Chapitre XII : Faudrait que je trouve un titre !

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Il faudrait que je fasse un post "sommaire" séparé, parce que mine de rien la partie avec les liens sur les autres chapitres prend de plus en plus de place

Introduction
Chapitre I
Chapitre II
Chapitre III
Chapitre IV
Chapitre V
Chapitre VI
Chapitre VII
Chapitre VIII
Chapitre IX
Chapitre X
Chapitre XI


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Le souterrain s’étendait sur près d’une demi-lieue, serpentant dans les sous-sols de Musheim comme une gigantesque taupinière. Les boyaus étaient larges, mais ils n’étaient pas très haut. Tous devaient avancer courbés pour ne pas heurter le plafond, et la progression en était d’autant ralentie. Shareen n’avait jamais été intimidée par les espaces confinés, mais ici l’air était âcre, et la fumée de la torche étouffante alors qu’ils marchaient pesamment. Elle se sentait nerveuse. Son seul réconfort, c’était que Malek paraissait encore plus soucieux qu’elle.
« Les couloirs ne risquent pas de s’effondrer, il n’y a aucun danger, vous êtes certain ? » répétait-il pour la troisième fois, se frottant la tête là où il venait de se cogner.
« Ne t’inquiètes pas, mon mignon, c’est du solide, c’est Dina qui te le dit ! » répondit tranquillement la grosse femme. Malgré sa corpulence, elle seule ne semblait pas incommodée. « Ca fait plus de vingt ans que je me balade sous terre, et il ne m’est jamais rien arrivé de plus grave qu’une invasion de rats ! C’était des gros rats, remarquez. Des sales bestioles grises et noires, grandes comme mes deux poings ! »
Shareen réprima un sourire. Au vu des énormes battoirs que Dina agitait devant elle tout en parlant, les rats devaient véritablement être gigantesques.

Au grand soulagement de Malek, ils finirent cependant par déboucher à l’air libre. Le souterrain donnait sur une petite caverne à flanc de montagne, qui surplombait légèrement les rives du Verdoyant. A vrai dire, c’était plus une simple cavité qu’une véritable caverne, un interstice dans la roche totalement invisible de l’extérieur. Dani grimaça un sourire.
« Le Verdoyant est beaucoup moins surveillé ces derniers temps qu’il l’était quand tu étais Maître de la Garde, Rekk. La contrebande n’a jamais été aussi florissante. Du tabac, du tissu, des pierres précieuses… mais aussi du sel, du pain, de la viande séchée…»
« Mais… » Shareen fronça les sourcils. « Pourquoi de la nourriture ? Il y en a plein les marchés de la ville ! »
Dari lança un regard en biais à Rekk, et sourit.
« Pour la distribuer gratuitement, bien sûr. Je gagne assez en vendant les étoffes précieuses et le bois d’ébène aux bourgeois de la ville pour acheter un peu de nourriture pour donner à manger à tous ces malheureux » Elle ricana. « Tu vois, Rekk, ça fait vingt ans que je n’ai pas oublié la promesse que je t’ai faite. Ca t’en bouche un coin, eh ? »
Le Banni lui sourit, presque tendrement.
« Ca m’a fait plaisir de te revoir, Dani. C’est rare, les gens comme toi »
La grosse femme renifla.
« C’est ça, c’est ça. Ca ne t’a pas empêché me préférer cette blondasse écervelée, cette noble en mal de sensation forte, elle s’appelait comment, encore ? »
« Il est temps de partir » fit Rekk, la voix neutre. « Nous reviendrons ce soir chercher les informations que tu nous as promises. Merci pour tout ! »
« Essaie de ne pas te faire trouer la peau, espèce d’huître pas fraîche » grommela-t-elle.
Il s’inclina.
« J’ai une coquille solide »

