Jouer, c'est mal

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Il fallait s'y attendre. Pris dans l'invincible flot d'une modernité sans merci, vous vous êtes laissé emporté. Loin des choses complexes et douloureuses que sont vos semblables, il suffisait de franchir la surface du miroir, nous voici de l'autre côté, là où le soleil est faux mais ne se couche jamais. Vos nuits sont devenus ces champs de bataille anonyme où se jouent le destin de fabuleuses contrées : loin, les factures dans la boîte aux lettres, loin, les sons confus filtrant encore par une porte ou une fenêtre toujours fermées. Si ces symptômes éveillent en vous quelque réminiscence, c'est probablement que vous y êtes : du mauvais côté, vous voilà devenu un nerd de la plus belle espèce !
Pas de panique ! On n'en meurt pas : on cesse juste de vivre. Ca et là, la carcasse amollie que vous constituez sera probablement agitée de spasmes : c'est très probablement que, happé par votre vice, vous aurez oublié de commander la traditionnelle pizza (si, dans votre cas, vous en êtes encore au stade de la pizza surgelée, félicitez-vous en : planifier et mener à bien une chose aussi complexe que la cuisson d'une pizza, avec les efforts inouïs que cela implique, ne peut que témoigner de votre bonne santé); peut-être, cependant, a-t-on affaire aux ultimes soubresauts de l'âme qui, avant d'être soufflée comme une bougie, essaye comme autrefois de se vouer à la réflexion et à la critique. Bien entendu, c'est probablement en vain. Mais, sous des cieux pollués et masochistes qui sont les nôtres, il peut s'avérer amusant d'essayer de se relever, ne serait-ce que pour le plaisir malsain de se voir se recasser la gueule ensuite. L'élan peut être authentique : dans ce cas, bravo ! Bien que quasiment cuit, vous essayez de reconsidérer votre vie comme autre chose que pure vanité. C'est mort, diront les pessimistes. Et les autres aussi, sans doute. Mais le désespoir se mérite. Il convient donc d'essayer.
Ainsi donc, vous voilà entraînés dans l'engrenage moisi du jeu. Dans un monde saturé par digues et drogués de tous horizons, le joueur pourrait être tenté de se croire privilégié. Après tout, on ne s'y situe pas tout à fait en dehors du courant principal de ce qui constitue le réel. Il y a environ six mois, en effet, il a fallut s'extraire de son appart/placard/crypte, aller acheter un ticket de rer et se traîner jusqu'à la fac, où de fastidieuses procédures d'inscriptions attendaient. Le souvenir est lointain mais douloureux. Il y a longtemps que le monoprix d'en face s'est posé comme seul horizon. Les caissières sous-payées qui y sévissent ont cessé il y a longtemps de s'étonner de votre gueule d'enfariné, venu mendier sa bière et sa pizza. D'ailleurs, des caisses, on voit la fenêtre d'en face, et, dans la pénombre qu'elle définit, presque miroiter l'éclat bleuté qui trahit la fenêtre par lequel il est foutrement temps de s'évader.
Qu'est-ce qui a bien pu se passer ? Tout était pourtant si parfait ! La faillite du monde magique paraît impossible. Les aspérités, les arrêtes tranchantes du monde vrai y sont remplacées par des courbes douces, flatteuses à l'oeil, évoquant la silhouette de quelque lascive et éternelle maîtresse. La confusion, vous vous en souvenez, laissait place à une magnifique harmonie, où de longue litanies numériques berçait le perdu, le médiocre, tout à coup devenu héros. Les poubelles troquées contre des trônes, la boue contre l'or, les cadavres contre des dieux ! C'était, pourquoi le nier, si bien. Alors ? Lassitude ? Pourtant, tout y est renouvelé avec une implacable régularité. C'est toujours la même farce sous un masque médiocrement raccommodé, bien entendu. Mais cela marche, voilà l'essentiel. Où peut-être que la haine souterraine de soi-même a fait son sombre chemin, et est à présent assez mûre pour provoquer des tourments un peu plus sophistiqués que l'annulation pure et simple du moi dans l'abrutissement ? Qu'importe au fond : il faut se débarrasser de ça, voilà le seul semblant de certitude.

