Broc - Hibernia - Blackblade - sa mort

 
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"Remet ton épée, avait-il dit à Snipe, penses tu que je ne puisse faire appel au Seigneur au Bois qui mettrait aussitôt à ma disposition l'incarnation ? Comment s'accompliraient les Ecritures selon lesquelles il faut qu'il en soit ainsi ?"

Kjeldor avait tout fait pour que je le livre aux mauvais. Jusqu'à la dernière extremité, il pensait que le Seigneur au Bois allait le sauver. Il esperait au dernier moment le cataclysme, le miracle et la venue rayonnante, finale, triomphale de la totalité de l'esprit du Seigneur au Bois. Il attendait l'avenement du royaume de la nature. Il pensait, il croyait qu'il serait sauvé. Il le sut jusqu'au moment ou enfin il comprit qu'il n'en serait rien. Et que la Dame de Feuilles l'abandonnait.

On ne vit plus Snipe, le sacrifié, le fort et l'honnete qui croyait en Kjeldor et au Seigneur au Bois, et qui comprit qu'il n'aurait pas du le laisser prendre, et qui se suicida. Car c'était trops tard. Le temps de la confrontation etait arrivé et plus personne ne pouvait rien en ce monde. La lame noire devait souffrir.

Son agonie fut lente, difficile. Sa respiration s'eternisa en une longue plainte, immense de desespoir. Ses cheveux et ses yeux n'avaient plus l'ardeur de la sagesse, ce soin, cette guerrison. Son regard était vide de la flamme de la passion lorsqu'il prononçait l'avenement du monde nouveau.

Son corps n'était que souffrance. Sa peau etait fletrie, dechiquetée comme un habit parti en lambeaux. Ses membres etaient maculés de taches violacées et le sang coula, abondant, comme une lave jaillie du coeur. Sa bouche etait dessechée, aride de paroles, prostrée. Sa puissante poitrine se souleva d'un bond, comme si le coeur allait sortir tel qu'il était, eclatant, sacrifié.

Puis il se figea enivré de son propre sang, les yeux pamés, la bouche entrouverte, image de l'innocence. Allait-il vers la Dame de Feuilles ? Mais elle l'abandonnait alors même que par l'ultime espoir, il semblait l'invoquer et l'appeler. "Seigneur au Bois sauve, Dame de Feuilles avec nous, sauve moi."

Mais il n'y eut point de signe pour lui, le protecteur, la lame noire, le fils du Seigneur au Bois, le Maitre de Justice. Personne ne pouvait le sauver, personne, pas même lui. Il se rendit compte que tout était fini dans le desespoire, dans la solitude, dans la desolation, dans la deception. Kjeldor cria : "Dame de Feuilles, pourquoi m'as tu abandonné ?" Ainsi Kjeldor remit l'Esprit.
C'etaient ses derniers mots, ceux qui expriment le sens d une vie, et celui d une mort. Or ils n evoquent pas la pamoison d un martyr, ni la victoire finale de l homme qui s offre en sacrifice pour sauver ses terres, ni meme le desir de retrouver enfin le Seigneur au Bois et la Dame de Feuilles dans la beatitude. Dans ces mots resonent un regret, une surprise, une reprimande peut etre.

Car ce n etait pas ce qui etait prevu. Il ne voulait pas quitter le monde ainsi. Pourquoi la Dame de Feuilles l avait-elle abandonne a ss assassins ? Pourquoi ne l avait-elle pas sauve ? N etait-il pas le fils du Seigneur au Bois ?

Au dernier soupir, Kjeldor designe, acuse, incrimine la Dame de Feuilles de l avoir tue. Pourquoi la Dame de Feuille l a-t-elle abandonne ?

...En son temps, il se battra contre les fils des tenebres, les mauvais, les ennemis, les etrangers. Et en son temps, il les vaincra...

