Le miroir des âmes

 
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La dernière chose que je vis fut ce bouclier. Enfin, voir est un bien grand mot dans ces circonstances. Disons plutôt, qu’il me semble que ce soit la dernière chose que je vis. Tant soit peu que je fut encore en état de discerner quoi que se soit à ce moment là. Tout s’était passé si vite, que je n’eu franchement pas le temps de détailler ce qui venait de me heurter.
Un choc si violent et si brutal. Un choc qui n’aurait d’égal que la puissance du ciel, qui dans les foudres de sa colère infinie, broie un arbre isolé, ou un imprudent, perdu dans la tempête. Un choc si puissant que je fut projeté bien loin en arrière à une vitesse effroyable. Un choc enfin, qui venait de me prendre, mêlé à l’air de mes pauvres poumons écrasés, mon souffle de vie. En un instant, une fraction de l’éternité, imperceptible, impalpable, je me retrouvais dans un monde entre la vie et la mort, un monde de transition, un passage.

Pourtant cette journée avait commencé comme une journée d’Automne bien ordinaire. Les oiseaux s’affairaient à terminer au plus vite une demeure solide et à l’abris des prédateurs, pour leur famille. Tissage de fils trouvés ça et la, de brins d’herbes et de paille, habilement mêlés, entrecroisés, pour que le frêle matériau devienne une muraille que le vent et la pluie, dans leur débordements, ne puissent briser. Les petits rongeurs, courant de-ci de-là. Cherchant à faire, pour leur survie, le stock de nourriture nécessaire pour affronter la plus mortelle des périodes de l année. Toute la nature semblait en ébullition, se préparant avec grand soin à ce moment privilégié, où le silence et la pureté de la neige et du froid, prend le pas sur la sombre couleur de la terre nourricière et son agitation permanente. L’hiver approchait à grand pas. Les jours étaient de plus en plus courts, sûrement rongés par le froid. L’eau des rivières de moins en moins accueillante, tant elle était fraîche. Glacée rien qu’a l’idée de ne plus être bientôt qu’un miroir sans vie, dans lequel se reflète les âmes gelés des grands arbres millénaires. L’air lui aussi devenait plus froid, chargé par la nature d’apporter dans ces volutes brumeuses et insondables, la rude fraîcheur de l’Hiver. Bref, la vie se ralentie au rythme de la nature. En apparence tout au moins.

C’est par cette fraîche journée, auréolé d’un magnifique ciel turquoise, trônant par dessus la cimes des hêtres majestueux, à peine voilé par de trop rares nuages d’un blanc de nacre, vaporeux, que Sydoine décida de rejoindre les frontières du pays. Elle avait décidé que ce jour serait consacré à la défense de cette terre qui l’avait accueillie dans son enfance. Une arrivée semblant si proche et si lointaine aujourd’hui. Que de chemin parcouru depuis se jour où la grève des plages de Camelot senti ses premiers pas. Que de chemin à travers le temps, les peines et les joies de la vie. Enfin, c’était décidé, elle irait rendre hommage à sa terre et à l’Académie qui depuis son arrivée l’avais prise sous son aile bienfaitrice. Elle se rendis alors sur le champ de bataille. Ho, ce n’était pas chose complexe que de trouver une troupe à aider, ou encore une muraille à protéger. Elles étaient légions. Et il ne fallu pas bien longtemps pour que les premiers affrontements eurent lieux. Quelques minutes à peine et la voilà plongée au cœur même de la bataille, entre sang et rage, fureur et cris de douleurs.

Qui aurait pu prévoir, prédire. Qui aurait pu sentir, lui dire à elle, que cette journée serait une stèle dans sa vie, un repère comme il en existe si peu. Une entaille dans le temps, un moment qui vaut pour une vie, comme sorti d’un écrin précieux. Comme elle le sait si bien au fond d’elle même depuis toujours, nul ne dicte sa volonté à la nature, et le destin, sans être une route sans détours ni choix, n’en est pas moins une évidence, figée, un lit dans lequel coule notre vie, un voyage, que nos actions rendent plus ou moins agréable. Qui aurait pu lui dire alors ce qui allait se produire. A part peut être …


-Grand-mère ? , est ce bien toi ? Mais que …

Elle regarde autour d’elle, étonnée, pas apeurée non, ni … surprise, juste … étonnée. Devant elle s’étendait d’immenses plaines couvertes de neige. Les reflets du soleil au travers des cristaux les faisaient flamboyer comme autant de soleils, des étincelles de feu, éternelles. Le sol couvert de ces étoiles, semblait n’être plus qu’un gigantesque arc en ciel, ornant de ces coloris chauds et pur, toute la surface de la terre. Un ballet magnifique, irréel, un océan de vagues des couleurs originelles. Et là, juste devant elle, se tenait une femme, une femme au teint blafard, tranchant à peine avec la blancheur immaculée des rares endroits où la neige, ombragée, donnait au blanc son existence légitime. Une femme aimée, adulée même, pour lui avoir donner jadis son amour si pur et si profond de la nature.