Que faire ?

Les pitoyables velléités qui agite les quelques haillons de volonté qu'on est encore assez naïf pour se croire sont, cela va de soi, autant de rire perdu dans l'immensité du vide. Il en va du jeu comme de la cigarette, ou de l'alcool : les pieux voeux d'arrêt sont les victimes expiatoires offertes au néant. Non, on se connaît bien : digne enfant du monde considéré comme fast-food du sens, tout effort relève, pour vous, d'une obscure mythologie depuis longtemps passée de mode. Il faut mieux que ces billets doux à notre nullité. Mais bien sûr : renaître au monde ! Cet endroit incertain d'où l'on vient, qui nous a vu naître, grandir, disparaître. Il a bien, sinon une réalité concrète, du moins une consistance au niveau symbolique et imaginaire : la preuve, Matrixtm s'en est bien inspiré ! Il est temps de reconquérir ce lieu mystérieux, inconnu. Après tout, les avantages n'y sont, à y réfléchir, pas tout à fait nul. Peut-être même s'agirait-il de trouver une remplaçante à celle qui, il y a un temps incalculable, dans un confus brouillard originel, a claqué la porte en ricanant. C'est dit ! Conquistador renouvelé, à l'assaut de ce truc étrange dans lequel on a le malheur de vivre ! Désinstallons ! Tout, vite, pas une miette ne doit en rester ! Harro sur la part maudite !
Le jeu n'aura donc été que l'éponge du tableau noir. Bah, après tout, une vie vide vaut une vie pleine : bien pareilles, agenouillées devant le néant. Et puis, ne rien faire confine à une certaine noblesse : c'est le frisson qu'a du parcourir les Saints de l'ancien temps, le divin sacrifice, celui-là même qui flatte le nez du séraphin ! Soyons donc totalement stupides, à défaut d'être même modestement intelligents. Puisque le sens nous est interdit, tout se vaut, finalement ! Alors jouer, un peu, jouer, à en perdre vue, souffle, jouer, jusqu'au noir, jusqu'au blanc, gris plutôt, jouer, encore, ouais, voilà ce qui est, décidément, bien commode. Jadis, des crétins ont pu s'emmerder. La modernité a entre temps déployé toute l'étendue de son génie. L'approvisionnement régulier en drogue s'avère ruineux : de plus, son usage est disqualifiant. L'alcool peut offrir une voie, mais mène à une auto-destruction trop abrupte : un procédé plus subtil manquait au genre humain, un endroit où il puisse s'oublier, s'abolir lui-même. Que rêver de mieux que sa propre caricature ? Une copie atténuée où tout serait à porté du manque de volonté, où s'allier avec un semblable pas trop différent, où vaincre, enfin ! Le sens est là, à la source, pur comme jamais: il y a donc quelque chose à faire à par vivre ! Il était temps : on commençait à se poser des questions.
me suis éclaté les yeux là ...


sinon sujet maintes et maintes fois rabâché.

Néanmoins, texte plein de clichés et des stéréotypes en tous genres...


pour résumer ce que je pense de ton texte : bah voyons...
Tu as décidément beaucoup de remords envers le monde informatiquo-ludique, Skaag. Mais c'est bien écrit et plutôt vrai donc je ne te vilipenderai pas.
Pas mal, ton texte.

Excuse-moi de penser à la forme, mais je crois que tu devrais utiliser un peu plus la touche Return. J'ai eu mal à la tête.
Ma question est : Que doit on répondre à un tel topic ?

Tu ouvres et tu fermes ton texte, sans laisser la place aux autres, à la communauté a laquelle tu participes et qui participe avec toi, d'y répondre, ou d'y apporter quoi que ce soit.

Pas un seul semblant de lancement de débat, de question, d'interrogation sur les opinions, les avis, les anecdotes, rien.

