Le dernier contrat

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J’aimais les jours d’orage, l’odeur de la pluie sur le bitume les chaudes nuits d’été, le spectacle des éclairs qui déchirent le ciel rappelant à l’homme la puissance et la magnificence des éléments. C’est un jour comme celui ci que tout bascula.

9h02, le téléphone me fit bondir, me délivrant de ce cauchemar qui se répétait sans cesse.
Je me levais en sueur, courant vers le combiné, trébuchant sur ma valise me rappelant (non sans douleur) mon départ imminent.
« Allo…
.. ALLO !! » toujours rien, juste des gresillements et un bruit de fond sourd.
« Merde, je suis encore surveillé. » pensais je.
Je soulevais le store de la fenêtre donnant sur la ruelle. La voiture aux vitres teintées était là.
Ils m’avaient retrouvé.
Je dévissais la grille du conduit d’aération et je saisis le paquet.
« c’est toi qu’ils veulent, voyons ce que tu as à me dire. »

Ma déontologie m’interdisait de m’interesser aux colis de mes clients. Je volais, je livrais, j’encaissais, cette règle de conduite assurait ma sécurité. Oui mais voilà, mes arrières avaient l’air sérieusement mal barrés aujourd’hui, le contenu du DVD allait surement m’offrir une porte de sortie … ou m’enfoncer un peu plus.

« Lenox Online j’ecoute.
-Yo Charly c’est moi. Ecoutes vieux frère on est dans la merde. Passes me prendre dans 10 min à la cabine de Mara Central.
-Putain mec, on decolle aujourd’hui pour prendre notre retraite au soleil, qu’est ce que tu m’fais la mec.
-Justement, ça a un rapport avec notre dernier contrat, ça m’a l’air d’être du costaud, du très costaud.
- Au fait c’est toi qui vient de m’appeler ?
- Non, mais ça fait partie de nos ennuis. Dans 10 min, cabine de Mara.
-On my way brother ! eeeet mer..” (clic!)

Sous ses airs de cyber café, Lenox Online était en fait notre couverture et le centre logistique de nos opérations. Charly, connu sous le nom de Lenox, était un hacker hors pair, il saurait cracker le DVD et nous montrer pourquoi on s’intéressait autant à nous.

Je m habillais en vitesse, cassais la lucarne de la salle de bain et m’enfuis le plus discrètement possible par les toits. Qu’il faisait beau sur Tabor Park aujourd’hui…

10h00, Charly était là, je montais dans la voiture, un bon vieux morceaux d’Underworld faisait vibrer la carrosserie.
« Salut mon frère, on fonce, je t’explique tout en route.
-Tu sents pas la rose man. Tu t’entraînes pour le marathon ou quoi ?
-Perspicace brother… j’ai encore fais ce sale rêve, j ai pas eu l’temps de me doucher et j ai couru pour arriver jusque ici… allez fais fumer l’asphalte et trouve nous un itinéraire sûr.
-C’est parti, j v couper par Cammon Heights, à quelle heure est notre rendez vous avec le client ?
-11h15 à Saï Kung au resto d’oncle Benny, c’est jouable pour le DVD ?
-C’est comme si c’était fait man. » Charly adorait prendre l’accent Rasta, c’est pour cela qu’il avait choisit notre destination, la Jamaïque afin de réaliser notre vieux rêve, monter un bar au paradis.
Durant le trajet je lui expliquais que l’on était surveillés, que le contrat que nous avions accepté ne me disait rien qui vaille, puis il monta le son ..

10h20, quelques nuages jouaient à cache cache avec le soleil, Charly gara la Ford devant Lenox Online à Midian Park.
« -Allez ne perdons pas de temps »
Il ouvrit la grille puis la referma à double tour derrière nous.
Il tapota le code d’accès sur la caisse enregistreuse, le mur du fond s’ouvrit dans un bruit sourd, laissant le passage vers un escalier qui descendait tout droit vers notre QG.

« La mère supérieure» était un bijoux de technologie, l’un des servers les plus puissants en ville.
« Ok, insert le DVD - me dit il- mmm voyons voir ce que nous avons là. »
Je retenais ma respiration pendant que Charly pianotais sur le clavier de mère supérieure.
« Ca chatouille en ma belle, mmm laisse toi faire, pas farouche hein la demoiselle héhéhé. »
Lenox adorait lancer des vannes pendant qu’il crackait un programme, c’était sa manière de se concentrer.
Tout à coup son sourire se figea, ses yeux s’écarquillèrent, il lança un regard dans ma direction que moi seul pu comprendre. Il s’écarta du clavier, les login et mots de passes se généraient seuls, comme si quelqu’un avait pris le contrôle de la machine.
« C’est, .. c’est un miracle ! » s’écria Charly.
Puis une fenêtre s’ouvrit : « welcome to Zion database. Security level 7 red code »
« Quoi ? qu’est ce que c’est ?
-Putain Wens, j’y pige que dalle, ce que nous avons là heu.. non c’est impossible, ..
-Merde Charly accouche !
-Ecoutes ça n’a pas de sens, ce document répertorie les systèmes de défense d'une ville souterraine appelée Zion. C'est incroyable, je n'ai jamais vu une pareille technologie. Regarde voilà les plans ! » Il m’envoya l’image sur le moniteur central.
« -Qu’est ce que c’est que ces conneries Charly. Tu crois qu'il s'agit d'une base militaire ou d'un site nucléaire?
-J'en sais rien, et on ne va pas rester ici pour le découvrir. Matte l’écran de surveillance, on a de la compagnie. »
Trois hommes en costume noir se tenaient devant la boutique, l’un d’entre eux arracha d’une seule main la grille.
« Allez on s’tire à Saï Kung, ouvre le sas !! »
Je récupérais les documents pendant que Charly se chargeait d’ouvrir l’accès de secours .. vers les égouts.
« Génial, comme si je puais pas assez ..
-Comme ça on sra deux man. »