-Comment est ce possible grand-mère, je …

Ignorant l’aspect irréel de la situation, mue d’instinct par un amour jamais terni malgré les années, elle se jeta dans les bras de cette femme tant aimée. La serra si fort, aussi fort que sa peine de l’avoir perdue voila si longtemps déjà, si longtemps … Les larmes de joie vinrent alors décorer de leur éclat sincère, le visage de Sydoine, et celui austère de la vieille femme. Ce n’est que quelques minutes plus tard, l’amour éternel de ces deux femmes ravivé, qu’enfin celle-ci commença à parler.

-Sydoine, ma petite fille adorée …

Si ce n’était l’endroit, si étonnant, on aurait pu croire à de simples retrouvailles, de deux femmes liées par la force d’une foi inébranlable. Il fallu bien du temps, bien des souvenirs remémorés en silence, pour qu’enfin l’étreinte se relâche, et que l’amour vrai et pur se libère pour apparaître tel une nuée étrange enrobant les deux femmes d’un voile sans tache.

-Tu est toujours aussi impulsive ma petite.

La grand-mère regardait sa petite fille fixement. Comme pour graver une image dans une mémoire depuis longtemps disparue. Ces yeux, émouvants, remplis de choses que les mots seraient bien en mal de décrire, rempli des plus profond et des plus grand émois. Son visage dépeignait à la fois la tristesse, l’espoir, la joie, l’envie, la fierté, tant de sentiments dont son être depuis si longtemps revenu à la terre, semblait se nourrir à nouveau.

-Mais dis moi grand-mère, quel est donc cet endroit ? , et comment suis je arrivée ici ?

Naïve et sans prétentions, l’instant magique de la rencontre passée, Sydoine semblait enfin avoir quelques interrogations au sujet de ce lieu si inhabituel. Son regard, toujours aussi prompt à voir le cœur et l’âme des choses par delà leur apparence, ayant enfin quitter l’image de sa grand-mère, se promenait maintenant sur les plaines et les monts qui l’entouraient. Avide de la beauté et de la plénitude qui émanait de chaque chose ici.

-Tu ne changes pas ma fille, toujours aussi étourdie.

Si l’éternité existe, elle prend sa source dans ce qui émane des deux femmes à cet instant précis. Un lien sans pareil qui depuis la nuit des temps se devait d’exister. Une trame invisible, qui à jamais, et sans que ni dieux ni hommes ne puissent rien y faire, reliera ce deux êtres que la simple vie a séparés.

-Je suis morte ? C’est ça ? J’ai été rappelée ?

Un sourire amusé naît sur le visage de la grand-mère, avant qu’elle ne reprenne la parole.

-Tant de questions et pas de réponses.

Le sourire de la Grand-mère était devenu ineffable, à la façon de celui que Sydoine arbore elle-même à son habitude. Tant de choses les unissent. Certaines à la mesure de l’homme, d’autres bien au delà de sa perception. Mais une entre toutes scellait pour l’éternité leur attachement mutuel, la plus importante de toutes, la Mère Nature. Sydoine sourit aussi. A aucun moment la moindre peur ne l’avait habité. A aucun moment le doute ou l’incertitude ne l’avait envahie. Elle ne savait pas pourquoi mais, si elle était ici, devant sa grand-mère, il devait y avoir une raison. Une raison bien plus forte que toute la rage des hommes.

-Non tu n’es pas morte, enfin, pas encore. Tu es ici parce que tu dois recevoir enfin ce qui t’est due. Tu dois savoir pourquoi tu déteste par moment, autant que tu aime à d’autres. Tu dois savoir, pour que la fin de ta vie soit remplie d’amour et de compassion. Tu dois savoir parce que c’était écrit. Tu dois savoir enfin, parce que aimer ou détester, c’est de toi que je parle, et non de tes sentiments envers les autres.

-Mais … savoir quoi grand-mère, il y a tant de choses que j’ignore, tant de rêves non encore effleurés par les songes.

-N’y as t’il pas une question que tu te pose souvent ? Une interrogation qui seule te perturbe vraiment ?
Ne sent tu pas une question poindre à la commissure de tes lèvres, une question que tu ne t’ai jamais posée vraiment, par peur de la réponse.


