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L'empire des ténèbres I

Par Daevel Galliano le 11/3/2002 Ă  8:14:21 (#1098213)

JÂ’Ă©tais seul.

Par un égoïsme typique des jeunes enfants, je blâmais d’abord mes parents. Je savais combien leur vie était tourmentée, mais à cette époque, je ne pouvais retenir ma rancœur, et je me sentais abandonné. Je me fichais bien qu’il existe des mondes fantastiques au-delà du voile céleste, puisque ma mère était repartie les explorer seule. Je fixais parfois le firmament, essayant d’y percevoir l’étoile où se trouvait Livie. Quant à mon père, revenu d’entre les griffes de la faucheuse à tant de reprises, il s’était effondré sans son épouse, et m’avait laissé seul face au monde.

Bien vite je compris que mes larmes ne me rendraient pas ce que je venais de perdre. Les miens m’avaient laissé aux prises avec mon malheur, alors que j’aurais voulu apaiser le leur.
JÂ’Ă©tais encore bien jeune, mais je crois que cÂ’est Ă  ce moment que je devins un adulte.

J’arpentais alors les routes d’Arakas, avec dans le cœur le désir grandissant de suivre la voie des grands paladins. Mais j’étais seul, sans entraînement, et j’avais toujours vécu dans le confort que ma famille m’avait fourni. Sans le refuge offert par les prêtres d’Artherk au temple, peut être aurais-je péris. Il y avait bien ma tante, mais je ne pouvais surmonter la crainte étrange et grandissante qu’elle m’inspirait, comme si au fond d’elle, derrière la superbe façade que la nature lui avait façonné et que le temps n’avait su délabrer, elle gardait une bête grondante, prête à se libérer de ses chaînes.

Ainsi en peu de temps, je venais d’être initié à la peur, la tristesse, la colère, et la solitude.
Mais l’horreur me guettait, pour à son tour, imprimer sa marque indélébile sur les pages encore vierges de mon cœur d’enfant.

C’était au crépuscule, alors que j’observais le ciel depuis les alentours du cimetière, là où les lueurs de la ville ne terniraient pas l’éclat des astres, si cher à mes yeux remplis de mélancolie.
Parmi les saules, un bruit sourdÂ… des pas peut ĂŞtre, et le froissement dÂ’une Ă©toffe.
Ma curiosité éveillée, je m’approchais de la clôture en fer forgé, scrutant les ténèbres à la recherche d’une forme humaine. Il y avait bien quelqu’un, mais pas ce que j’attendais.
C’était une créature que je n’avais pu contempler qu’à de rares occasions jusque là, un séraphin aux ailes pourpres, dont chacun des pas résonnaient jusque dans mes os.

J’aurais du m’enfuir. C’est ce que j’ordonnais à mes jambes, mais elles refusaient d’obéir. Il y avait quelque chose de terrible que je ne voulais découvrir, entre ces tombes…

Mes jambes se mirent enfin en mouvement, et, retenant mon souffle, jÂ’entrepris de regagner le havre rassurant du village.
Je ne m’explique pas ce qui s’est passé ensuite : les ténèbres semblaient se mouvoir face à moi, dansant langoureusement en de longs lambeaux de nuit, au rythme d’une musique invisible…
Quoi que ce fût, je savais que ça avait un rapport avec cet ange, sous les saules du cimetière. Les ombres me barrèrent le chemin. Je crus sentir l’une d’elle m’effleurer, et émettre un ricanement satisfait.

A cet instant je ne me maîtrisais plus, et les larmes commencèrent à rouler sur mes joues. J’étais paralysé. Je crus un instant distinguer des visages grimaçants et lacérés au sein des ombres moqueuses…
Elles me poussaient vers le cimetière. Ma volonté céda face à cet assaut surnaturel. Je sais aujourd’hui, que si les ténèbres avaient voulu ma mort, elles m’auraient tué ce soir là. Mais mues par une volonté sadique, elles me forcèrent à passer la grande grille de fer, vers celui qui les avait amené ici.

CÂ’Ă©tait lÂ’ange. Et il portait un cadavre de jeune fille sur son Ă©paule.
A mesure que la nuit me poussait en avant, je pus le distinguer plus clairement.

Il était bien plus grand que moi, il était svelte et mince, mais ne semblait pas être plus âgé qu’une vingtaine d’année. Seul son regard rougeoyant mais sans vie paraissait trahir son âge avancé. Je me mis à éprouver une sorte de fascination terrifiée lorsqu’il le posa sur moi, visiblement indifférent à ma présence. Il était vêtu plus richement que quiconque j’avais pu croisé jusque là. Pourtant, il portait des bijoux à l’aspect barbare, hérissés de pointes, qui dévoilaient, de concert avec quelques pièces d’armures, sa vocation de guerrier.