10h50, nous avions réussi à atteindre une bouche d’égout qui donnait sur Danna Heights. Il pleuvait.
« Le ciel nous est clément mon frère, la voilà ta douche !
-Ha ha, Lenox tu m’tues ! Ok on va prendre le métro jusqu’à Saï Kung bro. Avec l’odeur qu’on traîne, on aura d la place dans le wagon.
-Wens ne te retourne pas, j’ai l’impression qu’ils ont retrouvé notre trace. »
La voiture aux vitres teintées venait de se garer sur le trottoir d’en face.
« Ok on fonce ! »

11h10, après avoir emprunté des fringues toutes propres sur un étendoir, nous nous rendions au lieu de rendez vous. L’oncle Benny nous attendait et nous accompagna jusqu’aux cuisines. Là il ouvrit la chambre froide, écarta quelques carcasses de viande et appuya sur un bouton dissimulé sur le pan de mur.
« Après vous honorables clients. » nous envoya t il d’un air amusé.
« Sacré Benny, j vois que t’as refais la déco des bureaux, mmm c’est coquet dis donc.
-Attendez ici, pas toucher au matériel sinon Benny gronder vous. Pas bouger, votre client arriver très bientôt. »
L’oncle Benny travaillait avec nous depuis que nous avions sorti son neveu des griffes du gang des Silver Dragon deux ans auparavant. Il avait aménagé une pièce secrète pour nos opérations, qui servait de lieu de rencontre avec nos clients. Une vitre sans teint, de part et d’autre, permettait de garder l’anonymat. Nos clients ne voyaient pas nos visages, nous ne voyions pas les leurs.
Nous patientions lorsque la porte derrière nous s’ouvrit.
« Alors Oncle Benny, le client a du retard ? » dis je en me retournant.
Une magnifique femme entra dans la pièce.
« Waow Oncle Benny sacré lifting!” s’écria Charly.
J’empoignais la crosse de mon Desert Eagle lorsqu’elle se mit à parler.
« Du calme, je suis votre client » dit elle en jetant en arrière ses longs cheveux noirs.
« Je me nomme Jue, je travail pour un certain Thadéus.
-Vous ne respectez pas les règles de notre contrat, Mademoiselle, nous ne devions pas nous rencontrer, enfin pas comme ça !
-Je suis désolée d’avoir bafoué cette règle mais nous n’avons pas le choix, et maintenant nous devons faire équipe. Les hommes qui sont à vos trousses ne vous lâcheront pas, ils vous tueront pour récupérer ce DVD. Si ils mettent la main sur ces plans, c’est l’humanité toute entière qui en subira les conséquences.
-Attendez mais qu’est ce que vous nous chantez là. Et d’abord c’est quoi cette ville, Zion ? et qui sont ces hommes à nos trousses, Thadéus qui est il ?
-Il est difficile de vous expliquer maintenant, vous auriez beaucoup de mal à comprendre, mais sachez que ce que vous avez volé à Metacortex a plus de valeur que vous ne sauriez l’imaginer et les agents, ces hommes en noir comme vous dites, sont nos ennemis les plus redoutables. Si vous voulez vivre, vous allez devoir me faire confiance et suivre à la lettre mes instructions. »
Je regardais Charly d’un air plus qu’inquiet :
« Je crois bien qu’il va falloir repousser notre voyage frérot.
-Yep, apparemment nous n’avons pas trop le choix. Et merde !
-Attendez, s’écria Jue, ils sont ici. Donnez moi le DVD. Partez devant, nous nous retrouvons à l’hotel Paradise à Sobra Shores chambre 13, maintenant allez y vite ! »
Les agents avaient été rapides, ils pénétrèrent dans le restaurant, ce que je vis me glaça le sang, Oncle Benny se déforma sous mes yeux, pris de convulsions comme si le démon prenait possession de son corps.
«Benny ! Benny non !!!” Un agent venait d’investir le corps de Benny, prenant littéralement sa place. Charly était paralysé et je ne pouvais plus contrôler le moindre de mes gestes.
L’agent sortit son arme, la pointa dans notre direction lorsque Jue, d’un mouvement vif libera son Katana et se précipita sans même effleurer le sol sur notre agresseur. Elle lui trancha le bras, les coups de feu partirent au même moment et deux balles vinrent se loger dans le mur juste derrière nous.
« Fuyez ! » cria t elle « je me charge d’eux ».
Nous nous précipitâmes vers la porte de derrière, jetant un dernier coup d’œil vers le combat.
Le bras de l’agent se reconstitua, June enchaînait les acrobaties et se battaient comme une tigresse. Je vidais mon chargeur pour la couvrir.
« Impossible ! » Les agents évitaient mes balles, c’est comme s’ils se dédoublaient.
Dans la rue, l’orage grondait. Il était 13h00.
Nous appliquions les directives de Jue et nous rendions à l’hôtel Paradise chambre 13, persuadés que nous ne la reverrions plus jamais.

Ca peut paraître bizarre, mais nous nous sentions bien, au calme, comme si cette pièce nous protégeait du monde extérieur. Pas de voiture aux vitres teintées par la fenêtre.
Charly me laissa la place dans la salle de bain, je pris une douche qui sembla durer une éternité, les images de cette terrible journée me hantaient.
Je sortais de la pièce en parlant à mon frère :
« Putain mec, c’est incroyable ce qu’il nous arrive, je n’avais jamais vu de telles choses et pourtant on en a vécus des moments incroyables.. »
Il dormait comme un bébé, mon vieux compagnon, ma seule famille.
Je décidais de faire de même, me détendre un peu, que pouvait il nous arriver de pire.
Il était 17 heures à présent, notre avion s’était déjà envolé, emportant notre vieux rêve avec lui.
J’éteignit la lumière.
Avant de fermer les yeux, la foudre éclaira toute la pièce et laissa apparaître la silhouette d’un homme. Avant d’avoir eu le temps de réagir, il plaqua ma tête sur l’oreiller, je sentis une piqûre douloureuse sur ma carotide et le cauchemar recommença beaucoup plus réel cette fois ci.
L’asphyxie, la claustrophobie, ce liquide visqueux, les connecteurs qui pourfendaient mon corps, mais quelque chose avait changé, le rêve continuait là où je me réveillais d’habitude. Le caisson dans lequel j’étais enfermé se vida, et je fut aspiré à grande vitesse dans un labyrinthe vertigineux avant de perdre conscience.