Shareen regarda Dani disparaître dans le souterrain, les laissant seuls. Cette bonne femme était réellement surprenante, et pleine de ressources. Elle semblait bien connaître Rekk, aussi. Qu’avait-elle dit au sujet de la contrebande ?
« Il semblerait que vous n’étiez pas si incorruptible que ça, finalement » fit-elle, pensive. « Après tout, elle bravait la loi, non ? »
Rekk haussa les épaules.
« Nous n’avons pas le temps de discuter bêtement. D’ici, il faut encore une petite marche pour revenir en ville et atteindre l’Académie »
« Vous n’avez pas répondu à ma question » protesta Shareen, lui emboîtant le pas alors qu’il commençait à descendre vers la ville.
« J’en suis bien conscient » répondit Rekk.
« Vous avez beau vous donner de grands airs » fit Malek, frottant ses mains bandées l’une contre l’autre, « vous n’êtes pas si différent des autres, finalement. Il vous fallait une informatrice, alors vous l’avez laissée en vie »
« Lorsqu’on ne sait rien, on se tait, gamin » grogna le Banni sèchement. « Concentre-toi plutôt sur ce qui va venir. Nous allons à l’Académie, tu vas y voir tes anciens camarades. Il est hors de question que n’importe lequel d’entre eux apprenne mon identité, c’est bien compris ? Pour tout le monde, je suis le Baron Gaffick. Rien de plus, rien de moi. Vous croyez que vous allez vous en souvenir, les deux ? »
Shareen hocha la tête, Malek plus lentement.
« Qu’est-ce que vous comptez faire exactement, à l’Académie ? »
« Je vous l’ai déjà dit. Rencontrer Semos, et comprendre un certain nombre de choses »
« Vous pensez que c’est lui, le coupable ? »
« Coupable de quoi ? Du meurtre de ma fille ? De nous avoir envoyé des hommes aux trousses ? Je ne sais pas, c’est bien pour ça que je viens lui rendre une… visite de courtoisie. » Il haussa les épaules. « On en a déjà discuté. Je ne vois pas qui pouvait être au courant à la fois de la mort de ma fille, du lien de parenté avec moi, et du fait que quelqu’un était allé me prévenir. C’est certain que ça en fait un suspect idéal pour le fait de nous avoir envoyé des chasseurs de primes. Et, s’il a fait ça, je suppose que ça veut dire qu’il se sentait coupable. »
« Alors, c’est lui ? »
« Je ne sais pas, petite. On va bien voir. Mais je ne comprends pas pourquoi il aurait fait ça. Semos est un lâche, quoi qu’il puisse penser de lui-même. Je ne vois pas pourquoi il aurait cherché à toucher à ma fille. Il devait savoir que je viendrais la venger, et je ne pense pas qu’il veuille prendre un risque pareil. Même s’il avait eu des raisons d’en vouloir à Deria, et je ne vois pas pourquoi il en aurait eu. »
Shareen se mordit pensivement la lèvre inférieure. Ce que disait Rekk était logique. Même si, pour sa part, elle n’aurait jamais qualifié Maître Semos de lâche.
« Mais… en supposant que ce ne soit pas lui le meurtrier de Deria, alors pourquoi vous aurait-il envoyé des tueurs ? »
« C’est bien ce que j’ai l’intention d’apprendre » gronda Rekk. « Et si c’est vraiment lui qui est derrière tout cela, alors il a également la mort de Comeral sur la conscience. Il n’aurait jamais dû faire ça. Je l’aimais bien, ce lourdaud »
Shareen lui lança un regard en biais. S’il avait tranché sans ciller la gorge d’une personne qu’il disait bien aimer, alors que pouvait-il faire à ses ennemis ?
« Est-ce que c’est vraiment le meilleur endroit ? » fit soudain Malek, pensif. « L’Académie est son domaine, il sera entouré de ses hommes, bien plus puissant que n’importe où ailleurs. Je suis bien placé pour le savoir. »
« Quant à ça… » Rekk plongea la main dans sa poche et en sortit un papier soigneusement plié. Il l’agita négligemment. « …Parfois, la plume est plus efficace que l’épée »
« Et c’est vous qui dites ça… » grommela le jeune homme, décidément de méchante humeur. « Mais j’ai cru voir le sceau de l’Empereur ? »
Shareen l’avait vu, aussi. Le cachet de cire représentant un aigle enflammé, scellant soigneusement le document.
« L’Empereur a besoin de moi… » Rekk sourit méchamment. « C’est incroyable comme les gens sont prêts à tout lorsqu’ils cherchent à nous utiliser »
« C’est vrai, j’avais complètement oublié, avec tous ces événements » fit Shareen. « Mais l’Empereur voulait que vous fassiez quelque chose pour lui, non ? Qu’est-ce que c’était, finalement ? »
Rekk se rembrunit.
« Je préfère ne pas en parler. Je ne sais pas encore si j’accepterai ou non. Je dois rendre ma décision ce soir. Si ça ne tenait qu’à moi, je serais hors de cette ville avant ce soir. »
« On peut peut-être vous aider ? » offrit Malek.
Le banni se contenta de rire. Malek s’empourpra, et ne désserra pas les dents jusqu’à ce qu’ils arrivent aux portes de l’Académie.