Sydoine réfléchie intensément, bien sur elle savait, elle savait que cette question était présente en elle, présente depuis si longtemps. Mais comment … la dire, comment exprimer par de simples mots ce qui semble n’appartenir qu’à l’éther de l’esprit. Ainsi peut être, sa grand-mère voulait l’aider à répondre à cette question impossible à poser. Ou simplement la mettre sur la voie, la guider.
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Un récit d antan
-Mais je dois commencer par te conter une histoire, plus ancienne que la grand-mère de l’arrière grand-mère de ton grand-père. Met toi donc à l’aise.

Se faisant, elle joignait l’acte à la parole, pliant doucement les jambes comme si c’était le poids des années qui pesait sur ces pauvres forces amoindries. Et d‘un geste de la main, enjoignit Sydoine d’en faire autant. Celle-ci ne se fit pas prier, à son tour laissant son image dans se monde étonnant se poser sur le sol. Ce n’est qu’alors qu’elle se rendit compte vraiment. Malgré la neige, le sol était à température, doux, agréable au toucher, et pas le moins du monde mordant comme l’es habituellement un sol que la neige couvre de son manteau. En fait, c’était tout son être qui baignait dans une plénitude et un confort parfait. Ni chaud, ni froid, ni faim, ni soif, on aurait dit que plus rien de ce qu’elle voyait, ou semblait voir, plus rien de ce qu’elle aurait pu ressentir, ne pouvait déranger un bien être sans faille. Encore une fois elle n’y prêtât pas plus attention. Bien plus émue et excité à l’idée d’écouter une histoire de sa grand-mère. Elle se revit 10 ans en arrière, à l’époque bénie où celle-ci lui contait régulièrement des histoires de mondes et de temps bien éloignés du leur, mais si belles, si étranges, et surtout en fin de compte, si pleines de vérités. C’est donc le cœur léger comme un nuage de printemps et plein de joie, qu’elle s’apprêtait à entendre, une fois encore, sa grand-mère lui conter une de ces histoires qui vous colores la vie de milles couleurs chatoyantes.