Mes premiers mots furent pour mon frère :
« Charly !!
-Ne t’inquiètes pas pour lui, nous nous en occupons. Je me nomme Thadéus. Tu es en sécurité. Maintenant repose toi, tu vas avoir besoin de toutes tes forces. »

Je réaliserais plus tard, que cette fois, je me réveillais pour de bon.

A suivre ..


***
« Lenox!?
-J’ai presque fini, encore une passerelle à contourner. »
Downtown – Centre historique – 23h12 heure matrice.
Opérateur : « Wens, Lenox, grouillez vous, deux vigiles se dirigent vers vous. Ils seront dans le nodal dans 45 secondes ! »
Nous avions pour mission ce jour là d’infiltrer le serveur du centre historique et de trouver le nom d’une taupe travaillant pour le compte des machines.
« -30 secondes avant contact.
-Je l’ai ! Transfert dans 5 secondes. Osiris, prêt à recevoir l’upload ?
-Vous pouvez commencer la transmission Lenox. »
Les vigiles venaient d’entrer dans la pièce voisine, nous pouvions distinguer les faisceaux lumineux de leurs lampes de poche à travers la fenêtre en plexiglas. Nous restions accroupis.
« -Réception terminée, vous pouvez évacuer.
-Bien reçu opérateur, envoyez nous les coordonnées du point d’extraction.
Les agents de sécurité avaient fini d’inspecter la pièce, ils s’approchaient maintenant de la porte du nodal.
« -Hardline de Nylund Park. »
L’un des deux hommes s’apprêtait à tourner la poignée lorsque Wens défonça la porte d’un coup de pied retourné. Le vigil fut propulsé sur son confrère et tomba inanimé. Nous nous précipitâmes dans le couloir pour gagner les escaliers de service. Le second garde, bien que étourdis, se lança à notre poursuite.
Il dégaina son Beretta 9mm et commença à tirer. Charly esquiva les balles en courant sur le mur de gauche, juste à l angle du corridor. Dans mon élan, je me laissais glisser sur le dos, puis, tout en dégainant mes Twin Harlick 464s, je pivotais sur le ventre les bras tendus en direction de notre agresseur. Je lui décocha une balle en pleine tête.

Je me relevais, Lenox m’envoya un sourire en coin qui en disait long.

Nous étions déconnectés de la matrice à 23h22, la mission fut un succès.

***


Nous n’avions pas eu le choix, c’est un fait. Après tout, quel choix ? Celui de vivre ou de mourir ? …
Thadéus avait agit en son âme et conscience, à sa place je n’aurais pas hésité.
En effet, si notre délivrance peut paraître brutale, qu’en est il du sort que nous réservaient les agents ? La mort, inexorablement ou le recyclage cérébral. A vrai dire, je préfère avoir les yeux ouverts aujourd’hui. Ce jour d’orage, nous n’étions pas seuls à l’hotel Paradise chambre 13. Et malgré les apparences les machines étaient à nos trousses et nous avaient retrouvé. Je me suis longtemps demandé pourquoi ils ne se sont pas emparés de nos corps après nous avoir localisé. Tout simplement parce que Thadéus avait brouillé le signal en nous injectant le contenu de la seringue. Il n’était pas prévu que nous soyons réveillés de la sorte. On aurait dû passer par la procédure standard, choisir entre la vie en bleu ou l’enfer bien rouge. Oui mais voilà, nous étions surveillés depuis un bon moment par l’équipage de l’Osiris, nous devions livrer ce fameux colis et ensuite, seulement, être briefé par le capitaine Thadéus sur le sort de l’humanité et tout ce foutu bordel. Ce jour d’orage, le temps a joué contre nous. Quelque chose nous avait poussé à vouloir en découvrir plus, ce malaise à la con qui nous fait croire en des jours meilleurs.
Le choix, nous l’avions déjà fait sans le savoir.

Je ne saurais dire combien de temps s’était écoulé depuis notre éveil. Notre rééducation, l’entraînement intensif, le suivi psychologique.

Je me souviens de nos premières patrouilles de routine à bord de l’Osiris, scrutant la menace dans ces étroits et sombres vestiges, au calme, nous laissant méditer sur notre sort pour finir par accepter notre condition. Effacer peu à peu ces souvenirs qui n’avaient jamais existé, oublier les odeurs et les lieux qui n’avaient été que simulations pour laisser place à l’instinct le plus primaire, celui qui nous guiderait au fil des jours, qui nous pousserait à aller de l’avant et à nous battre… notre survie.
***

« Du beau boulot, nous félicita Thadeus, grâce à ce document nous allons savoir qui sabote nos opérations.» Il débrancha les plugs de nos cranes.
L’opérateur enchaîna :
« Thadéus, j’ai le nom de la taupe, il s’agit d’un certain Martin O’Connell. Un blue pill qui est au courant de la réalité, mais qui a préféré rester connecté en échange d’une vie à la sauce grand luxe. Il a un accès de catégorie 5 sur la surveillance du réseau hardline dans toute la ville et rend compte aux autorités des activités suspectes ou inhabituelles. Ca doit être pour ça que nous sommes de plus en plus confrontés à ces satanés agents.
-Son adresse ?
-552, Tabor Park Central, Quartier résidentiel Hudson Hill. A l’heure qu’il est il dort comme un bébé.
-Ok on envoie une équipe sur le terrain pour l’éliminer. »
Nous retournions vers les modules de connexion lorsque Thadéus nous arrêta :
« Jue, à toi de jouer.
-A vos ordres Capitaine » répondit elle.
« Messieurs, j’ai d’autres projets pour vous. Le commander Lock a demandé à vous voir. Le Hammer patrouille dans la zone et doit vous récupérer dans 25 min avant d’aller se ravitailler à Zion. Allez rassembler vos affaires.
-Mais captain, les missions d’assassinat c’est notre spécialité.
-Jue vous a tout appris, » nous dit il d’un rapide clin d’œil « et les ordres sont formels. Maintenant rompez. »