Le plus étrange cependant, était l’absence totale de couleur de sa peau. S’il avait été immobile, je l’aurais pris pour une statue de la pierre la plus blanche et la plus pure. Ses longs cheveux étaient tout aussi blêmes, et jouaient avec les rayons de lune à chacun de ses gestes assurés. Il déposa avec précaution le cadavre qu’il portait sur son épaule.

A cet instant, j’avais dépassé le stade de la terreur et étais plongé dans un état d’effroi permanent, rendant toute tentative de m’extraire de cette situation embarrassante, vaine.

Le corps était celui d’une fillette, de mon âge même, semblait-il. Alors que je m’attardais sur ses traits figés, je réalisais qu’elle lui était semblable, albinos elle aussi…
Mon cœur accéléra sa course déjà furieuse, et je pris conscience que j’avais fait irruption au milieu de l’enterrement de son enfant.
Je ne ressortirai jamais de ce cimetière, pensai-je alors, persuadé que l’homme ne me pardonnerait pas mon audace.

Puis, il se saisit d’une large pelle, pour commencer à attaquer la terre. Je le contemplais avec crainte déplacer des mottes de terre qui me pesaient à moitié, à chaque mouvement de l’outil.
Je n’osais émettre un son, car j’étais certain qu’il allait me tuer si j’interrompais cet instant sacré. Aussi laissais-je mes larmes rouler en silence le long de mon visage déconfit.

Et ce fut lui qui rompit cet Ă©touffant silence. Il parlait dÂ’une voix claire, et douce, qui se muait parfois en de sourds rugissements lorsquÂ’il prenait des accents gutturaux et brutaux.

Tu es bien loin des autres fidèles du dieu-traître, qui es-tu pour affronter la nuit sans y être invité ?

Mon esprit se mit à fonctionner avec frénésie. J’avais le sentiment qu’une seule réponse pourrait décider de mon sort. Qui donc désignait-il comme « dieu-traître » ? Je n’osais le lui demander, il utilisa simplement ce terme comme quelqu’un de déçu plus qu’enragé, comme s’il savait mais ne croyait plus.

Je voulu parler, rien ne sorti. Il ne parut pas s’offusquer, ne posant même plus ses yeux sur moi. Plutôt, il scruta les tombes alentours, visiblement à la recherche de quelque chose. Il s’arrêta puis marcha en direction d’une autre sépulture. Alors, à l’aide de sa pelle, il délogea la pierre tombale, une énorme croix d’Artherk sans mentions particulières. Je ne pouvais exprimer mon indignation : c’était un pêché, je le savais, mais il ne paraissait pas s’en soucier.

En transportant la lourde croix, il émit un grognement qui m’aurait amusé si je n’avais pas été seul dans un cimetière, entouré de spectres et face à un ange de nuit.
Complétant ainsi la dernière demeure de son enfant, il sembla satisfait.
Alors il se tourna vers moi, et dans sa voix je pus sentir la colère.

Je t’ai posé une question, petit homme, parle moi maintenant ou tu ne le pourras plus jamais.

A ma terreur la plus intense, il sÂ’approcha de moi Ă  grands pas, et me saisit dÂ’une main pour me porter jusqu'Ă  sa hauteur. Il me foudroya du regard, si bien que jÂ’eus la certitude quÂ’il allait mÂ’assassiner.

Une fois de plus je constatai que seul son regard exprimait ce qu’il vivait, le reste était figé en un masque de complète indifférence.
Je pus enfin articuler quelques mots, mais ma voix sÂ’Ă©tait faite si fluette que je ne sais comment il mÂ’entendit :

Je suis… Daevel, Daevel Galliano, et mon père est un héros qui gagna de grandes batailles, si vous ne me laissez pas aller, il vous détruira.

Quel imbécile j’étais, je venais d’assurer ma perte.
Pourtant, il était amusé, j’aurais pu le jurer, car ses yeux riaient désormais.
Il sÂ’approcha encore de moi, sans que je ne puisse bouger un muscle.

Ainsi, quand je t’arracherai la langue, ton père viendra t-il te sauver ?

Il se moquait. Du moins espérais-je de tout mon cœur que tel était le cas.
Je fus surpris et soulagé quand il me déposa sur un des monuments funéraires, apparemment décidé à me laisser vivre encore.

