NOIR - Chapitre 4 !

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Et voilà la suite, sans les carrés j'espère...



Chapitre I
Chapitre II
Chapitre III



La musique jouait encore. Une mélodie lancinante, dont l’origine se perdait dans la nuit des temps. Les rescapés de la passe des Sh’run. Personne ne savait qui étaient ces Sh’run, ni où se trouvait leur passe, ni si elle existait encore. Mais, à travers les âges, la chanson avait survécu, comme le font les plus belles ½uvres.
Aussi magnifique et poignante fût la chanson, interprétée par le barde lui-même, Mehlin n’écoutait pas. Son c½ur avait manqué un battement lorsque Dous avait parlé de capturer maître Khorr. Shani, toujours en train de danser, avait su garder un masque d’impassibilité, mais ses pas se faisaient hésitants, elle qui bougeait avec tant de grâce habituellement..
Le vent soufflant dans leurs cheveux
Leur rappelait tous les défunts
Des larmes brillaient dans les yeux,
Des rescapés de la passe des Sh’run

Il fallait faire quelque chose. Prévenir le maître, à tout le moins. Oh, il devait bien avoir son Sceau et ne devait pas vivre dans l’illégalité, au vu de l’assurance qu’il affichait en permanence, et du Pouvoir qu’il maniait avec tant d’aisance. Mais le prévenir tout de même. On ne savait jamais. Si seulement cette damnée musique voulait bien se terminer. Et où diable était Aarel ?
" A quoi penses-tu ? " demande Betingel, mutine.
Il baissa les yeux, surpris. Betingel ! Cela devait bien faire deux minutes qu’il dansait avec elle, et il venait seulement de se rendre compte de sa présence. Dieu du Foyer, mais il devait se montrer moins rêveur ! Du sang-froid, du tact, de la délicatesse. Surtout ne pas attirer l’attention.
" Je reviens " fit-il en la plantant là.
" Quoi ? " glapit-elle alors qu’il disparaissait dans la foule. Surtout ne pas se faire remarquer.
Ils marchaient sans manger ni boire
Ils avaient pour calmer leur faim
Le goût amer de la victoire
Les rescapés de la passe des Sh’run

Aarel, Aarel. Où diable se cachait-il ? A bien y réfléchir, il avait disparu alors que les danses commençaient. Il n’avait jamais aimé les bals. Mais, que diable, un grand gaillard de près de deux mètres ne disparaissait pas comme cela !
" Pardon " fit-il alors qu’il écrasait un pied. Le danseur lui jeta un regard venimeux.
Ne pas courir. Rester calme. Il ne peut pas savoir que tu es l’apprenti de maître Khorr. Aarel, par les deux-cent douze vents, montre ta stupide tête.
" Où est Shani ? " demanda une voix à son oreille. Mahlin n’y prit pas garde, et continua à écarter la foule… une tunique rouge, que les Dieux me protègent, ca ne se cache pas, une tunique rouge… jusqu’au moment où on lui saisit le bras. Il se retourna d’un bloc.
" Hey, du calme ! "
Juste la personne qu’il aurait aimé éviter en ce moment. A vrai dire, la personne qu’il aurait aimé éviter pour la soirée, si c’était possible. Mais ca ne le semblait pas, de la manière dont Toni lui tenait le bras.
" Tu vas répondre, oui ? Tu as vu Shani ? "
Mahlin leva les yeux pour croiser le regard de la brute, et se demanda une fois encore ce que toutes les filles lui trouvaient. D’accord, son visage était celui d’un angelot, ses yeux étaient d’un bleu profond, ses cheveux blonds impeccablement coiffés. Et son père était le Bourgmestre de Longue-Rivière. Mais comment pouvaient-elles ne pas remarquer cette agressivité au fond des yeux, ce sourire prédateur, cette arrogance ?
" Non, je ne l’ai pas vue. Laisse-moi partir. "
" Menteur. Je sais que tu tournes autour de cette fille. Tu dois savoir où elle est . Dis-le moi. Tu ne t’interposeras pas entre elle et moi. "
Mahlin soupira. Ce n’était vraiment pas le moment.
" Ecoute, je n’ai pas le temps de régler cela. On verra plus tard. Si je te dis que je ne l’ai pas vue, c’est que c’est vrai. Lâche-moi, et cherche-là. Elle doit être en train de danser dans le coin. Pas avec toi " rajouta-t-il, venimeux.
Toni lui tordit le bras. Il gémit.
Leurs pieds charriaient la poussière
Ils avaient du sang sur les mains
Ils revenaient après la guerre
Les rescapés de la passe des Sh’run