On contemple, on baille, puis on s'en retourne, c'est dommage.
__________________
Aldaris Dekyriel
Eh oui nous autres joueurs on derange, on dérange parcequ'on fait ch**r personne, on fait notre vie, on aime bien gamer alors on game, le type a envie de s'acheter un e pizza? et alors, il a envie de passer 16 heures d'affilée à jouer? et alors, le gars il fait ce qu'il veux merde, qu'on arrete de venir nous souler avec ces posts pseudo socio-psycho-philo analystes, est ce que je vais aller emmerder les gars qui aiment le foot sur des forums de footeux en leur disant que leur vie c'est de la merde? non. J'ai 30 ans, un job, des amis sinceres, j'ai eu ma période gaming intense telle que tu la décrit, elle est passée, c'était un bon moment de ma vie, je n'irais jamais cracher dessus et ma passion du gaming je l'assume au lieu d'en avoir honte. Si ton post est la pour justifier la culpabilité que tu éprouve/ a éprouvé à jouer, va plutot écrire sur les forums de la santé pour tous, tu auras meilleur public la bas.
Citation :
Provient du message de Fenrhil
Eh oui nous autres joueurs on derange, on dérange parcequ'on fait ch**r personne, on fait notre vie, on aime bien gamer alors on game, le type a envie de s'acheter un e pizza? et alors, il a envie de passer 16 heures d'affilée à jouer? et alors, le gars il fait ce qu'il veux merde, qu'on arrete de venir nous souler avec ces posts pseudo socio-psycho-philo analystes, est ce que je vais aller emmerder les gars qui aiment le foot sur des forums de footeux en leur disant que leur vie c'est de la merde? non. J'ai 30 ans, un job, des amis sinceres, j'ai eu ma période gaming intense telle que tu la décrit, elle est passée, c'était un bon moment de ma vie, je n'irais jamais cracher dessus et ma passion du gaming je l'assume au lieu d'en avoir honte. Si ton post est la pour justifier la culpabilité que tu éprouve/ a éprouvé à jouer, va plutot écrire sur les forums de la santé pour tous, tu auras meilleur public la bas.


Je plussoie numéro 33690 là dessus.
Un truc qui me file des boutons, ce sont les gens qui s'arrogent le droit de dire aux autres comment il doivent vivre leur vie. Entre le gamer qui passe tout son temps devant sa machine et ces pseudo moralisateur, le plus dérangeant est vite choisi à mon gout.
Comme il a été dit, le gars qui veut jouer 16 heures par jour, c'est son affaire. Le gars qui veut passer ses journees a regarder la téloche, c'est son affaire. Le gars qui veut laisser tomber sa copine pour jouer, je sais, ca va en faire hurler certains, mais c'est son affaire (meme plutot leur affaire d'ailleurs). Mais ca n'est en aucun cas la tienne ni celle de famille de france ou de je ne sais quel groupe de bien pensants.
Secouer un ou une amie, parent ou autre proche, en tant que proche de cet individu, si on juge que cela peut etre nocif pour cette personne, est totalement légitime, et decoule de l'affection que l'on peut avoir pour cette personne. Je ne me generais pas pour le faire, si jamais je constatais des gros exces (exemple type : je lache ma copine parce que je prefere jouer ; là ca barderait pour le pote qui me sort ca).
Mais de quel droit vas tu haranguer le gamer lambda avec tes propos de moralisateur avec des vrais morceaux de stéréotypes dedans ? Tu te crois investi de la mission sacrée de sauver l'humanité en perdition devant ses PC ? Ca n'est pas ton role, ni le role de personne, de dire a des inconnus comment ils doivent vivre leur vie.
Le problème c'est que le fond prend la pas sur la forme, y'en a qui s'écoute parler, tu te regardes écrire. C'est bien d'ailleurs, sur la forme, quoique la multiplication d'adjectifs, d'ellipse, parabole, rapprochement alourdissent l'ensemble.

L'usage du "tu", provoque un rapprochement avec le lecteur et l'implique et par là même donne une portée générale au texte. Or par ce qu'il décrit il ne peut pas être de portée générale. L'usage de la première personne du singulier aurait donné un ton plus personnel, le texte aurait pris valeur de témoignage et paradoxalement aurait sans doute plus touché les lecteurs, les aurait peut être plus amené sur le chemin d'une remise en cause ou d'une identification. Enfin ce que tu décris présente un peu un caractère outrancier, on se croirait un peu dans un scène de Seven et comme "Tout ce qui est excessif est vide de sens" (en substance, Nietzche, "Le gai savoir"), finalement ça ne prête au mieux qu'à la commisération.

