On joue clairement pas dans la même cour, lui est un politique, les autres pas.
Ca me fait penser à une anecdote vaguement liée. Au dernière départementale, pendant une distrib sur un marché, une certaine socialiste (dont on taira le nom) a déclaré à notre candidat (PG donc, dans une candidature FdG) :
"De toute façon, on sait très bien que vous faites tout ça pour entrer au gouvernement".
C'est un peu le même problème avec Tsipras : ils sont persuadés que c'est l'un des leurs - un des leurs juste en un peu plus excentrique, créatif, ou un mec un peu naïf, mais qu'à la fin, il finira par les rejoindre...
S'ils avaient été plus lucides, ils auraient concentrés leurs efforts sur le peuple grec et lâché l'affaire avec Tsipras. Non seulement le oui n'avait pas perdu, mais il n'a pas encore perdu. Mais pour cela il aurait fallu comprendre que c'était (et c'est probablement toujours le cas), le oui qui avait l'avantage, et il aurait fallu se départir de quelques idées reçues.
La première étant, le peuple, la populace, quand elle est dans la merde, n'est pas mécaniquement pour autant une classe constituée prête à faire la révolution socialiste.
J'ai un scoop pour eux : dans l'histoire, les socialistes (je parle des révolutionnaires, pas du PS) ont toujours eu beaucoup moins d'emprise réelle que dans les phantasmes des oligarques; La plupart du temps ils en ont même aucune. Autre scoop, on est dans une de ses occurrences ou nous socialistes (révolutionnaires, toujours, pas ceux qui émargent à Solferino et leurs semblables) sommes globalement inutiles.
Je peux comprendre que, la Grèce étant en moyenne vaguement plus politisée, on considère que cela puisse ne pas y être le cas, mais malgré les effectifs militants des partis politiques grecs, un peu plus élevés en proportion qu'ailleurs, ça reste en réalité épi-phénoménal. Donc la révolution bolchévique, c'est pas vraiment à l'ordre du jour à Athènes. La sortie de l'€ non plus.
Il faut bien finir par se rendre compte que les grecs ont essayé la quasi intégralité de leur spectre politique ( en repassant plusieurs fois par les mêmes) avant finalement de se tourner vers Syriza : ça n'a donc pas cessé d'être des zozos pour la majorité des gens en Grèce. Je rappelle que ce qu'il reste sur la liste des alternatives "pas encore essayées", c'est les mecs qui veulent mettre des mines AP aux frontières et le KKE.
De fait, attendre du peuple grec qu'il vote comme il l'a toujours fait à l'exception d'une notable fois (et il aura bien fallu leur bourrer le mou pour qu'il le fasse), on peut raisonnablement penser qu'ils allaient voter ce que l'Europe attendait d'eux en faisant le moins de vagues possible, comme font en général les votants dans les démocratie européennes.
Il suffisait pour se faire que l'Europe et ses représentant ne fasse pas n'importe quoi.
Et ils ont fait n'importe quoi.