Politique et économie en Turquie

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Oui, mais c'est une question qu'on ne pose pas.

Tout le monde s'est à peu près accordé pour laisser la coalition menée par les USA intervenir en Syrie dans le cadre strict de la lutte contre l'EI. Et je crois que cela n'avait rien d'habituel.

La norme n'est pas de déployer des troupes en Syrie même si il n'y a bientôt plus que le Togo et le Luxembourg qui n'y aient pas leur antenne. (Pour la Suisse on oublie : sa constitution lui interdit d'intervenir à l'extérieur de ses frontières.)
Citation :
Publié par Attel Malagate
On pourrait aussi se demander sur quelles bases légales nos forces sont en Syrie...
Combattre ce qui reste de EI , trouver et tuer les cibles Française prioritaires membres l'organisation , faire du renseignement etc.....donc dans la cadre de la coalition anti EI.

Par contre on peux clairement se demander ce que fait la Turquie en syrie vu que EI n'est clairement pas leur cible.
Je suis bien d'accord et cela serait une grave erreur de croire que cette lutte s'est achevée par la chute de Raqqa. Il y a encore des régions tenues par l'EI. Mais il doit plus s'agir de poches vu que cette région est désertique.

Pour ce qui est de l'opération turque en Syrie, personne ne s'y est opposé. Les réactions les plus vives ont consisté à demander à la Turquie de faire preuve de modération. Donc tout le monde est mouillé. Et les Turcs ne sont pas là pour combattre l'EI, mais pour purger de la population kurde cette région frontalière, ce qui est extrêmement critiquable en soi. La version officielle ne fait part que de repousser les groupes armés du YPG, mais dans les faits les populations déménagent.

Dernière modification par blackbird ; 31/03/2018 à 13h57.
Citation :
Publié par Keydan
Combattre ce qui reste de EI , trouver et tuer les cibles Française prioritaires membres l'organisation , faire du renseignement etc.....donc dans la cadre de la coalition anti EI.

Par contre on peux clairement se demander ce que fait la Turquie en syrie vu que EI n'est clairement pas leur cible.
C'est une raison, pas une base légale. La seule base légale serait d'être en guerre contre la Syrie ou d'être invité.
Citation :
Publié par Attel Malagate
C'est drôle, on dirait que Erdogan n'est pas impressionné par le fait que Macron soit jeune et dynamique. Il doit pas lire les magazines comme l'Express ou Le Point.
Ça donne de grands coups de mentons devant les syndicats français quand la pédagogie (le mot préféré des éditocrates fan du président) ne marche pas.
Mais là, on est à un autre niveau, et je suis certain que Macron va baisser les yeux.
Ca a l'air de te faire jubiler dis donc.
Quand à moi j'ose espérer qu'on ne s'engage pas dans un concours de bite avec un dictateur. Au contraire d'un signe de faiblesse ce serait une preuve de sagesse.
Je suis d'accord avec vous Ohrido, mais la première chose serait d'admettre l'évidence : ni la France, ni aucun pays européen, ni les Américains, ne sont des acteurs dans le conflit syrien. Et ce n'est pas la poignée d'hommes des forces spéciales françaises qui s'y trouve qui changera cet état de fait. D'ailleurs même Trump a décidé de retirer prochainement ses forces de Syrie (encore qu'avec lui un changement de cap est toujours possible).

Ce que les gens ont également du mal à admettre est que ni les pays européens, ni les Américains, ni les Russes, ni les Syriens se sont opposés à l'opération turque.

