Albion - Broc - Le Paladin déchu

 
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Un grand highlander, Paladin qui avait pour vocation d’enseigner les textes saints et l’art de la guerre, paré d’une armure d’or et d’ébène, chevauchait sur un destrier à la robe marron, filant plus vite que le vent. Il portait fièrement sur sa cape et sur son écu les armes de sa guilde. Son visage dur aux cheveux grisonnants regardait le lointain, car il était perdu dans ses songes. L’instructeur arriva au pont de Prydwen, mit pied à terre, et confia son cheval à un jeune garçon, qui répondait au nom de Frip, qui se chargerai de l’apporter au palefrenier le plus proche. Après avoir donner quelques pièces d’argent au jeune homme à la mine réjouit, le Paladin se dirigea vers le lieu hanté, non loin de là, et franchit le portail magique. Son essence fût transportée par les énergies mystiques de ce lieu, pour le conduire dans les profondeur des Limbes…

A sa gauche et à sa droite se tenaient les esprits bienveillants de son royaume qui assuraient la sécurité de l’entrée du lieu maudit. Il descendit les marches gigantesques et se retrouva à une enseigne marchande de l’enfer, où de petits démons pernicieux avaient pour habitude de refourguer des armes et objets ramassés sur le dépouilles des monstres gardant les abysses, monnayant des sceaux magiques dont eux seuls savaient déceler la fonction.
L’instructeur passa près d’eux avec mépris, la main presque crispée sur son épée tant il aurait voulu les occire. Mais les lois de son royaume désapprouvaient un tel agissement, ces vils créatures n’étant pas nécessairement une menace pour Albion. Pour cet instructeur, seul un démon mort était un bon démon. C’est pourquoi il était sur ses gardes, n’attendant qu’un prétexte pour les tuer. Ceux-ci roulèrent de gros yeux en ricanant, en entrevoyant ses intentions. Ils se savaient protégés par les lois qu’honorait le chevalier. Le Paladin s’enfonça rapidement dans les Abysses en suivant précautionneusement le chemin sinueux baigné de lumière pourpre et inquiétante. Un pas d’écart le mènerait à coup sûr vers une mort affreuse, car de terribles démons se cachaient dans l’ombre, prêts à surgir sur le malheureux. Mais ils craignaient la moindre source de clarté et se tenaient donc à l’écart.
Cet instructeur séjournant la plupart du temps dans les grands-places des villes, offrant son enseignement aux apprentis combattants, n’avait apparemment aucune raison de s’engouffrer dans ce lieu démoniaque. Mais il avait ressentit le désir d’y aller, pensait-il, pour y chercher des armes magiques et des artefacts puissants, comme les bruits qui couraient dans les citées le disaient. Les âmes damnées de ses lieux avaient souvent en leur possession ce type d’objets.
L’homme pouvait apercevoir près de lui les visages déformés et grimaçants des créatures de l’ombre qui l’environnait. Mais il ne venait pas pour elle, il continua sa descente aux enfers, prêt à dégainer au moindre affront. Mais plus il descendait, plus la chaleur se faisait étouffante, et plus les démons qu’il rencontrait étaient grands et répugnants. S’il en continuait ainsi, bientôt certains seraient assez hardis pour braver son épée. Alors que les premiers étaient ramassés, craintifs, et n’osaient à peine élever vers le chevalier un sifflement, Ceux-ci paraissaient moins farouches, et commençaient à l’observer avidement. Un succube, démon au corps de femme dénudée lança ses grandes ailes noires vers le paladin, voulant l’hypnotiser de ses charmes diaboliques. Mais le chevalier était sur ses gardes, et dégaina son épée nimbée d’une aura glacée et lança à la créature :
« Arrière, Démone ! Tu ne m’auras pas par concupiscence ! Prépares-toi à rejoindre ton Maître dans les profondeurs insondables ! »
Ce discours n’eu nul effet de retrait sur le succube. Il ria d’un rire féroce et se lança sur son ennemi. Il lacéra de ses puissantes griffes l’écu du Paladin, qui, faisant appel au Pouvoir Divin, enfonça sa lame dans le cœur de l’ignoble copie de femme. Le succube se tordit de douleur, et tomba avec violence, avant de disparaître ensevelit, comme absorbé par le sol.
Le chevalier acheva sa prière et rengaina son épée.
Il commençait à douter de sa véritable décision d’être venu en ce lieu. N’était-ce pas un piège tendu par le Démon qui germa dans sa pensée sous les traits d’un envie ? La cupidité…
L’orgueil proéminent chez lui l’avait poussé à se prendre au jeu. L’idée de venir dans cet endroit malveillant avait été insufflé par le Démon, et il ne l’avait pas décelé jusqu’alors. Il s’assis sur le sol pour tenter de reprendre ses esprits. Il devait tenter de voir clair…Il était maintenant certain que l’on s’était joué de lui pour l’amener dans un traquenard…Mais il ne s’en était rendu compte que trop tard…Déjà il entendait des bruits d’armures et de glaives derrière lui : Des chevaliers Chtoniques ! Ils venaient pour lui ! Ces colosses en armures infernales sortirent leurs lourdes épée baignées de flammes. L’instructeur tenta de se protéger de l’assaut derrière son bouclier, qui vola en éclat au contact des armes maudites. Un autre lui passa l’épée à travers le corps. Il cracha du sang, qui bouillonnait sous l’effet de la lame plantée qui calcinait ses entrailles. Alors, il sentit son âme se détacher de son enveloppe, mais des spectres qu’ils n’avait pas perçut se ruèrent sur celle-ci, et l’empoignèrent. Il n’était plus qu’une âme sans enveloppe, et prisonnière, qui plus est. Il vit les chevalier du Malin attraper son corps percé, et, il gémit, impuissant, contraint de suivre le cortège démoniaque. Il ne comprenait pas si il était vraiment mort, ou s’il faisait un affreux cauchemar.
