Broc - Hibernia - La magicienne aux mots

 
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On la devine sous une cascade de cheveux moirés d'argent. La lèvre pincée au dessus du manuscrit.
La magicienne lit.

Elle scrute les volutes des lettres, passant langoureusement la paume sur le grain du parchemin.
Le souffle indiscret des amantes, exhale de sa bouche. Mais elle, elle, ne connaît pas l'épiderme masculin.

Dans ses prunelles pétries d'horizon on devine le visage insidieux de la vierge traîtresse. Celle qui désire sans jamais prendre.

Tapotant d'un ongle aigu la lourde table en chêne d'un rythme incessant et monotone. Décomptant le temps qui lui reste jusqu'au prochain soulèvement.

Un jour, encore une fois, il faudra bien que coeur et tripes se soulèvent. Abreuvée de savoir et de sagesse, elle ira déversée le peu d'impureté qu'il lui reste sur de vils ennemis.

Extirpant d'elle-même la magie noire nauséeuse comme on accouche d'un bâtard. Jamais fière des rayons colorés, des mots qu'il lui faut prononcer pour purger son âme.

Elle mourut ainsi, un filet de sang coagulant le long de ses lèvres sévères. Assoifée de paix et de mots passionnés.
Cherchant jusqu'à son dernier souffle quel vil destin avait pu la mener à cette déchéance, cette magie comme eux l'écrivent.

On découvrit tout contre son coeur, un vieux morceau de tissu tout recouvert de lettre.
C'est une petite lurikeen à peine adulte qui déchiffra à ses pairs les mots suivants:

<Quand la magie s'extrait de moi de toute de ses forces, je sais qu'à mon chevet disparaissent les prières. Quelqu'un, là-haut, dans les cieux m'enlève un mot de plus, à chaque mort donnée... Puissiez vous mourir inalphabétes puisque vous n'avez pas de coeur>


Invidia Oursemiel.
 

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