25 min plus tard nous étions transférés à bord du Hammer et entamions notre vol vers Zion.
Ce départ précipité me laisse un goût amer dans la bouche. Un bref au revoir à cet équipage que nous aimions tant et que nous ne reverrions plus jamais …

Le pouvoir, un sentiment qui gouvernait l’homme depuis la nuit des temps, le poussant à vouloir se placer à la droite de Dieu, à le poignarder dans le dos si l’occasion lui en avait été donnée. Inutile de s’attarder sur l’histoire, vous la connaissez tous. L’IA, la révolution, le ciel assombri, la planète stérile. Notre mère à tous offerte en sacrifice par la folie dévorante, cette soif de pouvoir et de domination. Les machines nous avaient expédié à l’autre bout de la chaîne alimentaire. L’ironie du sort qui nous renvoya à nos origines caverneuses: Zion ..

.. un gigantesque gouffre, un enchevêtrement sans fond où s’entassent des familles entières sur des dizaines d’étages, chauffées au magma, éclairées à l’halogène. Et pourtant, la vie reprenait ses droits ..

Le Hammer se posa sur la plate forme d’atterrissage. Le sas s’ouvrit dans un nuage de vapeur, Roland nous souhaita bonne chance.

«Je me demande bien ce que Lock attend de nous mon frère.
-J’espère seulement qu’il ne nous a pas convoqué pour rien, merde on a pas que ça à foutre. »

Un garde s’avança vers nous : « Messieurs, le Commander vous attend. Veuillez me suivre s’il vous plait. »
Nous fîmes escortés jusqu’au Quartier Général. Sous ses apparences chaotiques, Zion regorgeait de vie. Des commerçants étalaient leurs marchandises, des enfants riaient, femmes et hommes marchaient main dans la main. Et nous nous réjouissions d’assister à de si belles scènes.. depuis le temps que nous n’avions pas mis pied à terre.

Arrivés au centre militaire, on nous fit patienter quelques instants. Le garde alla rendre compte de notre présence, une jeune femme nous accompagna dans le bureau du Commander.
«-Lieutenant Wens, Lieutenant Lenox. Repos.
-mes respects Commander.
-mes respects Commander.» répétais je après Charly.
« Allons droit au but, le rapport de vos états de service est exemplaire. 28 opérations menées à bien et ce, sans la moindre anicroche.
-Sous le commandement du capitaine Thadéus » précisais-je.
« -Bien entendu, acquiesça Lock, je sais à quel point vous êtes attachés aux membres de l’Osiris mais son équipage est au complet. Nous vous avons laissés à bord le temps de mener à terme votre formation au combat et aux tactiques de terrain. Aujourd’hui j’ai d’autres projets pour vous. Vous allez suivre un programme d’entraînement et de gestion technique d’Hovercraft.
-Je ne comprends pas Commander.
-Si les missions au sein de la matrice ont leur importance, le vrai combat a lieu ici, dans ce monde et nous devons nous préparer à un éventuel assaut des machines. J’envisage de vous confier le commandement d’un appareil.
-Sauf votre respect Commander, les opérations dans la matrice sont primordiales, d’après les dires, le capitaine Morphéus est sur le point de..
-Ca suffit ! s’écria t il. Ne discutez pas ! Le capitaine Morphéus sera rappelé à l’ordre dès son arrivée. A présent, j’attend de vous une réponse. Je vous laisse quelques instants pour y réfléchir. »
A peine avait il terminé sa phrase qu’un officier entra dans le bureau.
« Commander ! l’Osiris et tout son équipage viennent d’être anéantis.
-Quoi ?! » Lock baissa la tête, ferma les yeux quelques secondes puis reprit.
« Je veux un rapport dans l’heure, connaître les détails de leurs dernières opérations, briefez l’équipage du Logos pour investigation, bon sang que s’est il passé ?! »
Mes poings se serraient derrière mon dos, beaucoup moins fort que mon cœur.
« Commander, nous venions d’identifier un informateur, Jue devait aller l’éliminer. A bord, ça faisait des semaines que nous n’avions pas croisé de sentinelles. C’est tout ce que je peux vous dire. » mes ongles s’enfonçaient un peu plus dans la chair de mes paumes. « Nous acceptons de suivre le programme de formation Commander. »
« Je suis heureux de vous l’entendre dire. Vous recevrez votre affectation très bientôt. Rompez. »

A suivre ..

