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Un secret révélé...

Par Ombre Océane le 31/1/2002 à 18:41:50 (#826477)

Le soleil n’est plus qu’un disque flamboyant au-dessus de l’horizon lorsque je me réveille d’un sommeil qui me semblait éternel.

Lentement, je sors de la plante dans laquelle j’ai dormi une grande partie de la journée. Ombres mouvantes à peine perceptibles en ce début de soirée, à la lumière déclinante, je me dirige vers LightHaven dans l’espoir d’obtenir plus d’informations sur ceux qui servent Feyd ici, dans ces contrées qu’on appelle Althéa.

J’en connais certains de réputation, pour avoir entendu leurs noms mentionnés par les divers habitants d’Arakas, mais point encore je n’ai eu la chance d’en rencontrer ne serait-ce qu’un seul. Ceci est peut-être normal, car je suis sur les terres du Roy et que celui-ci et ses larbins ne sont pas très favorables envers eux. Valent-ils mieux qu’eux, ceci serait à débattre…

Peu à peu, en me rapprochant de la ville, je prends une forme plus tangible, humaine en tout point. Je deviens cette jeune femme aux cheveux noirs corbeau que j’étais jadis, il y a si longtemps. Ma peau pâle aux doux reflets orangés, frissonne sous le souvenir impérieux d’une enfance passée, sorte de déjà-vu qui provient des confins de mon système sensoriel.

Les rues sont presque désertes, sauf quelques aventuriers vétérans de passage en ville pour une rencontre, une transaction, un échange verbale… que sais-je encore ? Il m’arrive parfois de distinguer et reconnaître un visage connu, presque familier, d’une ou deux personnalités qui ont participé activement à l’histoire des Trois Îles et dont certains écrits translatent leurs hauts faits. Pour ma part, j’espère ne jamais apparaître dans aucun livre d’Histoire, quel qu’il soit, car cela voudrait dire que j’aurais échoué…

Ainsi, je déambule à travers LightHaven du sud au nord et d’ouest en est, observant aux fenêtres les salles à manger éclairées, écoutant les conversations animées auxquelles se livrent des personnes complices ou adversaires au cours d’une soirée… Althéa est composée d’une infinie quantité d’individus intéressants car uniques. Les facettes de l’humanité sont si nombreuses qu’une vie ne suffit pas à toutes les explorer. Dois-je encore me considérer comme en faisant partie ? La question reste en suspend. Qui pourrait y répondre d’ailleurs et selon quels critères ? Mes pensées s’envolent vers une limite que je sais ne jamais pouvoir atteindre.

Tout à coup, la vie s’arrête autour de moi, arrêt sur image que mes yeux ne voient plus. J’ai la curieuse impression de plonger dans le vide. Il n’y a plus de sol, plus de plafond. Il ne reste qu’un univers où je m’enfonce un peu plus à chaque instant. Des lucioles m’entourent, voletant, infimes anges gardiens, et répandent en moi leur chaude aura, comme si elles souhaitaient me réconforter. Je prends une grande inspiration et mon estomac se dénoue brutalement, tel un ressort comprimé soudain libéré de toute pression. Mais je continue de tomber…

Dans ma tĂŞte, des imagesÂ…

Celle d’une jeune femme vêtue d’un armure de cuir rudimentaire découvrant une urne…

Celle d’un jeune garçon sauvant une enfant allongée sur le sable. Par sa longue robe, j’imagine qu’il pratique la magie…

Puis celle d’une fillette armée d’un arc et invoquant Sélène…

En une succession de scènes animées, j’assiste à leur naissance respective, sous les yeux admiratifs de leurs parents ; leur enfance, des découvertes plus ou moins bonnes, plus ou moins douloureuses…

Leur vie s’étale dans mon cerveau. J’apprends leurs joie, leurs peines, ce qui les fait avancer dans la vie, leurs peurs… Je note chaque détail qui parsème le chemin sur lequel ils marchent.

Je vois des démons…

Je vois une femme aux cheveux couverts de fleurs multicolores qui me regarde en souriant.


- Tu saurasÂ…

Ses paroles sont murmures mais je discerne sans peine ce qu’elle me dit. Me parle-t-elle seulement ? Car elle ne me regarde pas. Elle fixe un point loin derrière moi…

Je vois un homme encapuchonné qui effectue une traque méthodique et fond sur la fillette Sélénite…

Je vois le jeune mage embrasser une jolie fille sous le regard inquisiteur dÂ’une autreÂ…

Je vois cinq… fantômes parlementer avec la guerrière. Elle ne semble pas apprécier cette discussion.

Sont-ce des évènements passés, présents ou à venir ? Je ne sais point. Mais ils continuent d’affluer devant mes yeux et de martyriser mon crâne.


- La mortÂ… CÂ’est tout ce quÂ’il restera Ă  la fin.

Enfin je me vois. Vision gigantesque d’un mécanisme dont je ne suis qu’un simple rouage.
Un mage, une archère, une guerrière… et moi. Syl, Sélène, Bréhan et Feyd réunis dans un vaste plan… Mes pensées vont et viennent dans des directions différentes, sans cesse en mouvement. Je n’arrive pas à analyser la situation.

La chute sÂ’arrĂŞte. Mieux, je semble remonter Ă  une vitesse prodigieuse. Je me dirige vers cette porte, perdue au milieu du ciel bleu. Lumineuse, elle sÂ’ouvre alors que je mÂ’en approche.

Tout devient noirÂ…

JÂ’ouvre les yeux. Je regarde le plafond et commence Ă  compter les fissures dans le bois des poutres...