Oui, la lame noire reviendra, si ce n est dans ce monde, ce sera dans le suivant. Plus ses souffrances seront grandes et immeritees, plus elle reposera dans la paix de la Dame de Feuilles. Mais des lors, pourquoi agir ? Point n est besoin de la chercher, ni de la trouver, puisqu elle sera sauvee par le Seigneur au Bois
C etaient ses derniers mots, ceux qui expriment le sens d une vie, et celui d une mort. Or ils n evoquent pas la pamoison d un martyr, ni la victoire finale de l homme qui s offre en sacrifice pour sauver ses terres, ni meme le desir de retrouver enfin le Seigneur au Bois et la Dame de Feuilles dans la beatitude. Dans ces mots resonent un regret, une surprise, une reprimande peut etre.
Car ce n etait pas ce qui etait prevu. Il ne voulait pas quitter le monde ainsi. Pourquoi la Dame de Feuilles l'avait-elle abandonne a ss assassins ? N etait-il pas le fils du Seigneur au Bois ?
Au dernier soupir, Kjeldor désigne, accuse, incrimine la Dame de Feuilles de l avoir tue. Pourquoi la Dame de Feuille l a-t-elle abandonne ?
...En son temps, il se battra contre les fils des ténèbres, les mauvais, les ennemis, les étrangers. Et en son temps, il les vaincra...
Oui, la lame noire reviendra, si ce n est dans ce monde, ce sera dans le suivant. Plus ses souffrances seront grandes et imméritées, plus elle reposera dans la paix de la Dame de Feuilles. Mais des lors, pourquoi agir ? Point n est besoin de la chercher, ni de la trouver, puisqu elle sera sauvée par le Seigneur au Bois.
La silhouette à la pèlerine sombre se tût et s'étira. Le bruit du vent sembla d'un seul coup assourdir la druidesse. Cette histoire lui paraissait folle. Pourtant, elle croyait celui qui lui avait parlé avec une grande sincérité et ne voyait pas son intérêt à lui inventer une fable aussi farfelue. Dans quel but ? Non, il était sincère et elle croyait en l'existence des Esprits. Il restait cependant des questions.
"- Gilles savait tous les rituels qui permettaient l'Incarnation ? Pourquoi voulait-il que cet Esprit... ce Malin... possède son fils ?
- Gilles avait retrouvé certains écrits de Fallem et de ses prédécesseurs. Beaucoup de documents datant de la première période d'incarnation avaient été perdus mais certains avait traversé les ages. Les descendants de Fallem se les transmettaient religieusement et Gilles en avait hérité de quelques uns. Pour lui les Esprits étaient un dieu unique, une sorte de démon païen. Le côté adorateur du mal qui était un trait de sa personnalité ne pouvait envisager l'Esprit qu'ainsi. Même lorsqu'il était parvenu à ses deux incarnations avec ses enfants et qu'il avait retrouvé les écrits de Fallem il avait continué de croire en ses théories mystiques. Il était fou, tu sais ?
- Qui est donc ce Fallem ? Deux incarnations ? Vous ne m'en avez conté qu'une seule. La druidesse ne perdait pas le fil de la conversation malgré l'enchainement d'informations.
- J'allais y venir, douce damoiselle. Laisse moi seulement le temps de rassembler mes souvenirs. Ces évènements remontent à de nombreuses centaines d'années et je ne veux rien omettre afin que tu puisse comprendre dans son exactitude le fardeau de celui qui t'a sauvée."
Il avait fallu plus d'un an avant que son épouse consente à devenir grosse. Toute les nuits il l'honorait. Même les servantes n'avaient pas eu droit à ses visites dans leurs couches depuis une éternité.
Mais un matin il put souffle. La sage-femme avait été formelle : la couche serait avant la fin de l'année. Finie la corvée d'ensemencement.
Il était ce tain que cette fois serait la bonne. Sa femme buvait sans s'en rendre compte toutes les potions qu'il lui préparait et lui même suivait scrupuleusement les rituels de Fallem tels qu'il avait réussit à les transcrire des fragments de rouleaux. Avant la fin de l'année son dieu serait parmi eux.
Aileeona ne dormait pas quand le hurlement déchira la nuit mais elle se serra encore plus profondément dans son lit. Elle s’était sentie mal toute la soirée et s’était déjà réveillée deux fois en sursaut, trempée de sueur malgré la fraîcheur de la nuit. Quelque chose n’allait pas, et même le couteau ne parvenait pas à entièrement la rassurer. Ses parents n’étaient pas rentrés pour dormir. Encore une fois son père était de service et sa mère était restée au palais pour servir. Aileeona pris la décision d’aller voir son père. Elle voulait voir un adulte pour lui dire ce qu’elle avait vu la nuit précédente. Il la croirait peut-être. Elle n’avait rien osé dire, mais la jeune fille savait que l’homme à la cape avait un rapport avec les attaques des spraggons. Le hurlement qu’elle venait d’entendre venait de vaincre ses dernières résistances et elle s’habilla en toute hâte.
Dans une région désolée, loin de toutes traces d'une quelconque habitation humaine ou non, une silhouette semble à l'affût, haute perchée sur une tour en bois à la lisière de la foret au dessus d'un tunnel. L'édifice était prêt à s'effondrer tant il était pourri, c..séquence d'une pluie incessante depuis de nombreux jours. De plus près on pouvait voir que la créature était revêtue d'une grande cape de la même couleur que les arbres environnants, elle tenait fièrement sa lame et son bouclier où apparaissait à moitié effacé l'emblème de la garde, Il portait au cou une amulette d'un métal ocre avec le signe du bouclier.