Nous sortîmes du bureau du Commander, abattus. Nos songes plongés dans ces moments passés de partage et de complicité. Nous considérions l’équipage de l’Osiris comme notre famille d’accueil dans ce monde, et nous nous retrouvions pour la seconde fois tels des naufragés, seuls face à nous mêmes. Lenox marchait devant moi, dans cette ruelle à peine éclairée. Il tomba à genoux, prenant son visage dans ses mains. Je m’adossais à un mur levant machinalement les yeux vers le ciel espérant y trouver une source de réconfort. Seule la roche se reflétait dans mes larmes, froide. La lassitude prenait le pas sur mon être.. je ne savais plus quoi espérer pour garder intacte ce qui restait de compassion dans mon cœur. Une fillette fit son apparition comme un don du ciel, courant après un ami imaginaire, tombant presque dans les bras de mon frère par inadvertance. Ses grands yeux noirs fixèrent les joues humides de Charly, puis elle releva son menton avec ses petits doigts fragiles.
« Monsieur, pourquoi tu pleures ? » demanda t elle a Lenox.
« Quel est ton prénom mon ange ? » répondit il.
« Je m’appelle Zlia.
- C’est un bien joli prénom ma puce. Si je pleure, c’est parce que j’ai un cœur c’est tout ce qu’il me reste pour exprimer ce que je ressent. Grâce au ciel, voilà ce qui nous différencie de ces maudites machines. Mais tu es pleine de vie, d’innocence, d’insouciance et crois moi, je ferais tout pour que cette pureté reste intacte. Regardes je ne pleure plus. » lui dit il en relevant ses cheveux blonds. La fillette avait réveillé son potentiel à ouvrir son âme et son cœur à la vie. Comme un ange, elle avait montré la grâce à Lenox, le touchant du bout des doigts. Je regardais cette scène en tant que spectateur et je réalisais que ceux qui étaient tombés jusqu’à présent, n’étaient pas tombés en vain. Cette petite étincelle au fond de nous, notre sensibilité, l’Amour, voilà ce qui était à préserver. Car de ces simples essences résidaient l’espoir et l’avenir de l’humanité.
Lenox sortit un vieux morceaux de papier de sa poche et confectionna une petite fleur artificielle.
« Tiens mon ange c’est pour toi.. »
La petite fille lui sourit et lui fit un tendre bisou sur la joue, le prenant dans ses petits bras. Puis elle disparu comme elle était arrivée.
Lenox se releva, pris une grande respiration et se retourna vers moi.
« Je suis prêt Wens. Et j’ai la rage au ventre. »
Je lui fit signe de la tête.
« -Allons prendre une cuite à la mémoire de nos frères. C’est ma tournée. »

***

Quelques jours passèrent. Je profitait de mon temps libre après les entraînements pour aller dévorer la mine d’information que renfermait la grande Bibliothèque. Entre les faits relatés depuis le soulèvement des machines jusqu’à nos jours, je m’arrêtais sur un conte, l’histoire d’un équipage allant trouver au fond du cul de l’univers la quintessence de toute chose, le symbole de la paix universelle. La légende du Darkstryder, le vaisseau le plus rapide de la galaxie, était connue de tous, une histoire pour endormir les enfants. Je me plaisais à la lire et la relire, ça changeait de la routine quotidienne à base de bouffe dégueulasse, de simulations de pilotage, de mécanique quantique et de déontologie de merde sur le « comment gérer un équipage par le commander Lock » hum, le pauvre, à part se branler le cerveau derrière son haut commandement et ses galons, qui était il pour savoir comment gagner la confiance de ses hommes celui là, il avait presque tous les capitaines sur le dos et à part Zion, rien ne lui semblait important. Je me régalais de le contre dire sur le fait qu’il n’avait aucun point de vue sur le combat bien réel (ironie) que menaient ses hommes au sein de la matrice. De toute façon je l’emmerdais poliment. Ma façon à moi de me glisser sous l’autorité en appliquant mes propres règles.

***

Programme d’entraînement intensif, gestion d ‘équipage et d’hovercraft, test niveau de stress, jour 10.
« -Lieutenant, pourquoi avoir abattu froidement le contact que vous étiez censé escorter dans cette mission?
-C’est évident, c’était une taupe. Il attendait le bon moment pour me flinguer dans le dos, vous avez vu son regard hypocrite et son sourire en coin lorsque je lui ai proposé une arme pour se défendre ?
- Certes, ça fait partie du programme mais vous étiez censé réagir au moment opportun, et découvrir ses réels intentions que bien plus tard au cours de la mission.
-Question de feeling et d’expérience ma jolie, tu peux pas comprendre, t’as jamais eu à dealer avec la racaille. C’est bien gentil tes programmes pré calculés mais c’est un peu léger pour moi. Sinon tu fais quoi après le service ? »

Programme d’entraînement intensif, gestion d ‘équipage et d’hovercraft, test d’autorité, jour 16.
« Lieutenant, un membre de votre équipage désobéit à un ordre direct et formel.
a) Vous lui demandez de ne pas discuter les ordres
b) Vous lui demandez la raison pour laquelle il devrait désobéir
c) Vous écoutez ses arguments.
« Laissez moi réfléchir. Je vais répondre
d) je l’attrape par les couilles en lui disant que s’il recommence à discuter un de mes ordres, la prochaine fois il pourra entamer une carrière de soprano.
-Excusez moi, de quoi ?
-Laisses tomber, on se voit tout à l’heure » je quittais la cellule d’entraînement en envoyant un baiser de la main à Stephy, la si charmante superviseur de mon entraînement.

Après une soirée des plus délicieuses en sa compagnie, le jour des résultats arriva. Voilà plus de deux semaines que Lenox et moi même suivions ce programme de formation. Stephy me confia sur l’oreiller qu’elle était inquiète quant à la décision du conseil de me confier le commandement d’un Hovercraft.