S'il y a un objectif de communication derrière ce texte, si ce n'est pas que de la forme et du flattage d'ego masturbatoire, alors, tailler un peu dans la viande, dans le gras presque ne pourra que rendre le vecteur du message plus efficace. Quelque chose de plus nerveux de plus prés de l'os. J'ai eu le bonheur d'entendre les séances d'enregistrement de Coltrane pour le morceau Giant. C'est super. Je connaissais bien le morceau du disque et même l'alternate take qui est proposée je crois. Entendre ces séances d'enregistrement en connaissant le morceau permet de faire immédiatement la comparaison, on sait avant Coltrane, le résultat qu'il veut obtenir et on sent dans ce qu'il essaie, le passage trop sucré, ou trop violent, trop virtuose ou trop autre chose. Et puis on réécoute l'enregistrement choisi pour le disque et on comprend, le souffle régulier, pas de trémolo, pas de vibration un ligne droite l'expression d'une volonté, "Je vais là", c'est pas de la prétention, c'est pas du priapisme, c'est serein et volontaire, c'est pas contre les autres, c'est pour lui (et au final pour les autres quand même), c'est remarquable.

Et au final, il y a des milliers de joueurs dans le monde, on est toujours plus accro qu'on ne le croit, les comparaisons avec la cigarette et l'alcool ne sont pas illégitimes. Mais les cas pathologiques ou quasi pathologiques restent relativement rares, le danger existe quand même, il ne s'agit pas de le nier. Mais on ne peut pas en faire une généralité. Et puis, ce n'est pas une cause, mais ce n'est qu'une conséquence.
Citation :
Provient du message de mobidique

Et au final, il y a des milliers de joueurs dans le monde, on est toujours plus accro qu'on ne le croit les comparaisons avec la cigarette et l'alcool ne sont pas illégitime. Mais les cas pathologiques ou quasi pathologique restent relativement rares, le danger existe quand même il ne s'agit pas de le nier. Mais on ne peut pas en faire une généralité. Et puis, ce n'est pas une cause, mais ce n'est qu'une conséquence.
Et en plus, on meurt rarement d'une cirrhose du foie ou d'un cancer du poumon provoquée par des jeux vidéos.
Citation :
Provient du message de Cap'tain Doud
Et en plus, on meurt rarement d'une cirrhose du foie ou d'un cancer du poumon provoquée par des jeux vidéos.
Non mais ... Un héroïnomane, un cocaïnomane ne meurt pas non plus nécessairement de ça. Par contre les symptômes pathologiques que l'on observe sont de l'ordre de la relation à autrui, de la relation au monde. Quels sont les symptômes d'un gamer jeux vidéo pathologique ? Je ne sais pas, je ne sais pas si on a quelque chose là dessus. Larguer sa copine c'est une conséquence, un choix ou un symptôme ?
arf j'ai mal aux yeux
Dur Dur a lire quand même.

A part un pavé pour ce mettre tous les joueurs de jv a dos je vois pas trop ce que c'est.
Peu-être un ouin ouin après s'être fait écraser par un bus dans Daoc

Autrement je suis du même avis que Fenrhil.
Un peu marre des clichés et stéréotypes.
Citation :
Provient du message de mobidique
Larguer sa copine c'est une conséquence, un choix ou un symptôme ?
Il y a aussi le cas ou le jeu sert de prétexte
Mais plus serieusement, en effet, les accoutumances a l'un comme a l'autre (drogues/j-v, pas copine/j-v hein ) peuvent effectivement etre mises en parallele.
Tout cela ne change rien au probleme que le fait qu'un inconnu largue sa copine parce qu'il joue / se pique / se fasse des rails de blanche / rate sa vie parce qu'il passe son temps a se souler ne concerne personne d'autre que les proches de ledit individu, à compter du moment ou celui ci ne demande pas "d'aide".
Citation :
Provient du message de Cap'tain Doud
ne concerne personne d'autre que les proches de ledit individu, à compter du moment ou celui ci ne demande pas "d'aide".
Hum ... me demande dans quelle mesure le junkie ne commence pas par se couper des membres de sa famille, en tout cas c'est parfois le cas, les relations mêmes avec la famille sont parfois une des causes de la dérive junkie. Et une fois la personne engagé dans le processus, est-elle encore capable tout à la fois de porter un jugement objectif sur sa situation, sur elle même, sur sa capacité à s'en sortir seule et donc le cas échéant à demander de l'aide.