" Pas avec moi ? Comment sais-tu cela ? Tu vois bien que tu l’as vue ! "
" Bon sang, Toni, c’est une fête ! Comment veux-tu qu’elle ne danse pas ? Elle est faite pour danser ! Et ce n’est pas en me déboîtant le bras que tu arriveras à quoi que ce soit avec elle. "
" Maudite soit-elle. Elle m’a filé entre les doigts quand… peu importe, je la retrouverai. Vous restez coucher ici cette nuit, j’ai cru comprendre ? Il y a de la place chez moi. Pour elle. "
Il lâcha Mehlin, qui se massa le bras en maugréant. Il aurait été plus sage de tenir sa langue, mais Toni l’aurait appris tôt ou tard s’il continuait à fouiner ainsi.
" Non, nous partons tout de suite. Notre seigneur a besoin de nous au plus vite. "
Le visage de Toni se crispa.
" Hah ! Erhman m’a dit que vous restiez. Ne crois pas entraîner Shani dans tes manigances, petit crétin. Je te l’ai déjà dit, tu ne t’interposeras pas entre elle et moi. "
" Mais elle ne veut pas de toi ! Va te faire pendre ! " gronda Mahlin en serrant les poings.
Toni rejeta sa tête en arrière et éclata de rire.
" Battons-nous pour elle, alors. Cela promet d’être intéressant. Et si romantique ! "
Mahlin considéra la situation avec inquiétude. Il avait tout de même un don pour se mettre les gens à dos, quoi qu’il fasse. Toni, en face de lui, était un solide gaillard, endurci par les travaux des champs, et plus qu’un peu bagarreur. Il ne ferait pas le poids.
" Eh bien, tu te dégonfles ? " ricana Toni.
Une ombre s’intercala dans la ruelle. Une ombre de deux mètres, qui fit craquer ses jointures.
" Moi, je me bats " fit une grosse voix.
Toni regarda l’apparition, et se lécha les lèvres avec nervosité.
" Reste en dehors de ça, Aarel. "
" En dehors de quoi ? Qu'est-ce que tu disais tout à l'heure ? Ah, oui. Eh bien, tu te dégonfles ? "
Toni resta un instant silencieux, puis tenta une nouvelle approche.
" Mon père… "
" …aura besoin d'aide pour recoller tes morceaux au bon endroit si tu continues tes bêtises. Maintenant, file ! "
Toni se fondit dans la foule avec une habileté qui forçait le respect.
Mais la fierté noya les plaies
Ils sourirent et la joie revint
Ils étaient vivants, ils étaient
Les rescapés de la passe des Sh’run