Cela m'a beaucoup surpris, mais force est de constater que tout le monde est mouillé dans cette affaire. Macron tente de faire bonne figure en recevant des délégations kurdes, mais cela ne va pas plus loin.
Je doute qu'Erdogan nous laisse tranquillement nous réarmer, il a un autre agenda. Les Grecs et les Chypriotes peuvent en témoigner. Du reste, étant donné que la partie nord de Chypre échappe vaguement à sa dictature, je pense que c'est là que se jouera le prochain coup. Une fois qu'il aura nettoyé le nord-syrie des populations kurdes (d'ici 1 à 2 ans à vue de nez) et mis en place ses milices islamistes dans la zone, il lui faudra trouver une autre guerre, une autre zone de conflit. Je ne pense pas qu'il se tourne vers l'Irak, les Arméniens bénéficient encore du soutien russe... Mais personne ne bougera s'il vire les dirigeants turcs de l'Etat fantoche de Chypre pour mettre à la place des islamistes, avec annexion à la clé.
Citation :
Publié par Mahorn
C'est une raison, pas une base légale. La seule base légale serait d'être en guerre contre la Syrie ou d'être invité.
Vu que la coalition anti EI est soutenu par l'ONU il y à bien une base légale à notre présence en Syrie.
Citation :
Publié par blackbird
(...)
Citation :
Publié par Aedean
La Turquie vient de révéler les positions françaises en Nord-Syrien. C'est une menace directe sur la vie de nos soldats sur place qui n'est pas digne d'un allié.

Admettons que la Turquie, par cette acte, n'est pas notre ennemi. D'après toi, comment devrait-on réagir ?
La Turquie a probablement eu ces données via l'OTAN dont elle fait partie. Un "à coté" d'avoir pour allié sur le papier un ennemi stratégique, c'est qu'il a accès à des données qu'on aimerait pas qu'il utilise ou partage avec d'autres ennemis. Le commandement de l'OTAN doit l'avoir un peu mauvaise, mais à ce stade, la stratégie internationale de nos états est complètement illisible, donc on ne peut pas vraiment savoir comment il va réagir.
Citation :
Publié par Episkey
"coucou ils sont là", dans l'immédiat, ça ne fera rien en soi. C'est effectivement des divulgations de données stratégiques (c'est toujours problématique) mais c'est tout. La France niera ou refusera de faire des commentaires, et envisagera de déplacer son personnel. Et ce seront les seules décisions à prendre.
Réagir maintenant serait une erreur imho.
Dans l'immédiat, ca va imposer dans l'OTAN un numéro d'équilibriste pour le commandement qui va être assez rigolo à découvrir quand les USA déclassifieront les archives.

Dernière modification par Lugi Sakabu ; 31/03/2018 à 15h07.
La "stratégie internationale de nos états", cela ne veut pas dire grand chose. A part la lutte contre le terrorisme et celle pour la non-prolifération des armes nucléaires, elle se résume le plus souvent à des prises de position des uns et des autres selon leurs propres intérêts.

Quand à celle en vigueur pour la Syrie, c'est vite vu : il n'y en a pas à part de vagues déclarations faites en faveur de la recherche d'une solution politique au conflit.

ps : je présume que "nos états" incluent les pays de l'UE et les USA.

Dernière modification par blackbird ; 31/03/2018 à 15h25.
Citation :
Publié par blackbird
La "stratégie internationale de nos états", cela ne veut pas dire grand chose. A part la lutte contre le terrorisme et celle pour la non-prolifération des armes nucléaires, elle se résume le plus souvent à des prises de position des uns et des autres selon leurs propres intérêts.
Je ne comprends pas... C'est justement ça la stratégie internationale de nos états: Les prises de position des uns et des autres selon leurs propres intérêts. Comment ça, cela ne veut pas dire grand chose?
Si je dis "la communauté internationale" fait ceci ou "la stratégie internationale de nos états" est celle-là, je me réfère à un groupe constitué d'un certain nombre d'états clairement identifiés. Je ne parle pas de chaque état pris séparément.

Et en ce qui concerne la politique internationale, il est d'autant plus difficile pour un groupe de suivre une ligne commune que le nombre des états, et donc des intérêts, qui le constitue est grand.

Si je prends par exemple l'UE, elle sera certainement capable de s'entendre pour faire face aux agissements de la Russie, et donc d'adopter une ligne politique commune, mais il lui sera très difficile de faire de même pour ce qui est des questions migratoires.