-Et bien voila. Cette histoire ce passe en Galice, dans un lieu aujourd’hui oublié de tous, et dans un temps bien loin du notre. Une contrée verte et sauvage, qui offrait au regard des hommes toute la beauté dont elle était capable. Elle se donnait sans retenue, l’eau n’y manquait jamais, y compris pendant les périodes les plus rudes, la nourriture aussi s’y trouvait à profusion quelque soit le jour de l’année. Fruits, animaux, racines, baies, rien ne manquait en ce lieu béni par la nature. Les très hautes montagnes qui la ceinturaient, découpaient dans le ciel leurs formes hésitantes et charnues. On aurait dit qu’un moment de folie de la Mère avait découpé entre le ciel et la terre un morceau d’éternité. Rien ne manquait dans cette vallée. En plein cœur de la plus belle des forets du lieu, s’élevait un château, un château magnifique car il semblait fondu avec harmonie dans la nature luxuriante et exubérante qui l’entourait de toutes parts. Les murs n’étaient soutenus que par les racines géantes de quelques arbres au vécu presque aussi long que la vie des hommes. Les tours elles, érigées fièrement vers le ciel, semblaient vouloir retenir les branches sans fins qui s’enroulaient autour d’elles dans un ballet de vert et de marron, dont la simple vue pouvait apaiser l’âme la plus empreinte de doutes et de craintes, tant leurs dessins étaient harmonieux. Un endroit presque magique où vivaient dans une parfaite harmonie les hommes et la nature. Ce château était dirigé par un homme dans la force de l’age, fier et droit, humble et fort. Cet homme était sans nul doute le plus respecté de tous dans la vallée, le plus écouté aussi. Ho mais ne te méprend pas, ce respect il ne le devait pas à sa force physique qui semblait pourtant immense vu sa stature, ni même aux combats glorieux qu’il aurait mené puisque jamais il ne combattit de sa vie, ho non. Sa grandeur, il ne la devait qu’à sa bonté et son humilité, elles étaient sa force et son courage, elles étaient si grandes que jamais elles ne faiblirent durant toute sa vie. Voila pourquoi il était respecté à nul autre pareil dans la vallée. Ainsi fut t’il le gardien de ce lieu sans nom pendant toute sa longue et paisible vie.
Pourtant, comme la perfection n’existe pas dans notre monde, survins un jour ce qui devait être la seule ombre, le seul moment sombre de ce sanctuaire aujourd’hui oublié. Comme chaque matin, l’astre solaire tentait vainement de passer au travers des pics acérés et enneigés, se déchirant en milles éclats multicolores sur les hautes montagnes protectrices, quand un homme, un étranger, arrivé ici on ne sait comment, fit son apparition. Il était bien habillé et inspirait quelque respect de part son port, fier et altier. Il arriva donc au château un beau matin, prétendant vénérer la nature et en avoir fait le fil de la trame qui tissait sa vie. Il fut bien vite accueilli à la manière du maître des lieux, avec sincérité et à cœur ouvert. Il bénéficia lui aussi de ce que la nature ici bas offrait à tous. Il vécu un long moment dans la vallée. Pourtant, au fil du temps qui passe, son aura vira vers le mal, ce que donnait la nature à chacun ne lui suffit bientôt plus, il en voulais toujours plus, posséder, avoir à soit. Inexorablement, il insinua parmi les gens de la foret la jalousie, la rancœur, et même à la fin, la haine. Personne ici n’ était préparer à vivre ce genre de choses, et bien grand fut le mal que le Seigneur se donna, pour que tout en restant lui-même, il arrive à faire partir cet homme dont la folie avait pris possession sans le moindre espoir de repentir. Ce fut pour lui la plus cuisante des défaites, ne pas réussir à remettre cet homme sur le chemin qui le mènerait à la vie éternelle. Il en fut bouleversé pendant de longues années. Finalement, il décida de faire venir à lui tous les druides de la vallée, et leur demanda quelque chose de particulier. Il voulait quelque chose, il ne savait pas quoi mais, cette chose devrait être capable de lire l’âme des hommes comme un livre ouvert, et de la refléter pour la mettre à nue aux yeux de tous. Ainsi il espérait être capable de dévoiler les faux et les fous avant que sa belle vallée soit de nouveau en danger. La quête des druides dura de long mois. Sans cesse ils cherchaient, lisant et relisant des ouvrages écrits par delà le temps, dans une langue que eux seuls savaient encore déchiffrer. Sans cesse ils arpentèrent la terre de la vallée fouillant le moindre recoin qui aurait pu cacher un secret bien étrange. Finalement, ils eurent une idée, il leur fallait enchanter un objet usuel, quelque chose de commun, un objet qui jamais n attirerait sur lui nul jalousie ni la moindre envie ou rancœur. A force de réflexions, des sages parmi les sages, à force d’humilité et de prières à la nature, la réponse leur apparue. Si évidente, si simple, que personne n’aurait pu imaginer qu’elle pu être. Le miroir était la réponse, un simple miroir, qu’un enchantement aiderait à ouvrir les portes de l’âme de ceux qui se présenteraient devant lui. Le reflet, le Miroir de l’âme.


La grand-mère marqua une pause pour augmenter son effet. Elle ne pu réprimer un rire enfantin quand elle vit le visage de Sydoine. Figée, rivée à sa bouche, buvant la moindre de ces paroles comme on boit l’eau de la vie. Le visage de la magicienne n’était plus celui de la femme avec son histoire, mais bien celui d’une enfant de 10 ans, perdue dans un rêve éveillée, émerveillée, ébahie, bouche bée. La grand-mère n’en rie que plus fort, ne pouvant se retenir devant tant de naïveté et de sincérité enfantine.
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Le choix du destin
Au bout de quelques secondes à peine, Sydoine fit une moue très significative, elle était si pressée de connaître la suite que cette interruption l’agaçais. En plus de cela, le sourire de sa grand-mère la mettait intérieurement en rage. Elle savait bien qu’il lui était impossible de cacher quoi que se soit à cette femme si proche d’elle. Elle pouvait lire en elle comme dans les remous du ciel et le souffle du vent. Chacune de ces mimiques, chacun de ces gestes, lui indiquait avec exactitude l’état d’esprit de la magicienne. Cela énervait parfois Sydoine de se sentir aussi vulnérable, d’autant que, sa grand-mère n’était plus tout à fait la seule à savoir la lire aussi facilement. Un homme qu’elle nomme son frère, lui aussi savait lire en elle comme dans un cœur à nue, mais là, c’est une autre histoire.

-Grand-Mere !!!

Fini t’elle par dire, sur un ton qui se voulait réprobateur, accentuant sa moue boudeuse. Bien que, le ton sermonneur se changea bien vite en supplique. Les deux femmes connaissaient parfaitement les règles du jeux, chacune jouant son rôle dans ce spectacle, un spectacle bien anodin aux yeux de tous, mais que ces femmes savent n’être rien d’autre que l’amour partagé. Un moment que l’on partage avec une tel intensité, une tel force, là est l’essence de la vie.
Finalement prise de pitié pour cette … Enfant qui se tenait devant elle et qu’elle aimait tant, la grand-mère repris un ton légèrement exagéré de narrateur pour continuer son histoire.