Ca faisait quatre jours maintenant que le jeune garde attendait sans rien voir à plus d'une cinquantaine de mètres et sans rien entendre à part les animaux sauvages. Il avait faim et était trempé jusqu'à l'os faute de pouvoir se protéger suffisamment sous sa maigre cape pas plus épaisse que sa chair.
Alors qu'il se perdait dans ses pensées, où il rêvassait de sa douce cahute où sa femme l'attendait non loin d'ici. Il fut soudain sorti de sa torpeur; il lui semblait que quelque chose était anormal, il lui fallut près d'une minute pour se rendre compte que outre la pluie qui bourdonnait et sa faible visibilité il n'entendait plus aucun animal grogner ou se déplacer.
Il remarqua qu'il était complètement seul au milieu d'un océan de silence, il crut percevoir non loin de là un bruissement de tissu et un cliquetis de métaux s'entrechoquant qui ne dura guère plus qu'une dizaine de secondes.
Rassemblant son courage à deux mains il essaya de se protéger derrière son bouclier et brandissait sa lame dont le bout était partiellement rouillé ce qui ne lui permit pas de sentir plus à l'aise.
Après un long instant sans que rien ne se passe, il se mit à espérer qu'il avait divagué suite à une trop longue attente dans le froid.
Le bruit de métal réapparut alors, il pu localiser sa provenance; droit devant lui de l'autre côté de la plaine, bruit qui semblait venir du plus gros des arbres se dressant majestueusement, vieux de ses 300 ans d'âge, au dessus de tous les arbres des environs. Le bruit se rapprochait de lui dans un fracas de plus en plus oppressant.
Un homme surgit alors sur le côté gauche de l'arbre, le jeune garde en le voyant se redonna courage, heureux de voir enfin un humain depuis si longtemps. Mais cette impression fut de courte durée, la jeune sentinelle reconnu un elfe tenant un bâton entre ses mains qui ne semblait pas être prête à de quelconques politesses, au contraire. Il semblait se préparer à se battre, car de nombreuses étincelles remontaient de ses jambes pour consteller loin au-dessus de sa tête. Semblait attendre quelque chose qui pouvait surgir de derrière l'arbre centenaire.
Soudain, il sauta à reculons loin de l'arbre en tenant fermement son bâton les bras tendus en avant, une énorme boule lumineuse apparut devant lui et atterrit non loin de l'arbre géant dont l'écorce se mit à roussir. Un bruit de tonnerre arrivât quelques secondes après aux oreilles du garde. Nombre d'animaux sauvages apparurent alors à la lisière de la forêt et fuyaient aussi vite que leurs pattes leur permettaient pour s'éloigner de ce bruit si soudain.
Le jeune garde étouffa un cri , il avait sous les yeux un spectacle insolite, l'elfe courait et sautait pour éviter les animaux fuyant la forêt, avec une telle grâce que le garde ne pu détacher les yeux de lui. Il arrêta sa gymnastique et monta jusqu'à la cime de l'arbre, et profita de cette accalmie.
Le jeune garde s'aperçut alors qu'il avait fait tomber sa lame, qui s'était fichée en dessous de lui dans une souche tout près de l'entrée du tunnel. Il ne pu voir une elfe apparaître un peu plus loin sur la droite de l'arbre géant dans une gerbe d'éclair après une difficile téléportation sur plus d'une centaine de lieu. L'air était surchargé d'électricité statique entourant son corps svelte faisant évaporer les gouttes d'eau qui la touchait. Le flash lumineux de ce puissant sort attira le regard de l'elfe perchée en haut de l'arbre et de la sentinelle qui en oublia sa lame. Pas une elfe, non. Peut-être une fille d'Avalon, mais sûrement pas une fille du Midgard. Pas assez plate pour ça.
Le jeune garde pu rapidement s'apercevoir malgré la pluie battante que cette dernière tenait un court bâton blanc et avant de pouvoir la détailler plus, cette dernière cria d'une voie intense - << Hurdazelthom ! >> - et déclencha un sort qui créa de magnifique volutes de poussières blanches qui se concentrèrent en spirales au bout de son bâton. Elle lança la balle de glace non vers l'elfe dénommée Hurdazelthom mais vers la base du vieil arbre.
Le bois de l'arbre se mit à craquer violemment et a gonfler à certains endroits, des cristaux de glaces apparurent sur les racines et remontaient rapidement le long du tronc puis vers les branches. Hurdazelthom se sentit ballotté dans tous les sens, le bois craquant sous l'effort. Il réussit à sauter tant bien que mal vers la plaine en emportant avec elle une gerbe de flocon et de cristaux de glaces.
Aileeona ne revit jamais l'homme à la cape, le Fils de la Nature, mais des années plus tard, devenus adultes, son destin et celui de l'adolescent se croisèrent à nouveau.
Les attaques des spraggons cessèrent aussi mystérieusement qu'elles avaient commencées, et Aileeona ne sut jamais que le Fils de la Nature avait amené Kjeldor en ces lieux afin que s'accomplissent les Ecritures selon lesquelles il devait en être ainsi. Cette période marqua cependant un tournant dans sa vie car à la mort de sa mère son père prit sous sa tutelle un orphelin dénommé Finguerhall qui venait tout juste d'avoir treize ans. Il s'occupait d'elle pendant que son père était de service et très vite ils devinrent amis. Lorsque son père décida cinq années plus tard qu'elle deviendrait Protectrice ils partirent tous trois pour les falaises de Moher.
A cette époque, Aileeona fit le premier pas vers son destin...
 

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