L’Académie des Arts de Combat de Musheim méritait bien ses majuscules et la réputation de prestige qui l’auréolait, ne serait-ce que par la magnificence de ses bâtiments. L’école en elle-même n’était composée que de trois bâtiments, mais si l’on rajoutait les dortoirs, la cuisine, les entrepôts, et la tour des maîtres, l’Académie devenait un véritable petit village au cœur de la ville, avec ses douze bâtiments et ses cent vingt habitants.
Soixante cadets, onze cadettes – dix, maintenant que Deria n’était plus, et neuf, considérant que Shareen avait déserté – quatre cuisiniers, vingt serviteurs, dix maîtres et un certain nombre d’affiliés. Non, ce n’était pas n’importe quelle école.

Shareen sentit son cœur battre plus fort alors que les bâtiment familiers se profilaient enfin devant elle. C’était un peu comme de rentrer à la maison, même si ce n’était pas une maison qu’elle souhaitait retrouver.
Le sentiment de nostalgie était bien présent, pourtant. L’image de Deria hantait ces lieux, l’image d’une jeune fille blonde au sourire tranquille, aux yeux féroces et au tempérament de feu. Shareen serra fermement le pommeau de son arme. Elle avait Deria comme exemple, mais aussi Dani. Elle ne fuirait plus, sous prétexte que les femmes étaient plus faibles, ou plus fragiles, ou toute excuse ridicule que les gens voulaient lui faire avaler. Elle avait une épée et, même si elle ne savait pas bien s’en servir, elle en connaissait assez sur la question pour savoir que le bout pointu pouvait faire mal. Elle releva les yeux pour voir Malek la regarder pensivement, et sursauta en se rendant compte qu’elle avait dégainé son épée.
« Je… suis désolée » marmonna-t-elle en rengainant.
« Tu sais que tu te conduis vraiment bizarrement, Shareen, en ce moment ? » s’enquit Malek
Elle haussa les épaules.
« Je n’ai même pas eu l’occasion de te remercier pour ce que tu as fait pour moi » Elle toucha les bandages qui entouraient les mains du jeune homme, puis effleura sa joue avec douceur. « Merci »
Elle se détourna, laissant Malek chercher désespérément ses mots, et suivit Rekk dans l’enceinte de l’Académie.

« Ah ça, mais on s’entraîne dur par ici » fit le Banni, railleur, alors qu’ils débouchaient dans la cour principale.

