Un jour de pluie

Par Boreale le 18/3/2002 à 12:36:05 (#1133123)

La terre pleurait, il lui semblait entendre ses sanglots portés par le vent. Elle ne regardait même plus le ciel morne et triste qui s’étirait vers l’horizon, mais les quelques gouttes de pluie qui effleuraient son visage suffisaient à lui en rappeler le souvenir. Chargés d’une sombre cargaison, les nuages semblaient fuir, partir vers cette destination inconnue là où nos regards ne pourraient les suivre. Sur leur sillage, une pluie fine et irrégulière tombait, telle un voile, pour recouvrir la ville silencieuse, sans pour autant déranger la femme aux ailes sombres. Quittant le sanctuaire bréhanite ou elle était allée s’enquérir du devenir du paladin Nekresh, une de ses connaissances, elle marchait le visage impassible, comme étrangère à ce qui pouvait l’entourer. Ils n’avaient pu la renseigner, ne l’ayant pas revu eux même depuis quelques jours déjà. Si cela n’était pas inquiétant en soi, les aventuriers ayant parfois l’habitude de partir dans de longues expéditions, cela ne faisait que confirmer son hypothèse.

Une voix s’éleva, la ramenant à la réalité. Ses pas l’avaient menée hors de la ville, et voilà qu’elle était manifestement la cible de quelques brigands. S’avançant au milieu du chemin pour lui couper la route, un homme de corpulence moyenne l’avait interpellée. Vêtu de longues chausses en cuir, et d’une veste usée par le temps et les coups, il avait deux dagues aux cotés, mais se présentait sans agressivité, les mains vides. Il était assurément sur de lui, et malgré leurs talents de dissimulation, ses acolytes cachés dans les fourrés proches ne pouvaient se soustraire au regard de Boreale. Les hommes du commun ne connaissent guère ces sortilèges qui offrent aux mages cette vision extraordinaire, révélant les mystères cachés aux yeux de tous.

-Eh bien sombre dame, curieuse heure pour partir en promenade Ce faisant il s’était arrêté à quelques pas de la séraphine, la jaugeant du regard
-Sûrement une occupation plus appropriée que de rester caché dans un bosquet en attendant les voyageurs, répondit Boreale d’un trait, sans se départir de son ton neutre, avant de désigner d’un geste du bras les complices du brigand
-Oh mais voyez vous mes amis, la dame nous a percé à jour. Je suppose qu’elle sait alors ce que nous pouvons attendre de sa personne ? J’adore ces rencontres avec des personnes intelligentes, où il n’est nul besoin de s’expliquer longtemps…

D’un geste, il avait intimé à ses amis de sortir de leur cachette, et deux archers se levèrent, l’arc à la main. Un troisième larron restait en retrait, sans doute pour couvrir leur retraite en cas de problème. Malgré son ton moqueur, elle avait cru déceler dans le meneur une pointe d’inquiétude, ce qu’elle escomptait en lui révélant qu’elle n’était guère dupe quand à ses complices. En effet, si sa voix ne trahissait rien, le brigand s’inquiétait de plus en plus, se demandant s’ils n’avaient fait une erreur en arrêtant cette dame si sure d’elle. Elle avait tout d’abord semblé une proie facile, seule, sans arme et vêtue d’une longue robe noire. Mais alors qu’il se rapprochait, il avait été frappé par le teint pale, les traits figés de cette femme. Sa beauté glacée lui avait laissé une sensation de danger, de mort comme il n’en avait jamais éprouvé. Et maintenant, en voyant le geste ample et lent de celle ci pour révéler ses complices, il était persuadé que malgré les flèches pointées vers elle, c’était elle qui les menaçait à présent. D’un regard, il chercha un appui auprès de ses compagnons, qui étaient visiblement aussi peu assurés que lui, quand la voix de la femme s’éleva à nouveau.

Elle prononçait quelques paroles avec une sonorité étrange, que les brigands reconnurent immédiatement pour de la magie. Sans hésiter, les deux flèches volèrent en direction de la nécromante, alors que le chef du groupe se reculait. Avec effroi, ils virent celles ci ralentir, comme freinée par une barrière invisible avant de finalement tomber au sol, aux pieds de la femme qui les observait tout en psalmodiant. Tournant les talons pour fuir, le chef entendit un premier cri d’un de ses hommes, avant que la douleur ne le projette au sol à son tour. Elle, c’était elle qui avait changé cette pluie en glace, créant autant de pics acérés lancés sur lui et ses hommes. L’épaule transpercée, il jeta un dernier regard horrifié en voyant la glace qui s’abattait à présent sur lui et ses hommes, un dernier regard vers cette femme qui les regardait mourir le visage toujours aussi impassible, avant de se retourner pour continuer sa route.

Par Filnor le 18/3/2002 à 13:08:38 (#1133241)

;) :lit:
(Jolie style ;) )

Par Azulynn Kissous le 18/3/2002 à 13:10:18 (#1133247)

*apprécie toujours autant les récits de Boréale* ;)

Par Lorana le 18/3/2002 à 20:49:18 (#1135485)

:lit: :) *redonne une seconde chance a ce joli texte a peine vieux de quelques heures et déja en deuxieme page*

Par Kyriane Feals le 19/3/2002 à 0:39:02 (#1136517)

:lit:

Très joli.

Par Yolinne MIP le 19/3/2002 à 14:07:28 (#1138056)

c'est du label Boreale didiou ! un nom qui ne donne pas de mauvaises surprises n'est il pas ? ;)

Par Dodgee MIP le 19/3/2002 à 14:12:15 (#1138077)

Mouaip, ca c'est sur, pas de surprise ;)

Par Subtil le 19/3/2002 à 16:08:41 (#1138415)

*lit et adore*
:lit: