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Manque de confiance

Par Kehldarin Osten MSF le 19/6/2002 à 8:56:53 (#1682595)

Depuis trop longtemps la situation pourissait sur pied. Est-ce que ça pouvait vraiment s'arranger? On verrait bien. Pas pour lui en tout cas. Un peu mal à l'aise en sortant du sanctuaire de la lumière, Kehldarin savait pourtant qu'il avait fait le bon choix. Quand il y a un problème, il n'y a qu'à supprimer la cause du problème.

Un chevalier de la lumière avait quitté la capitainerie de Lighthaven il y a quelques minutes, un autre y entrait à présent. Pourtant la ressemblance s'arrêtait là. A la fois libéré et atterré, il endossa son uniforme et partit seul dans les rues encore vides. Avec un peu de chance, il trouverait bien un malfaiteur sur son chemin. Peut-être même essaierait-il de résister. Pendant tant d'années il s'était trompé, maintenant il savait que la justice ne pardonnait pas. La lumière ne devait pas être pervertie, on ne devait pas la cacher, même en partie.

Le boulanger était ouvert, comme tous les jours. De son comptoir l'homme lui fit un petit signe amical. Sans un mot, sans un geste, le sergent continua sa route. Avançant un peu comme un lutteur sonné, des images floues repassaient, indéfiniment. Des images blessées, mais des images aimées, pour le meilleur et pour le pire. Le pire était là, advienne que pourra.

La patrouille

Par Kehldarin Osten MSF le 19/6/2002 à 16:13:46 (#1684349)

La matinée s'écoulait paisiblement. Un gamin lui avait apporté un message de son ancien ordre. Un autre, et ce fut un pli venant de Stoneheim la maudite. Rien de bien intéressant, tout finit dans la mer.

La banque était toujours aussi tranquille, la tour des mages aussi. Par contre, au poste de garde, un jeune homme furetait un peu partout. Il furetait à présent en prison. Enfin, s'il se réveillait. Une saleté de sorcier, il n'avait qu'à avoir la tête solide.

Au pont gobelin un gamin au visage cadavérique psalmodiait ses incantations maudites. Dommage pour lui. Il avait eu l'air presque surpris quand Kehldarin l'avait sommé de payer pour son infraction. Une pure perte de temps. Quelle importance qu'il n'ait pas 20000 pièces d'or sur lui? Maintenant il était attaché à un arbre, quelqu'un le libérerait bien avant que les gobelins s'occuppent de lui.

Un mage l'avait vu faire, et s'était approché. Sa robe aux insignes de l'ordre de Syl parlait pour lui. Mais pas cette fois. S'il voulait faire une réclamation les bureaux étaient fermés. Il avait l'air surpris d'entendre ça. Mais le summum c'est quand il avait appris que les fameux bureaux n'ouvraient que dans six ou sept mois. On ne dérange pas un garde en mission. Il devait l'avoir compris, maintenant qu'il était dans la rivière. Kehldarin souriait en y repensant : avec un peu de chance, cette racaille allait attrapper une pneumonie, et ne trainerait plus là où il ne fallait pas, à poser les questions qu'il ne fallait pas.

Mais l'heure tournait, il avait fallu se faire relever. En remontant la rue de l'auberge, Kehldarin avait les yeux braqués sur le sol. Des mauvais souvenirs sur sa droite comme sur sa gauche. Preuve de faiblesse. Passant devant le temple, pour revenir à la capitainerie, il sentit une main fouiller sa poche. C'était un gamin à tête d'ange, un petit nez retroussé et des yeux bleus comme de l'eau claire. En fait il n'avait vu que les yeux quand l'apprenti voleur les avait levés sur lui. L'instant d'après on ne voyait plus grand chose. Bel outil, que ce fléau. Il avait posé le gamin dans le temple d'Artherk, sous les yeux des prêtres eberlués, avant de repartir se reposer un peu. Il devrait être de garde cette nuit, ça allait être amusant.