-Voilà voilà …

L’idée du miroir fut donc adoptée par tous, et les savants druides des contrées se mirent au travail aussitôt. Il fallut bien 3 mois encore pour mettre au point une formule magique. Pourtant, il restait un énorme problème dans cette formule, il manquait un ingrédient indispensable à sa réalisation. C’est que, pour savoir dénuder les âmes, le miroir devait avoir une vie propre, et pour ce faire, il lui fallait … du sang. Mais pas n’importe quel sang. Le sang d’une créature humaine, puisque c’était l’âme humaine que l’on voulait lire, un sang qui devait provenir d’une personne donc, mais pas n’importe laquelle, une personne dont la droiture, la sincérité, l’humilité, la tendresse, le cœur, devait être pur et sans tache. Une personne dont même Dame Nature, qui permettait au final que les choses se fassent, serait suffisamment fière, une personne à qui elle accepterait d’offrir sa confiance. Une personne enfin qui devait accepter l’idée de donner sa vie pour ce miroir, puisque c’était plusieurs litres de sang qui devaient être utilisés. Apres quelques jours d’hésitations, penauds, un air contrit peint sur le visage, qui ajouté à la fatigue d’avoir travaillé 3 mois sans relâche, leurs donnait un aspect presque fantomatique, il se décidèrent à en parler au Maître des lieux. Tentant de lui expliquer que, nul ne méritait la mort pour ce miroir, et que peut être, il était mieux de souffrir parfois de l’innocence et de la crédulité, que sacrifier un être humain parmi les plus généreux. Ainsi donc le projet était mal parti. Qui oserait faire le choix de sacrifier une vie qui ne le mérite pas, pour éviter à l’ensemble de souffrir encore de sa crédulité. Dépité, peiné au plus profond de son être de cette mauvaise nouvelle, le Maître des Lieux parti en forêt, il devait méditer avait t’il dit en partant. Son visage était pâle et sa voix presque dissoute par ce flot de pensées incontrôlés qui le hantaient sans cesse. Certains crurent même ne jamais le revoir tant sa peine était immense. Il se passa deux lunes, deux lunes pendants lesquelles la vallée toute entière était devenue silencieuse, un silence voyageant entre celui de la mort, de la compassion ,du repentir et de la prière. On aurait dit que toutes les âmes de la vallée, priaient pour que leur … guide, trouve la voie. Deux lunes au bout desquelles, à la surprise générale, il revint, avec le sourire de celui qui sait quel est désormais son destin. Rares sont ceux qui, encore sur le chemin de leur vie, savent quel sera leur destin. Un don sans doute, ou bien une croix, qui sait. Il convoqua aussitôt les druides et les érudits pour leur expliquer sa requête. Inutile de dire qu’il étaient déjà tous présents, attendant au château le retour de celui qui, seul, pouvait décider de la suite. Réunis donc dans la grande salle du château, il leur annonça sa décision. De tout son être émanait une sensation de repos, de calme et de sérénité, si puissante, qu’elle aurait fait vibrer la moindre brindille à des lieus à la ronde. Il leur sembla qu’a se moment précis, la moindre pierre du château retenait son souffle. Et puis les mots tombèrent sur le sol comme un couperet.

Je vais mourir


La grand-mère, regardait de plus en plus fixement le visage de la magicienne, les larmes, des larmes pures et sincères coulaient de ses yeux d’émeraude. La grand-mère ne pu réprimer un léger soupir devant autant de compassion. Sa voix était devenue plus douce que la caresse de la plus pure des soies. Sa main était venue se poser avec délicatesse sur celle de Sydoine. L’effet escompté était en train de se produire. Son histoire était si triste et belle que, la magicienne n’était même plus présente devant elle, mais belle est bien au château, dans ce monde imaginaire. Elle s’était comme jamais auparavant, laissée transporter par les mots vers les mondes de chimères. La grand-mère la fixait toujours, triste et fière, Sydoine était bien celle qu’elle croyait, ainsi la destinée allait pouvoir s’accomplir de nouveau. Mais avant cela, il fallait finir l’histoire.
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Savoir enfin
Ne voulant pas prendre le risque de rompre le charme qui opérait entre elle deux, la grand-mère ne tarda pas à reprendre le fil de son histoire si extraordinaire, laissant l’émotion qui l’étreignait transparaître dans sa voix, et ainsi la rendre plus émouvante encore. Les larmes de l’amour perlaient toujours sur les joues de la magicienne.