Du coup parler de "stratégie internationale de nos états", à supposer que ces derniers soient constitués des pays de l'UE et des USA, ne peut dire quelque chose que sur les sujets sur lesquels ils s'entendent. C'est pour cela que je parle de la lutte contre le terrorisme, ou la non-prolifération des armes nucléaires, qui sont des enjeux qui font consensus.

Sur la Syrie par contre ces états ne sont pas acteurs du conflit, et ne peuvent donc pas élaborer une politique autre que souhaiter, ou favoriser si vous préférez, la recherche d'une solution politique. Mais vous conviendrez que cela reste vague et, faute de points d'appui, peu consistant. Et pour le sujet qui nous intéresse, aucun d'entre eux n'a condamné l'intervention de la Turquie. Il y a eu des appels à la modération mais personne ne s'y est opposé. Il faut dire que dans une situation aussi complexe que le conflit syrien, les choses ne sont pas évidentes.

Dernière modification par blackbird ; 31/03/2018 à 18h11.
Citation :
Publié par Keydan
Vu que la coalition anti EI est soutenu par l'ONU il y à bien une base légale à notre présence en Syrie.
Justement, non. L'idée que, parce qu'on intervient en Irak à la demande du gouvernement, on pourrait faire la même chose en Syrie sans l'accord des aitorités syriennes est assez douteux. Et la résolution de l'ONU ne prévoit pas d'intervention militaire.
Faudrait déjà se demander s'il y a encore une autorité compétente en Syrie, parce qu'avec la quantité de syriens qui se sont exilés entre la Turquie, l'Irak, l'Europe et je ne sais où encore, il ne doit pas rester grand monde, si?
Citation :
Publié par ClairObscur
Je trouve fascinant que la Turquie soit toujours dans l'OTAN perso.
il me semble que l'OTAN est une alliance militaire qui n'a pas grand chose à voir avec la démocratie. Après, effectivement, Erdogan a commandé du matériel militaire russe. Quand à révéler quelques "bases" qui sont sans doute bien moins que cela..
Citation :
Publié par Aloïsius
Je doute qu'Erdogan nous laisse tranquillement nous réarmer, il a un autre agenda. Les Grecs et les Chypriotes peuvent en témoigner. Du reste, étant donné que la partie nord de Chypre échappe vaguement à sa dictature, je pense que c'est là que se jouera le prochain coup. Une fois qu'il aura nettoyé le nord-syrie des populations kurdes (d'ici 1 à 2 ans à vue de nez) et mis en place ses milices islamistes dans la zone, il lui faudra trouver une autre guerre, une autre zone de conflit. Je ne pense pas qu'il se tourne vers l'Irak, les Arméniens bénéficient encore du soutien russe... Mais personne ne bougera s'il vire les dirigeants turcs de l'Etat fantoche de Chypre pour mettre à la place des islamistes, avec annexion à la clé.
Sur la question des conflits, ça pourrait paraître logique, la nécessité de se trouver des ennemis perpétuellement, mais bon, normalement il a déjà ce qu'il faut intérieurement. Mais la partie turque de Chypre sous les islamistes ça m'étonnerait, fin faudrait que ça prenne au sein de la population, et je vois mal un truc du genre arriver.

