[nouvelles] Je vous présente...

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Citation :
Provient du message de Aloïsius
Franchement, il n'y a que ça dans ces textes ? Là, on en lit un de temps en temps, c'est suportable, mais présenté en roman, je crains de refermer le livre avant la dixième pages.

Ou alors, c'est parce que je suis d'humeur moins morbide que la nuit dernière.
Peut-être que la réponse est indiquée dans le titre du sujet, ce sont des nouvelles et l'avantage de ces textes c'est que tu peux les lire indépendamment les uns des autres.
Citation :
Provient du message de Myvain
Peut-être que la réponse est indiquée dans le titre du sujet, ce sont des nouvelles et l'avantage de ces textes c'est que tu peux les lire indépendamment les uns des autres.
Elle se suivent, non ?
Ah, mystère...
Houla c'est un bien gros texte ça ai lu que le début pour pas fatiguer de trop mes p'tits yeux mais j'aime bien maintenant y'a plus qu'à pondre un roman de 600 pages et du même acabit, ça fera moins mal aux yeux quand j'irai le lire aux water.
Je ne sais pas s'il y a une suite logique mais il est certain que chacun des textes apportent des détails supplémentaires. Cependant chaque texte pris seul est tout à fait compréhensible par le lecteur. C'est le privilège de cette forme. Même sans enchaînement le texte se tient tout seul sans avoir besoin de l'appui des autres. L'auteur a, une nouvelle fois, beaucoup de talents pour réussir cet exercice et surtout il aura bientôt les chevilles qui vont exploser.
Ouais.. la .. il est bizarre il se roule par terre en poussant des couinements plaintifs

*oui j'essaie de le faire poster j'y arriverais peut-être*
Citation :
Provient du message de Xeen
Ouais.. la .. il est bizarre il se roule par terre en poussant des couinements plaintifs

*oui j'essaie de le faire poster j'y arriverais peut-être*
oui viens poster au lieu de rapter a chaque fois le compte de Xeen
Citation :
Provient du message de Xeen
Ouais.. la .. il est bizarre il se roule par terre en poussant des couinements plaintifs
Des couinements plaintifs... * imagine la scène*

Allez Alamankarazieff puisque c'est comme ça que tu te fais appeler vient pousser tes couinements sur le forum, tu auras même le droit de te rouler par terre si tu veux, tu verras c'est presque normal par ici.
Il a un style monsieur l'Ecrivain !

Mais, euh... Il ne fait que des nouvelles tristes et horribles ? Ça serait bien un peu de fleur-bleue et de joie de vivre, non ?
Il vous en écrira d'autres. Il est assez prolifique. Il a écrit une de ces nouvelles pendant que je floodais sur Jol un soir.

Tiens ben j'ai plein de copains qui écrivent, j'en profite pour faire passer un texte d'un autre d'entre eux.

Citation :
Ordinaire


Tout a changé. L’éclat s’est terni, et il ne reste que quelques poussières cendrées du temps jadis.
Un à un ils sont partis, ou plutôt, un à un je les ai laissé partir. Qui d’autre à blâmer que ma négligente asociabilité. Au compte-gouttes ils se sont écoulés, et au compte-larmes je les ai dénombré.
L’extérieur à beau se parer de brillance et de sourires, je sens la grisaille qui me suit. Cette même teinte qui m’encercle dans mon antre. Car il ne s’agit plus que d’une antre. Le monde s’y étend en vaines possessions, en inutiles tentatives pour défier l’ennui. Et les jours passent, le temps s’amenuise à mesure que la fatigue me gagne.

Vraiment, tout a changé, et ce, depuis le jour où je l’ai aperçu. Une ombre, furtive et glacée, croisée au détour d’une station de métro. Il a suffit d’un regard pour que la terreur m’envahisse. Cette même peur qui m’accable et m’oblige à me retirer seul, à l’abri de l’inévitable. Un homme, au visage pâle, au regard d’acier dont la noire enveloppe m’a fait saisir tout le sens de l’effroi.
Son regard m’avait semblé comme l’annonce d’un rendez-vous. Je savais que je serais amener à le revoir, mais quand…
Je l’ai recroisé depuis, mais il ne s’est jamais intéressé à moi, il semblait emmener d’autres personnes, d’un simple et bref toucher, ils le suivaient, tristes et résignés. Mais je distinguais mal dans la foule suintante où ils se rendaient. J’aurais pu m’imaginer qu’il me suivait, qu’il ne jouait qu’une mascarade pour mieux se dissimuler. Mais non, jamais la certitude ne s’était autant emparée de moi. Il accomplissait une tâche, répétitive et minutieuse, mais d’une facilité déconcertante, et ce, avec une aisance propice au malaise.