Par Leylia le 19/6/2002 à 18:08:35 (#1684695)

:lit: Méchant va!! :enerve: *pense au pauvre gamin* :(
Jolie post Kehl :)

Par Ibuki Tribal le 19/6/2002 à 18:18:31 (#1684737)

Ouh :) *aime beaucoup le texte*

Par Kehldarin Osten MSF le 20/6/2002 à 0:06:26 (#1686384)

Oui, ça avait été amusant. De passage dans les catacombes du temple, pour voir si un courageux aventurier avait répondu à l'appel de son roi, le sergent avait encore eu à réagir. Une petite créature fluette, l'air toute pure dans sa robe immaculée, semblait en grande discussion avec une forme immense et rougeoyante. Couvert d'écailles, avec dans le dos des ailes membraneuses, c'était bien le démon Balork, fidèle de l'Haruspice, qui se tenait là. La petite n'avait pas l'air d'avoir peur. Quelques minutes plus tard elle repartait, et le monstre s'enfonçait dans les ténèbres. Ce n'est que là qu'elle vit qu'elle n'était pas seule. Sa figure d'ange aurait fait plaisir à voir, en temps normal. Mais...
Non, cette figure n'était pas humaine. Encore un de ces improbables survivants de la deuxième prophetie. Une elfe qui parle à un démon de Baazul, il n'y avait pas à discuter. Et elle avait discuté, pourtant.

Que la lumière déchire ton obscurité, engeance du démon!

Les catacombes si faiblements éclairées d'habitude s'étaient subitement illuminées. Et tout était revenu à la normal, comme si rien ne s'était passé. La seule chose, c'était ce corps fumant encore, à quelques pas. A bien y regarder, ça pouvait passer pour une elfe. Elle vivait encore, il allait falloir la laisser au temple. Pourvu que la chérubine se rétablisse vite, la voir devrait calmer plus d'un candidat à la traitrîse. Les quelques aventuriers qu'ils croisèrent en remontant l'avaient regardé bizarrement. Mais aucun n'avait fait de commentaire.

Arrivé dans le temple lui-même, Kehldarin laissa son fardeau dans les bras d'un moinillon qui semblait appeuré. Il allait repartir quand une jeune femme lui fit signe de la suivre. Tiens, Moonrock se souvenait de lui? Qu'est-ce qu'elle voulait donc? Après de longues minutes - on aurait dit des heures - de sermon où la mansuetude et la pitié revenaient comme des vagues sur une plage, Kehldarin sut enfin ce qu'on lui reprochait. Son petit voleur de tout-à-l'heure était sauvé, mais plus jamais ses yeux ne regarderaient le vaste monde. Celui qui lui restait, dans l'etat où il restait, suffirait à peine à lui dire s'il faisait jour ou nuit. Et maintenant voilà qu'il allait falloir soigner les brulures d'une deuxieme victime.

Nous le ferons. Ce sont nos voeux. Mais ce sont aussi les tiens, tu as toujours voulu être comme nous. Qu'est-ce qui se passe, Kehl? Hier encore tu te serais mis devant le petit garçon de tout-à-l'heure, et il n'aurait rien eu. Et la fille que tu nous apportes, tu aurais soigné ses brulures au lieu de la laisser souffrir. Tu sais bien que c'est dans les premières secondes qu'on peut le plus. Explique-toi

Elle ne l'avait pas appelé comme ça depuis la fin de leur apprentissage, il y a de longues années. Mais qu'y avait-il à dire? Son petit ange était un voleur, sa grande brulée une possedée du démon. Ils avaient refusé la lumière, ils méritaient leur châtiment. Oui il avait juré de défendre la lumière. Et ce n'était pas prêt de s'arrêter, vu qu'il n'avait fait que son travail.

La désapprobation se lisait dans les yeux de la jeune évêque. Et puis quelquechose d'autre, d'assez dur à percevoir, et encore plus à définir. Méfiance, peur, ou dégout? Peut-être un peu des trois. Peut-être encore autrechose. Qu'elle le rejette, elle aussi, ça ne ferait qu'une de plus. Qu'elle aille donc s'occupper des malfaiteurs qu'elle remettait sur pied. Entre ça et pleurnicher, ce serait bien le plus utile. Haussant les épaules, le sergent reprit sa route vers la place de la fontaine. Il ne fallait pas faire de jaloux, et envoyer des pensionnaires dans le dispensaire de la druidesse, et dans la maison de ces timorés qui donnaient une si mauvaise image de ce qu'était la lumière.