On ne fait pas le bonheur des autres à leur corps défendant, mais la tolérance ne doit pas aller jusqu'à l'indifférence. Je parle de tolérance, mais ce n'est pas nécessairement cela qui est en cause ... c'est plutôt un individualisme et un respect des choix d'autrui qui confine à l'indifférence. Je ne suis ni meilleur ni moins bon, j'évoque le fait mais je ne juge pas, je n'ai pas moins d'oeillères, pas moins de lâcheté.
Je reformule :

Le jeu vidéo est un loisir, c'est à dire une activité périphérique. Or, les mmorpg sont conçus de telle façon qu'ils demandent énormément de temps. Vraiment énormément. A tel point qu'ils finissent par remplir une part considérable de la vie des joueurs, et deviennent une activité centrale à l'intérieur de celle-ci.

Bien sûr, les cas limites, passant le plus clair de leurs nuits englués contre l'écran, sont par définition rares. Mais le risque de dérapage existe. Mieux encore : la logique même du jeu le favorise, l'encourage. Le jeu prend naturellement la place disponible : pour beaucoup, il n'est limité que par des impératifs professionnels ou familiaux ; bref, il n'est délimité que négativement. Chez les personnes jouissant d'un temps libre considérable, le temps de jeu l'est aussi : au hasard, les étudiants...

Le simulacre de vie que nous offre les mmorpg est certainement distrayant. Mais, au final, qu'en retire-t-on ? Le jeu en lui même est INTEGRALEMENT basé sur la répétition. D'autre part, à simulacre de vie, simulacre de lien social. Rien de bien gratifiant. Rien, en tout cas, qui semble valoir les 3, 4, 5 heures par jour chaque fois sacrifiées.

De quel droit juger une activité ou un comportement moins intéressant qu'un autre ? Sur des principes simples et généraux. La Raison, tout simplement. Ce qui est à la base de notre société, de notre culture, de notre civilisation. De bien grands mots pour désigner une chose finalement très simple. Bien sûr, chacun est libre de disposer de son temps comme il l'entend. Mais que des activités soient également possibles n'implique pas l'égalité de valeur entre elles. On peut passer sa vie face au mur de sa cuisine. Mais il n'est pas dit qu'elle sera palpitante.

Condamner les mmorpg comme mange-vie stérile implique donc un jugement de valeur. Mais celui-ci va de soi : il s'agit de redonner ses droits à la richesse sur l'indigence, à l'original sur la copie grossière, à la diversité sur la répétition.

Il ressort souvent des débats de ce type qu'il « suffirait de savoir se contrôler ». Là est bien le problème : les mmorpg ne permettent un sentiment d'accomplissement qu'au prix fort. Un rpg classique demande, pour être fini, autour d'une cinquantaine d'heure. Un premier perso à Daoc ? 30 jours ? Sans parler des possibilités post 50 : RvR, ML... On ne peut en vouloir au concepteurs : ils se trouvent, après tout, dans une logique commerciale. Plus le joueur reste, mieux c'est. Bref, la carotte qui fait saliver l'âne, enfin, le joueur, est loin, loin, à des dizaines de jours IRL.

Le pouvoir addictif des mmorpg n'est pas à démontrer, nous en avons tous fait l'expérience. Proposer une vie plus simple, plus facile, plus évidente, dans laquelle les buts sont clairement définis, loin de l'accablante complexité du monde vrai, c'est tendre un piège. Les mmorpg sont CONCUS pour bouffer du temps. Se « contrôler », c'est nager à contre-courant. C'est dire en substance : « Il ne faut pas avancer la main dans la gueule du loup, sans quoi il la bouffera ». Mais quelle idée de s'y aventurer, dans la gueule du loup !