Nous entrâmes dans la salle du conseil.
Grace me regardait droit dans les yeux. Malgré son regard perçant et dénué d’émotions, je savais qu’elle nous avait à la bonne. Après cette soirée où elle nous avait remonté le moral suite à la destruction de l’Osiris et qu’elle avait pris le temps de nous écouter et à un peu nous connaître, je savais qu’elle ne désapprouverait pas notre poste.
Nous nous mettions au garde à vous.
Hamann prit la parole : « après délibération, le conseil vous nomme capitaine Wens. Le débat n’a pas fait l’unanimité 3 voix contre 2, mais nous avons décidé de vous donner votre chance. D’après nous vous avez les qualifications pour avoir des hommes sous votre commandement. Vos résultats en simulation de pilotage sont excellents, seuls les rapports concernant votre émotivité nous ont posé quelques … longues réflexions. Rien à dire du coté de votre capacité à vous faire respecter, cela dit vos méthodes pour vous faire entendre nous semblent pour le peu radicales.
-la vie ne m’a pas fait de cadeaux conseiller, ça m’a aidé à grandir et à ne pas me faire bouffer.
-Bien entendu, et malgré vos réactions anticipées, vous n’avez faillit à aucune des simulations sur le terrain. Nous vous nommons donc officiellement capitaine. Le lieutenant Lenox sera votre First Mate. Ses résultats sont plus que satisfaisant en matière de maintenance et de logistique.
Félicitations. »
Dillard continua.
« Nous n’avons pour le moment pas d’appareil à vous confier, mais soyez patients, nos ingénieurs travaillent d’arrache pied pour renforcer la flotte.
-Ils ne travaillent pas assez, l’interrompit Lock, nous allons bientôt tomber sous le feu de l’ennemi et ..
-Silence !!! » Dillard coupa court la prise de parole du Commander.
« Chargez vous d’organiser au mieux nos défenses et de motiver vos troupes Commander. Pour le reste, les décisions nous appartiennent.
-Si je peux me permettre, -tentais je-, sommes nous sur le point de subir une attaque des machines ?
-Nous ne devrions pas vous répondre, mais vu que vous faisiez parti de l’équipage de l’Osiris et qu’ils sont morts pour nous avertir, la réponse est oui. Demain soir, nous réunissons les habitants de Zion dans le temple pour les prévenir et les préparer. Vous pouvez rompre. »
Lock s’approchait de nous. Il serra la main de Lenox, puis la mienne.
« Félicitations capitaine.
-Merci Commander » répondis je en dégageant ma main. Il la rattrapa en la serrant un peu plus fort.
« Ne me décevez pas capitaine. » Je le fixais du regard quelques secondes, un officier vint rendre compte de l’arrivée du Nebuchadnezzar.
« Veuillez m’excuser » Lock regagna son QG…

Quant à nous, nous allions fêter comme il se doit notre réussite.


A suivre…

***



« ZION, ECOUTES MOI !!!… »

Les paroles de Morphéus faisaient trembler la pierre et vibrer l’assistance. Le poil se dressait sur ma peau et je ne pouvais qu’être en admiration devant tel charisme. Le public buvait les paroles du prophète et une énergie presque palpable se faisait ressentir en chacun de nous, grandissante à chaque fin de phrase.

« …CAR NOUS N’AVONS PAS PEUR !!!! »

La foule était remontée à bloc, et la transe atteignit son paroxysme lorsque le rythme effréné d’une musique tribale vint prendre la relève, comme un hymne à la vie.

J’aperçu Néo pour la première fois, assez brièvement je dois dire, car il se hâta de disparaître en compagnie de la belle Trinity. J’attendis que Morphéus termine sa discussion avec Niobe pour m’entretenir avec lui.

« -Morphéus, je suis Wens. » Nous échangions une virile poignée de main.

-Je sais qui tu es Wens. Thadeus m’avait parlé de toi. Je suis aussi triste que toi de leur disparition. Ils ont donné leurs vies afin que nous ayons une chance qu’elle continue ici bas.

-Je suis si fier d’avoir servi à leur côté, j’aurais voulu être avec eux jusqu’au bout.

-Je n’en doute pas. Mais le destin en a décidé autrement. »

Je repris une grande respiration.

« Morpheus, je sais quelle est ta quête pour sauver Zion et je la respecte. Mais vois tu, la vie m’a poussée à ne croire à aucun Dieu. Je sais que tu iras jusqu’au bout de tes convictions et j’ai confiance en toi. Après tout tu as trouvé quelqu’un d’exceptionnel doué d’immenses pouvoirs et tu as su lui ouvrir les yeux. Qui sait, tu as peut être raison, il pourrait très bien être la clé.

-Wens, depuis le temps que je scrute la matrice à la recherche de l’Elu, et après tout ce que mon cœur a éprouvé depuis que je l’ai réveillé, oui, j’en suis convaincu.

-Il reste notre dernier espoir quoi qu’il en soit, car il est évident que nous ne tiendrons pas longtemps sous la puissance de feu des machines. »

Il posa la main sur mon épaule :

« Wens, le chemin que nous choisissons d’emprunter nous est propre. Semé d’embûches et d’obstacles. Ce que je peux te dire, c’est qu’il faut suivre tes convictions, supporter le poids des conséquences de tes choix quoi qu’il advienne et aller au fond de ce que tu penses être le plus juste. J’ai entendu dire que tu rejoindrais bientôt notre flotte et je me réjouis de savoir un homologue tel que toi à nos côtés. Si nous réunissons ce qu’il y a de meilleur en chacun de nous, que nous concentrons cette force commune qui nous anime, notre combat pour la liberté se verra couronnée de succès. Bats toi comme un homme et surtout préserve le peu d’humanité qu’il reste en chacun de nous. Aies confiance en Néo, nous irons jusqu’au bout et nous sauverons Zion.

-Morphéus, merci pour m’avoir consacré de ton temps. Bonne chance.

-Bonne chance mon ami. »



Je rejoignis Stephy et Lenox dans la danse et me laissait envahir par la musique pour exorciser mes peurs.



A suivre ..

***

Le Nebuchadnezzar et son équipage avait quitté Zion depuis plusieurs heures.

Lock avait décidé de regrouper la flotte pour contrer l’attaque des machines. Nous le sentions aigri car le capitaine Morpheus avait encore agit selon ses croyances en ne tenant pas compte des avertissements du commander. A ce stade de toute façon, et comme je l’avais dit à Morpheus, Néo restait notre seul espoir.

Le conseil se réunit. Lock avait convaincu les dirigeants que la meilleure stratégie était de déployer la puissance EMP de tous nos vaisseaux pour stopper nos ennemis. Les « sages » demandèrent donc à deux équipages d’aller récupérer et escorter l’Hovercraft de Morpheus jusqu’à Zion, afin de mettre le plus de chances possibles de notre coté.

Le capitaine Soren du Vigilant et le capitaine Niobe du Logos se portèrent volontaires. Je ne pu assister officiellement à cette entrevue car je ne possédais pas encore d’appareil et donc le statut requis, mais je pu remarquer la mine inquiète de Lock lorsqu’il sorti de la salle.