Par Brume Denvidiel le 20/6/2002 à 23:13:56 (#1687210)

Je le savais... Je le lui ai dit... Il y a si peu de frontiere entre l'obscurité et la lumière...
A en croire les dernières rumeurs... Il oscille, il est perdu et froisse toute sa belle théorie.
Hmm.... J'aimerais bien l'entendre une nouvelle fois me donner une leçon...

Par Kehldarin Osten MSF le 21/6/2002 à 0:13:46 (#1687479)

QUel malheur que cette inactivité forcée. C'était encore sûrement un mauvais coup des haruspiciens. Rester de permanence au poste une journée entière, quand les malfaiteurs n'attendaient que leur punition, quelquepart dans la ville.

Portant, même ainsi, il avait eu de la distraction. Une sorte de fou était venu lui demander des renseignements. Bon, c'était le travail de la garde, mais quand même, ce n'était pas un office de tourisme, ici. Heureusement qu'il ne l'avait pas renvoyé. La première question que posa l'homme était de savoir où était le sanctuaire de l'Haruspice, pour déposer sa candidature. Déjà il avait trouvé le sanctuaire d'Artherk. Ce que c'était que d'aider son prochain, tout de même.

Un peu plus tard, une silhouette bien connue était venue jusqu'à la capitainerie. Jeanne. La voir avait eu des effets assez paradoxaux. Kehldarin en était à la fois heureux et furieux, et pour la même raison : Le passé ressurgissait. Mais rien que le regard de sa filleule avait fait fuir la colère. Elle était très calme, comme toujours. Mais ça avait été plus dur que prévu de lui parler.

Quand il l'avait quittée, une jeune milicienne était venu lui demander la clef de la prison seigneuriale. Encore une raceille à enfermer, pourquoi ne pas l'executer sur-le-champ? Un homme était arrivé, et malgré les avertissements, il n'avait pas quitté les lieux. N'y tenant plus, Kehldarin le fit entrer dans la prison, avec la ferme intention de l'y laisser. Il avait longtemps hésité, mais une sorte de conscience ancienne l'en avait empêché : pas devant les yeux d'une nouvelle recrue.

Deux preuves de faiblesse coup sur coup, c'en était assez. Plein de colère, le sergent trouva de quoi passer ses nerfs légalement.
Une espece de mandiant errait dans les rues autour du temple. C'était sur, il perturbait l'ordre public. Il devait donc être châtié"

Il n'y avait eu que peu d'occasions de sortir : une pour un appel au pont gobelin, où un nécromant refusait de coopérer en payant son amende. L'homme avait été assez intelligent pour s'enfuir avant que les coups ne pleuvent sur lui. Tout vient à point à qui sait attendre, ton tour viendra, minable petit necromant. Furieux, Kehldarin passa ses nerfs sur deux hommes qui sembaleint venir de loin, et qui sembaleint vouloir commercer en pleine rue. Sur un ton rude, ils avaient appris qu'un acte de commerce sauvage comme celui-ci était répréhensible. Du regard ils comprirent bien vite qu'il ne vallait mieux pas plaisanter.

Par Jeanne de Vaal le 21/6/2002 à 15:03:34 (#1690064)



Un air
Sévère
Pensées
Blessées
Perdu
Le goût
Des coups
Reçus.
Excès...

Paroles
Frivoles
Ou folles
Consolent.
Sans réparer...

Un jour
L’orage
Virage
Trop court
La fin
Demain ?
A jamais...

Passer
L’épreuve
Changer
Vie neuve
Pour quoi ?
Pour toi ?
S’abuser...

Tendre
La main
Défendre
L’humain
Une aide
Futile
Qui plaide
L’utile.
Ne plus gâcher...

Par Gengis Khan le 21/6/2002 à 15:08:39 (#1690094)

y nous fait quoi le kehlou là... *retrousse ses manches*

Par Syndrael le 21/6/2002 à 15:54:19 (#1690375)

:lit:
Excellent :p
Le Kehldarin nouveau est arrivé, ça va saigner..
Puisse la lumière éclairer vos coeurs avant son fléau ne les croise.