Bien sur, l’effet de cette annonce stupéfia la salle tout entière, on entendis plus un bruit pendant d’interminables minutes. Ainsi, lui, celui que tous respectaient, celui qui avait su, par sa façon d’être chaque jour, s’attirer la confiance de la Nature elle-même, celui là avait décidé de donner sa vie, pour que plus jamais les siens ne souffrent. En fait, c’était légèrement plus compliqué. Affichant toujours cet air de savoir ce que demain sera, cette aura de certitude et de force dans le choix que n’importe qui aurait pu lui envier, il prit à nouveau la parole pour leur expliquer plus en détail ce qu’il en était. Il leur raconta rapidement comment il erra durant des heures et des heures, priant la Nature de lui faire un signe, de lui donner la force de décider. Puis il leur conta qu’à l’aurore du deuxième jour, enfin il fut satisfait. Il priait au pied d’un Hêtre millénaire avec une ferveur que jamais il n’avait déployée auparavant. Invoquant la Mère de tout, pour qu’elle lui donne la force et la foi, celles nécessaires à l’accomplissement de son destin. Car avant même que la nature ne lui réponde, il savait déjà qu’il mourrait. C’est au cours de cette prière qu’il la vit enfin. D’abord un halos de lumière bleutée. Cette petite boule de magie qui semblait venir de nulle part, baignait de sa lueur chaude et protectrice les environs immédiats, comme si elle se devait de se prémunir de toutes interventions incongrues, qui aurait pu détruire ce mince filet d’histoire qui prenait vie devant les yeux de l’homme ébahi. Puis l’homme ferma les yeux quelques secondes, se sentant lui-même envahi par un bien être sans pareil, une plénitude sans faille. Quand il les rouvrit, elle se tenait là, juste devant lui, voletant de ces petites ailes translucides comme la rosée fraîchement posée sur les feuilles des arbres. Bien sur il n’osait faire ou dire quoi que se soit, emprunt d’un respect et d’un émerveillement à la mesure de sa foi. La petite fée prit donc la parole. Sa voix était douce et chantante, son timbre faisait penser au chant de la rivière qui court entre les racines dénudées. Elle s’adressa à lui en ces termes.

Fils de la nature, puisque déjà tu sait une partie de ta destinée, Mère m’envoi pour te faire un don en remerciement. Ecoute moi bien fils, car ainsi il sera, tel est sa volonté. Avant de quitter cette terre tu procréeras, et tu auras un fils, qui verra le jour après ta mort. Ce fils sera bon et généreux, aimant et juste. Alors il trouvera une femme digne de lui, et procréeras à son tour. Lui aura une fille. Cette fille possédera en elle le pouvoir du miroir pour lequel tu désire donner ta vie aujourd’hui, elle devra apprendre à vivre avec se poids. Puis elle enfantera à son tour, d’un garçon, un garçon aimant et généreux, qui aura lui-même une fille, et ainsi de suite jusqu’à la nuit des temps. Ainsi ton miroir des âmes à jamais perdurera à travers les ages et les ages. Et Ton sacrifice pour l’éternité sera loué des hommes. Maintenant Vas, rentre dans ta demeure, et accompli ta destiné. Ainsi l’a voulu Mère.

Et aussi vite qu’elle était apparue, avant qu’il eu le temps de dire le moindre mot, elle disparue. De toute façons, il n’aurait jamais osé ouvrir la bouche, et risqué de rompre le pacte. Alors il se contenta de revenir au château, pour que comme le désirait Mère, son destin s’accomplisse. Il était enfin soulagé, enfin il savait. Il est illusoire de croire que l’on peu imaginer ce sentiment de sérénité qui vous envahi quand enfin, on sait. Lui s’en rendait compte maintenant, et il marchait avec fierté vers cette destinée grandiose pour lui. Un cadeau sans prix. Tout ce passa alors comme prévu. Il vécu une nuit de bonheur avec une femme choisie pour son amour partagé. Puis les préparatifs terminés, dans la plus simple des cérémonies, il donna sa vie, pour qu’enfin le miroir lui, commence la sienne, et que la prophétie s’accomplisse. Nul ne pleura, au contraire, tous l’enviaient d’avoir su faire le choix, et finalement, se fut un jour de liesse pour toute la vallée. Le temps passa alors, langoureux, traînant derrière lui le long voile des années, et le miroir protégea enfin les habitants de la noirceur des âmes impures. Son fils lui, quand il en eu l’age, parti pour visiter d’autres contrés, et porter la parole de la foi. Bien au delà de la vallée protectrice. Ainsi naquis la légende ma petite, la légende du miroir des âmes.