Mahlin resta un instant silencieux, puis flanqua une bourrade dans les côtes du géant.
" Aarel, on peut vraiment dire que tu arrives toujours à temps ! "
" Mmm-mmh. J’aurais aimé qu’il reste. J’avais besoin de passer mon humeur sur quelqu’un. Ce prétentieux me paraissait tout indiqué. "
" Son père nous aurait créé des ennuis… "
" Bah, ce n’est qu’un Bourgmestre, il n’oserait pas prendre des mesures contre ceux qu'il croit être les serviteurs de… du Seigneur Barel Khorr "
Il gloussa, mais Mahlin se frappa brusquement le front du plat de la main.
" Barel Khorr ! Aarel, il faut que nous trouvions vite Shani ! Nous devons partir tout de suite ! "
Aarel leva un sourcil interrogateur.
" Partir ? Où, quand, pourquoi ? Tu as encore embrassé la mauvaise personne ? "
" Aaaah, que les vents emportent tes insinuations, si seulement c’était aussi simple ! "
Et Mahlin de raconter rapidement les confidences du mage violet. Aarel siffla doucement entre ses dents.
" En effet, du vilain en perspective. Enfin, d’une certaine manière, cela m’arrange de partir rapidement. Allons chercher Shani. "
" Cela t’arrange ? Que… Au fait, qu’est-ce que tu as bien fait pendant que nous autres dansions ? "
Le visage du colosse s’était assombri.
" Je préfère ne pas en parler. "
" Mais… "
" Shani nous attend "
Mahlin hocha finalement la tête, et se prépara à refaire en sens inverse le chemin qu’il avait déjà parcouru. Les derniers accords des Rescapés de la passe des Sh’run vibraient encore dans l’air, et les deux compagnons profitèrent du bref arrêt des danses pour se faufiler rapidement jusqu’à la jeune fille. Elle n’avait pas changé de place, et discutait en souriant avec le mage violet. Elle jouait admirablement la comédie mais, même à cette distance, même sous le faible éclairage, Mahlin pouvait remarquer la tension des épaules et la froideur de son expression. Dès qu’elle les vit, elle murmura quelque chose à son cavalier, et alla les rejoindre. Dous la regarda partir avec une expression indéchiffrable.
" Que fait-on ? " demanda Mahlin une fois que la musique s’éleva de nouveau, dissimulant leurs paroles aux oreilles indiscrètes. Shani soupira.
" Dieu du Foyer, comment ne pas se méfier d’un homme avec un tel visage ? " Elle écarquilla les yeux, puis se secoua, rougissant sous le faible éclairage. " Ainsi tu as entendu. Quand je t’ai vu planter là ta cavalière, je me suis dit que tu allais prévenir Aarel. J’ai occupé un peu ce Chasseur " elle sourit et agita joyeusement la main vers Dous, qui la regardait. L’homme lui répondit, et elle tourna la tête, et son sourire disparut. " …et j’ai dansé un peu plus avec lui, mais je n’ai rien appris d’autre. Enfin, rien d’importance. Mais ils partent demain à l’aube. "
" C’est dans deux heures " grommela Aarel en regardant le ciel. " Dépêchons-nous. "
Ils hochèrent la tête.
" Shani, tu te sens en état de voyager de nuit, dans ce froid, à travers la forêt ? "
On pouvait bien voir que la perspective ne l’enchantait pas, mais elle fit oui de la tête.
" Nous n’avons pas le choix. Ooh, je n’aurais pas dû danser autant, je ne sens déjà plus mes pieds. Si seulement nous pouvions dormir, une heure ou deux… "
" Non " fit Mahlin, crispé. " Il faut partir tout de suite, et même ainsi, il faudra se avancer rapidement. "
" Nous avons un avantage sur eux, ils ne connaissent pas la forêt " observa Aarel, puis il fronça les sourcils. " Mais je doute que cela ralentisse un mage… "
Tous acquiescèrent, l’air sombre.
" Eh bien, je crois qu’il va nous falloir offrir nos adieux rapides à Erhman et Dame Maud " fit Shani en soupirant. " Et, Mehlian, essaie d’abréger les effusions avec Betingel. "