(Merci pour ces vers Jeanne, tu concrétises un de mes vieux rêves)

La mort dans l'âme

Par Kehldarin Osten MSF le 21/6/2002 à 17:52:05 (#1691045)

Il y avait des semaines qu'ils ne s'étaient pas vus. La petite elfe à la fois innocente et torturée, celle qu'il avait voulu montrer la lumière de la miséricorde. Sinthiel, l'étrangère, à l'oeil si neuf, à l'âme si fragile. Elle l'attendait sur les terres désolées où pullulaient les kraanians. Et ils étaient rentrés à Windhowl. S'il avait su...

Il était heureux de la revoir. Elle aussi, ça se voyait. Elle avait bien changé, et sa robe immaculée lui allait bien mieux que son ancienne armure de cuir grossier. Ce n'était plus une enfant, à présent. Elle le lui avait bien montré, d'ailleurs. Ils étaient alors deux amis, qui jouissaient du soleil rougeoyant derrière les remparts, couronnant de flammes le pic solitaire qui émergeait un peu plus au nord. A la fontaine ils s'étaient assis sur la margelle. Elle voulait lui parler, maintenant.

Son regard était étrange, et Kehldarin reprit bien vite son sérieux. Mais jamais il n'avait pensé que ça en arriverait là. La jeune fille s'était levée, et avait commencé à parler. Le mal la rongeait, la lumière s'affaiblissait chaque jour en elle. Une obscure divinité infernale tirait les ficelles. Comment? Pourquoi? Mais ce n'était pas tout. Elle avait parlé tour à tour de son mariage raté, et de son amour pour un homme qui ne la regardait pas. Son coeur s'assechait. Il avait bien bredouillé quelques mots, mais les affaires de coeur, ce n'étais pas sa voie. Il avait déjà assez de problème avec les siennes pour ne pas se permettre de juger celles des autres, alors il avait sûrement dit des stupidités sans nom, de celles qu'on oublie le plus vite possible. Mais ça ne s'était pas arrêté là.

Non, elle l'avait regardé droit dans les yeux, et avait fini par se lancer. Il lui avait dit de penser à elle, c'est ce qu'elle allait faire. C'est ce qu'elle avait fait. Le ciel aurait pu s'effondrer qu'il n'aurait rien remarqué tant ses mots l'avaient surpris. De simples mots, pourtant :
Tu as touché mon coeur.

Est-ce que c'était vraiment lui qui avait répondu à Sinthiel sur cette place? Aujourd'hui il en doutait encore, mais le mal était fait. Elle ne s'était pas arrêtée là. Aujourd'hui encore il n'arrivait pas à répéter ces quelques mots sans ressentir une boule glacée dans sa poitrine. La voix étranglée, après un long silence, il avait tout juste réussi à articuler quelques mots :
C'est impossible, j'ai donné le mien.

Le rose de ses joues s'était envolé. L'horreur était bien visible dans ses yeux. Il avait essayé de parler, de lui expliquer. La voir les yeux rivés sur le sol faisait plus de mal. Des larmes tombaient avec une regularité presque surnaturelle. Elle lui avait semblé si faible quand il l'avait prise dans ses bras. Prenant son courage a deux mains, il avait essayé de s'expliquer. Mais quand elle avait relevé la tête, les flammes noires qui dansaient au fond de ses yeux l'avaient empêché de continuer :
je...je suis damnée maintenant j'en suis sure....jamais je ne pourrais terrasser le mal!

Ses yeux avaient recommencé à laisser couler des flots intarissables, et elle avait fui, légère comme un chat. Dans son armure complète il n'aurait jamais pu la rattrapper. Levant les mains au ciel il lança son incantation, et un rayon ambré fila vers la jeune femme. Des racines l'avaient maintenue en place jusqu'à ce qu'il puisse la retenir de sa main gantée de fer.
Ne dis pas ça. Tu n'es pas damnée. S'il te plait.
Terriblement ml à l'aise il avait tout de même continué :
- N'agis pas trop vite, parles en à tes amis. Réfléchis, s'il te plait. Va voir Leylia, va voir Mirlanor.
- Tu ne comprend pas mortel. La douce Sinthiel tu viens de la tuer. Maintenant voici venu le temps du mal et de la souffrance. Tu as fait de moi ce que je suis, Kehl, dorénavant tu devras vivre en sachant que tu as fait basculer une âme vers le mal. Mirlanor m'aidera. Les Sylrus n'en seront que plus puissants!