Alors, raconte-moi, ta robe est celle des fidèles du dieu-traître, pourtant, tu es bien trop jeune, et trop peu docte pour être l’un d’eux, es-tu un voleur ?

A ma plus grande angoisse, je poursuivais dans mon insolence, et, lorsque j’y repense aujourd’hui, je réalise que c’est peut-être ce qui m’a sauvé.

La sagesse est conférée à tous, vieux et moins vieux, et nous sommes tous des fils d’Artherk, ils nous aiment tous également.

Son regard cessa soudain de m’adresser son sourire implicite. Il se figea un instant, interrompit même sa respiration, comme s’il hésitait à se saisir de la longue dague glissée dans sa botte pour m’écorcher vif.
Puis, il reprit, toujours aussi imperturbable dans son ton et sa diction.

C’est ma fille qui pourrit sous cette pierre, mon enfant, ne l’oublie pas, ne l’oublie jamais. Peut être le dieu-traître l’aimait moins que ceux qui dorment en ce moment même, dans la sécurité de leur foyer, qu’en penses-tu ? Peut-être le dieu traître se fiche t-il que je ramène ta tête en mon manoir, comme souvenir du jeune sot téméraire que tu es ?

Je me levai d’un bond, les récits merveilleux d’épopées fantastiques traversant mon esprit en une seconde de bravoure, et frappai sa poitrine de mon poing, aussi fort que je le pus. Des croisades avaient été menées pour de telles injures à mon dieu, et je n’allais pas le laisser blasphémer ainsi.

Artherk n’est pas un traître, il est à mes côtés en ce moment même, Il nous protège et, grâce à lui, je ne te crains p…

Sans même que je ne puisse distinguer sa main, ni son geste, il me saisit à la gorge, étouffant mon cri de futile résistance dans ma poitrine écrasée par l’effroi. Il serra si fort que je perdis presque connaissance. Je crus un instant que j’étais allé trop loin, et qu’il avait finalement décidé de ma mort. Mais il était détendu, et me considérait sans colère.

Voyons maintenant si ton dieu-traître empêchera ton cou de se rompre. Tu ne le croiras peut être pas, mais j’aimerais autant que toi qu’il se manifeste, dans un manteau de lumière divine, et arrête mon geste. Mais il n’y aura pas de lumière, pas de dieu. Ainsi puis-je tuer qui je souhaite, il ne s’en soucie pas, il t’a abandonné, comme nous tous.

Ma vision s’estompa lentement derrière un voile bleu, alors que le sang s’accumulait dans ma tête. S’il ne lâchait pas prise, mes yeux allaient exploser, me semblait-il. Je sentais mes veines battre furieusement à mes tempes, et mon souffle bloqué par la pression qu’il exerçait.

Enfin, il lâcha prise, me laissant choire sur le coté, sans ménagement.
Puis, il approcha de mon oreille dÂ’oĂą coulait un mince filet de sang, et chuchota :

J’apprécie ton courage, aussi je te laisse quinze années. D’ici là, tu devras me tuer ou c’est moi qui te tuerai.
Mais souviens-toi que tu ne seras jamais seul. J’arpente le havre nocturne pour l’éternité, et je serai ton ombre, ne me déçois pas.

Il me laissa Ă  sangloter sur cette tombe, tandis que je tentais de reprende mon souffle.
Alors seulement je me souvins des ouvrages que j'avais lu, et des récits sur le seigneur Ssahors, destructeur du sublime, assassin de l'infâme, maître de la puissance versatile.


Daevel Galliano, futur combattant de la lumière

Par Caithness Galliano le 11/3/2002 Ă  8:43:17 (#1098287)

Le Crâne bien enveloppé sous des velours dans ma besace, je sortais du Temple.

Pourquoi commencais-je si vite l'ouvrage de ma vengeance ? Je n'aurais pu dire.
Tant de choses refoulées. La disparition de Livie, Bruyere, Neokey, Novae...Aqua. Mon propre frère aîné, tentant de briser sa pierre de vie...maintenant il est bien parmi nous, la mémoire arrachée.

La mémoire...Sombre faculté qui oublie. Faible outil que l'on peut manipuler à souhait, que l'on peut bassiner et vider. Cobaye, instrument de tests de mon propre sang. Comme j'aurais aimé ne jamais la recouvrer, du moins cette facette.

Je marchai en direction de la maison de mon aîné, pour retourner à son chevet quand je décidai de biffurquer vers le cimetière. Je manquais de racines de mandragores pour mes potions, et celles qui poussaient sur les tombes étaient des plus nouricières.