Je n'ai jamais dit que je n'ai pas passé de bons moments, sur Midgard ou ailleurs. Simplement, un coup d'oeil à la facture donne le vertige.

Quelques 2500 ans plus tard, nous répondons à Platon en CREANT la caverne aux ombres trompeuses.

La science-fiction n'est plus très loin.
Et bien voilà une reformulation qui est beaucoup plus digeste que le texte original.
Honnêtement, on peut apprécier ton style du premier texte mais avouons quand même que ta deuxième mouture est d'une lisibilité sans commune mesure avec ton premier jet.

Cette fois-ci, le fond prend le pas sur la forme et cela renforce ton propos plutôt que de le fondre dans une masse verbale ardue à déchiffrer.

Merci pour cette réflexion et continue comme ça :-)
Message supprimé par son auteur.
Citation :
Provient du message de Niwa
Sai plus claire quand tu reformule, paske le premier... les paraboles/ellypses/metaphore toussa ca me...

Et en meme temps, je vois pas en quoi jouer au MMORPG meme 16h par jour est moins gratifiant ou quoi que ce soit qu'une autre activite.
Ca dépend de ce que tu fais de ces 16 heures.
Passer 16 heures à taper comme un sourd sur du mob ou à appuyer sur une touche faire du craft n'est pas très enrichissant.
Passer 16 heures à coordonner des attaques-défenses, ameuter du monde, convaincre de monter une expédition, préparer le terrain, apporte beaucoup plus en richesse pour soi AMHA.

Petite précision que je me devais d'ajouter.
Message supprimé par son auteur.
Indépendemment du problème d'accoutumance, en particulier des cas pathologiques, parce qu'accoutumance il y a, à divers degré, mais il y a accoutumance, et au final l'homme est un animal qui dans une certaine mesure recherche et s'il ne recherche pas, il est sujet à l'accoutumance et cela à l'instar de bien des epsèces animales et même des insectes (e.g. les fourmis), indépendemment de cet aspect là donc, on peut se demander ce qu'apporte le MMORPG.

J'ai tendance, depuis quelque temps (trés peu de temps en fait, depuis la découverte et le creusage des idées de Bernard Stiegler (oui, pour ceux-ce qui me suivent, je le met à toute les sauces , j'vais finir par perdre de la crédibilité si ce n'est déjà fait )), de considérer les objets (conceptuellement parlant) qui m'entourent au regard des sensations qu'ils me procurent. Cela me semble être l'aune à laquelle il s'agit d'évaluer les relations que l'on a avec ces objets.

Jusqu'à présent, de manière incontestable, j'ai éprouvé plus de choses, j'ai été soumis à plus de chocs par le biais de la lecture qu'en faisant du MMORPG. Suffit d'avoir le courage (parce que plus que de la culture, plus que de l'intelligence c'est du courage qu'il faut, courage vis à vis de soi même, vis à vis de l'image que l'on a de sois même vis à vis de l'image que les autres ont de soi, du statut qui en résulte) pour lire du Nieztche, pour lire le Bernard Marris, pour lire du Eric Maria Remarque, du Primo Levi, du Stiegler (tout cela en gardant à l'esprit les droits inaliénables du lecteur de Daniel Pennac (cf. Comme un roman)). J'ai éprouvé plus de chose en regardant des films, Solaris de Sodeberg, La ligne rouge de Terrence Malick, Apocalypse now de Coppola qu'en faisant du MMORPG. J'ai éprouvé plus de chose en écoutant de la musique, jazz classique, pop, qu'en faisant du MMORPG. (Il faut bien admettre également qu'en terme d'exposition toutes ces activités ont bénéficié d'un temps bien supérieur au MMORPGs). Mais bien que je sois obligé de reconnaitre les processus d'accoutumance qui sont implantés dans le jeux, bien que je doivent reconnaitre que j'ai été dépendant dans une certaine mesure à ces jeux (e.g. une envie de jouer soudaine, comme une envie de clope (j'ai arreter de fumer donc je peux comparer)), les MMORPGs marginalement à ces phénomènes m'ont apporté des sensations. Ces sensations sont directement liées à la communauté avec laquelle je suis rentré en contact, c'est à dire avec les gens. Le fait d'avoir un rendez vous régulier, le sentiments de fratenité, tout cela en dépit du caractère virtuel du support n'est pas virtuel, l'amitié que l'on ne peut nouer n'est pas avec un amas de bits mais bien avec un individu réél, elle n'a donc rien de virtuel. D'ailleurs passé un moment, on reste sur les MMORPGs plus pour ce sentiment de communauté que du fait des processus supposés provoquer une accoutumance, rendre captif le joueur. On a du mal à avoir des relations avec le voisin du dessous, on a du mal à aller voir les pépéres à casquette du bistrot du coin dans cette ambiance de cigarettes roulée et de pastis chaud, mais on a moins de mal à concevoir une amitié avec un individu pouvant être derrière le mur ou a des millions de kilomètres et dont la seule représentation est un groupe de pixel organisé sur un écran ... C'est étrange.