Le soleil était maintenant tout à fait levé, et les entraînements matinaux avaient commencé. Une vingtaine de jeunes gens en armure de cuir, portant épée et bouclier, travaillent deux par deux avec acharnement quelques mouvements de base que venaient de leur apprendre les instructeurs. Il ne faisait pas très chaud, pourtant l’odeur de transpiration était omniprésente dans l’air. Leur arrivée passa tout à fait inaperçue, occupés qu’ils étaient à réviser leurs formes.
Les maîtres, par contre, froncèrent les sourcils. Ils étaient deux dans la cour, à montrer les mouvements à pratiquer. Ils ne portaient pas d’armure, mais des robes de brocard pourpres, insignes de leur rang, qui leur descendaient jusqu’aux chevilles. Ils n’avaient pas l’air particulièrement content de voir des intrus faire irruption dans leur école. Ils échangèrent quelques mots avec les élèves, probablement pour les inciter à continuer, puis se dirigèrent vers Rekk, la main sur leur épée.
« Que faites-vous ici ? L’enceinte de l’Académie n’est pas… » Maître Heilban écarquilla les yeux en reconnaissant les deux jeunes gens. « Shareen ! Malek ! Par les Dieux Pervertis, qu’est-ce que vous faites ici ? Ca fait plus d’un mois que vous avez disparu ! » Il fronça les sourcils. « Vous croyez que vous pouvez revenir et reprendre l’entraînement, juste comme ça ? Maudits chiens ! Vous vous rendez compte de la chance que vous avez eu de vous faire accepter parmi l’élite de l’élite ? Toi particulièrement, Shareen ! Je ne comprends toujours pas comment, ni pourquoi, tu as été prise dans cette académie. Tu n’es pas noble, tu n’as jamais été particulièrement brillante, ni particulièrement belle. Tu… »
Shareen le frappa, alors.
Elle n’aurait jamais imaginé faire ça un jour. Elle se souvenait de cet homme, et il le terrifiait. C’était un des maîtres les plus cruels, à les faire travailler les formes sans répit tout en se vantant de ses talents à l’épée comme s’il était lui-même un héros sorti des contes de fées. Il maniait le fouet comme personne, lorsque quelqu’un le contrariait, et la jeune fille avait souvent déjà subi la morsure du cuir contre son dos. Il était dur de s’endormir, la nuit, après.
Shareen le frappa, et elle mit derrière son poing toute la hargne qu’elle avait jamais ressenti pour cet homme, toute la colère qui surgissait en elle face à ce qu’il venait de dire, toute la haine qu’elle vouait à cette académie, toute la douleur qu’elle avait eu à perdre Deria. Heilban pâlit, et recula de quelques pas, frappé en plein plexus.
« Shareen ! » hurla Malek, l’attrapant par les épaules. « Tu es complètement folle ! »
« J’ai des comptes à régler » gronda-t-elle, échevelée.
Rekk lui lança un regard amusé et, se pouvait-il ? Approbateur.
« Qu’est-ce que… Par les mamelles gelées de la grande truie Koushite, qu’est-ce que vous avez fait ? » Le second maître était livide. Il recula d’un pas, tira son épée, mais Rekk le saisit à la gorge d’une poigne de fer, et le souleva d’une main. Le maître émit un gargouillis.
« J’aurais préféré être plus subtil, mais je suppose qu’il fallait en passer par là » murmura-t-il . « Qui que tu sois, va me chercher Semos tout de suite. Dis-lui que je l’attends. Et dis lui… » De son autre main, il sortit la lettre scellée de son manteau « . ..que c’est un ordre de l’Empereur. Alors va, cours, vole, bondit. Je veux le voir dans cette cour dans une dizaine de minutes. J’attendrai patiemment »

Shareen leva les yeux. Rekk replia rapidement le papier, mais elle avait déjà eu le temps de lire les gros caractères malhabiles, tracés par une main fatiguée et guidée par des yeux usés :
Ce qui est fait par cet homme est fait en mon nom et sous ma responsabilité. Gloire à l’Empire.
Si le message était mal écrit, la signature était elle parfaitement reconnaissable, et le sceau était authentique. Les yeux du maître paraissaient lui sortir de la tête.
Rekk jeta l’homme au sol, et le suivit du regard alors qu’il détalait.
« Voilà ce que j’appelle de la diplomatie » fit Malek, pianotant sur le pommeau de son épée.. « Je croyais que vous ne vouliez pas faire de vagues ? C’était si difficile que ça de montrer cette lettre et de demander poliment à rencontrer Maître Semos ? Comment est-ce que vous avez cette lettre, d’abord ? »
« J’ai mes secrets… et l’Empereur aussi, hélas »
« Ce n’est pas un faux, alors ? »
« Pas du tout. Bien sûr, il ne devait pas s’attendre à ce que je m’en serve aussitôt, et de cette manière. Mais je ne lui ai rien promis en ce sens non plus » Son sourire était carnassier.