Il grimaça.
" Non, je préfère ne pas lui parler pour l’instant. La situation est déjà assez compliquée comme cela. Mais toi, et ton Toni ? "
" Mon Toni, obéissant comme il est, doit encore être à m’attendre là où je lui ai dit, il y a une heure " fit-elle avec un rire clair. Aarel fit craquer ses doigts, la mine joviale, et elle cessa de rire. " Oh, je vois qu’il n’a pas obéi finalement " Elle rit de nouveau. " Allez, partons ! ". Dous les regarda partir, l’expression impénétrable. Il fit quelques pas dans leur direction, comme pour les rejoindre, mais quelques jeunes filles vinrent s’interposer, visages timides. Nulle ne le reconnaissait pour ce qu’il était, un mage, sans quoi même son visage n’aurait pu le sauver. Dous grimaça, mais la grimace se fondit en un sourire charmeur, et il arrêta d’avancer, adressant la parole à une des demoiselles. Mahlin laissa échapper un soupir de soulagement.
Ils passèrent à l’auberge en coup de vent. Personne n’était là ; il n’y avait aucun bruit. Visiblement, le couple avait décidé, une fois le ménage sommairement fait, de venir à la fête eux aussi. Il n’y avait pas de quoi les blâmer, mais il était hors de question de faire leurs adieux en plein milieu du bal. Tant pis si leur soudaine disparition au c½ur de la nuit leur porterait préjudice plus tard. D’un commun accord, ils s’enfoncèrent dans la nuit.
" J’ai pris un peu de saucisson, du pain et du fromage dans la cuisine " fit Mahlin. " J’espère qu’ils ne nous en tiendront pas rigueur. "
" Non, non, tu as bien fait. Nos provisions de l’aller sont épuisées. Aah, par les vents, si seulement tu avais aussi pensé à attrapper quelques couvertures. Quel froid ! "
" Cela cessera quand nous atteindrons la forêt, tu le sais bien ! Cesse de te plaindre, et avançons. "
Evitant la fête, ils s’enfoncèrent aussitôt dans les champs..
Ils avancèrent rapidement jusqu’à ce que les maisons derrière eux soient avalées par une colline, puis réapparaissent à la montée suivante. Le froid et l’urgence leur firent couvrir en une heure et demie ce qu’ils avaient mis deux heures à franchir la veille, malgré l’obscurité. Si tant est qu’on pût parler d’obscurité. Le ciel, alors qu’ils marchaient, ne cessait de pâlir. Des brassées d’étoile vacillaient puis disparaissaient à chaque minute. Lorsqu’ils atteignirent enfin la forêt, l’air commençait à s’embraser. C’était l’aube, et ils avaient mal aux pieds. Quelques pas dans la forêt, et cette chaleur si agréable ! Tous poussèrent un léger soupir, et les capes recouvertes de givre furent ôtées.
" Bon " constata Shani, s’arrêtant pour reprendre son souffle, adossée à un arbre. " Si Dous n’a pas menti, les mages sont en train de partir en ce moment même. Ca nous donne entre une et deux heures d’avance, dans le meilleur des cas. Il faut qu’on y aille tout de suite. Mahlin, il te reste du fromage ? "
" Un petit peu. Pas beaucoup. Mange vite, comme tu l’as dit, nous devons nous dépêcher "
Shani hocha la tête. Elle fourra sans hésitation le morceau de fromage dans sa bouche, puis soudain poussa un petit cri étranglé. Les yeux lui sortaient de la tête. En une enjambée, Aarel fut à son côté.
" Qu’est-ce que… respire, Shani, respire ! "
Il lui tapa dans le dos, une tape brutale qui la fit hoqueter de plus belle. Ses yeux larmoyaient, mais elle parvint à articuler.
" Pas… regardez ! "
Elle montrait l’orée de la clairière. Les deux garçons suivirent son geste. Eux n’étaient pas en train de manger, mais cela ne les priva pas de s’étoufffer tout autant. Dans l’air transparent de l’aube, un portail scintillant venait de se matérialiser. Shani parvint à recracher son fromage.