Est-ce que c'est négatif ? est-ce que c'est bien ? est-ce que c'est mal ? Est-ce que c'est pathologique, est-ce que c'est individuel, est-ce que c'est générationel, est ce que c'est induit par la seule existence de pouvoir le faire ?

C'est leïa.socio qui va être contente . Mais ce n'est pas statistiquement représentatif.
ce faux g@mer qui à écrit ça, le livreur faut aller lui ouvrire tandis que le four qui se trouve entre le frigo(que le gamer rempliras 1x par mois de pizza d'alcool et de coca), et les wc et que l'on peut attenidre tout en ayant son clavier devant les yeux c'est bien mieux


click clack Kodak cliché tiré, et après tout c'est quoi le mieux, passé ces soirées devant un pc ou finir sur la chaussée par ce qu'on a trop bu lors d'une soirée ... (oui c un cliché aussi)

ABE ...
Citation :
ce faux g@mer qui à écrit ça
Le terme même de "g@mer", avec sa petite graphie pleine du touchant orgueil infantile d'appartenir à une caste fermée, montre suffisamment qu'il existe une communauté pour laquelle le jeu est devenu le centre de l'existence et le principal point de ralliement. S'il y en a des "faux", c'est que les "vrais", les purs, les immaculés sont bien là. Que les moeurs de ces bestioles soient à base de pizza ou non, je n'en sait rien, là n'était pas vraiment mon propos. Qu'il existe des êtres pour lesquels le centre de gravité de la vie s'est déplacé dans les univers truqués proposés par les mmorpg, et qu'ils ne constituaient pas une minorité pathologique, mais un phénomène destiné à s'aggraver, voilà ce qu'il s'agissait de savoir.

Maintenant, qu'il soit plus stupide de s'abonner à tunning magazine, de collectionner des petites cuillères du monde entier ou de s'abrutir devant un écran...

Citation :
Des gars sculptent/peignent/lise/etc pendant des heures, moi je joue pendant des heures. Chacun son trip
Chacun sa façon de perdre son temps, en effet. Il serait cependant judicieux de s'interroger sur ce qui différencie l'homme du protozoaire. Si décidément la vie avec la pensée, l'art, et un minimum de rapport critique envers soi-même n'est pas envisagée, on ne peut que recommander l'ablation du système nerveux dans les plus brefs délais. Ou la confection de lunettes encore plus opaques.

Du pain et des jeux, hein ? "Des frites et Daoc"...

"Une paire de botte vaut Shakespeare", disait-on jadis. Un écran aussi, je suppose. Ou une paire de nike. Rien n'empêche, après tout, de jouer en nike devant son écran...Ou en bottes, pour les plus rétrogrades.

Eminem vaut d'ailleurs Coltrane et Matrix Métropolis. C'est rien que du strictement subjectif, tout ça..."Chacun son trip" !

Citation :
est-ce que c'est bien ? est-ce que c'est mal ?
Qu'importe ? Qui se préoccupe encore de morale ? Il faut décidément être objectif, éviter à tout prix les attitudes normatives, étroites.

L'ignorance allant croissant :

http://www.virtualistes.org/platon.htm
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