocher, prêts à basculer ensemble du mortel à-pic, pour l’unique plaisir de s’enlacer une ultime et définitive fois dans les airs. Mais même le plus beau des suicides garderait quelque chose de dérisoire pour eux qui rêvent d’éternité. Sans vraiment cesser de parler, leurs mots se font plus rares, tandis qu’ils interdisent à la nuit de leur ravir leur chaleur, s’aimant de caresses lascives et déroutantes jusqu’à une heure tardive, pour culminer d’une dernière escapade, rapidement agitée, les menant, l’un en l’autre, vers un sommeil voluptueux…

Par Alanis Lyn le 26/8/2002 Ă  22:58:10 (#2033685)

Souvenirs...

Des fragments de passé enlacés d'amertume, le goût persistant d'une absurde illusion aux tons si doux, d'espoirs insensés, d'un abandon imprudent à l'insouciance du plaisir, à cette force inexorable pour qui tremblent et s'effondrent les plus pures résolutions.
L'amour dans sa cruauté sait offrir les plus radieux joyaux du bonheur... éphémères, comme pour mieux nous terrasser de leur absence.

Souvenirs... Faut-il les chérir ou les haïr ?

Par Azulynn Tvar le 27/8/2002 Ă  18:39:36 (#2039493)

Un plaisir Ă  lire.

Par Aina HarLeaQuin le 27/8/2002 Ă  19:42:40 (#2039909)

Effectivement, toujours un ravissement de lire les textes de Jeanne.

Par Neo DoreggaN le 27/8/2002 Ă  23:09:15 (#2041579)

Dans la chaleur de l'été
Amants, tous deux enlacés
Seuls dans leur jardin d'eden
Loin du monde et de ses peines

Laissant libre cour Ă  leur amour,
Ă  leur passion de ce jour
Pour eux rien n'a plus d importance
Que l'unique et sublime plaisir des sens

Doucement de ses lèvres il se delecte
Son goût rapidement lui montant à la tête
Deux corps, dans l'herbe, allongés
Deux être dans un moment d'éternité

Et alors que dans la forêt s'élèvent les cris
du couple emporté par la douce frénésie
D'abord gestes généreux et lents
Puis mouvements plus brusques et violents

Enfin, le souffle court, les traits tendus
Ils se regardent, sachant le moment venu
La fin de cet instant exaltant
Ce sentiment si ennivrant

Une douce et chaude journée
Dans leurs esprits a jamais gravée
Un amour qui ne cesse de grandir
Un feu qui ne peut mourir

Le monde pourrait sécrouler
Que l'apocalypse vienne
Rien ne saurait les séparer
Leur histoire est si belle.

Par Jeanne DoreggaN le 28/8/2002 Ă  16:20:07 (#2046305)

Lorsque les saveurs se mêlent aux senteurs, et que chaque image est comme une note vibrante d'une riche mélodie, telle une caresse généreuse qui unit nos sens dans un orage délicieux, lorsque les paroles ne suffisent plus à décrire et les mots à écrire, lorsqu'il ne reste que la communion des corps et des esprits, au-delà de toute limite, le bonheur s'impose et le temps s'arrête.

























Il ne repart jamais. Jamais que pour n'offrir encore davantage d'éternité.
Car certains liens sont indestructibles et certains bonheurs infinis.

Par Gadjio le 30/8/2002 Ă  1:27:19 (#2057974)

Arf ! Je me souviens encore si bien de Neo l'éternel célibataire, qui vantait lui-même son lit immense... :rolleyes:
Le temps passe et j'ai vraiment l'impression d'avoir mal vieilli... ;)
Enfin voilĂ  un couple qui promet plein d'enfants auteurs de jolis posts RP... :)
Et je ne manque pas de saluer le post d'Alanis qui, je l'avoue, est plus proche de ma pensée.

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Par Ibuki Tribal le 30/8/2002 Ă  8:46:45 (#2058704)

Sublime :merci: *ne se lasse pas de ces lectures*

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