" Qu’est-ce que c’est que cela ? " demanda Aarel, éperdu.
" Que les dieux me foudroient si je le sais… " murmura Mahlin. " Ca ne peut tout de même pas être… "
Ca l’était. Une minute plus tard, alors qu’ils l’observaient sans bouger, le portail s’ouvrit dans un tintement de cloches. Un homme vêtu d’une toge blanche posa une botte immaculée dans la boue de la forêt. Derrière lui se profilaient d’autres silhouettes.
" Par les enfers ! On n’avait pas prévu ça ! " siffla Shani. Toute faim oubliée, elle se lança ventre à terre sur le petit sentier de terre. " Nous n’avons plus qu’à courir ! "
Les deux autres ne se le firent pas dire deux fois. Avant que la Porte n’ait disparu, tous étaient déjà loin à l’intérieur de la forêt, et continuaient à courir.
Ils parvinrent à tenir ce rythme près de vingt minutes, mais cela faisait trop longtemps qu’ils ne s’étaient pas reposés, et leurs muscles ne répondaient plus. Aarel semblait capable de continuer encore longtemps, mais Mahlin suait sang et eau, et Shani ne valait guère mieux. Le colosse leur jeta un regard inquiet.
" Vous pensez que vous pourrez suivre ? Nous n’avons pas le temps de faire une pause, le temps est trop précieux. "
" Marcher, oui, je crois " fit Shani, massant ses pieds, reprenant son souffle. " Mais courir… je crois bien que non. Je n’en peux plus. " Des larmes de rage et d’impuissance brillaient dans ses yeux.
" Je ne suis peut être qu’un… qu’un scribouillard après tout " exhala Mahlin, affalé contre un arbre. Sa respiration était sifflante. Shani vint le rejoindre.
" Ne dis pas de bêtises. " Elle lui tapota l’épaule gentiment, comme à un animal blessé. Puis elle reporta son regard sur Aarel. " Tu dis que tu peux encore courir ? "
" Oui " fit simplement celui-ci.
" Alors cours. Préviens maître Khorr de ce qu’il se passe. Nous suivrons plus tard. C’est moins important. Mais il faut le prévenir ! "
Aarel grimaça.
" La forêt peut être dangereuse…qu’on n’ait pas croisé de loups ne signifie pas qu’il n’y en ait pas. Vous êtes sûrs que vous pouvez vous débrouiller seuls ? " Il parut se rendre compte de la maladresse de ce qu’il disait, mais c’était la simple vérité. Seule sa hache pourrait être d’une quelconque utilité si une menace se précisait.
" Nous n’avons vraiment pas le choix " fit doucement Shani.
Le géant hocha la tête. Il leur lança un dernier regard puis, lentement, à contrecoeur, s’enfonça dans les bois. Une fois hors de vue, il se mit à courir.
" Tu peux marcher ? " demanda Shani à Mahlin avec sollicitude.
Le jeune homme lui lança un regard empreint de gratitude – et de honte.
" Oui… oui, je crois que je peux. "
" Alors allons-y. Marchons. Appuie-toi sur moi, si tu veux"
Mahlin laissa échapper un juron.
" C’est moi qui aurait dû dire ca ! "
" Eh bien, c’est trop tard maintenant. Alors accepte mon épaule, espèce d’obstiné ! "
Marcher était plus facile, bien plus facile. On pouvait aisément éviter les branches, au sol, et celles qui vous fouettaient le visage. On pouvait doser son effort. Une heure se passa sans qu’aucun des deux ne montre aucun signe de faiblesse. Puis il y eut une lumière violente, noire, juste devant eux.
" Qu’est-ce que… " commença Shani.
" Je ne sais pas "
Mahlin sortit sa dague, conscient du ridicule de sa position, mais prêt à vendre chèrement sa vie.
" Rengaine cette arme, tu serais capable de te faire mal " fit une voix tranquille.
Shani en aurait pleuré de soulagement.
" Maître Khorr ! "
" Aarel vient de me prévenir. Il est en train de se reposer. Venez à moi. "
