Au bûcher!

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Chapitre 1

I
l était d’usage de considérer le feu, dans le village où je suis née, non loin de Lichenheim, dans la province de Sylvania, comme le meilleur moyen de régler tous les problèmes.
Des hérétiques qui refusent de payer la Dîme ? Au bûcher ! L’vieux Bertrand pris en train de forniquer avec son âne ? Au bûcher ! L’âne aussi par la même occasion. L’Église, dans sa mansuétude, n’ayant pas voulu séparer les deux amants dans la mort. Et je passe sur tous les suspectés de sorcellerie et de lycanthropie. Même si malheureusement les massacres des troupeaux de mouton et les mauvaises récoltes n’avaient jamais vraiment cessés.

Mais la population était rassurée par ces brasiers réguliers et c’était le principal. C’était d’ailleurs prétexte à de grands rassemblements festifs là où le quotidien était plutôt monotone. Les familles se rencontraient, parlaient invariablement de la récolte à venir et pestaient contre la guerre. Les années trop humides on en profitait pour se débarrasser des fruits pourris sur le malencontreux bouc émissaire, et les années de sécheresse quand le pauvre bougre n’avait pas de chance, on se rabattait sur les cailloux. Bref, le feu était un élément essentiel de la vie sociale de ma campagne natale. Il purifiait, fascinait et attirait les foules comme des papillons de nuit.

Un des gros avantage c’est qu’il était plutôt rare que l’accusé en réchappe. Certes parfois, le bois humide prenait un peu de temps à s’allumer, mais on arrivait toujours à quelque chose de satisfaisant. Du moins jusqu’à aujourd’hui.

- Sedna ! Sedna ! Tu m’entends ?
C’est le père Markus qui m’interpellait, sa voix partiellement couverte par le brasier.
- Oui mon père ?
- Sedna, par Sigmar, tu… tu pourrais faire preuve d’un peu de bonne volonté.
- Mais je n’y peux rien. Je vous l’avais dit que ça ne marcherait pas.
- Regarde tous ces gens qui sont venus rien que pour toi. Tu ne veux pas les décevoir tout de même ?
- J’essaye mon père, j’essaye.

Il en a de bonnes lui… Comme si j’y peux quelque chose ?
Ma robe de lin blanc était partie en torche dés les premières minutes, ainsi que les liens qui me retenaient au lourd poteau. Même cette bague en étain que j’affectionnais avait fini par fondre. Mais mon corps ne semblait présenter ni brûlure, ni même le moindre inconfort.
Parmi la foule les cris d’allégresse avaient disparu pour ne plus laisser qu’un silence médusé. Et le bourreau essoufflé, éructant à cause de la fumée terminait sa réserve de bois sec.

Pour une fois le tribunal ne s’était pas trompé. Oui je suis une sorcière. Oui j’ai toujours eu une affection toute particulière pour le feu et peut-être ai-je dû faire cramer par mégardes une grange ou deux suite à de malencontreuses expériences.
C’est un secret que j’avais pu garder caché tout le long de mes 14 premières années de vie. Ma mère ayant cependant toujours eu quelques doutes : Parait-il qu’étant bébé, elle m’avait retiré des mains un tison chauffé au rouge que j’allais m’enfourner dans la bouche. Elle en avait gardé les marques, pas moi.

Puis il y a une semaine. Cette garnison de soldats fit escale dans notre village. Aviné, l’un deux glissa sa main sous ma jupe… mais n’en avait ressorti qu’un moignon carbonisé. Autant vous dire que de plates excuses n’avaient pas vraiment suffit.

Au court du procès, j’crois bien que la moitié du village déclara m’avoir vu forniquer avec des démons, manger des enfants et changer des hommes en salamandre. Ça j’leur ai juré pourtant, c’était pas moi. J’sais même pas à quoi ça ressemble une salamandre.

Et maintenant ils étaient tous là mes accusateurs, me regardant fixement la bouche ouverte, espérant sans trop plus y croire que j’allais finalement m’embraser. Inutile de préciser que je n’avais nullement l’intention de leur offrir ce soulagement.

Très honnêtement j’appréhendais le moment où il allait falloir me sortir des braises refroidis. Au moins ici j’étais un minimum en sécurité…
J'adore !

Bon, mais puisqu'il faut être tatillon, soyons chiant ! Je pense que cette particularité est peut être un peu... extrême, et risque de devenir envahissante à jouer, si il s'agit bien de ton personnage en jeu.

Mais tant le coté décalé que la narration, franchement, j'adhère à 300%
Merci pour vos compliments.
J'attendais de lire les premiers commentaires pour savoir si ça valait le coup de continuer sur ce ton décalé, un peu à la Pratchett.

Oui, c'est bien mon personnage qui est décrit là. J'aime bien jouer sur ce ton là. Après tout Warhammer reste un univers assez parodique (suffit de voir les orcs).

Vu que ça a l'air de plaire, je publierais la suite dès que possible.
Espérons que les villageois vont vite trouver autre chose.

Il serait scandaleux qu'un suppot du mal échappe ainsi à la saine justice !!!

Faisons leur confiance ils m'ont l'air de brave et pieux gens.
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