Le cortège funèbre s’enfonça plus bas encore dans les profondeurs des Abysses. Il arrivèrent dans une vaste salle, où trônait le répugnant Légion, seigneur de cette partie du monde souterrain. Il ne tarderai pas à avoir réponses à toutes ses questions le tiraillant depuis sa présumée mort…et même bien avant…depuis sa décision de venir aux Abysses. Les chevaliers qui portaient sa dépouille déposa celle-ci au pied de leur maître. Alors Le Paladin retenu par ses geôliers fantomatiques entendit la terrible voix de Légion, s’élevant de tous les corps embourbés en lui :
« Bienvenue, Paladin ! Je suppose que ma réputation me précède, et tu me connais, pour m’avoir une fois déjà combattu. Tu as d’ailleurs détruit ma précédente enveloppe. Mais ce combat m’a permis de te rencontrer, et ce n’est pas chose vaine ! J’ai trouver en toi un grand intérêt, et il faut dire que je n’ai pas eu de mal à te convaincre de venir me rejoindre dans mon royaume…J’ai une proposition pour toi, homme mort.
- Par Dieu ! je ne traiterai pas avec vous, suppôts ! »
A ce nom, Légion et ses acolytes entrèrent dans une rage folle. Légion se dressa de tout son long corps cadavéreux, et hurla :
« Ne prononce plus jamais ce nom-là en ma présence, pauvre fou ! Ou sois assuré que tu subira maintes tourments éternels ! »
Le démon se ressaisit et reprit d’une voix plus tendre :
« Je détiens ton âme…et malgré ta vie de piété tu ne pourra m’échapper, car tu es dans mon royaume, Paladin. Alors je te serais reconnaissant d’écouter ma requête.
- Nullement, je n’entreprendrais rien avec toi, vil démon, tu ne profères que mensonges !
- Je crois que tu as mal compris, sot ! Tu es mort, et tu ne rejoindra jamais les Cieux qui te sont si chers, car tu es chez moi ! Et tes pauvres guérisseurs ne pourrons pas te venir en aide ! Ta dépouille est en ma possession. J’y gagne à conclure avec toi un marché, et j’aime croire que toi aussi. Tu m’es important, puisque tu éduques mes futurs ennemis dans le monde des vivants. Tu sera mon instructeur ici, dans les Abysses, tu formera mes démons a combattre tes anciens alliés. Tu sera donc libre, tout en étant à moi. Je suis près à te rendre ta vie, si tu me sert dévotement. Tu sera un membre des Chtoniques, et tu exécutera mes ordres autant qu’il me le plaira, puisque je t’offre l’immortalité. Si tu acceptes, tu gagnes ta vie contre ton âme, qui me reviendra lorsque je te la réclamerai. Si tu refuse ce pacte, ton âme restera prisonnière ici, torturée à jamais par mes serviteurs. Qu’en est-il à présent de ta décision ?
- Ais-je vraiment le choix ?
- En effet, tu l’as. »
Le Paladin défunt était tiraillé entre le fait de refuser le contrat du démon, et celui de l’accepter. Il avait saisi que le refuser équivaudrait à souffrir sans relâche, puisqu’il n’avait nul chance de salut. En acceptant, il pourrait revivre, mais il devrait obéir à Légion, quel que soit ses ordres. Mais peut être pourrait-il trouver un moyen de libérer son âme des geôles de l’enfer. Il avait en effet voué sa vie à la piété, et il lui semblait impossible que son Créateur, dans son infini miséricorde, le laisse ainsi passer son éternité dans les Limbes. Mais pouvait-on espérer être plus rusé que le Malin ? il accepta cependant, en espérant une fois revenu à la vie être encore un peu lui-même.

Alors les têtes hurlantes de Légion incantèrent quelques formules démoniaques, et le chevalier sentit son âme pousser irrésistiblement vers son corps. L’attraction fût telle, que les spectres ne purent retenir leur étreinte, et l’âme fondit vers son ancien corps, avec une violence inouïe. Alors le chevalier fut un bref instant sans connaissance, avant de se réveiller dans la même pièces, bien vivant, même s’il percevait que quelque chose avait changer. On lui revêtit une armure couleur de sang et de néant, à la manière des chevaliers Chtoniques. Il était maintenant l’un d’entre eux. Il devait servir son nouveau maître pour espérer gagner sa clémence, essayer de vivre le plus longtemps possible. Mais le Paladin n’était pas dupe. Il savait que quelque soit ses actes, il n’avait nulle chance de salut éternel. Quand Légion l’aura décidé, il retournera le servir dans les Limbes. Aussi il décida d’entreprendre tout pour sauver son âme, tout en feignant être le suppôt de Légion. Il aurait voulu échanger sa vie contre son âme, mais avoir pactisé avec le Démon ne l’éloignait-il pas à jamais de la Lumière ? Peut-être Arawn, celui que les impies prétendent être le dieu des morts, pourrait-il l’aider ?
 

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