Les élèves s’étaient arrêtés les uns après les autres de s’entraîner, observant à distance le trio. La plupart n’avaient probablement pas vu ce qu’il s’était passé, trop occupés à travailler entre eux, mais il avait suffi d’une paire d’yeux indiscrète pour que la rumeur se propage : quelqu’un était ici, et avait rudoyé les Maîtres. Par paires, ils s’approchèrent.

« S’ils avancent encore un peu, ils vont finir par nous reconnaître » murmura Shareen, fataliste.
« Ca ne peut pas vraiment faire empirer les choses, n’est-ce pas ? » grogna Malek. « Nous ne sommes pas passés inaperçus, de toute façon ». Il jeta un regard écoeuré sur l’homme que Shareen avait frappé. Heilban s’était remis péniblement sur ses pieds, et venait de tirer son épée.
« C’est un outrage ! » gronda-t-il.
« C’est pour vous faire payer une année de mauvais traitements » siffla Shareen en retour. Avec Rekk à ses côtés, elle se sentait invulnérable. « Ce n’est pas encore assez, pour tout ce que vous m’avez fait ! »
« Je vais te faire fouetter jusqu’à ce que tu n’aies plus de peau, petite ! Tu vas voir ce qu’il en coûte de s’opposer à moi ! Petite effrontée ! »
« Je crois que nous n’avons plus besoin de vous. Disparaissez » fit Rekk lentement.
« Que.. quoi ? » balbutia Heilban.
« Vous n’avez pas entendu ce que j’ai dit à votre collègue ? Nous sommes ici par la volonté de l’Empereur. Disparaissez d’ici, et reprenez vos pathétiques leçons. »
« Je ne vous permets pas de… » Heilban croisa le regard de Rekk, et il déglutit. Soudain, ça ne paraissait plus une si bonne idée d’agiter ainsi son épée de manière menaçante. Il recula d’un pas, de mauvaise grâce. « Si c’est un ordre de l’Empereur… »
« Sage décision »
Shareen le suivit du regard alors que ce maître redouté de tous leur tournait le dos et s’enfuyait avec toute la dignité qu’il lui restait. Heilban, ce n’était que ça ?
« Et maintenant, que fait-on ? »
« On attend que Semos sorte de son trou »

Il ne fallut pas attendre longtemps. Surgissant de sa tour, entouré d’une dizaine de gardes, le Maître de l’Académie arrivait vers eux.
Lui qui portait habituellement la même robe que les instructeurs était aujourd’hui habillé pour le combat. Il portait une cotte de mailles fine sous un bliau rouge au blason de l’école, et l’épée qu’il portait au côté n’était pas une arme d’entraînement. Il portait un casque cônique sous le bras, et son regard était déterminé. Arrivé devant le petit groupe, il toucha brièvement son front de son index et de son majeur, en signe de respect.

« L’Empereur m’appelle, et me voici » fit-il rituellement. « Que puis-je pour vous, Baron ? »
Rekk haussa un sourcil appréciateur. Il avait toujours pris l’homme pour une chiffe molle, un intrigant sans réel courage, mais il semblait que Semos avait finalement transcendé sa peur. Pourtant, il devait savoir pourquoi le Banni était chez lui.
« Je souhaiterais m’entretenir avec vous – en privé » fit Rekk, agitant une main en direction des gardes. « L’Empereur m’a dit que… nous avons beaucoup de choses à voir ensemble. Rien de bien… douloureux, heureusement »
Semos grimaça légèrement, mais se reprit bien vite.
« Certainement, certainement. Montons dans mes appartements, nous pourrons y discuter tout à loisir. Mes gardes resteront ici, à tenir compagnie à vos amis »