Il n'avait pas pu la retenir. Son bras avait comme perdu toute force. Elle s'était dégagée, et avait gagné tranquillement le couvert des maisons. Impossible de la suivre. Au bout de quelques mètres elle s'était pourtant retournée, les yeux brillant d'une haine sans fin :
A bientôt, peut-être, mon cher Kehl. Rassures toi, je me souviendrais que c'est toi qui m'a libérée.

La nuit était à présent complètement tombée, et il avait enfin pu retourner chez lui, le cerveau toujours vrillé par le remord. De retour à la capitainerie de Lighthaven, il avait jeté ses armes sur la paillasse qui lui servait en dépannage. Il n'y avait personne. Tant mieux. Dehors une marchande de fleurs hurlait qu'elle avait vu un démon parcourir les rues. Un dénommé Thanadar. Le père de Leylia? Il devait...
Non, il ne devait rien, c'en était assez. Il avait besoin de silence. Excédé, il se mit à crier à la vendeuse que si elle continuait à hurler dans les rues elle avait intérêt à aller vendre ses fleurs à la ville orc pour éviter un enfer administratif. Qu'elle prévienne Syndrael et Leylia, en face de l'auberge, et qu'elle arrête tout de suite. Non mais.

C'était bizarre, ça faisait déjà trois jours, et il ne pouvait pas s'en défaire. En y repensant, qu'est-ce que c'était que la mort d'une petite pervertie? Il n'arrivait pas à répondre. Il n'arrivait pas à s'y faire. La mort appelle la mort...

Par Gabriel Thylin MSF le 21/6/2002 à 18:31:33 (#1691248)

:lit: :amour: Du tout bon tout ca :) et c'est pas parceque je suis un collègue MSF que je dis ca :p

Par Kehldarin Osten MSF le 22/6/2002 à 16:25:57 (#1695451)

C'était la fin. Il avait entendu ce qu'il voulait entendre. Enfin, pas ce qu'il voulait, justement. Fallait-il continuer? Contre elle, contre lui, contre tout? Depuis longtemps il redoutait ce moment. Pourtant c'était bien pire que ce qu'il avait imaginé. Pourquoi? Qu'est-ce qu'il avait fait? C'était si compliqué? Oui, ou non. Non ou oui.

La violence et la barbarie de sa conduite lui arrivaient en plein visage. Il avait donné une âme aux ténèbres. Pour rien, juste pour sa stupidité. Point d'orgue d'une vie passée au service de la misericorde et de la justice. L'Haruspice était bien puissant, pour retourner les actions de ses ennemis eux-même. Où s'était-il trompé? Deux âmes restaient en suspend, et risquaient la même chose. Pour les mêmes raisons. Alors? Baisser les armes? Arrêter pendant qu'il était encore temps? Mais était-il encore temps?

Arkantor, père et modèle, repond moi. Montre moi, guide moi. J'ai failli, mais tu m'a appris à ne pas douter. Comment réparer mon échec? Anthinea, douce mère, que puis-je faire? Agenouillé au fond du temple, le chevalier adressait sa prière muette à ses ancêtres. Seule le silence lui répondit. Le silence, encore. Jamais de réponse...

Zelkia l'avait arrêté quand il revenait de patrouille. Son ordre au complet était déjà venu le voir, les uns en groupe, les autres seuls. Tous avaient dit la même chose. S'il avait compté se faire haïr, c'était raté. Mais elle, elle l'avait menacé de suivre son exemple, de quitter les chevaliers de la lumière et de faire également passer ses ennuis avant son devoir, avant son serment. Il n'en revenait pas encore. Sa propre fille, fierté de son sang, prunelle de ses yeux, allait choisir la voie de la folie et de la corruption. Et encore à cause de lui. Il ne pourrait le supporter, et elle le savait. Quand on connait les faiblesses de son adversaire on gagne a tous les coups. Un coup de maître que celui-là, et il n'avait été que trop heureux de regagner la commanderie de l'ordre avant de continuer son service.