La lumière décrut lentement, leur permettant d’apercevoir leur maître au centre de la sphère d’ombre. Il leur tendit les mains, et les deux jeunes gens s’approchèrent. La sphère disparut, et ils étaient dans le manoir. Aarel était assis sur une chaise, dans un coin, et bondit sur ses pieds lorsqu’ils arrivèrent. Puis il retomba ; il avait l’air exténué.
C’était une grande pièce, la plus grande de la maison. Celle que Barel aimait appeler la Chambre d’Incantation, celle où il s’enfermait parfois, le soir, interdisant à ses disciples de le déranger. Mahlin s’était déjà introduit dans la salle lorsque Barel n’était pas là, car aucun loquet ne fermait la porte. Mais il n’y avait rien vu qui sortît de l’ordinaire. A part, bien sûr, le pentacle. Le gigantesque pentacle, avec des relents de sang séché, qui ornait le sol de la pièce et dans lequel ils venaient d’apparaître.
" Le hasard fait parfois bien les choses " murmura Barel en les regardant. " Mais qui contrôle le hasard ? "
La question était purement rhétorique, et il ne se formalisa pas lorsque ses disciples le regardèrent sans risquer de réponse.
" C’est une chance que je vous ai envoyé en ville ce jour ci. Je peux au moins me préparer à ce qui va arriver. "
Shani hésita un instant, comme si elle voulait parler. Barel lui sourit.
" Tu as une question à me poser ? Parle sans crainte. "
Elle resta muette quelques secondes malgré la permission, puis rassembla son courage.
" Maître Khorr, avez-vous un Sceau ? "
Le mage fronça les sourcils. Il tendit sa main droite, à laquelle brillaient de nombreux anneaux. L’un deux, celui à son index, avait une forme particulière.
" Oui, j’en ai un. Je le porte en permanence. Tu ne l’as jamais remarqué ? " Il haussa un sourcil. " Ou peut-être ne sais-tu pas à quoi ils ressemblent. C’est possible, c’est possible. J’aurasi dû vous en parler, je suppose. "
" Le jour où vous nous apprendrez la magie, vous nous en parlerez " fit amèrement Mahlin. Ses yeux semblaient vouloir se fermer malgré sa volonté, et Barel le terrifiait bien moins alors que lui-même se sentait si fatigué. Mais le mage n’en prit pas ombrage.
" Tu fais bien d’en parler, Mahlin. Demain, lorsque vous vous serez reposés, je commencerai votre apprentissage. Je n’ose pas attendre plus longtemps. Qui sait ce que… " Il ravala ses derniers mots avec une grimace. L’instant d’après, son visage était de nouveau lisse et d’un calme olympien. A la différence de ceux de ses disciples, qui venait de se décomposer.
" Vous allez nous apprendre… " commença Aarel
" Vous n’allez pas fuir ? " demandait Shani
" Et les Chasseurs ? " s’inquiétait Mahlin.
Un geste les réduisit tous au silence.
" Non, je ne fuirai pas. Oui, je vous apprendrai la magie. Demain. Vous avez besoin d’avoir l’esprit clair pour cela. Quant aux Chasseurs… " Il eut un léger sourire. " Je leur réserve quelques surprises. Cette forêt a ses secrets. C’est un endroit dangereux pour ceux qui ne la connaissent pas. "
" Vous n’allez tout de même pas… " fit Shani, mais encore une fois Mahlin parla en même temps qu’elle :
" Excusez-moi de douter de vous, maître, mais vous êtes seul, et ils sont… "
Le sourire de Barel ne fit que s’agrandir.
" Ces gens sont venus pour moi, et il serait malhonnête de ma part de ne pas leur offrir le spectacle qu’ils désirent. C’est un problème qui me concerne, et non vous. Aussi, je vous saurai gré d’oublier cette histoire de Chasseurs, et d’aller vous coucher. "
" Mais… " fit Mahlin.
" Ou peut-être dois-je reconsidérer ma décision de vous apprendre mon art ? Après tout, peut-être n’êtes-vous pas encore assez disciplinés ? "
Les trois jeunes gens allèrent se coucher sans un bruit. Malgré leur excitation, ils s’endormirent aussitôt.
Citation :
Publié par Helnea/Gjavann
Il manque quelque chose...