Et ainsi ma petite vie glissait inlassablement, toujours dans la même solitude, toujours à ne pas oser la rompre. Une monotonie à envier ceux qui s’échangeaient banalités merveilles, à désirer les fous rires et les regards vivants des autres. De plus en plus je m’éloignais de mes congénères, bien malgré moi. Etait-ce le dépit ou l’incapacité qui envenimer la situation ? Je ne l’ai jamais su. J’ai bien essayé d’interpeller l’inconnu, mais il n’a pas sourcillé, continuant sa tâche. Je n’ai récolté que les regards dédaigneux et pourtant humains des passants.
Je le voyais toujours aussi régulièrement, sa vision en devenait banale et pourtant je m’attardais à l’observer, et je sentais qu’il savait. Il savait que la perplexité me gagnait dès que mes yeux se posaient sur son implacable stature.

Je m’épuisais petit à petit du mal que je m’infligeais. Je supportais de moins en moins ce silence, cette absence de vie autour de moi. Enfermé dans le cachot que je m’étais bâti, allait et venait mes crises d’angoisse, mes tremblements incontrôlés, mes éruptions de malheur. Une prière et un peu de foi en une entité quelconque aurait pu m’absoudre de ma défaite, mais rien ne me donnait de conviction, aucune piété n’aurait pu me ramener de l’enfer où j’avais plongé. Et ainsi j’ai continué à dépérir, à me flétrir. Chaque matin, dans la glace, me regarder jaunir avant l’âge. J’avais pitié de mon propre reflet, j’aurais voulu compatir, combler moi-même ce manque qui me vidait de mon humanité.
J’ai voulu une dernière fois tenter de tout reconstruire. Mais le temps avait trop passé, et le courage m’a fait défaut comme il le faisait depuis des mois, enterré dans un passé que je pensais vouloir oublier. J’aurais tué pour qu’on me redonne une vie, j’aurais brisé des cathédrales, détruit les derniers bastions de survie qui se dressaient aux confins de l’horizon, mis le feu aux cieux… Si seulement j’avais su juste une fois me penser autrement.

L’étranger m’est apparu quelques temps après ma dernière crise. Et il m’a observé, d’un air impénétrable et stoïque. Nous nous sommes fixés, dans ce métro où je l’avais pour la première fois croisé. Puis d’une voix diffuse et étouffée, il a pris la parole.
- Tu m’as appelé, je suis venu.
- Je n’ai pas souvenir qu’on le se connaisse. Qui êtes vous ?
- Tu connais déjà la réponse jeune homme. Je suis presque déçu que tu me la poses.
Surpris et méfiant, j’évitais d’insister.
- Cela fait des mois que tu invoques mon aide, et toi-même tu ne t’en rends pas compte. Tout ceci est bien triste.
- Ecoutez je ne comprends rien à vos petits mystères, je préfère m’en aller. Adi…
- Tu ne peux te retirer. Tu ne le veux pas.
Quelque chose me retenait, inconsciemment je voulais rester, me confronter.
- Vous lisez en moi ?
- Aucun besoin. Chaque pore de ton corps te trahit. Tu es ce que l’expression commune appellerait un livre ouvert. Sauf que tu ne l’es que pour moi.
- Pourquoi vous vois-je partout ? Que faites-vous avec tous ces gens ?
- La même chose que ce que je fais en ce moment. Je les sauve d’eux-mêmes. Rends toi bien compte que tu n’es pas le seul à me réclamer. Je joue mon rôle.
- Rien ne prouve que je vous aie demandé de m’aider. Personne ne le peut.
- Ton incrédulité est courante. Demande toi qui je suis, interroge toi. Et tu te rendras bien compte que ce genre de détails ne m’échappe.
- Et comment comptez vous m’aider ?
- Dis moi ce dont tu as peur, je te dirais qui tu es et en conséquence, la solution qu’il convient de mettre en œuvre.
Seules ses lèvres remuaient, pas même un clignement d’œil. Il semblait si sûr de lui. Déstabilisé, ma première réponse fût instinctive.
- J’ai peur de vous. Je sais que vous me surveillez, et que vous attendez le moment propice pour me piéger par vos énigmes.
- Tu te méprends, et ma mission n’est ancrée dans aucun néfaste fondement. Je ne suis qu’un guide.
- Et où emmenez vous ces gens ?
- Loin de leur peur.
- Et quelles sont leur peur ?
- La même que toi. Il n’y en a qu’une.
Les larmes me montèrent et les contenir me demande un effort que je n’aurais imaginé. Il savait comment me faire céder. Au loin j’entendais la rame approcher, assourdissante malgré l’éloignement.
- Comme tous tes semblables, tu as peur de la solitude, et c’est elle qui te ronge. Tu vis dans la terreur de ne pas être reconnu des tiens. Comme chacun, tu cherches le prestige, la distinction, ce qui fera de toi quelqu’un de différent.
Il était la dernière voix qui s’adressait à moi, le dernier regard que j’avais échangé. Et bientôt, il allait me déposséder. Et je ne pouvais résister. Je m’avançais vers lui. Il mit la main sur mon épaule, et nous marchâmes vers les rails.
- Pourquoi n’ai-je pas droit à cette vie dont la plupart profitent ? Je suis moi aussi un homme.
Les cris de la foule couvrirent sa dernière sentence.
- Un homme ordinaire.
*xeen-mécène-à-ses-heures-perdues*
J'aime bien.
Les phrases sont courtes, saccadées, au présent. Elles donnent bien l'impression de stress qu'éprouve le narrateur, de l'urgence et de la précarité de sa situation.

