La liberté ne nourrit pas

 
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Je voyageais deux jours durant. Je ne m'arrêtais que pour manger et me reposer quelques heures pendant la nuit. Cependant, je ne dormis que peu car il n'est pas aisé pour quelqu'un qui a toujours connu le confort d'un lit de dormir à la belle étoile. Le moindre bruit me réveillait et, lorsque le ciel commença à se teinter des premières lueurs de l'aube, mes membres me faisaient horriblement souffrir.

J'avais emporté les quelques pièces d'or que j'avais difficilement amassées ces dernières années ainsi que les bijoux que je portais à mon mariage. Il s'agissait d'une parure de perles fines offerte par mon père qui ne voulais pas que sa fille se présente devant l'autel le cou et les bras nus de peur de la réaction des nobles invités. Je décidais de les vendre dans la première ville que je croiserais car j'avais terriblement besoin de cet argent et surtout, je ne voulais garder aucun souvenir de ma vie passée. Je transportais également une petite dague que j'avais réussi à subtiliser dans la salle d'armes du château et suffisamment de vivres pour tenir quelques jours.

Pendant ma chevauchée, je réfléchissais au moyen de survivre dans un monde inconnu. Bien sûr, il me serait toujours possible de monnayer mon cheval quand ma bourse serait vide, mais je répugnais à me séparer du seul cadeau sincère que j'avais reçu de toute ma vie.

J'avais conquis ma liberté, mais le plus difficile restait à venir ; à présent, il me fallait survivre. Que savais-je faire ? Je ne possédais aucun don pour les armes et n'avais aucune envie de commencer une quelconque carrière militaire. J'étais versée dans l'art de la lecture, de l'écriture et de l'utilisation des plantes mais je ne souhaitais m'installer nulle part. En effet, j'avais peur que mon époux essaye de me retrouver et j'étais terrorisée à l'idée qu'il y parvienne. Je me voyais donc dans l'obligation de mener une vie itinérante.

Au soir du deuxième jour, ivre de fatigue et percluse de courbatures, je rêvais d'un matelas douillet et d'un repas chaud. Je me mis donc en quête d'un endroit dans lequel louer une chambre à bas prix.

Quelques lieues plus tard, j'avisais avec soulagement une bourgade et m'y dirigeais aussitôt. A peine entrée en ville, je fus attirée par de la musique et des rires et m'approchais du bâtiment dont l'enseigne représentait une énorme chope de bière. Je laissais ma monture dans la grange après l'avoir dessellée et bouchonnée avec de la paille fraîche, puis j'entrais dans la taverne bondée d'une foule bigarrée et joyeuse. C'était un lieu des plus accueillant avec son bar en chêne massif, ses tables rondes et sa cheminée où le feu crépitait. De la cuisine sortait une délicieuse odeur qui me donnait l'eau à la bouche. Un groupe de musiciens jouaient un refrain connu que l'assistance reprenait en cœur.

Je me dirigeais vers l'aubergiste et lui demandais en glissant une pièce sur le comptoir :
"Auriez-vous une chambre libre pour la nuit ? Je souhaiterais également que quelqu'un se charge de nourrir ma jument."
"Vous avez de la chance, ma jeune Dame" me répondit-il en me tendant une clé. "C'est la dernière qu'il me reste. Aujourd'hui, c'est soir de représentation, alors j'ai un monde fou ! Hé, Moustique, cria-t-il à un jeune garçon dégingandé, va t'occuper du cheval de la Demoiselle." Se tournant vers moi, il rajouta "Par contre, pour dîner, toutes les tables sont prises. Mais, vous pouvez manger au bar."
Je le remerciais d'un grand sourire en m'asseyant sur un tabouret et commandais un plat de ragoût avec du pain frais et un pichet de vin coupé d'eau.

Je venais de terminer mon repas lorsque les problèmes commencèrent. Les musiciens annoncèrent que leur répertoire était épuisé et qu'ils se retiraient. La foule se mit immédiatement à protester par quelques sifflets. Puis, l'alcool aidant, elle se fit vite vindicative. Les artistes paraissaient de plus en plus mal à l'aise sentant que la situation leur échappait totalement.

C'est alors que je fis quelque chose d'insensé dont je ne me serais jamais crue capable. Je me levais d'un bond, montais sur le comptoir sous les yeux ébahis de l'aubergiste et lançais d'une voix forte.

"Braves gens, point de querelles. Ne gâchons pas, par une violence inutile, une soirée si agréable. Puisque ces gentils saltimbanques nous ont régalé un long moment, je vous propose de leur permettre de prendre un repos bien mérité. Quant à moi, si vous le souhaitez, je puis vous conter une histoire."

L'assemblée fût tellement surprise que les cris stoppèrent instantanément. J'en profitais pour continuer gaiement :
"Bien ! Applaudissons tout d'abord ces musiciens si talentueux !"

Quand les bravos cessèrent, je me lançais dans le récit de mon roman préféré, un conte d'aventures que j'avais parcouru des dizaines de fois, alliant scènes romantiques et passages épiques. Mon auditoire était captivé ! J'éprouvais un réel bonheur à voir leurs émotions défiler dans leur yeux, à déclencher leurs rires ou leurs larmes. A la fin de ma prestation, je fus récompensée par une ovation. Des femmes émues me pressaient la main en me remerciant, des hommes me tapaient l'épaule en me félicitant. J'étais grisée par mon succès…

Alors que l'établissement se vidait et que je m'apprêtais à monter dans ma chambre, le tavernier me rendit ma pièce :
"J'aurais honte à la garder, jeune Ménestrelle. Grâce à vous, j'ai fait deux fois plus de bénéfices que d'habitude. Vous pouvez rester chez moi autant que vous voudrez en échange d'autres soirées comme celle-ci !"
"Je suis beaucoup trop fatiguée pour répondre favorablement ou non à votre proposition", murmurais-je. "Mais je vous promets d'y réfléchir demain."

A peine allongée dans mon lit, je m'endormais déjà, un mot tournoyant inlassablement dans mon esprit : "Ménestrelle…"

Kalliopê
Un plaisir de relire ton histoire charmante ménestrelle.

Mais malgrés cela une Pensée qui contredit mes envies me traverse la tête et me transperce le coeur. Même si je sais que nous ne pourrons nous croiser sans crainte de s'entretuer, je dirais comme calyps, reviens chez nous.

Mon coeur ne bat plus
Mes rêve sont partis
Car dans nos prairies
Je ne l'entends plus

Je cherche en regardant au loin
quand les sons de bataille se sont éteints
quand albion est parti soigner ses combattant
et je reste là quelques temps

Mais non elle n'est plus là
la douce musique ne retenti pas
et sans cette ménestrelle
alors je perds mes ailes

Je savais que ses chants
encourageaient les albionnais
mais moi je les aimais tant
que pour eux je restais

alors je regarde encore la bas
mais elle est partie
vers une autre patrie
et alors je m'assoie

et pleure ...

 

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