Elle était complètelent déserte. Presque complètement : il n'y avait qu'un petit garçon blond, qui se chauffait devant la cheminée. Même de dos, ses vêtements depenaillés l'identifiaient bien comme un des petits mendiants qui traînaient du coté du temple. S'approchant, Kehldarin lui appuya bienveillemment sur l'épaule, et s'assit à coté de lui. La maison etait en pierres épaisses, il fallait chauffer même en cette saison, la nuit. Il sentit le jeune garçon se tourner vers lui, et le regarda, le sourire au lèvres. Il avait déjà une phrase sur les lèvres quand il apperçu le regard. Un regard bleu comme l'eau claire, limpide comme le lac d'argent lui-même, tranquille comme l'horizon. Mais un regard troublant : le petit était borgne, une partie de son visage disparaissait sous les bandages. Pas la peine de demander ce qu'il avait eu. De toute façon c'était impossible, l'horreur le paralysait. De son oeil unique, le garçon le fixait, sans un mot.

Zelkia posa sa main sur son épaule, et le garçon passa sa main sur le visage du sergent, qui aurait bien donné son titre, son ancienneté et sa réputation pour que quelqu'un entre à ce moment-là. N'importe qui. Le pire, c'est qu'il n'y avait aucune haine dans le regard de sa victime. Il était d'autant plus insoutenable. Est-ce qu'un guerrier pouvait pleurer? Il n'avait pas eu le temps de répondre, ses yeux avaient pris la décision. S'agenouillant devant le petit borgne, il posa sa dague sur le banc, et baissa la tête. Il entendit bien le borgne prendre la dague, mais ensuite...

Par Gengis Khan le 22/6/2002 à 18:15:52 (#1695945)

*va faire dans son froc a cause de cette histoire*
beuh chui même pa cité moi qui t ai envoyé tous les ol aux miches :D

Par Sinthiel le 23/6/2002 à 0:55:04 (#1697405)

dans un coin sombre de la pièce,par la fenètre entrebaillée,Sinthiel regardait la scène,un sourire mauvais au coin de ses lèvres pulpeuses.
pourtant dans la noirceur glacée des flammes qui emplissaient ses yeux,une lueur de compassion s'éveila doucement et mourut presque aussitot,happée par la volonté infernale qui la guidait.

-bienvenu sur la longue route du tourment,mon cher Kehl.puisse t-elle t'apporter des éternités de souffrances!

la phrase fut murmurée mais Sinthiel crut voir le visage du guerrier se relever un instant et l'appercevoir.
elle se rejetta vivement en arrière pour ne pas etre vu...quelque part au tréfond de son ame obscure,une douce lueur pleura amèrement la terrible lutte que son ami si cher venait de commencer!

Par Kehldarin Osten MSF le 23/6/2002 à 13:55:27 (#1698934)

S'il avait sur que Sinthiel serait sa dernière image. Il devenait fou. Elle n'était pas là, elle ne pouvait pas être là. Il devait s'être trompé, une fois de plus. Il n'y avait que deux personnes dans cette pièce. Levant les yeux, Kehldarin croisa le regard du petit blond. Ils se fixèrent. L'indécision d'un coté, la honte de l'autre. Il avait toujours un genou en terre, devant ce petit être de qui viendrait le châtiment. Immobiles tout deux, ils attendaient. Kehldarin n'eut qu'un mot, etouffé par le poids qu'il avait sur le coeur :

frappe...

Le regard changea, la dague bougea. Et il referma les yeux. Tout ce qu'il entendit c'était le sifflement de la lame dans l'air. En un instant il sentit le froid mordant de l'acier sur sa tempe. Puis plus rien.

Après des minutes qui semblèrent durer des heures, le tintement de la dague se fit entendre sur le sol, et Kehldarin trouva enfin le courage d'ouvrir les yeux. Ils étaient toujours là, le petit se cachhant le visage dans les mains. Même debout, et lui a genou, il ne le dépassait pas de beaucoup. Saisissant les poignets, Kehldarin ecarta doucement les mains de sa victime, qui n'avait pas été son bourreau. Le blond le regarda alors avec surprise :

Pourquoi? Pourquoi je n'ai pas pu?