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Edit
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Je n'avais pas vu qu'il y avait d'autres textes.
Le second est pour moi largement meilleur que le premier. Quand je dis largement, c'est largement.

Le second a le souffle qui manquait selon moi au premier, et un réel talent littéraire. Je ne sais pas combien de temps il a passé là-dessus, mais j'aime beaucoup.

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Edit 2
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J'ai lu le troisième texte. Je ne sais pas dans quel ordre tu as choisi de nous les présenter, mais je trouve personnellement que ça va en s'améliorant. Celui-ci est vraiment fantastique, et aurait tout à fait sa place dans un livre publié
Citation :
Provient du message de Xeen
Tiens ben j'ai plein de copains qui écrivent, j'en profite pour faire passer un texte d'un autre d'entre eux.
Ah ben... posté quand je mettait en forme mon texte, et ça parle aussi de la peur... Coincidence.
Citation :
Provient du message de Aloïsius
Ah ben... posté quand je mettait en forme mon texte, et ça parle de la peur...
Et bien mets le donc ton texte
Après lecture de la totalité des textes, j'ai quand même une grosse critique: ça finit par devenir lassant.

Les monologues intérieurs, les réflexions existentielles et les crises identitaires sont intéressantes, mais nécessitent d'être entrecoupées de scènes différentes pour maintenir l'intérêt. A ce titre, la scène du texte 3 dans laquelle il gratte ses bottes et échange quelques commentaires avec la secrétaire est magnifique. C'est à la fois une bouffée d'air frais, un passage très bien fait, et une indication de la personnalité du narrateur bien plus importante que toute sa masturbation intellectuelle.

L'auteur a une superbe plume, mais je trouve qu'il la gâche.
Je lui dirais. Il aime les critiques et les prend en considération. Oh. Il ne se roule plus au sol d'extase, il se jette sur sa machine pour en écrire une autre...
J'aime bien "Ordinaire" mais il n'y a pas de chute, je trouve, on s'attend un peu ( beaucoup ? ) à la fin je trouve. Mais j'aime bien la plume.
Puisque Xeen avait commencé à les mettre, je continue de poster la suite. Si vous voulez j'ai d'autres nouvelles.