Shareen s’autorisa un bref sourire. Tenir compagnie, tiens donc. La discussion était claire et sans équivoque : Si Rekk se vengeait dans le sang, Semos ne serait pas la seule victime.
Elle lança un coup d’œil au Banni pour se rassurer, mais son visage était gravé dans le marbre. Impossible de lire ses émotions. Elle se rappela le combat chez Dani, alors, et les paroles cruelles qu’il avait prononcées. J’ai ma liste de priorités, moi aussi. Et je préfère ma liberté à la vie de cette fille. Elle avait beau se dire qu’il avait eu raison, et que tout s’était terminé pour le mieux, elle ne pouvait s’empêcher de frémir.
La porte de la tour se referma sur les deux hommes.
Theorocle lança un regard prudent à droite et à gauche, mais personne ne le regardait. Il s’était débarassé de la troupe de gros bras avec lesquels il aimait traîner sous un prétexte fallacieux, et les brutes avaient déguerpi. Ils n’étaient hébergé au palais, et ils ne vivaient bien, que par la grâce de l’Héritier. Aucun n’aurait risqué de le contrarier en écoutant aux portes alors que le prince leur avait expressément demander de quitter le palais et de boire à sa santé dans les bouges de la ville. Pourtant, on n’était jamais trop prudent. Pour ce genre d’affaires, on ne pouvait jamais être trop prudent. On ne pouvait pas se permettre d’être insouciant.
« Vous pouvez encore reculer, Prince » fit Gundron, souriant derrière son œil crevé.
Le Prince hésita un instant. Il avait fait beaucoup de bêtises et d’erreurs, durant sa vie, et il était conscient d’avoir fait de nombreuses choses qui lui feraient mériter l’enfer, si enfer il y avait. Mais cela… c’était aller plus loin, beaucoup plus loin. Cela n’aurait pas uniquement des répercussions dans une hypothétique vie après la mort, mais également maintenant. Il risquait sa peau. Un délicieux frisson d’excitation le parcourut. C’était l’aventure, enfin !

Depuis qu’il était né, il n’avait jamais connu d’excitation comparable. Les jours venaient et se ressemblaient tous. Tous ses désirs étaient satisfaits, tout le monde était à ses ordres. L’Empire était en paix, et il aurait pu s’adonner aux plaisirs des arts, ou de la chasse, ou simplement apprendre comment gérer un royaume. Mais tout cela était si ennuyeux. Le prince était convaincu que sa destinée était d’être un conquérant. Pour que le peuple vous acclame, il faut être un conquérant. Pour que l’or et l’argent affluent, il faut être un conquérant. Pour que tout le monde puisse manger à sa faim dans un royaume, qu’il n’y ait ni disette ni misère, il fallait piller les greniers des ennemis. Pourquoi Marcus, premier du nom, ne pouvait-il pas comprendre cela ?
« Et tu me dis que mon père ne me protègera pas ? »

Gundron secoua la tête.
« Probablement pas, Héritier. Il a besoin du Banni pour exécuter un certain nombre de basses besognes, et consolider sa position sur le trône. Je n’ai pas connaissance de la totalité de leurs conversations, mais j’en sais assez pour comprendre que l’Empereur a de nouveau besoin d’un homme de main, quelqu’un qui aura le sang sur son épée sans entacher la réputation de Marcus. Pour arriver à cela, il fera tous les sacrifices nécessaires, même si cela veut dire sacrifier son propre fils »
La voix du borgne était calme et tranquille, comme s’il était en train de discuter du prix d’une miche de pain au marché du coin.
« Il ne ferait tout de même pas ça, ce n’est pas possible ! »
« Il a promis, Héritier. Il ne savait pas, alors, ce à quoi il s’engageait, mais il a promis par le sang et l’acier, et Rekk n’est pas un homme avec lequel on peut facilement briser une promesse, fût-on Empereur. Peut-être tout se passera-t-il bien, mais êtes-vous prêt à en prendre le risque, Héritier ? » Sa voix était comme un sifflement de serpent sussurant son poison à l’oreille du jeune garçon.