j'ai du mal a dire ce que c'est ...

juste un tit détail...

rah comment ça s'appelle ???

oui je sais !

le chapitre V !
ah vala vala je me disais aussi !
Arrow
Pas mal, j'ai tout lu ce matin, et ça m'a bien changé les idées
J'ai cru apercevoir un petit peu d'influence Jordanesque ;p par une ou deux petite touche

Tu as déjà tout écrit ou non ? j'aimerai lire le plus possible avant de partir à l'étranger (samedi ) parce que après je perds l'ambiance...

Vu la tournure que prend la sauce, il doit t'être possible de continuer durant plus d'un "livre" sur les aventures de nos héros, si je ne me trompe pas, puisqu'ils n'en sont qu'à leur débuts

Sinon niveau critique, je suis pas B. Pivot mais je vais essayer de donner mon avis de manière intelligible :

NB : Je n'ai pas (encore) lu ton premier roman.

Le début ne m'a pas trop emballé à cause d'un départ que j'ai jugé assez "classique" au niveau des personnages, mais le cadre m'a fait changer d'avis, les romans "d'apprentissages" j'aime bien mais ça demande une tournure complexe au niveau des éléments magiques, ce que tu gère plutôt bien pour le moment.

Quelques personnages se dessinent peu à peu sans se dévoiler, ce qui n'est pas pour me déplaire. On distingue tout de même quelques archétypes, mais qui ne sont pas gênant.
A condition de ne pas tomber dans l'hymne au Grobillisme, et je m'en fait pas trop sur ce point, j'attends la suite avec impatience !

Il y a du potentiel, et vivement la suite !
Chapeau bas!!! La suite! La suite! La suite!!!!
Post
Citation :
Publié par Rodo
Pas mal, j'ai tout lu ce matin, et ça m'a bien changé les idées
J'ai cru apercevoir un petit peu d'influence Jordanesque ;p par une ou deux petite touche

Tu as déjà tout écrit ou non ? j'aimerai lire le plus possible avant de partir à l'étranger (samedi ) parce que après je perds l'ambiance...
Non, j'avais un peu plus d'une vingtaine de chapitres d'écrit et les autres viennent au fur et à mesure. En gros, j'ai un livre d'écrit pour l'instant.

Citation :
Publié par Rodo
Vu la tournure que prend la sauce, il doit t'être possible de continuer durant plus d'un "livre" sur les aventures de nos héros, si je ne me trompe pas, puisqu'ils n'en sont qu'à leur débuts
En fait, si je me fie au synopsis, j'ai de la matière pour neuf livres (intitulés Noir, Rouge, Orange, Jaune, Vert, Bleu, Indigo, Violet, Blanc). C'est ça qui m'avait inquiété à l'époque. Je m'étais dit que même si je le retravaillais pour le rendre publiable, aucune maison ne prendrait le risque de publier un débutant sur un truc aussi long...

Citation :
Publié par Rodo
NB : Je n'ai pas (encore) lu ton premier roman.
Et tu espères que je vais écouter tes conseils après ça ?

Citation :
Publié par Rodo
Le début ne m'a pas trop emballé à cause d'un départ que j'ai jugé assez "classique" au niveau des personnages, mais le cadre m'a fait changer d'avis, les romans "d'apprentissages" j'aime bien mais ça demande une tournure complexe au niveau des éléments magiques, ce que tu gère plutôt bien pour le moment.
Merci pour le compliment. C'est vrai que le début fait très "rose", mais il s'agit de la scène d'exposition des personnages. J'ai toujours été lamentable pour ce genre de passages...

Citation :
Publié par Rodo
Quelques personnages se dessinent peu à peu sans se dévoiler, ce qui n'est pas pour me déplaire. On distingue tout de même quelques archétypes, mais qui ne sont pas gênant.
A condition de ne pas tomber dans l'hymne au Grobillisme, et je m'en fait pas trop sur ce point, j'attends la suite avec impatience !
Oh, mais les gros bills ne sont pas toujours ceux qu'on croit
Citation :
Publié par Grenouillebleue
Il arrive, il arrive

Tiens, je suis passé Légende... Ya pas moyen de bloquer l'évolution des posts ? Ca me plaît comme titre, je ne veux plus progresser
troll pour avoir des réductions de posts par les modos
Talking
Netemment mieux, la.
J'ai bien plus vécu tout ça.

Mais je sais toujours pas d'ou ca venait...
(P.S. j'ai tout lu a la suite, donc on oublie un changement d'humeur )

Pression a chÔ :

Y a rien !!
Aucune correction, ou plutôt, une seule, mais c'est une faute de frappe que word devrait te corriger mieux que moi
[Edit] Ah vi, j'oubliais : tu pourrais pas fixer un peu les noms ? tu nous y avais habitué deja, mais Mahlin, Mehlin, Mehlian... choisis une fois pour toute, sitouplé !
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