Citation :
Le mess, il est tard. Un néon grésille, et diffuse sans entrain une lumière blafarde. Il est tard et après la cuisante défaite du QG 25, Alamankarazieff et Gounzganz savourent un moment ensemble. Gounzganz écluse les bières avec un rythme mécanique qui ferait douter qu'il puisse y prendre un quelconque plaisir. Son frère boit lentement, un alcool fort, une boisson étrange et vaporeuse qu'il a ramené d'on ne sait où. Gounzganz ne préfère pas savoir ce que sont les volutes rougeâtres qui s'échappe du bol que son jeune protégé sirote à la paille avec cette concentration d'enfant absorbé qui lui est propre.
Ils ne parlent pas beaucoup, mais ils n'ont pas vraiment besoin de mots. Gounzganz finit par briser le silence qui dure depuis quelques minutes, faisant sursauter le barman.
- Je vais avoir droit à une nouvelle série de greffes.
Alamankarazieff ne répond pas, il souffle dans sa paille et une grosse bulle visqueuse se forme à la surface du bol. Il arrête et lève le regard. Ses yeux rencontrent ceux de Gounzganz, son regard noir ne s'arrête pas sur la gemme cliquetante sertie dans l'orbite gauche, occupée à calculer où placer une balle pour le faire passer de vie à trépas. Il préfère s'abîmer dans l'œil un peu humidifié par la bière, qu'il connaît bien. Il attend que son frère continue de parler. Gounzganz reprend au bout d'un moment :
- On est bien dans ces peaux ? elles sont confortables ?
Alamankarazieff fait la moue.
- Elles ne sont pas bien ajustées ? demande Gounzganz.
- Si tu changes de peau, tu vas complètement changer d'odeur. J'ai déjà du mal à retrouver la mienne, si tu perds la tienne, je serais perdu, perdu sans attaches, je dériverais entre nos deux corps.
- D'accord, d'accord, je garde ma peau. Je vais y réfléchir encore.
Alamankarazieff sort son briquet et enflamme le contenu de son bol. Le soldat derrière le bar panique à la vue des flammes :
- Eh arrêtez ce bordel tout de suite !
Il bondit par dessus le comptoir, mais Gounzganz tourne la tête, et son expression ne donne pas envie au jeune soldat de continuer. D'un petit signe de tête, Gounzganz lui dit de repasser derrière le comptoir.
Alamankarazieff fixe le bol qui brûle doucement, la tête légèrement penchée sur le côté, cherchant à percevoir une vérité qui échappe à son frère. Il approche doucement sa main et caresse amoureusement les flammes. Il se met à chantonner sur l'air d'une vieille mélodie :
- Je touche le feu et il me gèle, je regarde à l'intérieur et n'y trouve que les ténèbres. Pourquoi est-ce que je ne sens rien ? ma peau devrait se craqueler et se fendre… Je veux qu'on me rende le feu.
Gounzganz se penche lentement au dessus de la table et d'une main saisit tendrement Alaman par l'épaule. Celui-ci pose son front contre le sien. Gounzganz approche l'autre main du bol, et au bout de quelques secondes la retire avec une grimace. Gounzganz susurre :
- Je te raconterais le feu, sa caresse chaude et brutale, sa morsure sans pitié. Je te raconterais les contacts, je te conterai le feu et la glace, le vent et la pluie, ma voix sera là pour toujours te dire ce que tu ne peux plus sentir.
- Et à nouveau comme dans la bibliothèque, ta voix sera ma vie, le sang dans mes veines.
Gounzganz ferme un instant les yeux, et revoit la grande bibliothèque, Alamankarazieff et ses yeux brûlés, et les livres, partout les livres… Mais l'odeur du napalm revient à ses narines et il se redresse, s'écarte de son jeune frère. Il fait un geste, et le soldat de l'autre côté du comptoir lui amène une autre bière.
J'apreçis décidément beaucoup l'atmosphère qui se dégage de ces textes, qui parviennent à mêler une certaine noirceur clinique à une sorte de saleté malsaine s'échappant des protagonistes, véritables tumeurs survivant sur le corps d'un monde agonisant et néanmoins mortelle.

L'ambiance me rappelle fortement un livre que j'ai lu il y a trois ou quatre ans, La Plaie de Nathalie Henneberg dans la collection l'Atalante, je me demandais, Alaman, si tu l'avais lu et sinon je te le conseille -par contre pas toi Aloïsius, ou alors espace la lecture entre chaque chapitre tu risque de déprimé sinon -

Enfin tous ça pour dire que j'attends aussi la suite avec impatience
Citation :
Provient du message de Hunter
-par contre pas toi Aloïsius, ou alors espace la lecture entre chaque chapitre tu risque de déprimé sinon -

Vous êtes méchants tous !
Puisque c'est comme ça, je vais coller des extraits du troupeau aveugle de John Brunner, et vous serez tous déprimés aussi !
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