Incompréhension, stupeur, détresse et méfiance étaient palpables dans ses paroles. De la douleur aussi, une terrible douleur. Se relevant, Kehldarin posa la main sur la tête du garçonnet. Il n'était pas sûr de comprendre, lui non plus, mais il réussit à articuler, la voix nouée, juste assez fort pour être entendu :

Ton coeur, petit. Ton coeur...

Par Eoll le conteur le 23/6/2002 à 14:03:46 (#1698990)

*Tenu en suspens*
Du grand, mais alors du grand art!

La suite!!! (si suite il y a )

Par Lucinda H le 24/6/2002 à 5:13:31 (#1702030)

*coup de pied dans le post* La suite!

Par Yolinne MIP le 24/6/2002 à 5:48:37 (#1702065)

Que la tension immerge le coeur et que le Doute l'assaille, il n'est plus grand danger pour l'homme que ce qu'il est, ce qu'il représente et que ce qu'il fait, par acte de folie, de vengeance, ou encore de peine.. La lumière est une source d'espoir qui peut hélas se muer en une tout autre lumière, aveuglante et criarde.. Quand la pureté se change en vice, quand l'amour se change en haine... qure reste t'il à part un corps mû par ses instincts et sa colère ..?


Tres chouette Kel *boit tout comme du petit lait* *avide d'en boire de nouveau*

Par Alanis Lyn le 24/6/2002 à 9:12:27 (#1702314)

L'amour et la haine sont si proches parfois...

Par Kehldarin Osten MSF le 24/6/2002 à 17:30:30 (#1704490)

Pendant des heures ils étaient restés là, sur ce banc. Ranimées de temps en temps, les flammes réchauffaient leurs visages. Au début le silence avait été lourd, presque écrasant. Mais, comme une digue craque sous la pression, subitement les paroles avaient repris leurs droits. Il n'avait d'abord pas osé répondre, pas vraiment rassuré, craignant de faire encore du mal à infiniment plus sage et plus digne qu'il ne le serait jamais. Mais il avait fini par accepter de se découvrir, à cause de ses vielles habitudes de prêcheur errant, peut-être.

Mon vrai nom c'est Segwar, mais on m'apellait l'abeille. Enfin, quand on voulait me faire plaisir, sinon c'était plutôt le fainéant, le bon a rien, le traîne-misère...
Mais j'aimais bien ce nom : toujours butinant, jamais rassasié. Je servais de commis, de coursier, de porteur. J'apprenais à tirer à l'arc...

Tu apprenais? Tu étais? Tu as arrêté?

Oui, on dit que les bons archers ne se servent que d'un oeil. J'aimerait bien qu'ils me montrent, alors. Je ne suis plus qu'une abeille sans dard. Les autres se sont moqué de moi. L'abeille s'est fait écraser, voilà ce qu'ils ont dit...

Il aurait bien voulu rassurer son visiteur, mais il n'avait pas pu. Le dégout avait de nouveau déferlé. Tout ça pour rien, tout ça pour satisfaire sa folie. Une vie gâchée. Segwar avait réussi à pardonner. Lui ne pouvait pas.

J'ai cherché deux jours avant de te retrouver. J'ai failli croire que je m'étais trompé, quand on où je pouvais trouver le garde au fléau doré. Je n'y croyais pas, je suis venu sans grand espoir. Jusqu'à ce que tu entres.

C'était de plus en plus désagréable. S'il avait pu il aurait couru à la porte et disparu dans la nuit. Segwar s'était tourné vers lui, le regard indéfinissable. Enfin, peut-être en temps normal, mais là ce n'était vraiment pas possible. Le ton neutre, il demanda d'une voix sourde :

Toi aussi tu se demande ce qu'il y a dans ton coeur?

Plus question de vouloir fuir. Ce gamin lui donnait une leçon de courage et d'humilité que jamais personne n'avais osé ne serait-ce qu'essayer. Sa peur et sa honte s'effaçaient. Non, c'était plutôt son admiration qui les cachait, elles étaient toujours là, mais plus aussi impérieuses. Segwar l'avait sûrement vu, quel incroyable petit homme.