Theorocle plissa les yeux
« Finissons-en, alors, et donne-moi cette fiole »
« Vous êtes certain, Héritier ? »
« Donne-la moi, si tu ne veux pas que je te fasse décapiter ici même ! » La voix du prince tonna, et il regarda soudain autour de lui avec un regard coupable.
Si la menace avait affecté le borgne, il ne le montra pas, se contentant de sourire. L’impertinent personnage !
« Si vous le dites, prince, si vous le dites. » Gundron s’inclina légèrement, et produisit une petite fiole verdâtre de sous son manteau. Theorocle la leva à ses yeux d’un air dubitatif.
« Il n’y a pas beaucoup de liquide, Gundron. »
« Il ne suffit pas de beaucoup. Quelques gouttes de ce liquide, versées dans un verre à l’occasion d’un banquet, ou d’un bal, ou de tout autre événement, et vous n’aurez plus à vous soucier du Banni. Quelle que soit sa légende, elle ne lui sera d’aucune utilité contre ce poison » L’homme sourit. « Indétectable, inodore, et brutalement effectif au bout d’une journée. Avec un tel poison, même l’Empereur pourrait se faire empoisonner. »
Prestement, Theorocle cacha la potion sous sa tunique. Personne ne l’avait vu. Une bonne chose de faite.
« Quelques gouttes, et n’importe qui meurt ? »
« N’importe qui »
Le prince soupira.
« Pourquoi fais-tu ça, Gundron ? C’est toi qui m’a prévenu de l’existence de la fille, au début. Et maintenant, c’est toi qui me dit qu’il est là ? Qu’est-ce que tu recherches, exactement ? »
Le borgne s’inclina, un sourire obséquieux au visage.
« Comment, Héritier, vous n’avez pas encore compris ? Je vous suis dévoué corps et âme, à vous et au bien du royaume. Et le bien du royaume passe par vous »
« Tu souris trop pour être honnête, et je n’aime pas tes grimaces, borgne. Mais je te remercie pour le poison. J’en ferai bon usage. »
Mais pas celui que tu crois, se murmura-t-il alors que Gundron quittait la pièce aussi discrètement qu’il était arrivé. Je ne danserai pas sur ta musique, borgne. Et ce n’est pas dans le verre du Banni que je verserai ce liquide.
Citation :
Provient du message de Grenouillebleue
Erf, tu lis vite
lol non j'ai pa lu avant de marquer super ...
Tu marque et tu lis ensuite ...
mais je suis confiant
Citation :
Provient du message de Ariendell
Mais comment tu fais pour écrire aussi vite?
J'en suis incapable moi

*tin en plus il a commencé bien après moi et j'entame à peine le chapitre 7 qu'il en est au 12 *
c'est pas une course

*fouette arie pour qu'elle ecrive *
Citation :
« Ne t’inquiètes pas, mon mignon, c’est du solide, c’est Dina qui te le dit ! » répondit tranquillement la grosse femme. [...]Dari lança un regard en biais à Rekk, et sourit. [...]« Ca m’a fait plaisir de te revoir, Dani
Et voilà qu'il recommence avec les prénoms

Citation :
Par les mamelles gelées de la grande truie Koushite


Citation :
Ca ne t’a pas empêché me préférer cette blondasse écervelée
Doit y avoir une tite faute de frappe ici

Sinon la fin du chapitre est source de plusieurs interrogations et plusieurs hypothèses, attendons de voir la suite
Nous avons eu le droit à : Demia, deria, denia..tu t'es enfin décidé pour Deria (j'aurais choisit celui la aussi)
Et maintenant nous avons le choix entre Dina, et Dani (Prends dani !)

Tu as vraiment du mal avec les prénoms, hein ?

Je taquine, j'adore toujours autant.

Citation :
C’est toi qui m’a prévenu de l’existence de la fille
Serais-ce le jeune prince, vicieux et mégalomane qui aurais tué deria ? si tu avais prévue sa je suis sur que tu changeras maintenant pour pas que ce soit prévisible

Bibi, mon crapaud.
Citation :
Provient du message de Eleange Wells

Doit y avoir une tite faute de frappe ici
oui il manque 'de'

"Ca ne t’a pas empêché de me préférer cette blondasse écervelée"

Très bon j'aime de plus en plus Shareen

Encore !
Citation :
Provient du message de Lyséa

Serais-ce le jeune prince, vicieux et mégalomane qui aurais tué deria ? si tu avais prévue sa je suis sur que tu changeras maintenant pour pas que ce soit prévisible
Je parie aussi sur le prince, gros perverse cochon, et je suis sur qu'il a du avoir recours a ses hommes de mains paske la fifille tenait de son pere

Ekios qui fait la suite ... le talent en moin
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->Mon Joyeux Bordel !! France - Liban/Moyen Orient - politique/religion & geek attitud ... !
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