[Broc] Dure et froide

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Le contact de cette pierre glaciale et rugueuse fut sa première impression au sortir de son inconscience. Dure et froide ... et poisseuse aussi. Elle tenta d'ouvrir les yeux et ne vit le monde qu'à travers un brouillard rouge.
Sa seconde impression fut d'avoir été passée dans quelque horrible engin de torture, son corps lui faisait l'effet d'être une plaie géante. Prenant appui maladroitement sur ses bras, elle s'étira avec difficulté, juste assez pour sentir le lourd anneau d'acier autour de son cou.
Le goût métallique du sang envahissait sa bouche, parasitant ses autres sens, l'empêchant de réfléchir. Elle ne devait pas céder à la panique, où qu'elle puisse être, elle était encore assez en vie pour souffrir.

Les brumes de l'inconscience se dissipaient doucement, elle reconnaissait cette pierre maintenant, ainsi que les taches rouges brunâtres qui la maculaient, on l'avait jetée dans les geôles du château de Tir Na nOg.
Et cette fois-ci, pour être sûr qu'elle ne s'en échapperait pas, elle avait été solidement entravée. Ses bras, ses jambes, son cou étaient liés au sol par de grosses chaînes. Pas de serrures, pas d'échappatoire et elle ne se sentait pas, encore, assez désespérée pour jouer la renarde et ronger ses pattes prises dans un étau.

Tout ce qu'elle pouvait faire, c'était reprendre des forces. Son esprit se clarifiait et elle repensa aux événements des derniers mois. La guerre qui prélevait son lot d'âmes à chaque bataille, sa sœur qui se réfugiait de plus en plus dans les plaines marécageuses d'Inis Carthaig ... ses Rôdeurs ... et ce fichu dernier assaut sur la muraille du château Excalibur

Les rapports des premiers éclaireurs étaient bons, le siège était en place et les voies de ravitaillement harcelées par des tirailleurs. La relique d'Hibernia allait retrouver les murs protecteurs de la forteresse avant que le soleil se soit levée sur les terres d'Albion.
Hélas, trois fois hélas, les rapports étaient faux ... lorsqu'ils avaient escaladé les murailles et s'étaient introduit dans le château, ils étaient tombés dans un piège.

Elle revoyait la boucherie qui s'en était suivie dès qu'elle fermait les yeux. Les ombres n'avaient pu lutter contre les lourds fantassins bardés d'acier qui les encerclaient. Elle se souvenait du visage de tous ceux qui étaient tombés ce jour là, alors qu'ils tentaient désespérèment de sortir de la nasse dans laquelle ils étaient piégés. Les cris, les hurlements, le choc des armes, le grésillement des poisons et l'odeur du sang.

Ils n'avaient du leur salut qu'à l'assaut d'Hibernia sur les portes extérieures. L'ennemi s'était détourné d'eux et les Rôdeurs survivants avaient pu passer les murailles et se regrouper dans les bois alentours. Ses forces avaient été balayées, elle avait été impuissante à les protéger.
La relique n'était pas tombée ce soir-là ... ils étaient rentrées sur leurs terres par des chemins détournés, échappant aux chiens de guerre d’Albion.

On avait fait peser la faute sur les rapports incomplets, sur les troupes incompétentes et sur eux qui n’avaient pas sur ouvrir les portes du reliquaire. La belle affaire … elle n’avait cure de ces reproches, elle ne pouvait que se rappeler les noms de ceux tombés ce jour là, pour la gloire d’Hibernia, pour la gloire de la Reine.
La porte de sa cellule s’ouvrit violemment, l’arrachant à ses pensées morbides et un humain puant s’approcha d’elle, un sourire mauvais aux lèvres. Elle ne vit pas arriver le coup de botte, qui lui fit éclater la lèvre et marqua sa joue un peu plus. Si elle n’avait pas été entravée, ce pantin grotesque aurait payé ce geste dans l’instant. Mais, pour l’heure, elle ne pouvait que réserver sa vengeance dans l’attente de meilleures auspices.

Il fit sauter les maillons qui retenaient ses chaînes et la traîna le long des couloirs sinistres de la prison royale. Alors qu’elle trébuchait le long du chemin, elle se rappela les événements de la veille.

Elle se revit pénétrer dans l’auberge, les discussions se tarissant à son entrée. Elle était allée s’asseoir seule, dans un coin sombre et avait commandé un repas. Alors qu’elle patientait, un celte aviné s’était approché d’elle en ricanant.

Celte : « Alors la putain siabra ?? il paraît que tu t’es enfuie de la bataille toi et les rats qui t’accompagnent ? Qu’est ce qu’il y a ? T’as eu peur ? Hein !! »

D’ordinaire, ce genre de type n’aurait pas osé l’approcher, mais l’alcool avait privé l’humain du peu de raisonnement dont il devait bénéficier d’ordinaire. Il lui jeta un regard noir et posa la main sur sa dague. Tout être doté d’un semblant d’instinct de conservation aurait reculé à ce moment … mais il n’en fit rien.

Celte : « Tu crois que tu m’fais peur femelle ? J’aime déjà pas les sournois de votre espèce, toujours à frapper dans l’dos, mais alors celles dans ton genre, des garces qui se vendent au premier vu, méritent rien que la m… !! »

Un éclair lui ouvrit la gorge proprement et un geyser de sang arrosa le sol. Il tomba à genoux, tentant pitoyablement de retenir le précieux liquide entre ses doigts. Du coin de l’œil, elle avisa les comparses du Celte qui s’agitaient dans sa direction, c’est alors qu’elle vit l’arbre vert qui ornait leurs habits.

D’un coup de pied rageur, elle fit tomber le soudard sur le dos et, au travers d’une épaisse couche de crasse et du sang, reconnut les couleurs de la garde royale hibernienne.
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http://perso.wanadoo.fr/redkali/redkali/images/daoc/signature/selicia.png
Citation :
Provient du message de Neofrag FeelmyHate
Tres plaisants a lire mais quand j'ai vu le titre je pensais a du CS
Je dois avouer que je ne comprends pas pourquoi mon titre vous a fait peur ...
Talking
ben
Citation :
Provient du message de Selicia
Je dois avouer que je ne comprends pas pourquoi mon titre vous a fait peur ...
Tu sais quant tu parle de dure Neo de suite il aime ça, c'est une cochonne ce Neo.

Joli texte
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Sphynx retraité de DAOC
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