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Une poursuite.

Par Khae-Lynn le 10/10/2002 à 16:44:25 (#2311716)

Que feriez-vous si l'on vous suivait dans une ruelle sombre, sans personne pour vous secourir, dédaignant même vous regarder passer, occupés qu'ils sont à parcourir ces terres que vous chérissez tant et abattre d'inommables créatures, sans savoir que le danger est à leurs côtés? Ma proie n'avait plus à se poser cette question existentielle car elle vivait en ce moment les instants proches de sa mort et elle le savait.

Tu as beau courir vite, toujours je serais plus rapide. Tu as beau te battre de toutes tes forces, toujours je serais plus puissante. Tu as beau chercher un endroit où te cacher de moi, toujours je saurais où te trouver. Je ne sens que ta peur. Celle-là même qui donne à ton sang ce petit goût acide que j'aime tant. Je suis impatiente de plonger mes canines dans ton coup musculeux et de boire à grande gorgées cette précieuse liqueur que tu contient, mon calice...

Je te regarde t'agiter en tout sens, regardant à droite, puis à gauche, cherchant une issue à cet imbroglio dans lequel tu t'es mis lorsque tu as jeté ton dévolu sur cette jeune femme à l'aspect charmant qui ne cessait de te faire des oeillades.

Me mettre dans ton lit, voilà la seule image que j'avais alors de toi. Tes pensées étaient mienne, tes paroles ne signifiaient rien pour moi. Nous étions seuls dans cette taverne, la serveuse, le commis, tous avaient disparu de notre monde, de cette bulle qui s'était créée autour de nous. Tu ne pouvais plus m'échapper, ton regard se perdant déjà dans le mien, jamais tu n'avais vu plus belle femme de toute ton existence. Tu n'avais alors qu'un seul et unique objectif, chaque pores de ta peau envoyait le même message que je respirais avec une jouissance pigmentée de cette amertume qu'on ressent pour un passé lointain qui s'est échappé un peu vite.

Je voyais déjà tes veines bleues battrent au rythme de ton coeur, source de ton existence. J'aurais aimé me jeter là sur toi, te déchirer la peau et, avide, t'absorber la moindre once de vitalité. Mais je ne pouvais le faire tout de suite, pas avant d'avoir profité de ta personne. J'allais répondre à ta requête, cher mortel, mais c'est moi qui ménerais le jeu. Le charme retomba et nous nous en allâmes de l'établissement, comme un couple normal s'aimant sous le clair de lune. Elle était si belle ce soir et je l'observais en silence, ronde et blanche, posant avec bienveillance son regard sur toutes les créatures qui peuplaient Althéa. Bras dessus, bras dessous, nous nous réfugiâmes loin de HavreClair, passant le Pont aux Gobelins sous les regards des jeunes aventuriers aidés des plus vétérans.

Loin de la foule, tu avais voulu te jeter sur moi mais, d'un regard, je t'en dissuadais. Ce serait moi qui déciderais du moment et tu acceptais. Mais avais-tu eu vraiment le choix? N'ignore pas que tu étais à moi. J'ignore même jusqu'à ton nom et je n'en ai nul besoin. Tu es juste un calice de plus parmi la multitude qui a parsemé ma non-vie. J'ai eu le privilège d'être ta dernière femme et tu devrais m'en remercier... Toutes mes chasses sont uniques... ma soif, elle, est toujours la même. Intense, elle accapare notre existence immortelle, faisant fi des tracas quotidiens qui nous occupent le reste du temps.

Je me souviens encore de cette première fois, la nuit où je fus choisie par cet étrange homme au pâle visage que j'avais croisé dans le château, alors qu'une fête était donné pour mon vingt-cinquième anniversaire. Il était séduisant et selon les dires de mes parents, un beau parti encore libre de toutes conquêtes. Son regard noir semblait me transpercer tandis que je l'observais à la dérobée. Je le sentais alors me sonder, fouiller les tréfonds de mon âme, et j'aimais cela. Il m'a fait découvrir ce que tous ignorent, un univers devenu réalité s'offrait à moi... et je l'embrassais aussi sereine que pouvait l'être le renard face à une colombe blessée.

En cette nuit, pauvre et frêle aventurier à l'aube de ta vie d'adulte, tu viendras rejoindre les hordes de mes précedentes victimes et unir ta voix aux leurs, hurlant ton désespoir d'avoir quitté ce monde trop tôt. Je m'appoche et offre mon immortalité à tous ces parfums que mes sens aiguisés me permettent de ressentir. HavreClair paraît vide, comme si chacun savait qu'il se passait quelque chose d'horrible se passait au-dehors et qu'il valait mieux rester bien à l'abri dans sa maison. Où étaient passés ces prétendus héros de légendes qui, jadis, sauvaient la veuve et l'orphelin. J'en ai tué beaucoup, je l'avoue mais les générations se suivent et les nouvelles sont, paraît-il, souvent meilleures. En cinq siècles, que sont-ils devenus? Sûrement des demi-dieux... J'ai hâte de rencontrer l'un d'eux.

Bon, cette parodie doit avoir une fin. Le jeu ne m'amusant plus, je vais de ce pas l'écourter. J'apparais soudain devant cet être terrifié qui sait déjà que je serais la dernière personne qu'il aura vu. Il sait ce que je suis, je le lui ai dit, mais il ne connait pas ma vraie nature. Sans qu'il n'esquisse le moindre geste de défense, je lui saisis la gorge et le soulève à quelques centimètres du sol, le poussant sans ménagement contre un mur. J'aperçois du coin de l'oeil le verger empli de pommiers qui existait déjà alors que je foulais ces terres d'un pas juvénile. Il devait avoir été maintenu par les barons qui s'étaient succédés tout au long de l'Histoire.

Puis je mords à dents pleins cette peau si douce et suave qu'une infime second je regrette de l'abîmer. Mais la soif est plus grande que tout et je me perds dans cet abondance d'informations qui m'assaillent. Je sens à peine ce corps qui s'agite et me repais de cet âme si charitable, jusqu'à ce que la moindre goutte s'écoule le long de mon gosier et que l'enveloppe s'assèche pour de bon. Là, ce n'est plus qu'une coquille vide que je tiens entre mes mains. Je laisse s'effondrer le cadavre, un mince filet de sang sur ma joue...

Puis je repars paisiblement vers cette taverne accueillante, pour y savourer ma victoire sur la Vie, cette chimère que les mortels poursuivent de leur assiduité sans borne. Un jour prochain, ils sauront qu'Elle n'existe que pour mieux servir les desseins de la Mort, car après tout, n'est-ce pas Cette dernière qui gagne, à la fin?

Par Syndrael le 11/10/2002 à 12:25:52 (#2316015)

:lit:

*Remonte ce post injustement descendu, espérant qu'il trouvera un public mérité*
La narration est originale, j'aime :)

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