J'ai beaucoup réfléchi, depuis que je n'ai pas pu me venger. Je ne serais pas archer, alors enseigne moi l'épée. C'est ma première demande.

Incroyable. Il devait se moquer de lui. Quelle cruauté, mais après tout c'était bien normal. Il avait failli le tuer, il en porterait les cicatrices toute sa vie, et il voulait lui faire croire qu'il en ferais abstraction? Un instant remonté à la surface, Kehldarin avait recommencer à se noyer.

Je suis sérieux. Tu me dois bien ça, tu ne crois pas?

Il ne savait plus que penser. Il avait envie d'y croire, c'était merveilleux. Ou terrifiant. Peut-être les deux. Quelle force d'âme il fallait à cet enfant. Comment? Incapable d'une pensée cohérente, la seule chose qu'il pu vaguement répondre était d'une bêtise affligeante :

Quel âge as-tu?

A la prochaine saison j'aurais quatorze ans. C'est oui? Parceque je voudrais autrechose aussi.

C'était donc ça. Cette dernière exigence expliquait tout. Qu'allait-il désirer? D'un coté c'était accordé d'avance, mais de l'autre...

J'en ai besoin. Tout ceux que je connaissaient ne veulent plus me voir. Je ne vaux plus rien, avec un oeil en moins. Et à l'auberge on m'a dit que tu ne t'arrêtais pas aux apparences, et que l'impossible ne te faisait pas peur. Alors?

Il n'y a pas d'impossible. Il n'y a que des choses qu'on croit impossibles. Mais...

Mais quoi? Je voudrais que tu m'apprenne aussi l'honneur, la fierté, la force de caractère. Il y avait des gens ici tout à l'heure. Courage, droiture, humilité et sagesse, voilà ce qu'ils m'ont dit.

Qui es-tu? Qui t'envoie? Pourquoi me tentes-tu?

Il avait presque crié. Furieux contre lui, honteux de s'être laissé piéger, dégouté d'avoir contraint une âme à une si basse vengeance. Et dans la bouche le gout amer du désespoir.

Je pensais bien que tu ne voudrais pas. Mais j'ai essayé. Tu as raison, profite de ta vie telle qu'elle est, ne t'encombre pas d'une bouche inutile et infirme, en plus. Tu ne me dois rien. Et je ne te dois rien non plus, d'ailleurs. Alors adieu...

La voix était douce et résignée, presque triste. Segwar avait sauté sur ses jambes, et se dirigeait maintenant vers la porte. Kehldarin le regarda partir, rouge de colère, mais de colère contre qui, même lui ne le savait pas.

Il se rassit et repensa à sa soirée. Que d'événements, et tellement étranges. Segwar l'intriguait, et l'inquiétait. Et s'il avait été sincère? Si il avait vraiment pensé ce qu'il avait dit? Non, c'était absurde. Pourquoi vouloir apprendre de celui qui a failli vous tuer? Comment aurait-il pu être assez respecté de Segwar pour ça? Il y avait tant de choses, c'était ridicule. Pourtant...

En un instant il était sur ses jambes, et celui d'après il courait dans la rue pour rattraper sa chance. Débouchant en trombe sur la place de la fontaine il le vit, assis sur le rebord de pierre. Plus prostré qu'assis, en fait. Il n'en fallait pas plus. Kehldarin s'approcha de lui, et, se mettant à la hauteur de son visage, prononça simplement :

Pardon, Segwar. J'accepte avec joie. Je ferais tout pour mériter cet honneur. Que la lumière ne te quitte jamais.

Dans l'oeil unique de Segwar, habituellement rouge de fatigue et d'avoir trop pleuré, brillait à présent une petite lueur, qui avait remplacé le noir désespoir qui l'habitait il y a quelques secondes.

Par Marcus Blade le 24/6/2002 à 20:10:55 (#1705315)

:lit:

Vraiment tres belle histoire ! Emouvante et captivante :)


*remonte le post*

Par Aerg le 24/6/2002 à 21:12:21 (#1705558)

:lit:

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