[Broc] Val d'Amour

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Qui est il?

Je le regarde depuis notre arrivée dans le fort de ce val de misère. Son regard ne lâche pas le combat une seule seconde. Le souffle court, la nuque raidie par la tension et sûrement la pensée qu'il n'a que quelques secondes pour faire le bon choix.
J'essaye de ne penser à rien, juste à côté de lui. En contrebas, nos amis nous font des signes de désespoir pendant que d'immenses silhouettes tout droit sorties d'un cauchemar d'enfant se jettent sur leurs rangs serrés.
Il essuit son front perlant de sueur et se replonge dans la scrutation des évènements.

L'air chauffe brutalement autour de mes mains gantées. Les auréoles rougeâtres se rassemblent dans le creux de mes doigts en une sphère incandescente que je relâche prestement sur une immense statue de pierre en mouvement qui écrase sous son poids un chevalier tombé au combat.
Le rugissement s'éloigne de nous.

Il se retourne et me sourit

Joli tir

Je ne sais quoi répondre et je souris en retour, bêtement.
Levant ses bras au ciel, il entrouvre les nuages épais et dans une colonne de lumière, il rappelle l'âme du chevalier défunt qui vient s'incarner à ses pieds, affaibli mais vivant.
Je ne peux m'empêcher de lâcher un Pas mal non plus ...

Il me sourit encore lorsque des sons étouffés nous parviennent en hauteur. Trois thaumaturges se positionnent à nos côtés, brisant notre intimité naissante et arrosent le champ de bataille d'une pluie de cendres.
L'odeur familière de la calcination des chairs monte à nos narines. Il tourne la tête un instant mais pas moi, je vis dans les flammes depuis ma plus tendre enfance.
Comme il s'écarte, je lui emboîte le pas.
Je pense qu'il a compris mon manège car il sourit en baissant les yeux.
Je m'appelle Chrystobal

Je n'ai même pas le temps de répondre qu'un cri de victoire retentit en contrebas. Nos troupes ont repoussé l'adversaire et se lancent en direction des douves.

Instant de dégoût. Il va falloir quitter l'abri rassurant de notre fortin pour se risquer dans les eaux froides qui protègent la forteresse. Et bien entendu, les guerriers et les chevaliers qui sont venus avec nous ne nous ont pas attendu et sont déjà dans l'eau.
Le regard las que nous échangeons nous fait sourire, c'est toujours le même refrain. Je le regarde soigner tous ces fiers combattants sur son chemin. Peu d'entre eux le remercient mais il continue son oeuvre en souriant et moi, je reste pour le protéger, comme si je pouvais faire quelque chose si l'ennemi survenait. Le ridicule de ma démarche n'a pas du lui échapper. Il évite de me regarder dans les yeux mais sourit souvent, surtout quand je scrute alentour.

Voilà l'eau froide qui s'introduit dans mes vêtements et me gèle jusqu'aux os. Je peine à avancer mais toujours il se tient là, prés de moi et il m'aide. Nous prenons pied et il commence à s'essuyer. A moi de sourire pour une fois. Je rassemble les brûlantes énergies qui dansent autour de nous et les façonne en une sphère bienfaisante autour de moi et autour de lui. En un instant, nos vêtements sèchent.

Il éclate de rire.

Moi qui demandait à quoi pouvaient bien servir les Thaumaturges

Notre rire est de courte durée, déjà, d'immenses statues de pierre s'animent d'en haut du fort pour venir pulvériser nos rangs. L'air se sature d'énergies magiques, d'immenses marteaux tournoient dans les airs, des lances de feu par dizaines mais nos fiers paladins avancent sous la protection du Graal, brandissant leurs faveurs comme bouclier.
L'esplanade dégagée, alors que se monte le bélier, nous soufflons un peu. Du sang est venu maculer ma robe mais il n'en voit rien car elle est rouge et je cache les traces comme je peux.
A maintes reprises, j'ai senti sur moi la caresse bienfaisante de sa magie qui me sauvait des griffes de la mort.

J'aime ta façon de combattre

Je rougis comme une idiote et je cherche une phrase marquante moi aussi.

J'aime ta façon de me protéger

Pour une fois, il encaisse le compliment et ne sourit pas. Il baisse la tête et devient pensif.
Puis les portes cèdent sous le massif tronc d'arbre et notre armée se rue à l'intérieur, en une marée furieuse. Les défenseurs fuient comme des couards, abandonnant la défense. Là, je le perd de vue.

Nous nous retrouvons quelques minutes plus tard, la nuit est déjà tombée et je suis venue saluer notre nouvelle dame qui protège le fort lorsque je le croise dans les escaliers.

Viens, j'ai une surprise pour toi

Je le suis sur la plus haute tour du fort, seule la lune nous domine. Il pose une couronne sur mes cheveux et ajoute

Je te couronne Reine de Quartz puis s'agenouille.

Ses amis dans la confidence font de même et me voilà propulsée reine d'un soir dans ce val mystérieux où j'ai rencontré l'amour.
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