Après ce bref exposé, quelques pistes de réflexion, suggestion de débat :
1) Quelle est la validité des différentes thèses sur le pétrole dont on disposera dans les années à venir ? business as usual ou choc pétrolier ?
2) Que font concrètement les gouvernements, les entreprises, les particuliers pour préparer cette mutation ? Quelles sont les pays ou les sociétés qui s'y préparent le mieux, quels sont ceux qui vont en prendre plein la gueule ?
3) dans l'hypothèse d'une envolée brutale des prix d'ici 5 ans (disons, 300 dollars le baril en 2015 par exemple), quelles seraient les conséquences économiques et géo-politiques à court terme ? Comment gérer -à l'échelon national et européen- ces conséquences immédiates ?
1- La seule certitude qu'on a, c'est que les réserves ne peuvent QUE s'amoindrir, et que par conséquent, le temps du pétrole "pas cher" que nous avons connu est révolu. On s'étonnait il y a quelques mois que le baril puisse atteindre les 100 $, mais dans quelques années, ça sera un prix tout à fait bon marché par rapport aux prix en vigueur. Quand bien même on trouverait de nouveaux gisements, ils ne sauraient renverser une tendance aussi lourde.
Pour les pays producteurs, la règle semble demeurer : continuer à se goinfrer tout en réinvestissant dans d'autres activités (exemple des pays du Golfe, qui se diversifient rapidement depuis des années et s'orientent vers le tertiaire financier et le tourisme haut de gamme, comme Dubaï), et en gérant le manque sur le long terme pour bénéficier le plus longtemps possible de la rente pétrolière en la faisant fructifier (maintenir le niveau de revenus en trouvant des solutions pour le futur). Mais ils sont soumis à des contraintes internes fort variables (les Emirats Arabes Unis, l'Arabie Saoudite, l'Irak, la Russie ou le Venezuela ne sont pas comparables et ne profitent pas tous de la même manière de la rente pétrolière).
2- Ceux qui en prendront plein la gueule sont ceux qui sont les moins diversifiés, qui n'ont pas aujourd'hui les moyens de préparer l'avenir du fait de contraintes internes fortes, qui ont des réserves insuffisantes pour avoir le temps de préparer l'avenir, et qui ont des structures d'Etat ou privées suffisamment incompétentes pour faire des choix durables et bénéfiques (il me semble que l'Algérie est en plein dans ce schéma).
Les gagnants dans les pays de l'OPEP sont ceux qui à l'inverse seront les plus diversifiés et les mieux formés, et qui sauront utiliser leurs ressources pour préparer l'avenir de leur population et régler les problèmes internes (utiliser l'argent du pétrole pour moderniser le pays et le doter d'infrastructures efficaces).
Ceux qui peuvent s'en sortir aussi sont ceux qui sauront trouver des solutions alternatives, notamment les pays agricoles qui produisent des biocarburants (Brésil). Moins dépendants au pétrole, ils passeront plus facilement le cap de l'après pétrole, et sauront proposer rapidement des solutions à d'autres pays demandeurs. Mais à long terme, le problème ne sera pas réglé pour autant (le Brésil détruit sa forêt et ses écosystèmes pour produire des biocarburants, mais ça ne résout pas pour autant les inégalités sociales du pays).
L'après- pétrole peut redonner aux pays européens une seconde jeunesse. D'un haut niveau technologique, nous pouvons trouver des solutions durables dans le domaine des énergies renouvelables (solaire par exemple) ou dans l'énergie nucléaire. Mais nous le sentirons passer un temps du fait de notre dépendance au pétrole (civilisation de l'automobile). Notre réseau de transports en commun peut aussi nous permettre de moins subir cette adaptation difficile.
Un des pays dont on peut penser qu'il sera rudement touché est les Etats- Unis. Mais dans le même temps, ils achètent en masse à l'étranger et préservent depuis longtemps leurs gisements, qui demeurent relativement importants. Quoi qu'il en soit, dans un pays où la consommation et l'individualisme sont érigés en dogme, on voit mal comment ils n'en prendraient pas plein la tronche (du moins, le consommateur lambda).
A long terme, la Chine et l'Inde risquent de voir leur développement sérieusement mis en question. Ils se développent sur le modèle occidental, qui est un modèle fondé sur le pétrole à bas prix. Or, pour eux, c'est un modèle sans avenir sur le long terme. Mais sur le court terme, c'est la clé de leur réussite et de leur développement. Sur le long terme, ils peuvent contribuer à définir de nouveaux modèles de développement, qui ancrerait le monde dans une structure multi- polaire et multi- culturelle : plus d'un milliards d'indiens, qui partent d'un niveau de confort très inférieur aux européens, ça peut aider à consommer différemment et ça peut avoir des valeurs et des comportements dont nous pourrions nous inspirer sur le long terme afin de préserver des équilibres qui sont ceux de la planète.
Une chose certaine en tout cas, les équilibres du monde de 2050 ne seront plus ceux d'aujourd'hui. Non pas que tout sera différent, mais il y aura quand même des ajustements majeurs. D'autant que la question des énergies ne se résume pas au pétrole, suppose celle de la maîtrise des technologies, et celle de l'eau.
En tout cas, il y a une sérieuse réflexion à mener sur nos habitudes de consommation, que nous devrons revoir de fond en comble...
Bon, c'est un peu général, mais bon, j'ai rien d'autre qui me vient là, comme ça.