Quelques minutes plus tard, le Logos et le Vigilant décollaient…

Le commander ordonna au reste de la flotte de se mettre en position.. était ce une erreur stratégique, était ce une décision dénuée d’espoir ? Nous perdîmes le contact avec tous les vaisseaux.. Seul le Hammer, sur les traces du Logos donnait encore signe de vie.

Les machines allaient nous prendre de front, attaquant les docks de plein fouet. Les unités APU se mirent en position. Lock demanda au peuple de prendre les armes. Toutes les forces disponibles devaient se battre bien que nos chances de survie soient infimes. Lenox rejoint son exosquelette armé et paré tandis que le commandement me demandait de gérer les troupes de volontaires.

Tout se passa très vite ensuite, il ne me reste que des bribes de souvenir. La grande foreuse fit une percée dans la roche, des milliers de sentinelles s’infiltraient dans l’enceinte des docks.

Sous un déluge d’acier et de feu, les hurlements, les corps déchiquetés, les vagues d’attaques des machines faisant tomber une à une nos défenses. Je me souviens aussi avoir vu s’écrouler la première foreuse amputée d’une de ses pattes, sentir se raviver une étincelle d’espoir en apprenant l’arrivée imminente du Hammer. Et il apparu, porte 3, grâce au Kid qui lui avait ouvert l’accès dans un élan de bravoure. Il mit fin à la première vague d’attaque en déclenchant son écran magnétique propulsé … anéantissant du même coup les derniers systèmes de défense de notre cité. A cet instant, lorsque la furie cessa, je me souviens avoir trouvé Charly, bloqué dans ce qu’il restait de son engin, inanimé mais vivant. J’ordonnais à ce qu’on l’évacue de toute urgence pour lui apporter les premiers soins. J’ai aussi cette horrible vision qui restera a jamais gravée dans ma mémoire, ces cheveux blonds collés par le sang coagulé sous un amas de gravas, cette petite fille innocente, Zlia, tenant dans sa main la petite fleur de papier.

Lorsque Lock ordonna d’enclencher les systèmes d’autodestruction des issues et de rassembler les derniers d’entre nous dans le temple, j’appris que Stephy, mon premier véritable amour, se trouvait dans un état critique, plongée dans un coma profond. Que restait il à présent ? Mon esprit était ivre de haine, dénué de toute raison, je devenais pire que ces machines. Nous rassemblions les survivants dans notre dernier rempart. Les sentinelles réparèrent la foreuse qui se remit à creuser de plus belle. Alors que l’armada de machines se frayait un chemin pour nous anéantir, elles s’arrêtèrent net aux portes du temple. Il se passait quelque chose. Néo, la prophétie, c’était donc vrai. Enfin, c’était prévu devrais je dire, à la différence près que en plus de nous sauver, il sauva la matrice. Cruel paradoxe. Le kid annonça la fin de la guerre, les machines quittèrent Zion, nous comptions nos morts. Tous ces innocents massacrés pour améliorer l’emprise des machines sur son bétail. Mes sentiments se contredisaient, s’entre-déchiraient, je riais aux éclats, mes yeux pleuraient de dégoût. Avions nous été manipulés, l’Amour que portait Néo en lui nous avait il réellement sauvé ? Tous ces sacrifices pour en revenir pratiquement au même point, une réinitialisation et une amélioration de la matrice. Mais pour la première fois, une trêve fut annoncée. Une trêve qui autoriserait les humains à sortir de l’esclavage s’ils le désiraient.

Une trêve dont je me servirais plus tard pour monter mon armée, assoiffé par la vengeance et la haine… le dernier contrat de ma vie.



A suivre …



***



Des mois durant, nous nous focalisions sur la reconstruction de Zion. Lenox se rétablissait rapidement. Ses blessures n’avaient été que superficielles. Stephy souffrait de graves lésions. Elle était maintenue en état de sommeil. Je lui rendais visite dès que je le pouvais, essayant de lui apporter tout mon soutien moral. Je savais qu’elle pouvait m’entendre. Mes mots la réconfortaient, sans doute.

Les principaux points névralgiques de la cité étaient en état à présent. Et les ingénieurs avaient pu reprendre leur travail habituel. Jour après jour, pièce après pièce, je voyais mon Hovercraft prendre forme. Je n’avais qu’une idée en tête, décoller et repartir au combat. Car même si Lock nous avait briefé et donné l’ordre de maintenir la paix, les avis se partageaient et les points de vue divergeaient. Des bruits couraient. Des rumeurs qui ne laissaient rien présager de bon pour notre avenir. Je m’attardais de temps en temps aux comptoirs des bars où les esprits s’échauffaient après quelques verres :

« Nous avons échappé de peu au carnage, voyez les taudis dans lesquels nous survivons, vous appelez ça une vie ? –Khristal éclata de rire- Ouvrez les yeux, le règne de l’humanité a pris fin il y a bien longtemps, nous devons travailler avec les machines et les aider à maintenir cette paix.

-Tu as de la chance d’être une femme, lui répondis je, je n’aurais pas hésité à te couper la langue. »

Un homme se leva et se dressa devant moi.

« -T’es qui toi ? lui demandais-je d’un air dédaigneux.

-Je suis Kanjo et tu vas présenter des excuses à mon amie Khristal.

-Ecoutes moi bien Kanjo » alors qu’il attendait la suite de ma phrase, je lui envoyais un directe du droit en plein dans l’estomac. Il se tordit de douleur, je l’attrapais par les cheveux en lui relevant violemment la tête.

« Je hais ces machines et je hais tous ceux qui voudront collaborer. Reste en dehors de mon chemin ou bien tu vas goûter à ma rage. » Khristal sortit un rasoir de sa manche et avançait vers moi. Lenox dégaina son cran d’arrêt et lui colla net sur la gorge.

« N’y penses même pas. »

Je poussais Kanjo en arrière qui s’affala.

« Nous nous reverrons » nous lança Khristal.



Le lendemain, le maître d’œuvre et ingénieur en chef nous convoqua Lenox et moi même.

Nous nous rendîmes sur le pont C.