La grand-mère se tue alors, laissant le temps à Sydoine de revenir à elle, de sécher ses larmes. Un sourire indescriptible fendait son visage de part en part, la magicienne était aux anges, le cœur empli d’une joie immense devant la beauté de cette histoire. Elle rayonnait de joie, la moindre parcelle de son être était imprégnée d’une aisance indescriptible.

-Comme cette histoire est belle grand-mère, la plus belle que tu m’ai jamais conté

La grand-mère la regardait avec un sourire de satisfaction sur le visage, oui décidément, elle serait bien la digne fille qu’elle devait.

-Il y à encore un détail dont je ne t’ai pas parler ma petite. En fait, depuis cette histoire, une particularité unie les femmes porteuses de la magie du miroir. Une particularité physique. Depuis la première de toutes c’est ainsi. Chacune eu le teint mat couleur de la terre nourricière, chacune eu les yeux vert émeraude de l’espoir sans borne que porte l’humanité, et enfin, chacune eu les cheveux blancs comme le plus pur des voiles célestes.

Alors elle se tue de nouveau, et regarda la magicienne qui ne comprenait pas encore. Sydoine, encore pleine des rêves et des images merveilleuses, interprétait en retard les derniers mots de sa grand-mère, et mit un certain temps avant d’être … interpellée par quelque chose de diffus. Elle la regarda enfin, une pointe d’incrédulité naissante dans le fond de ces yeux. La grand-mère ne voulant pas brusquer les choses, lui laissa le temps de se rendre compte elle-même de ce qui venait d’être dit. Au fil des secondes qui s’égrainaient aussi sûrement que les saisons, le regard de la magicienne changeait, devenait de plus en plus expressif, oscillant entre l’incompréhension totale, et la peur de comprendre justement. Les mots enfin faisaient leur effet. Tout ceci prenait corps, les pièces du puzzle s’assemblaient une à une lentement. Tous les derniers événements prenaient enfin leur signification. Sa venue ici, sa rencontre avec sa grand-mère, le choix de cette histoire, tout prenait un sens. Finalement, Sydoine fixa avec des yeux ébahis, cette femme qui venait de lui révéler un secret si ancien, et en même temps répondre à bien des questions qui n’avaient jamais trouvée de réponse. Voyant les mimiques du visage de sa petite fille, la grand-mère compris que tout était dit. Elle arbora un sourire satisfait, elle avait accompli sa mission. Il ne lui restait plus qu’à terminer cette entrevue. Elle préféra prendre la parole la première, afin d’éviter la tristesse des mots de la séparation à sa petit fille qu’elle aimait tant.

-Maintenant tu sais, je le lis dans tes yeux. Tu sait pourquoi tu a pu haïr, tu sait pourquoi tu a pu être malhonnête ou vengeresse. Tu n’est que le reflet ma petite, garde cette vérité au fond de ton cœur. Excuse moi pour la manière, mais la vie m’a arraché à toi bien trop tôt, et je n’ai pas eu le temps avant de te révéler ces choses. Ainsi la prophétie continue. Vas ma petite, vas rejoindre les tiens, quand nous nous reverrons, tu aura un fils.

Sydoine ouvrit enfin les yeux brutalement, repris une gigantesque inspiration dans un bruit de suffocation macabre. Sa poitrine lui faisait un mal atroce, et elle poussa un cri de douleur à faire pâlir un de ces squelettes morts vivants de Morganne. Autour d’elle, fureur et sang semblait avoir laissés la place à la douleur et au repos du guerrier juste après la bataille. Elle était couverte de sang et de boue de la tête aux pieds. Elle jette un regard plein d’incertitude au Clerc qui était visiblement en train de la soigner. Puis lui adressa un regard reconnaissant, dans la douleur de sa poitrine encore endolorie du choc. Plantée là, à même la boue du sol mêlée au sang des braves, elle leva la tête vers le ciel un bref instant et murmura quelques mots dans une langue incompréhensible, oubliée de tous.

-Merci grand-mère, soit bénie.

Enfin elle se releva, et repris sa route vers l’aventure, à une différence près, cette fois, elle savait.

< Je remercie par avance tout ceux qui liront ce texte en entier >
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Une silhouette presque oubliée; Celle d’un homme au teint pale de ceux restant enfermé jour et nuit, à écrire, à penser, à rêver. Mais parfois il est des moments où l’être tout entier désire crier sa rage contre la vie, une vie qui n’a plus de sens, plus de but.

