Nintendo n'a jamais mis en avant son catalogue de jeux tiers, même quand ils en avaient, de la facon dont peuvent le faire les deux autres. Tous les ans, tu as droit à ton bundle Fifa sur PS4 et One, à ton bundle Battlefield, à ton bundle Call Of. Sur les consoles Nintendo ? T'as du Mario, du MArio, du MArio, encore du Mario, un peu de Zelda, un peu de Xenoblade ou un petit bundle tiers au lancement (ZombiU, Batman).
Je me permets de revenir sur ça.
Désolé, pavé.
Je pense que c'est vrai et faux à la fois. Disons que ça dépend de quelle époque on parle (et on ne va considérer ici que les consoles de salon, pas les portables), et c'est forcément influencé par le statut de constructeur éditeur mono activité de l'un par rapport aux deux autres.
C'est complètement vrai depuis la N64. Ça l'est un peu moins avant. Il faut bien se rendre compte que le milieu des années 90 est vraiment une période charnière pour Nintendo.
Jusqu'ici, entre mi 80's et mi 90's, ils sont les rois du monde. Ils ne sont pas du tout isolés, au contraire, ils sont au centre de tout. Et ils ont absolument tous les éditeurs dans la poche. Pas que ces derniers soient forcément enchantés de bosser avec eux.
Le droit d'entrée pour éditer sur une console Nintendo est cher, très cher, et ce depuis la Famicom / NES : royalties qui crèvent le plafond (le
Nintendo Seal Of Quality, il est loin d'être gratuit), sur-ingérence de Nintendo dans le projet, validations dans tous les sens.
Mais à l'époque de la NES / SNES, pas vraiment le choix si tu veux que ton jeu soit disponible sur le plus grand parc possible.
Et on a vu fleurir des bundles NES et SNES avec des jeux tiers, de chez Konami (TMNT), Infogrammes (Les Schtroumpfs, Tintin), Square (FF1 et 2), Capcom (SF2, SF2T), ou EA (Fifa) ... Oh pas des masses comparés au pack purs Nintendo hein, certains étaient même spécifiques à certains pays, mais ils avaient quand même le mérite d'exister.
Puis on arrive au milieu des année 90. Nintendo traîne avec sa N64 ex Ultra 64 ex Dolphin, et fait l'erreur de partir sur un support cartouche, ce qui est évidemment pas dans l'air du temps (le public veut du CD), et induit des coût pour les tiers et éditeurs du fait du support propriétaire et des frais qu'il engendre.
A côté de ça, Sony qui s'est pris une banane avec Big N décide de prendre les restes de leur projet commun avorté pour en faire la Playstation.
Et contrairement à Nintendo, ils adoptent une politique ultra ouverte envers les tiers et vont les démarcher en leur faisant des ronds de jambe pas possibles.
Ils savaient très bien que ce ne seraient pas eux seuls, en tant que Sony, qui allaient faire le succès de la marque "Playstation", mais bien les jeux des tiers. J'imagine que c'est leur expérience sur la Hi-Fi grand public qui leur a fait prendre cette posture.
Tous les gros tiers japonais de l'époque lâchent Nintendo et passent chez eux : Capcom, Konami, Namco, Square, Enix ... et Sony en profite aussi pour aller chercher les occidentaux, voire même certains qui viennent plutôt du monde du micro à la base (je pense à Psygnosis par exemple), notamment parce que les japonais à l'époque, ce sont des billes en 3D, ils ne savent pas faire, que les gens "ils veulent de la troidé" (même si ça a fait son lot de jeux merdiques) et qu'il va bien falloir aligner un catalogue et construire des licences.
C'est vraiment à parti de ce moment là que Nintendo commence à s'isoler.
Ils avaient certes été suffisamment malins pour eux aussi, en amont, commencer à sous-traiter (Rareware) ou faire appel à des studios qui leur produiront des perles et leur apporteront l'expertise sur la 3D qu'ils n'avaient pas à l'époque afin préparer le terrain de la N64.
Je pense surtout aux anglais d'
Argonaut Games en leur temps, qui leur ont sorti
X sur gameboy et qui ensuite vont leur développer le Super FX puis Starfox, et particulièrement Dylan Cuthbert. Le monsieur n'est pas des plus connus mais il a fait des exploits de programmation qui ont laissé toutes les équipes de R&D de chez Nintendo sur le cul en son temps (le fameux X). Ils allaient évidemment pas laisser filer un tel talent.
Mais hélas, tout ça ne suffit cependant pas à remplir un catalogue et à imposer une marque, quand bien même les jeux sont d'une qualité indiscutable, lorsqu'on devient quasi seul à produire.
D'ailleurs qu'est ce qu'on remarque ? Sur la plupart des grandes icônes du JV nées ou ayant connu leur heure de gloire dans la seconde moitié des 90's (hormis les Pokemons), la plupart du temps ça a été chez Sony. Pas parce que juste Sony, mais parce qu'ils ont su draguer les tiers de la bonne façon pour que leurs produits et leur talent rejaillissent sur la marque Playstation, qui devient cool, fun,
rad (et au même moment tu entends partout que "Nintendo c'est pour les gosses" ... même si perso j'échangerai jamais mon OOT pour tous les Tomb Raiders ou MGS du monde)
Bah tiens, Tomb Raider, il est aussi sorti sur Saturn à l'époque. Et pourtant dans l'imaginaire collectif Lara Croft = Playstation. La prégnance de la marque en tant que telle crève le plafond, comme Nintendo sur les génération d'avant. D'ailleurs la mère de Jean-Kevin ne le menace plus de le priver de Nintendo en 97, mais bien de Play. "Arrête ou je te prive de Play", même si la machine en question n'en était pas une. Voilà un signe fort de la prégnance d'une marque dans l'esprit du grand public.
Là a été la force de Sony dans les 90's ... ce qui ne les empêche pas 10 ans plus tard de se péter les dents avec la PS3, persuadés eux-aussi d'être indétrônables après l'enchainement PS / PS2, et c'est Nintendo cette fois ci qui leur fait la feinte du père Lafeinte avec la force du concept Wii, qui sublime cette isolation vécue depuis la N64 et la transforme en atout.
Si Nintendo a toujours mis des "trucs" dans ses machines, des choses pour les différencier des autres et chercher l'innovation, c'est bien la radicalité absolue du concept, la rupture qu'elle a induit plus que la ludothèque (qui compte ses pépites, on les a évoqué plusieurs fois) qui a été le
selling point de la Wii pour le grand public, ce que Nintendo essaie de réitérer depuis, mais pas avec le même succès.