Un plafond ? Je me mets sur mon séant et m’aperçois que je suis dans une chambre, allongée sur un lit douillet. Je me sens faible et nauséeuse, des signent qui ne me trompent pas.


- Combien de temps suis-je restée…

- …inconsciente ? Deux bonnes journées.

- AhÂ… CÂ’est pour celaÂ…

- Cela que quoi ?

- Non… Rien. Ne vous inquiétez pas pour moi, je vais bien…

Je dévisage l’homme visiblement perturbé par mon état, quel qu’il ait été pendant ces deux journées. Il est quelconque, bien que son visage soit attrayant. Il porte une sombre chemise et un pantalon de toile, amples tous les deux, ce qui cachait sa véritable morphologie. Ses longs cheveux gris lui descendaient jusqu’au milieu du dos et laissaient présager qu’il était plutôt vieux, mais ses traits fins et graciles prouvent suffisamment à eux seuls le contraire. Il note mon observation curieuse et me répond par un sourire envoûtant.

Vite, je change de sujet.


- Qu’est-il… arrivé ?

Surpris, il met quelques secondes à répondre.

- Ah… Je vous ai trouvée errante dans les rues et vous vous êtes évanouie lorsque je suis venue à votre encontre...

J’ai du mal à saisir l’ensemble de la teneur de son discours mais j’essaye malgré tout de suivre.

- ...et donc, je vous ai ramené ici et depuis vous dormez d’un sommeil agité. Vous prononciez des paroles incompréhensibles.

Le Cura Hinaïe, littéralement le langage des Lys. Je devais parler cette langue secrète de mon ancien ordre.

- Itolah heipnir ish allakÂ… Bienheureux est celui qui ignoreÂ…

Je me lève trop soudainement, la tête me tourne mais je tente de me maintenir debout. L’homme s’approche de moi pour m’aider.

- Vous devez rester couchée. Au moins un jour de plus.

- Non !

D’un geste de la main, qui se fait plus agressive que je ne le voulais, je l’écarte de mon passage. Je l’observe qui tombe avec fracas contre une table en bois qui s’écroule sous son poids. Je prends la direction de la porte, oubliant presque ma faiblesse qui ralentit considérablement mes mouvements. Deux jours entiers sans absorber la moindre essence vitale m’ont rendue inapte aux efforts…

La porte est fermée à clef. Tant pis. Je n’ai même plus assez de force pour effectuer un changement de forme. Il me faut une source de vie au plus vite… Avec un sourire forcé, je repense à l’homme qui, péniblement, se relève.
Je me retourne vers lui et le regarde avidement. Il ne reste que luiÂ…


- Désolé messire… Merci encore pour votre aide…

Je me jette sur lui et l’embrasse à pleine bouche. Il tente de résister en me poussant loin de lui mais je suis assez forte pour l’en empêcher. Je sens un contact entre nos deux énergies et j’aspire enfin son fluide, ressentant au même moment mes forces revenir. Il tremble mais je le maintiens. Peu à peu, je sens la vie abandonner son corps et me le laisser porter. Son âme le quitte et vient rejoindre celles que j’ai déjà absorbées.

Je lâche le corps et entame ma transformation. Je deviens une brume grise. Je passe à travers les interstices de la porte et apparais à l’extérieur, exposée au soleil ardent de midi. Je pars vers un arbre et je me sens pénétrer ses moindre pores…

Je peux enfin réfléchir posément.

Quels Ă©taient ces rĂŞves ? Un message, Ă  nÂ’en point douterÂ…
Mais de qui ? De Feyd ? Non… je ne le pense pas. Quelque chose se prépare dans l’ombre mais j’ignore jusqu’à l’identité des personnes concernées.


- Tu ne peux concevoir l’inconcevable, jeune créature… Tu n’es qu’un pion, après tout… Que pourrais-tu savoir de plus que ce que nous te donnons comme informations ? Suis ce qui a été déterminé pour toi et meurs paisiblement. C’est tout ce que Nous te demandons.

- MaisÂ…

- Vas, maintenant ! Reposes-toi bien sagement. LÂ’heure de savoir nÂ’est pas encore venue. Ne te fais pas trop dÂ’illusions, celle-ci pourrait ne jamais venirÂ…

Un sifflement aigu résonne dans mes oreilles jusqu’à la souffrance. Je sens mes nerfs céder un à un et je sombre enfin dans une inconscience salutaire.

Une dernière scène passe devant mes yeux : celle de moi morte dans une somptueuse salle, décorée de tableaux représentant diverses scènes de guerre. Au-dessus de mon corps est penché ce jeune mage aperçu lors de mes visions qui répand ses larmes sur mon corps.


- Maintenant, c’est à toi de mourir mon petit Kyriane… Le cercle doit être complété…

Par Azulynn le 31/1/2002 Ă  19:00:55 (#826656)

:lit: :amour: :amour: :chut:

Par Elswindel Soon le 31/1/2002 Ă  20:09:42 (#827218)

:lit: :doute:

Dans ma tĂŞte, des imagesÂ…

Par Deux-Ă‚mes le 2/2/2002 Ă  2:32:48 (#836573)

. Des lucioles m’entourent, voletant, infimes anges gardiens, et répandent en moi leur chaude aura, comme si elles souhaitaient me réconforter


http://www.sorel-tracy.qc.ca/psilog/monde/monde2/ep207a.gif

Par Kyriane Feals le 2/2/2002 Ă  12:31:55 (#838677)

Tiens, je la connais cette photo...

Ce n'est pas celle des jumelles qui avaient vu les fées, grande arnaque du 20ème siècle?

Par Etoile Noire le 2/2/2002 Ă  14:37:58 (#838947)

http://www.24pm.com/humferier/sad/1book.gif
Très joli texte ;)

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