J'enlevai mon heaume pour mieux voir mon chemin, et Ă©viter ainsi de me prendre les pieds dans des racines folles. Dans les faibles rayons de la Lune je m'avancais vers la crypte lorsque des sanglots retinrent mon attention.

Je me retournai et vit un jeune garcon recroquevillé sur une tombe.
Je m'approchai et m'agenouillai près de lui.

Ces vĂŞtements, cette carure. Ca ne pouvait ĂŞtre...?

-Daevel? Mais que fais-tu ici? Tu ne devrais pas être en sécurité à la maison??? Cela fait des jours que je te cherche!! Que penserait ton pauvre père ? Mais que t'est-il arrivé!?


-Mon père m'a laissé seul. Je vous ai vu à son chevet ma tante, je vous ai entendu et j'ai décidé de partir seul...

-Ton père aura besoin de beaucoup d'aide pour se remettre. Il ne faut pas l'abandonner, et je ne sais pas si seule je pourrai l'aider. Il a besoin de toi, comme toi de lui. Comme j'ai besoin de lui, de ton oncle Nolan, de ma soeur Archess, de mes enfants, de mes neveux et nièces que j'aime profondément. Comme j'ai besoin de vaincre mes démons, ton père a besoin de vaincre les siens. Mais il a besoin de soutien.

Elle Ă©tait visiblement au bord des larmes.

-Ton père semble avoir perdu la mémoire. Il faudra la lui rendre. Tu veux rentrer mon neveu?

Elle lui tendit la main, tentant un sourire rassurant malgré les cicatrices qui lui striaient le visage et déformait le sourire sous les jeux d'ombres funéraires...

Par Alanis Lyn le 11/3/2002 Ă  10:03:41 (#1098599)

*a tout lu, en veut encore des comme ca...*

Par Esper G Sylrus le 11/3/2002 Ă  10:13:05 (#1098625)

:lit:

Par Azulynn le 11/3/2002 Ă  12:33:02 (#1099272)

*d'accord avec Alanis* ;)

Par Darksoul Zenox le 11/3/2002 Ă  13:10:38 (#1099530)

La suiteuh!
:lit:

Par Lanya le 11/3/2002 Ă  22:44:23 (#1103532)

Ce post ne mérite pas de rester si profond... C'est vraiment magnifique ! On veut la suite !

Par Daevel Galliano le 11/3/2002 Ă  23:28:16 (#1103811)

Je me souviens encore de ce qu'il advint ensuite, durant cette nuit qui me sembla durer une éternité.
Ma tante me trouva, et se fit aussi rassurante et compréhensive.
Douce et tendre, elle l'avait toujours été avec moi. C'est plutôt ce qu'elle était dans l'ombre que je craignais...
Et son visage, ravagé par quelque accident, dévoilait en une sinistre grimace le monstre qui sommeillait...

Mais pas pour moi, non. Pour moi, elle Ă©tait ma tante, et sans doute celle qui me sauva en cet instant oĂą je crus mourir.
La peur ne me quitta pas, cependant, alors que je tentais de déceler la bête derrière le masque.

Et mon père, enfin éveillé...
J'avais hâte de le revoir, mais, la brume quittant mon esprit confus, je me souvins de nos jeux et de nos rires... et des grandes ailes sombres qui se dressaient fièrement sur son dos, ainsi que sur celui de ma mère.

Alors je compris ce qu'ils Ă©taient, et l'effroi naquit en mon cÂśur.
Je revis le visage impassible de Mortifer, l'ange nocturne, et réalisai que c'était cela, ma famille.

Allais-je avoir la force de retourner auprès d'eux ?

Par Caithness Galliano le 11/3/2002 Ă  23:48:39 (#1103912)

Je voyais l'effroi sur le visage de mon neveu. Je me demandais ce qu'il avait vu qui pouvait l'effrayer ainsi.
Je l'examinai de mon regard exercé et remarquai un mince filet de sang tachant sa peau qui parraissait si pâle au clair de lune.

-Mais qui t'a fait ca Daevel ? Qu'est-il arrivé ?

Je lui tendis avec plus d'insistance ma main.

-Viens, rentrons, ce n'est pas un endroit pour toi, qui sait ce qui peut arriver ici. Tu as plein de choses Ă  apprendre encore et qui sait, certains de mes conseils pourraient t'ĂŞtre utiles dans ces lieux ou la Mort rĂ´de sans cesse...

J'en oubliai carrément la mandragore dont je manquais pour simplement tenter de rassurer Daevel. Comment réagirait-il à la vue de son père dont les ailes d'ébène reflètaient en ce moment la pureté de la lumière?

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