« Regardes Charly il a de la gueule notre futur Hovercraft. J’adore sa silhouette de requin tigre. Tu te souviens ?

-Et comment mon frère, ces animaux te fascinaient. Dis moi, tu y est pour quelque chose niveau design non ?

-J’ai mis mon grain de sel oui. » je lui envoyais une tape amicale sur l’épaule.

« Capitaine Wens, Lieutenant Lenox, » L’ingénieur Lewis nous salua.

Lewis avait ces allures de savant fou, marqué par l’age, de longs cheveux blancs ébouriffés. A coup sûr il avait fondu un plomb.

« Bien, la préparation de votre Hovercraft arrive à terme. Suivez moi. »

Il nous guida autour du vaisseau.

« Concernant la propulsion, nous avons installé 16 régulateurs d’inertie PA-120MK2, un régal quant à la maniabilité, scanner laser à l’avant et à l’arrière avec report holographique en cabine de pilotage, l’armement n’est pas en reste 6 tourelles HOD-Twin et EMP standard. De quoi se faire plaisir en cas d’agression héhé, hum heu excusez moi continuons. La coque est un alliage de titane et de lexan sur 3 couches. Blindage et résistance thermique n’ont jamais fait si bon ménage. Et du ménage il va falloir en faire, 12 membres d’équipage en capacité d’accueil c’est salissant – il s esclaffa de rire, si vous voulez bien vous donner la peine. »

Il nous accompagna à l’intérieur. Il nous fit visiter nos appartements, des cabines exiguës, la pièce qui nous servirait de cuisine, puis il passa au cœur du vaisseau.

« Voici la salle des opérations. Onze interfaces de connections, une console de supervision des opérations pour opérateur.

-Héhé ton palace mec, dis je à Charly.

-C’est tout à fait mon style. Mère supérieure !!s écria t il, ça fait plaisir de te revoir ma belle. »

Je mis la main dans ma poche et j’en sortis la petite fleur artificielle. Je la posais dans ce qui servait de rangement aux différents programmes à coté de la console.

« - A nos enfants !

-A la liberté! » ajouta Charly.

Après avoir visité la cabine de pilotage, nous ressortîmes sur le pont.

Lewis nous interrogea :

« Alors qu’en pensez vous ?

-Du travail d’orfèvre Lewis. On ne pouvait attendre mieux de votre part. Quand serons nous en mesure d’en prendre possession ?

-C’est une affaire de quelques jours, le temps de fignoler quelques réglages et il sera à vous. Mais attendez, il reste quand même une tache importante à accomplir.

-Ah oui, laquelle ?

-Donner un nom à votre bébé.

-Baptisons le tout de suite. Le Darkstryder, ce sera son nom. » annonçais je sans la moindre hésitation.

Charly attrapa le système de soudure laser. Il enfila les lunettes de protection et entama la coque.

Lewis commençait un semblant de cri d’effroi :

« Lieutenant !! qu’est ce que vous foutez ? »

Il semblait devenir encore plus fou que ce qu’il ne l’était déjà.

« Laissez Lewis ». Je posais ma main sur sa poitrine pour l’arrêter.



Plug & Pray. Ces deux mots résumaient ce que des pages entières n’auraient pu symboliser.

Souvenez vous : L’Humanité, l’IA, aucun Dieu, aucune règle, l’innocence, la vengeance, l’Amour.



Nous étions prêts.



A suivre …
Hihi, c'est bien comme texte

Les zionistes comme les suivants du Merovingien, montrent une volonté de dominer le forum RP de la matrice Jol , les machines sont en retrait...
oui nous c'est plutot le pvp qu'on veut dominer et le serveur par la meme occasion , questions de choix

et aussi qu'on est que 2 fr chez les Machines , ca aide pas , moi je suis tres nulle en texte rp , suffit de lire mon texte
Citation :
Publié par Khristall
Histoire simpa

dire que c'est a cause de gens comme vous que notre ciel est voilé
Mais trés chère, tu es autant humaine que nous tous, ce sont nos ancêtres qui ont assombris le ciel, pas nous, nous n'avons pas choisi de naitre en plein milieu de ce carnage. Et je méprise les hommes pour ce qu'ils ont fait à notre terre. Oui mais voilà, ma sensibilité me pousse à me battre pour que nos enfants grandissent libre, heureux, et que leur bonheur embellisse nos vieux jours.
libre et heureux? a vivre comme des mandiants sur une terre devastée a mourir de faim??

l'humanité est bien mieux dans la matrice

c'est de la folie pure que de vouloir detruire la matrice... sa ne fera que disparaitre l'humanitée...


ces zionistes sous terre me font un peu penser aux morlock dans "la machine a remonter le temps" ils finiront par se bouffer eux même pour survivre...

s'il y a quelque chose a detruire c'est zion avant que l'humanitée ne degenere pour finalement s'eteindre
non je suis une humaine libre de toute contrainte , c'est different de vous

et vous en choisissant le côté de Zions et en voulant la guerre aux Machines vous etes exactement pareil que les humains qui ont voilés le ciel et qui ont refusés la paix proposés par les machines dans le passé.

Et le pire ... c'est que la connerie humaine est cyclique et que vous allez encore declarez la guerre aux Machines ... le ciel est voilé et la Terre devastée , vous allez reussir à faire quoi encore ? (je parle pas de la guerre TFC - DR hein )


Non je ne suis pas une humaine comme vous ... j'ai appris des erreurs du passé alors que vous vous les refaites encore et encore ...
Citation :
Publié par Khristall
Et le pire ... c'est que la connerie humaine est cyclique et que vous allez encore declarez la guerre aux Machines ... le ciel est voilé et la Terre devastée , vous allez reussir à faire quoi encore ?
probablement detruire l'air qu'ils respirent... ou pire detruire la planete complete...
Ah oue tiens pourquoi pas comme ça pas d jaloux

Bon pourrait on respecter au moins ce topic qui traite de mon bckgrd pour ne pas flooder et débattre sur notre éternelle rivalité.

D'avance merci.
__________________
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