Le mercenaire de fortune se tenait là, sur le champ de bataille, mais ses lames n’ayant pas quitté le refuge du fourreau; Un spectre laissant ses traces sur le sol boueux et rougit. Et a autant regarder le sol et se frayer un chemin avec une étrange aisance, il ne pu que la croiser. D’ailleurs, il n’avait plus besoin de la chercher pour croiser son chemin; Ils se retrouvaient toujours. Le rouquin la fixa un moment, silhouette de femme semblant sortir de la terre même, cette silhouette qu’il avait connu un soir... ou deux, alors que leurs peines s’étaient unies pour devenir consolation et plaisirs.

Il décida de la suivre; Elle semblait quitter le champ de bataille. Tel son ombre, il lui emboîta le pas, l’effleura de sa présence.
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http://pages.infinit.net/ithil/corbeau_signature.jpg
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Comme toujours au bon moment ...
Alors qu’elle quittait le champ de bataille, épuisée, un nouvel espoir en tête, de nouvelles réponses pour diriger sa vie, elle le senti. Ou plutôt, elle le ressenti, car cette aura familière qui émanait d’un être si cher à son cœur suffisait depuis bien longtemps à sentir sa présence, même sous forme d’ombre. Elle fit mine de rien et continua sa route, obliquant légèrement afin de s’éloigner quelque peu du groupe qui s’en retournait au Château Sauvage. Elle ne voulait pas être dérangée. Quand elle fut certaine que nul autre que celui qu’elle savait la suivre ne pouvaient les entendre, elle stoppa, et se retourna lentement. Un énorme sourire fendant son visage, une brillance comme jamais il ne le furent dans ses yeux émeraudes. Tout son visage resplendissait, rayonnait d’une lueur nouvelle qui venait d’éclairer sa vie. Sans prévenir elle se jette en avant, dans le vide, sachant bien que celui qu’elle voulait serrer dans ses bras était là, l’attendant. Le choc fut sans douceur mais elle s’en moquait, elle avait envie de le serrer si fort, de lui faire partager un peu de son bonheur.

Tu ne devinera jamais ce qui vient de m’arriver

Dit t’elle sur un ton enjoué et chantant. Puis elle sonda le regard sans fond de celui qui était depuis toujours bien plus qu’un frère, même si elle le nommait ainsi. Et eu un doute, il restait tant de mystères autour de cet homme qui avait pris en elle bien plus que son cœur. Elle le savait capable de lire en elle comme dans un livre, peut être devinera t’il après tout. Son sourire se mue en légère moue, celle qu’elle n’offre qu’à ceux qui habitent son cœur.

Tu n’est pas déjà au courant quand même ?
Le rouquin ne put que hausser un sourcil, souvent la seule marque de sa surprise.

- Au courant de quoi? Des fois je me demande si tu ne me prend pas pour un devin…

Puis il lui sourit à son tour, un sourire se faisant à nouveau rare sur son visage, prit comme il est dans sa solitude. Il posa un baiser au front de celle qu’il se plait parfois à appeler petite sœur, bien que le terme soit fade et dénudé de sens; La réalité de leur lien allant bien plus loin. Peut-être est-ce la raison d’ailleurs pour laquelle il revint vers elle; Il était insondable pour elle, impossible à refléter. Ne pouvait subsister devant ce faux mercenaire que la vraie nature de la jeune femme au creux de son étreinte. La vraie Sydoine.

- Tu semble radieuse, tu me raconteras?
Message roleplay
L'indiscible vérité
Sydoine était radieuse en effet, elle se sentait si bien dans ses bras, une impression de sécurité et de mystère profond. Voila bien le seul endroit où elle se laissait totalement aller à l’abandon de l’autre. Elle posa à son tour un baiser sur le front du mercenaire, sa façon à elle de le provoquer. Ho oui elle était heureuse. Elle le regarde avec une moue mutine dessinée sur sa bouche et lui dit.

Je veux bien te raconter mais, est tu près à entendre les actes dont tu n’as même pas idée encore. As-tu vraiment envi de savoir ?

Elle le fixe toujours avec une joie accrochée au visage et au cœur. Espérant, espérant, … , elle saura être patiente. Une question fugace lui traversa l’esprit, et même si elle n’y prêta pas attention de suite, la question était posée. Comment pouvait il bien se faire que le mercenaire soit le seul qu’elle ne puisse percer à jour. Y aurait il quelque chose de spécial entre eux qui … l’en empêche ? Un espoir et un doute. Le temps fera son œuvre.
 

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