Citation :
Publié par Valornim
Faudrait déjà se demander s'il y a encore une autorité compétente en Syrie, parce qu'avec la quantité de syriens qui se sont exilés entre la Turquie, l'Irak, l'Europe et je ne sais où encore, il ne doit pas rester grand monde, si?
Non mais l'un des problèmes, c'est que ce que la Turquie peut faire, d'autres Etats le font, avec des objectifs différents. Mais l'argument est principalement utilisé dans un seul sens en France, ce que je conçois. Forum français et intérêts supérieurs de la nation française. Cependant, lorsqu'il s'agit d'analyser, utiliser la grille de lecture France (ou autres) ça permet pas du tout de comprendre les tenants et aboutissants, si ce n'est de répéter inlassablement les mêmes choses. J'ai l'impression que c'est ce que blackbird cherche à faire, de son point de vue totalement extérieur, montrer que les intérêts des uns ne sont pas forcément ceux des autres, mais qu'on en vient pas à une rupture des relations aussi rapidement alors même qu'on a pas toutes les infos en notre possession.
Citation :
Publié par blackbird
Si je prends par exemple l'UE, elle sera certainement capable de s'entendre pour faire face aux agissements de la Russie, et donc d'adopter une ligne politique commune, mais il lui sera très difficile de faire de même pour ce qui est des questions migratoires.
Si on prend la France, l'Allemagne ou la Pologne, on se rend bien compte que malgré leur hostilité actuelle à la Russie, leur vision du problème russe n'est pas le même, ainsi que la crainte qu'ils en ont et la peur qu'elle leur inspire, sans oublier les relations entre eux et les autres membres de l'UE.
Comment imaginer la moindre véritable action commune au-delà de quelques mesures forcément minimales ?
Et ça n'est pas la faute de la Russie : c'est bien la nôtre de ne pas être capable de vouloir et pouvoir une autre chose. Surtout si l'on rajoute la question américaine dans l'équation.
Je suis d'accord mais je trouve louable que les pays de l'UE tentent d'élaborer une politique internationale commune, malgré les difficultés. Evidemment on est loin du compte mais on voit de plus en plus l'UE s'exprimer sur tel ou tel point. Néanmoins, comme vous le dites, l'UE ne peut fonctionner qu'en fonction du plus petit dénominateur commun. A quelque part la Suisse s'est un peu construite comme cela au fil du temps et le résultat est probant dans le sens où nous sommes parvenus à faire la part des choses entre les intérêts communs et les intérêts propres à chaque canton, et à clairement les hiérarchiser.

Et je suis d'accord pour dire que les intérêts européens et américains divergent souvent, et qu'on a tendance à l'oublier.

Pour en revenir au sujet, l'absence de réaction, ou de condamnation, du régime de Damas et de ses alliés face à cette intervention turque me laisse songeur. Finalement personne ne s'y est opposé, même les premiers concernés.

Dernière modification par blackbird ; 01/04/2018 à 12h33.
Citation :
Publié par ClairObscur
Je trouve fascinant que la Turquie soit toujours dans l'OTAN perso. C'est bien beau les calculs stratégiques mais à un moment il va bien falloir se rendre compte que la Turquie est devenu un état hostile dirigé par un dictateur qui s’octroie de semaine en semaines des pouvoirs de plus en plus absolus, ne cesse de proférer des menaces à notre encontre et fricotte avec nos ennemis. Ca fait juste un peu désordre quoi.
Remarque la Turquie fait toujours partie du Conseil de l’Europe (elle y est entré en 1949)

Ce qui n'est pas sans poser quelques soucis à cette organisation
Citation :
Publié par blackbird
Un article qui retrace l'historique des relations entre la Turquie et la Syrie et qui montre la complexité de la situation. Je le prends tel qu'il est. Filiu est contesté dans les commentaires.

http://filiu.blog.lemonde.fr/2018/03...quie-en-syrie/
Filiu, ça peut passer (mais bon... Science Po / Le Monde).

Mais Laurens, c'est d'une autre profondeur (par contre, c'est plus difficile d'accès).

https://www.college-de-france.fr/sit...ns/_course.htm

A noter quelques vidéos avec le monsieur :
https://www.youtube.com/results?sear...=henry+laurens
Les russes débutent la construction de la première centrale nucléaire de Turquie:

Citation :
Vladimir Poutine entame ce mardi 3 avril une visite de deux jours en Turquie. Il doit notamment inaugurer avec son homologue Recep Tayyip Erdogan le chantier de la première centrale nucléaire turque, construite par la Russie. Un dossier majeur pour les deux pays, et aussi un signe de puissance voulu par Recep Tayyip Erdogan depuis des années.
Un beau succès.
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